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1201 EUCHARISTIE D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE 1202

elle est placée à côte d’un calice couvert de pains et porte le rameau d’olivier : image du défunt dont l’inscription dit : 0POYTOOCA 1| IN nAKG (sic). Boldetti, op. cil., p. 208. L’orante revient plus fréquemment. Dans celle qui, à la chapelle des sacrements A’, figure à côté du trépied-autel, Marucchi, Le dogme de l’eucharistie, p. 17, voit » l’allégorie de l’Église qui élève sa prière solennelle pendant le sacrifice. » Mais rien, ni dans les documents, ni dans les monuments des trois premiers siècles, ne justifie cette hj’pothèse du savant romain. Voir Wilpert, dans Rômische Qiiarlalschrifl, 1899, t. XIII, p. 23, 24. On la voit encore à Saints-Pierrcet-Marcellin, dans les scènes du miracle de Cana et de la multiplication des pains qui sont du commencement du III 1e siècle, sur la fresque syracusaine décrite plus haut, sur beaucoup de sarcophages. Deux fois elle est à genoux derrière les paniers symboliques. Wilpert, Malereien, p. 302, pl. 57 ; le même, dans Rômische Qaarlalschrilt, 1906, t. xx, p. 5.

5. L’eucharistie nous procure la vision du Christ. Sur une inscription fragmentaire en quasi-versus du ive siècle. De Rossi a pu distinguer n de la manière la plus évidente le rapprochement de l’aliment eucharistique, dont le défunt se nourrissait fréquemment sur terre, avec la vision réelle du Christ dans le ciel : » … (qui in terris sœp)E cibabas (in cœlis p)njEP.{enlem s)e tu CHRisTu(m) videbis. Bullet., ^11, édit. franc., p. 160, 161.

8° Caractère sacriflcatoire. — Un lien intime existe entre l’eucharistie et le sacrifice du Calvaire. Cette vérité n’est pas directement exprhnée dans les monuments, ne serait-ce que par la simple raison qu’il répugnait à l’art des premiers siècles de représenter les scènes du crucifiement et de la mort du Sauveur. On a eu recours au symbole. Pour s ; int Clément de Rome, saint Méliton, saint Irénée, Tertullien, saint Cyprien et beaucoup d’autres, Isaac immolé par son père préfigurait le Christ souffrant. Voir t. i, col. 101 sq. De là, Wilpert, Fractio panis, p. 66, conclut que « la même interprétation symbolique relative à la passion doit évidemment être donnée à la fresque du sacrifice d’Abraham peinte dans une des chapelles des sacrements (A’) et… de la Cappella gr.rca, où elle figure ù côté de la fractio panis, pl. x. » Cf. aussi Malereien, ). 287, 290. Dans la première, en particulier, le sacrifice d’Abraham, oii père et fils figurent dans l’attitude de la prière, fait directement pendant à la scène dite de la consécration : entre les deux se trouve le repas eucharistique. De Rossi, Roma sollerranca, t. ii, pl. xvi, 1, 2, 3 ; Leclercq, dans le Dictionnaire d’archrol. chrét., t. III, col. 154, 155. Les trois scènes sont intimement unies entre elles et forment matériellement même une seule composition sur une seule et même bande, qui sépare deux loculi. Une autre interprétation que celle que nous venons de donner paraît donc impossible. A la Cappella græca, l’emplacement de la fractio panis et la forme de la voûte ne permettaient pas une pareille disposition, et le lien, dont parle Wilpert, est moins clairement exprimé. Il est encore moins sûr pour un certain nombre de sarcophages, où on rencontre le même sacrifice d’Abraliam uni : des scènes eucharistiques, par exemple, dans Le Hlanl, Les sarcophages d’Arles, pl. 6. Pour d’autres monuments qu’on a cités à ce sujet, la chose est encore plus floutcuse, par exemple, pour le verre à fond d’or publié par Garrucci, Velri ornati di figure in oro, 2° cdit., pi. II, n. 8 ; Wieland, Mensa und Con/essio, t. i, p. 129. Un sarcophage gaulois doit encore être mentionné. On y volt la multiplication des poissons et des pains : le Christ bénit de la droite le pain rcnfenné dans un panier que lui présente un (lisfiple, en le tenant au-dessus d’un autcLpilicr carré sur lequel on voit le poisson. La scène de Cana fait pendant à cette première.

