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EUCHARISTIE D’APRÈS LES PÈRES


maiin, Das AbciiJmahl im Urchristentum, Berlin, 1903 ; W. Heitmuller, Tau/e und Abendmahl bei l’milus, Darslellung und reU<jionsgeschichlliche Beleiichtnuri, Gœltingue, 1903 ; art. Abendmahl, dans Die Rcliyion in Gescliielile und Gegenwart, de I". M. Scliiele, Tubingue, 1908 ; O. Holtzniann, Das Abendmahl im Vrchristentum, dans Zeiisehrifl fiir die nentestamentliche Wissenschaft und die Ktinde des Vrehristentams, Giessen, 1904 ; R. Seeberg, Das Abendmahl im Seuen l’estament, Berlin, 1905 ; 2^ édit., 1907 ; A. Andersen, Das Abendmahl in den zwei erslen Jahrhundevlen nacli Christus, 2e édit., Giessen, 1906 ; Goetz, op. cit., 1907 ; J. Rcville, Les origines de l’euchwislie (messe, sainte cène), Paris, 1908 ; M. Goguel, L’eucharistie des origines à Juslin martyr, Paris, 1910 ; F. Dibclius, Das Abendmahl. Eine Vntersuchung iiber die Anfànge der christlichen Religion, Leipzig, 1911. Voir aussi Herzog-Hauck, Realencijclopddie fiir protestant ische Théologie und Kirclie, 3e édit., Leipzig, 1896 sq., les art..Afcendma/iZ, de Cremer, t. i, p. 31 sq. ; Eucharistie, de Drews, t. v, p. 560 sq.

C. RucH.

II. EUCHARISTIE, D’APRÈS LES PÈRES. — l. Observations préliminaires. II. Témoignage des Pères pendant les trois premiers siècles. III. Pendant le IVe siècle, en Orient. IV. Pendant le ive siècle, en Occident. V. A partir du ve siècle, dans l’Église grecque. VI. A partir du ve siècle, dans l’Église latine.

I. Observations préliminaires.

1° Objet précis de cet article. — L’eucharistie est un sacrement et un sacrifice ; il ne sera question ici que du sacrement. Mais le sacrement lui-même peut être envisage à bien des points de vue : quel est son auteur ? Quels sont ses éléments constitutifs, sa matière et sa forme ? Quels sont ses effets ? Contient-il réellement le corps et le sang de.lésus-Christ ? Comment Jésus-Christ devient-il présent ? Quel est son mode d’être dans l’eucharistie ? Le pain et le vin subsistenl-ils malgré la présence réelle de Jésus-Christ ? Si leurs propriétés naturelles et toutes leurs apparences sensibles persistent, que devient leur substance ? Subit-elle un changement, et quelle est la nature de ce changement ? .utant de questions et de problèmes, dont l’énuméralion n’est pas close, qui ne se sont pas posés de prime abord, et dont on n’a pu chercher la solution qu’au fur et à mesure de leur apparition. Au temps des Pères, du moins, une affirmation capitale se produit et se répète incessamment, celle du dogme de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, ou du réalisme eucharistique, qui répond, dans la foi des fidèles, aux données de l’Écriture, de la tradition et de la liturgie. Ce dogme est le point central de l’enseignement eucharistique des Pères ; c’est la donnée première et fondamentale, qui implique et engage toutes les questions, tous les problèmes subséquents ; c’est de lui qu’il sera principalement question ici. Mais, comme, en en parlant, les Pères n’ont pas manqué, une fois ou l’autre, d’aborder, sans jamais la traiter à fond, la notion de la conversion ; comme ils ont aussi indiqué parfois ce ù quoi ils attribuent la présence du Christ dans l’eucharistie ; et comme enfin ils ont signalé fquelqucs effets de la communion qui requiert la présence réelle, leur témoignage sera recueilli tel quel, c’est-à-dire à l’état d’enseignement diffus. Car ce n’est que longtemps après eux, lorsque la période d’élaboration progressive et de polémique précise sera passée, <juc les scolastiques pourront organiser systématiciueinent la théologie didactique de l’eucharistie, où toutes les faces du dogme eucharistique seront examinées à fond. La pensée des Pères, quelque apparence fragmentaire qu’elle offre, n’en est pas moins précieuse à recueillir : à côté de qucUpics expressions, qui pourraient prêter à l’équivoque et dont le sens s’est éclaire ! et précisé peu à peu, elle contient des affirmations catégoriques qui sont i » retenir, comme le témoignage de la croyance des premiers siècles au réalisme eucharistique, et des prin DICT. iJi ; TIIKOI.. CATIIOL.

cipes de solution dont la controverse et l’apologétique sauront faire leur profit. Mais avant d’aller plus loin, il convient d’expliquer le silence relatif des Pères relativement à l’eucharistie.

