Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée
79
80
ENFER D’APRES LES PÈRES


vidiio. Parmi les qiia’sliones, pas toutes authentiques, du 7.(’le polC’iniste, Anastasc le Sinaïte, fin du VII'e siècle, la xc>-’expose sommairement l’état des âmes actuellement dans l’au-delà et déclare que le paradis ou l’enfer sont éternels. P. G., t. i.xxxix, col. 721. La question suivante expose la théorie de la dilation ; contre l’apocatastase, il rappelle les décisions conciliaires, VicTditx, c. v, col. 101, et fait quelques bonnes remarques de critique traditionnelle contre les oricénistes qui invoquaient pour leur « restitution » les deux saints Grégoire de Nazianze et de Nysse, c. xxii, col. 289 sq. ; la q. xxii, col. 536 sq., prouve par la raison, l’Écriture et la tradition (textes de Denysl’Aréopagite, des Constitutions apostoliques, de saint Épiphane, de saint Chrysostome), que la prière pour les morts n’est pas pour les imjjies et les pécheurs damnés. Saint Maxime le Confesseur, le plus grand théologien sans doute de l’Église grecque au viie siècle, a été accusé d’origénismeuniversalisle, comme son maître préféré le pseudo-Denys. Voici quelques-uns de ses principaux textes sur la question. Qiiwsl. ad Tliolassiiim, q. xi, P. G., t. xc, col. 292, ex professa sur l’enfer des démons : alterna vinciita : coriini vohinlatis est atquc animi omni ex parle jufjisque circn bomim motus abseniia ac inertia ; ex qua est ut divina uunquam jucunditatis fiant eonipotes ; caligo, c’est l’absence de tout bien divin en eux ; judicio reservati, ce sont les supplices que la sentence divine in sœcula nulluni iinquam finnm hubitura, prononcera contre eux. Cf. q. lix, lxi. Dans Qusest. et respons., q. x, le feu purificateur est dit réservé aux seuls possesseurs de rirtules peccatis commistns, col. 792. Des Loci coninumes, le sermon i.iii, P. G., t. xci, col. 950, donne une citation de Clément très explicite sur l’enfer éternel et sans fm ; cf. Serm., xi.v, de futuro judicio ; mais surtout les Epist., I, IV, V, XXIV, XI. iii, P. G., t. xci, col. 364, etc., on ne peut plus explicites sur l’éternité de diverses peines de l’enfer, puissamment décrites, avec profondeur et compréhension, et toujours avec le terrible in sempiternum, jupes, semper, nunquani finis, nulla spes evadendi, exspectent nihil, interminabilibus in perpetuuni suppliciis ; V Epist., i, en particulier (sernio epistolaris), est un des plus beaux sermons de l’antiquité sur l’enfer. A côté de cela, on signale qielqucs passages ambigus, Quæst. et resp., q. lxxiii, sur ICor. m, 13-15, et principalement q. xiii. qui traite directement de l’apocatastase de saint Grégoire de Nysse. L’Église, dit ce passage, P. G., t. xc, col. 845 sq., connaît (reconnaît) une triple apocntastasc : la première individuelle par la pratique accomplie de la vertu ; la deuxième, naturæ univcrsalis, par la résurrection qui immortalisera et rendra tout incorrup tible ; la troisième, enfin, et c’est celle de (irégoire de Nysse, est la restitution, ^ho anin-ii vires quæ peccato succubuerant, in pristinum illum rcsliluanliir in quo condilæ erant. La résurrection, en effet, restaurera la nature ; de même les puissances de l’âme viciées devront, pendant la longue durée des siècles, perdre cette vitiositas, cnnctisque sepnratis sœculis ncc requiem aliquam nactum, ad Deum qui fine caret (’f ; î(>c ; ainsi il sera clair que le créateur n’était pas l’auteur du péché. Le texte est obscur. Est-ce, jusqu’au bout, simple citation de l’opinion de l’évcque de Nysse, ou doctrine absolue ? et, dans ce dernier cas, s’agit-il de la restitution universelle de tous les hommes ou de la restitution totale de chaque homme sauvé dans le sens du Deus omnia in omnibus de saint Paul ? Vu les autres textes cités plus haut, en plus des raisons intrinsèques, le sens hérétique nous semble devoir être certainement écarté.

