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EUCHARISTIE D’APRÈS LES PÈRES


présente le calice, il dit : Sang du Christ, calice de vie, et celui qui y boit répond : Amen. Ibid., VIII, xiii, col. 1109. Suit une action de grâces au s ijet du précieux corps et du précieux sang de Christ qu’on vient de recevoir : [i.exci.’/ txtJo’mtoO tiii.iom Gwfxaro ; /.a ToO T11J.I0U aîVaToç xoJ XpiaToO eJ5(3<pKTÛ/|(Ta)[j.îv. Ibid., VIII, XIV, col. 1109. Malgré donc les expressions symboliques qu’elles contiennent, les Constilutions aposloliqiie.’; sont un témoin de la foi en la présence réelle du Christ dans l’eucharistie.

.3. Saint Cyrille de.Jérusalem († 386). — Voici l’un des témoins les plus formels et les plus explicites sur le dogme eucharistique. Dans des catéchèses appropriées, il expliquait aux néophytes, en 348, les mystères auxquels ils avaient pris part lors de leur récente initiation. Son enseignement, tout élémentaire qu’il est, est des plus précieux, et si des expressions symboliques s’y trouvent, il n’y a pas l’ombre d’un doute sur la manière dont il faut les entendre. La lecture d’un passage de saint Paul, I Cor., xi, 23 sq., étant faite, le célèbre catéchiste observe d’abord que la doctrine qui y est exprimée suffit pour certifier aux néophytes la vérité des mystères divins, dont la participation les a rendus « concorporels et consanguins du Christ ; » car, du moment que c’est le Christ lui-même qui a dit du pain : « Ceci est mon corps, » et du vin : « Ceci est mon sang, » qui oserait douter et dire que ce n’est pas son corps, que ce n’est pas son sang ? Cat., XXII, 1, P. G., t. xxxiii, col. 1097. Il a bien changé l’eau en vin aux noces de Cana, il peut donc changer le vin en sang. Donc, avec une conviction entière, recevons-les comme le corps et le sang du Christ. Car dans la figure du pain t’est donné le corps, et dans la figure du vin t’est donné le sang p, ur que 1 1 deviennes, en participant au corps et au sang du Christ, concorporel et consanguin du Christ. Ainsi nous devenons Christophores, le corps du Christ et son sang se distribuant dans nos membres. Ainsi, selon le bienheureux Pierre, nous devenons participants de la nature divine : ?vx yâv/), ixôtaXaêcùv irtôiJ-aTo ; -/.ai aï !.a.^oç Xç, ’.<7zoi, cJuatouLo ; y.a’t crjvat|J.o< ; a’jTo-j. Oj-o) yàp v.a’t XP"^~ TOÇùpoi Yivô[j.î’Ja, To-j (TW|J.aTO ; a’jtoO y.ai to’j a’tiJ.3CTo ; eî ; Ta T|a£TEpa àvaS150aÉvou. Ibid., 3.

Saint Cyrille a soin d’écarter le sens grossier d’une manducation charnelle ordinaire telle que l’avaient entendue les capharnaïtes. Il rappelle les pains de proposition qui ont cédé la place au pain céleste et au vin salutaire du Nouveau Testament. Ibid., 5. Mais, observe-t-il, ne vous arrêtez pas au pain et au vin comme à des éléments nus, car ils sont le corps et le sang du Christ, selon l’alTirmation du Seigneur. Quel que soit donc le témoignage des sens, la foi doit nous en assurer pleinement, et la foi certifie sans le moindre doute que c’est le don du corps et du sang du Christ. Ibid., 6. Ainsi instruit et convaincu d’une foi certaine que le pain qui paraît n’est pas pain, bien qu’il paraisse tel au goût, mais corps du Christ, et que le vin qui paraît n’est pas viii, bien que le goût le veuille, mais sang du Christ, participe à ce pain comme à un pain spirituel : 6 çacvrjixcvo ; ap-o ; o-jx àpToç â(m’v, sî /.ai t : ^ yvjou a ! r ; 0/iTÔç, à/, ).à dû>i.ix Xpt<jTûO xa’i ô çaivoij.svoc oivoç o-jx oivôç âcnv. Et y.aî /i YE’Jit ; toOto prj-jÀEUTai, à>.Xà oI|j.a XpKTToO. Ibid., 9, col. 1104.