2° Point de controverse sur reiicharislie pendant la période patrisliqiie. — C’est surtout en vue des nécessités du moment, pour résoudre les difiicultés qui surgissaient ou pour combattre des erreurs qui menaçaient l’intégrité ou la pureté de la foi chrétienne, que les Pères ont employé leur activité intellectuelle : leur enseignement oral comme leur polémique écrite avait un caractère pratique, immédiat et urgent, commandé par des circonstances dont ils n’étaient pas les maîtres. Or, tandis que d’autres sujets sollicitaient leur attention et réclamaient leur intervention, le dogme eucharistique, à part l’erreur des aquariens relative à la matière du sacrifice, combattue notamment par Clément d’Alexandrie et saint Cyprien, ne fut l’objet d’aucune attaque spéciale pendant toute l’ère patristique. Il n’est donc pas étonnant dès lors qu’ils n’en aient pas fait un objet particulier de leurs travaux : l’absence de tout danger et de toute attaque explique pour une part leur silence. Mais ce silence n’est pas absolu. Car ils parlent de l’eucharistie, tantôt en passant ou par simple allusion, plutôt pour en instruire sommairement les nouveaux baptisés ; et ils le font d’ordinaire en procédant plutôt par des allirmations que par une étude approfondie, qui chercherait à rendre compte de tout et ù cclaircir autant que possible l’obscurité du mj’stère. Les questions et les problèmes, auxquels donne lieu le dogme eucharistique, ne s’étant point posés et n’étant nullement en discussion à leur époque, ils se sont contentés de proclamer ce qu’il faut croire, à savoir que le corps et le sang du Christ sont présents dans l’eucharistie, en dépit du témoignage des sens. A cette première raison s’en ajoute une autre, qui est que la doctrine christologique, dont dépend la doctrine eucharistique, ne fut élucidée, précisée et définie qu’après les longs débats du iv* et du ve siècle. Il faut tenir compte enfin de cette discipline caractéristique, où l’on a voulu voir une loi du secret, grâce à laquelle, à partir du ni<e siècle, les Pères ont usé, quand ils parlent des mystères chrétiens et notamment de l’eucharistie, de tant de réserves, de réticences ou d’obscurités voulues que leur enseignement ressemble à de l’ésotcrisme.

Caractère de la doctrine eucharistique des Pères.


On ne doit donc pas s’attendre à trouver chez les Pères un exposé complet de la doctrine eucharistique, et moins encore un traité didactique. Une terminologie appropriée au sujet leur fait même défaut ; de là, l’emploi de termes mal définis, qui prêtent à la confusion, et d’expressions qui, prises dans le sens précis qu’on leur donne aujourd’hui, seraient fâcheuses. Ils parlent de nature, de substance, d’essence, là où il faudrait simplement parler de propriétés naturelles. Un rapprochement trop accentué entre le dogme eucharistique et celui de l’incarnation en amène quelques-uns, pendant le ve siècle, à introduire, contrairement à toute la tradition, le dyophysisme dans l’eucharistie ; mais leur conception erronée n’aura aucun effet sur l’enseignement traditionnel ; clic retardera simplement le développement du dogme et sera éliminée. Plusieurs se servent des mots symbole, figure, image, type, et autres semblables. Mais, outre que de leur temps ces mots ne désignent pas des signes absolument vides de toute réalité, leur sens ne se pn-cisc et ne se justifie que peu à peu. Il est certain, en elîet, qu’on peut dire des espèces eucharistiques, considérées en tant t|uc signe, qu’elles sont le symbole du corps et du sang du Christ. I"t si l’on compare l’eucharistie à ce qui aura lieu dans la vision béalifiquc, il

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