Le Blant, op. cit., pl. 25. Quant à la scène de Melchisédech représentée sur les mosaïques de Sainte-Marie-Majeure, dans l’oblation duquel on reconnaît un symbole du sacrifice eucharistique, voir Richter ctTaylor, The golden âge of classic Christian art, Londres, 1904, p. 58 sq., pl. 5, n. 1.

9° L’eucharistie et le tombeau ; la liturgie célébrée pour les défunts ordinaires. — 1. Un lien réel existe entre les deux. Jésus l’a indiqué dans saint Jean, vi. L’eucharistie, on le sait, est appelée par saint Ignace, Ad Eph., KK : çd( ?u.axov ir, ; àôavaai’aç, etc., par Clément d’Alexandrie, Strom., I, 1, P. G., t. viii, col. 691 : èçôSia L, o)ri ; àïoiryj, par saint Irénée, Cont. hser., IV, 18, P. G., t. VII, col. 1027 sq. : r, iXTil^e !  ; aîdJva ; àva<7Ti(T£<o ;.etC. Les liturgies ne sont pas moins explicites, à commencer par une des plus anciennes qui nous soit conservée, celle de Sérapion de Tmuis, en Egypte. Wilpert, Malereien, p. 282 sq. ; W^obbermin, dans Texte und Vntersuchungen, nouv. série, Leipzig, 1899, t. ii b, p. 6. Enfin, dans ses effets, notre sacrement vise surtout le salut de la vie éternelle. Aussi on trouve un assez grand nombre de représentations eucharistiques dans l’art funéraire des premiers chrétiens. Par elles on veut rappeler à Dieu le miracle de l’eucharistie et les effets qu’elle produit, pour le déterminer à user de miséricorde envers les pauvres défunts et à les recevoir dans la vie étemelle. LTne peinture deSaint-Calixte, du commencement du iVe siècle, est particulièrement significative à ce sujet. Jésus opère la multiplication des pains, sTnbole de l’eucharistie. Une défunte s’approche de lui, les mains étendues à la manière des suppliantes : elle demande au Maître de la prendre dans son paradis. Wilpert, op. cit.. p. 296, pl. 144, n. 2. Ensuite, dans le repas eucharistique, les chrétiens de ce monde pouvaient s’unir à ceux qui étaient déjà dans l’autre. L’Ichthys divin, qui conserve aux bienheureux la vie éternelle, sert aussi de pain de vie aux pèlerins de cette terre et les conduit au ciel. L’eucharistie unissant ainsi les uns aux autres, c’était une raison en plus de la célébrer aux tombeaux des défunts, de renouveler ce que Jésus lui-même avait fait en célébrant la dernière cène. Que la coutume des repas funéraires des pa’îens soit pour quelque chose dans cette pratique, peu importe. La pensée fondamentale n’est nullement païenne, et le rapport entre les survivants et les défunts par le moyen de l’Ichthys divin est un élément inconnu aux gentils. Du reste, en célébrant les saints mystères pour les défunts, on voulait aussi honorer les uns, les saints, particulièrement les martyrs ; on voulait ensuite venir en aide aux autres, aux fidèles ordinaires. Les ]irières qu’on disait à cette occasion, les agapes ou repas funéraires qu’on y donnait, la liturgie elle même devaient servir à leur soulagement. D’après le Nuovo bultetlino, 1899, t. v, p. 85, une ancienne (quelle date ?) épifaplie de Plaisance ferait allusion à cette croyance dans les vers suivants : ("rentes picei flanimas rcstinguc barathri giirgite, quo.tordes puriftcare raies : ut pietatis spem defuncto indere donis unde dure viro munera sacra soles.

2. Du reste, les documents nous attestent de bonne heure l’usage de célébrer la liturgie pour 1rs morts ordinaires, soit dans les cryptes souterraines, soit dans les cellæ, oratoires ou mausolées en plein air, par exemple, les Acta Johannis (de 160-170), dans Acta apostol. aporri/pha, édit. Lipsius et Bonnet, part. II, t. i, p. 186. i’our Tertullien et saint Cyprien, voir Wieland, A/f/i.sf( und Confessio, 1906. p. 161-163. Sans recourir à l’hypothèse de M. Michel, Gcbel und liild in altchrisilichcr 7.cit, Leipzig, 1902, p. 77, qui voudrait voir, dans la fresque dite de la consécration à Saint-Callxte, un prêtre qui, pour le bien des âmes et leur soulagement, offre, selon l’usage exis-