Dans la catéchèse suivante sur les diverses cérémonies de la liturgie eucharistique, saint Cyrille signale la prière adressée à Dieu pour qu’il envoie le Saint-Esprit sur l’oblation et que le Saint-Esprit fasse le pain corps du Christ et le vin sang du Christ. Cal., xxiii, 7, col. 1116. Il signale enfin l’invitation adressée aux fidèles pour la communion au moyen de ce verset du psalmiste : < Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon. » P.-. xxxiii, 9. Et ceux qui goûtent ne reçoivent pas l’ordre de goûter le pain et le viii, mais

l’antitype du corps et du sang du Clirist. Ibid., 20, col. 1124. Et l’on s’avance alors, la main gauche soutenant la main droite, dans laquelle on reçoit le corps du Christ en répondant : Amen. Et l’on prend garde d’en rien laisser tomber à terre avec plus de précaution et de vigilance que si c’était de l’or. Puis l’on s’incline en signe de respect et d’adoration, on dit Amen et l’on boit au calice. On porte la main à ses lèvres pour sanctifier ses yeux, son front et ses sens et on rend grâce à Dieu d’avoir daigné nous faire participer à de si augustes mystères. Ibid., 22, col. 1125.

Les expressions âv tj-io et ivritvTio ; n’ont rien du symbolisme calviniste ; le corps n’est nullement figuratif, il est réel, d’une réalité, il est vrai, inaccessible aux sens et uniquement accessible à la foi, mais indubitable. C’est le pain qui est dit figure du corps, et c’est dans le signe du pain qu’est donné le corps. Et comment y est-il ? Par l’invocation de l’adorable Trinité, avait déjà fait observer saint Cyrille : it.i x), r|<T£(jpi ; 5ï yôv&aÉ’/Y) ;, ô iJ.àv apToç yivErxc aCnia Xp’.TTO’j, ô 8à olvoç ai[j, a Xsutto-j, Cat., XIX, 7, COl. 1072, ou comme il vient de le dire, par l’invocation du Saint-Esprit. Il n’est pas question ici de l’intervention du Verbe descendant sur le pain, selon saint Athanase, ou venant sur le pain comme dans l’eucologe de Sérapion, mais de celle du Saint-Esprit, qui est déclaré l’auteur de la sanctification et du changement qui s’opère, -ojto r^yia.ixxi xai |j.£Tag£o), ï)Tai. Ca/., xxiii, 7, col. 1116.

Saint Cyrille n’affirme pas seulement la présence réelle, il enseigne encore la conversion substantielle. Plitt, théologien luthérien, l’avait reconnu : Si e/jo, dit-il. De Cyrilli Hier, orationibus quee exstant caicchelicis, Heidelberg, 1855, p. 150, discipulis meis in calechesi dicercm : ut Christus in nuptiis Canæ celebratis aquam in vinum Iransmutavit, ita eucharistia vinum in sanguinem transmutât ; quod vos in eucharistia editis et bibitis, gustum quidam panis et vint habel, nihilominus autem neque panis est neqne vinum, sed corpus et sanguis Domini, quis, quseso, dubitaret quin transsubstantiationem ego docerem ? Rien de plus juste ; et Loofs avoue, Abendmahl, p. 53, que, pris au pied de la lettre, le langage de saint Cyrille implique la transsubstantiation. Assurément ; car, à défaut du mot lui-même, choisi plus tard et officiellement adopté par le concile de Trente, saint Cyrille parle d’un réel changement qui s’opère dans la substance du pain et du viii, bien qu’il ne cherche pas à en déterminer la nature. Cf. Touttée, D/’sseWa^iones Cijrilliar.ge, diss. III, c. ix-xi, n. 69-71, P.G., t. xxxiii, col. 243-276 ; Crabe, S. IreniL’i opéra, 1. V, c. ii, note, p. 399. Voir t. iii, col. 2569-2574.

A Antioehe.

1. Saint Eustathe († 3qu). — Mentionnons

simplement, pour la première moitié du ive siècle, cet évêque d’Antioche, contemporain d’Eusèbe de Césarée, qui usa du mot antitype, sans favoriser pour cela le symbolisme. Commentant ces paroles : « Mangez de mon pain et buvez du vin que j’ai mêlé, » Prov., ix, 5, Eustathe avait dit : « Par pain et par viii, l’écrivain sacré entend les antitypes des membres corporels du Christ. » P. G., t. xviii, col. 685. Cf. F. Cavallera, S. Eustathii homilise, Paris, 1905, p. 80. Or, c’est précisément ce passage que citent les Pères du Vil" concile œcuménique, tenu à Nicée en 787, comme preuve que le sacrifice de l’autel n’avait, pas été appelé image ou symbole. Mais, à défaut de témoignages plus nombreux ou plus explicites, l’Église d’Antioche nous offre ceux de saint Jean Chrysostome, qui sont d’une importance et d’une valeur remarquables.

2. Saint Jean Chrijsostome († 407). — Le grand orateur d’Antioche écarte toute formule équivoque ;