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1199 EUCHARISTIE D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE l’200

Dial., I. II, c. XXIV, P.L., t. lxvi, col. 180, 182. C’est à cela que se rattache l’usage de placer l’eucharistie soit sur la poitrine soit dans la Ijouche des morts, usage qui s’est maintenu assez longtemps, malgré la défense souvent réitérée par l’Église aux v « et vie siècles. Plusieurs archéologues ont vu une preuve (te cet abus dans les formules épigraphiques : Cluislus liic est et XpiaToç ÈvOàos y.aTotzsv, qu’on rencontre sur quelques pierres grecques et gauloises du v siècle. Lammens, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1902, t. vii, p. 668 sq. ; Le Blant, Nouveau recueil des inscriptions chrétiennes de la Gante, Paris, 1892, p. 2-10, n. 1 ; cf. aussi p. 381, n..3.31. Mais on peut se demander, avec M. Dolger. op. cit., p. 245, 246, si les formules mentionnées n’étaient pas plutôt de simples phylactères contre le démon, qui, d’après la croyance de beaucoup de fidèles, en voulait non seulement à l’âme, mais encore au corps du défunt, phylactères semblables à ces nombreuses épigraphes sur les portes d’entrée des maisons mentionnées ailleurs. Voir t. V, col..348. On peut exprimer le même doute au sujet du poisson en terre cuite trouvé en Afrique par le docteur Rouquette et décrit par lui dans le Bulletin archéologique. 1907, p. 4.)4-458, et au sujet du « paon eucharistic(ue » , trouvé en 189.3, près de Bethléhem et montrant au milieu du corps un grand œil couvert d’un verre semblable à nos lunules d’ostensoir. Revue biblique, 1893, t. ii, p. C31032 : 1894, t. iii, p. 277-291.

0° Xécessité de la réception ; conditions. — 1. Aucun monument ne nous en fournit une preuve directe. Abcrcius reçoit fréquemment l’Ichthys symbolique et le prêtre Marinus l’a n toujours » distribué aux peujiles, mais on ne doit pas attacher trop d’importance à ces données assez vagues et énoncées en des formules poétiques. Peut-être trouvera-t-on plus facilement un indice de cette nécessité dans l’exhortation que Pectorius adresse aux chrétiens. — 2. Pour recevoir l’eucharistie il fallait être baptisé : sur nos fresques, même les plus anciennes, le baptême précède l’eucharistie ; c’était la suite chronologique dans l’initiation chrétienne. Pectorius n’invite à la communion que ceux qui forment la « race divine du Poisson céleste, » c’est-à-dire ceux qui, d’après TertuUien, sont nés dans l’eau « selon notre Poisson Jésus-Christ. » D’après Abercius, l’Ichthys n’est donné cpi’aux « amis » , c’est-à-dire à ceux qui font partie de la communauté chrétienne et qui ont la foi. Tarsicius meurt pour ne pas le livrer aux païens. Selon Marucchi, Le dogme de l’eucharistie, p. 20, on aurait gravé sur la pierre de Modène les pains et les poissons de façon à exprimer l’ardent désir des fidèles pour l’eucharistie. A notre avis, la reproduction exacte du monument ne permet de voir dans ce graffito qu’un raccourcissement du miracle de la multiplication évangélique. Mais Pectorius dit : Mange avec désir quand tu tiendras le Poisson dans tes mains.

Effets.

1. L’eucliaristie fortifie l’âme et la soutient

contre le démon. Sur une fresque romaine du milieu du IVe siècle, on aperçoit deux saints qui, d’un champ de blé figurant la terre, montent une échelle qui aboutit au Christ, au ciel. En bas de l’échelle se trouve un serpent qu’ils foulent aux pieds. Au-dessus est peinte la multiplication des pains. Vilpert, qui a découvert cette peinture, serait porté à croire que son auteur a voulu dire par cette juxtaposition que les saints martyrs ont trouvé dans l’eucharistie la force pour écraser le serpent infernal, triompher des tourments et mériter ainsi la possession du Christ. Maiereien, p. 485, 486. Sur une lampe de bronze trouvée à Porto, que l’on pourrait encore citer ici, voir De Rossi, Bnllet., 1868, édit. franc., p. 77-88, et pl. viii, n. 1. De Rossi rapporte une épitaphe du m'e siècle qui du côté

