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EUCHARISTIE D’APRÈS LA SAINTE ÉCRITURE


fices mosaïques. Cf. BatifEol, Revue du clergé français, 1° décembre 1909, p. 514-515.

Au contraire, le développement dans lequel se trouve ce verset a pu être invoqué en faveur de l’eucharistie ; car à la phrase exploitée par O. Holtzmann fait suite cette déclaration : « Nous avons un autel dont ceux-là n’ont pas le droit de manger qui restent au service du tabernacle. Car pour les animaux dont le sang, expiation du péché, est porté dans le sanctuaire par le grand-prêtre, leurs corps sont brûlés hors du camp. C’est pour cela que Jésus aussi, devant sanctifier le peuple par son sang, a souffert, hors de la porte, » XIII, 10-12. Ainsi le Christ a été offert en sacrifice expiatoire, sa mort salutaire est expressément rappelée ; mais n’est-il question que d’elle, /’awW est-il seulement la croix, manger n’est-ce que participer aux fruits de la passion ? Plusieurs catholiques n’ont proposé que cette interprétation. S. Thomas, Rstius, Stentrup, Oswald, Pohle, Renz. Voir t. i, col. 2576. Et il faut avouer que c’est celle qui s’accorde le mieux avec la doctrine générale de l’Épître sur le sacerdoce et l’offrande de Jésus, vii, 1 - x. 8. Pourtant les mots autel et manger appellent invinciblement l’attention du lecteur sur l’eucharistie, coupe de la nouvelle alliance qui fait participer au sang de la croix, et cette explication s’accorde fort bien avec l’enseignement de la l"’Épître aux Corinthiens. Aussi un bon nombre de catholiques et des protestants (Goetz, Rûckert, Westcott, Spitta) croient que, d’après l’Épître aux Hébreux, nous mangeons à la table du Seigneur la victime immolée au Calvaire, cf. Lebreton, (oc. cit., col. 1566, ou du moins que les mots très caracléristiques ici employés impliquent une allusion indirecte à l’eucharistie. Au contraire, J. Réville, op. cit., p. 70, et Goguel, op. cit., p. 218, croient reconnaître les chrétiens dans ceux qui restent au service du tabernacle et qui n’ont pas le droit de manger à l’autel nouveau ; ils concluent que, d’après l’Épître aux Hébreux, " les fidèles ne recueillent pas le Ijenéfice du sacrifice de la croix en prenant part à un repas. » Mais il est impossible de désigner ainsi les disciples de Jésus. Les chrétiens sont ceux qui sortent hors du comp.xiii, 13 ; qui n’ont pas ici-bas de cité permanente, xiii, 14, qui n’affermissent pas leur cœur p ; ir des mets inutiles, XIII, 9 ; ce ne sont donc pas ceux qui restent au service du tabernacle. J. Réville et Goguel sentent d’ailleurs combien leur sentiment est difilcile à soutenir : ils devraient logiquement conclure que l’auteur ignore ou combat l’eucharistie, l’existence d’un repas où les fidèles participeraient aux fruits de la passion. Or, ils reculent devant cette cosnéquencc et ils disent seulement qu’une pareille communion « n’est pas au centre des préoccupations de l’auteur, qu’elle n’a pas à ses yeux l’importance qu’elle a prise dans la suite. » Mais, ou l’argument qu’ils ont invoqué est bon, et alors, d’après l’Épître aux Hébreux, il n’y a pas de repas religieux associant les chrétiens à la victime du Calvaire, l’idée n’est pas seulement omise, elle est exclue, condamnée ; nubien l’objection de Réville et de Goguel est sans valeur, et la lettre oblige à voir dans la cène, sinon un sacrifice, distinct de l’immolation douloureuse, du moins, selon la conception paulinienne, une communion au sang de l’alliance versé en expiation sur la croix. Voir plus haut ce qui a été dit de Hcl)., x, 20( : o aî^a tr, ;, '>.a’)v/.r, :), et de Hcb., vi, 4.

Il) Conclusion. — La cène chrétienne d’après saint Paul n’est pas un repas ordinaire, même précédé de la prière : elle est un acte essentiellement religieux. Elle n’a riendccominun avec ksalfominabics banquets idolâtriques, et les festins en usage dans les confréries « rccques, éranes et thiases ; elle ne doit même pas être défigurée par l’introduction d’habitudes empruntées aux réunions profanes. Elle n’est ni la

Pâque dont elle diffère et par le menu et par la date de célébration, ni le kiddûs juif du vendredi dont elle se distingue par des rites particuliers, ni la réunion pieuse avec lectures et prières telle qu’on la constate chez les communautés juives de la Diaspora. Elle est un rite chrétien, exclusivement chrétien, bien connu, très important, une institution fondamentale, un geste fréquemment renouvelé, une action auguste et qui requiert de dignes dispositions. Elle peut être rattachée à un repas fraternel, mais ne se confond pas avec lui. Elle appartient au culte public, ecclésiastique.

C’est le renouvellement de la mort du Seigneur. Le soir, pendant la nuit, sans doute le dimanche, tous les fidèles du lieu ou de passage se réunissent ; peut-être choisissent-ils de préférence une chambre haute. Il y a un repas commun, et fraternel. On n’y vient ni pour apaiser sa faim, ni pour commettre des excès. Riches et pauvres mettent en commun leurs provisions, tous doivent former un seul groupe, les fidèles sont tenus de s’attendre les uns les autres. Il y a un président, c’est l’apôtre lorsqu’il est présent. Pendant le repas a lieu la fraction du pain. Le soin avec lequel les chrétiens reproduisent les circonstances les moins importantes du repas d’adieu, l’ordre donné par Jésus de réitérer les deux consécrations, obligent k penser que tout se passe comme l’a demandé et indiqué le Christ. Au cours du repas donc, celui qui tient la place du Maître bénit le pain, le rompt, le distribue après avoir dit sur lui les mots : Ceci est mon corps. A la fin du souper, il prend une coupe de viii, rend grâces, la fait circuler après avoir dit sur elle : Ceci est la nouvelle alliance dans mon sang.

C’est Jésus qui a institué cette eucharistie, ordonné formellement de la célébrer. Ce que saint Paul enseigne, ce qu’il dit sur ce sujet, il le tient du Maître hii-mêmc.ussi la cène chrétienne est-elle le repas du Seigneur qui se célèbre à la table du Seigneur avec la coupe du Seigneur.

Le dernier repas de Jésus avait été un banquet d’adieu, un festin funéraire où avait été annoncée sa mort et figurée l’effusion de son sang. La cène chrétienne commémore par ses rites et ses formules la fin bienfaisante du Sauveur.

La première cène indiquait, les cènes chrétiennes rappellent que par le sang de Jésus est scellée une alliance entre Dieu et son nouveau peuple, que le Christ fut une victime et sa mort un sacrifice.

Au repas que célèbre le Christ et dans tous ceux qui le reproduisent, les assistants sont invités ù participer à la victime, à s’approprier l’alliance et à entrer ainsi d’une certaine manière en rapport intime avec la divinité. Bien plus, le pain de la fraction, c’est le vrai corps, le vin de la coupe eucharistique, c’est le vrai sang de Jésus.

Et c’est jusqu’à ce que le Christ vienne que le rite annonce sa mort. Il fait oublier en quelque sorte son absence et permet de trouver moins long le temps qui sépare de son avènement.

Aussi est-ce un crime de prendre part à la Ci-nc comm : - à un repas ordinaire sans les dispositions requi’-cs. L’indigne communiant est coupable du corps et (lu sang du Seigneur, m : nme et boit sa condamnation, s’attire de redoutables châtiments. Avant de recevoir l’eucharistie, que chacun s’examine, se juge et se corrige. Après avoir goûté à la table et à la coupe du Seigneur, que nul n’excite sa jalousie, que tous renoncent à la table et à la coupe des démons.

3. Saint Luc.

a) L’institution de l’eucharistie. xxii, 1-20.

1. I, a ff’lo (les azymes qu’on appelle la I’îkiup approchait. (2-0. l’réliminaircs de la trahison.) 7. Arriva le