gauche du texte itrésente le graffito d’un cheval ( ?) mangeant d’un pain partagé en quatre par une croix équilatérale à doubles traits : image du fidèle Agathopus nommé sur le marbre, qui a achevé sa course sur la terre (cheval), fortifié par la nourriture eucharistique et qui a enfin atteint sa pleine transformation, ainsi que l’indique le symbole de la colombe placée au-dessus du cheval. De Rossi, BuUett., 1873, édit. franc., p. 12-11, pl. iv, n. 2. Sur une épitaphe, trouvé’e à Syracuse par M. Orsi et publiée par lui dans les Notizie degli scavi, 1907, p. 772 sq., fig. 26, 27 (Rome, 1908), on voit un graflito qui montre un vaisseau en forme de poisson couché sur le dos qui se dirige vers im grand monogramme du Christ flanqué d’A et Û et entouré d’un double cercle. Le poisson ouvre la bouche pour manger d’un pain rond signé de la croix monogrammatique. La pierre semble être de la première moitié du ve siècle. Son symbolisme signifie, d’après Marucchi, que le fidèle du Christ, durant le voyage de ce monde, doit se nourrir de l’eucharistie, pour arriver heureusement au port qui est le Christ. Nuovo bullet., 1910, t. XVI, p. 168. Rappelons ici une inscription qui, d’après la « sylloge » récemment découverte de Cambridge, se lisait dans l’oratoire de la Croix, au Vatican. Elle date, au plus tard, des premières années du vi » siècle et se rapporte à l’eucharistie et à la croix : Fortis

AD INFIRMOS DESCENDEN’S PANIS ALENDOS HoC FRACTUS LIGNO EST, UT POTUISSET EDI. NuOVO butlct.,

1910, t. XVI, p. 79.

2. L’eucliaristie donne l’espérance et la garantie de la vie éternelle. Saint Ignace, Ad Eph., xx, se servant d’un terme médical d’alors, l’appelle çapiiazov àôava’ji’a : , àvttîotoç xo-j [j.v-, àzoôavsfv. Funk, Die apostolischen Vater, Tubingue et Leipzig, 1901, p. 87 ; Schermann, dans Theologische Quartalsclirilt de Tubingue. 1910, t. xcii, p. 6-19. Aussi plusieurs fois ses symboles figurent sur des épitaphes chrétiennes : par exemple, deux poissons et cinq pains sur les marbres de Modène et du musée Kircher, deux pains seulement sur une pierre sépulcrale, à Sainte -Priscille. Sur le sarcophage d’Euelpistus, à la même catacombe, l’ancre, symbole de l’espérance de la résurrection pour la vie éternelle, fait pendant à cinq pains qui indiquent la cause de cette espérance. Cet effet du sacrement ressort encore plus clairement de la juxtaposition à ses symboles de la résurrection de Lazare, par exemple, à la chambre dite des sacrements A’, à Saint - Calixte, sur une fresque des SaintsPierre-et-Marcellin, du lue siècle, sur une autre de Sainte-Domitille, du iv « , sur la porte de Sainte-Sabine, du v « , etc. Wilpert, Malereien, p. 294. pl. 45, n. 1 ; p. 299, pi. 228 ; Berthier, La porte de Sainte-Sabine, Fribourg (Suisse), 1892, p. 30 ; Cabrol, Dictionn. d’archéol. chrét., t. II, col. 1816, fig. 1995.

3. L’eucharistie renferme un avant-goût du ciel. Le monument d’Autun l’appelle p.à.irfiix fipwa’.v, nourriture douce comme le miel. Xous pouvons admettre que ces paroles font plutôt penser aux douceurs de ce sacrement, avant-goût des douceurs du ciel, qu’à l’ancien usage observé en Egypte et ailleurs, mais inconnu dans les Gaules, de donner aux premiers communiants du miel mélangé avec du lait.

4. On trouve dans l’eucharistie la vie promise par le Sauveur, comme le dit l’inscription du calice de Reims, et elle nous ouvre le paradis. La colombe est le symbole de l’âme dégagée des entraves du corps et entrée dans la gloire ; de même l’orante. La première figure sur une fresque à Saint-Hermès, de la fin du iiie siècle. Elle est placée sur un pilastre à côté du Christ, qui opère la multipUcation des pains. De Rossi. Bullet., 1894, ’p. 73-75, pl. vu ; Wilpert, Malereien^ p.’295, pl. 115. Sur une épitaphe de Saint - Pontien,