Le théologien compilateur, saint Jean Damascène, au viii’e siècle, résume le déveloi>pement du dogme

pour l’Orient. Son résumé est suffisamment complet, De fide orthodoxa, 1. II, c. iv, /’. G., t. xciv, col. 877 ; il indique d’abord l’immutabilité fie l’ordre ultraterrestre pour les méchants ; 1. IV, c. xix, xxi, il donne les principes généraux de la permission du mal éternel ; enfin le c. xxvii et dernier, col. 1228, condense le dogme de la vie future : existence pour le corps et pour l’âme, pour les justes et pour les pécheurs, et en quelques lignes, le jugement, le feu éternel. Cela est abondamment développé ailleurs. Voici d’abord une très copieuse théologie positive de l’enfer : Écriture sainte et tradition grecque, dans les Sacra parallcla, litt. A, tit. xii, De impiis… et eorum suppliciis, P. G., t. xcv, col. 1148 ; tit. xv. De resurrcctionc, judicio et pœna leterna, col. 1176 sq. ; litt. M, tit. iv ; litt.0, tit. i, De infernorum statu, P.G., t. xcvi, col. 28 ; 1. il. De loco et descriptione inferni, P. G., t. xcvi, col. 436 sq. Parait. JUipefucatd., Vi.t. A, tit. Lxxi, col. 484, des sanctions futures éternelles, récompenses et supplices ; tit. lxxiii. De terribili resurrectione, col. iS5sq. ; citation surtout d’Antipater deBostraqui àla fin duvsiècle avait écrit une longue réfutation de Y Apologie d’Origènc de Pamphile-Eusèbe. Le compilateur de Damas condense sa théologie spéculative sur l’enfer dans le Dialogue contra manich., P.G., t. xciv ; les n. 33-50, col. 1540, 1549, étudient avec profondeur les rapports de l’enfer avec les attributs divins, prescience, justice, bonté ; de même, n. 68-75, col. 1564^1573 ; la théodicée chrétienne a peu ajouté depuis à ces vigoureux développements ; remarquons seulement que le théologien Chrysorrhoas, n. 75, donne, comme dernière explication de l’enfer, l’obstination des damnés, ex conditione naturæ. Deus in omnes bona profundit… Post morlem vero nec conversionis, nec pœnitentiee locus est. Non quod Deus pœnitentiam non suscipiat (neque enim seipsum negare potest), nec miserationem suam abjicit, sed conditio animée est quæ converti ncqueat… Sicut enim da’mones post lapsum non resipiscunt neque ctiam angcli nunc pcccant, sed utrique hoc habent ut nulla in ipsos mutatio cadat, sic homines post obilum. Saint Jean Damascène n’a pas admis la réalité matérielle du feu de l’enfer. Voir Feu. C’est enfin son autorité, qui, par l’homélie De ils qui in fide dormierunt, à lui faussement attribuée, a fourvoyé tout le moyen âge dans la discussion de la délivrance miraculeuse des damnés : histoire de la délivrance de Trajan par saint Grégoire le Grand, etc., si bien que plus tard iJenoît XII ne définira l’enfer éternel pour tous les hommes morts en péché mortel que secundum Dei ordincUionem communem. Voir plus loin.

2. Époque de transition cnOccident.

Dans la décadence des études qui va du milieu du Ve siècle au xie siècle, se poursuivent d’abord quelque temps, bien que sur un terrain diminué, les grandes controverses de l’âge précédent, en particulier celle de l’origénisme, sous forme de miséricordisme, comme l’a appelé saint Augustin. Les » miséricordieux » ne sont plus qu’une foule plus ou moins vague et anonyme. ( ; ontre eux, est écrite, vers 430. l’année de la mort de saint Augustin, VEpist. De malis docloribus et operibas fidei et de judicio futuro, tout entière, dans Caspari, liriefe, Abhandlungen und Prediglen, in-8, Christiania, 1890, p. 67 sq. ; vigoureuse réfutation de la théorie du salut sans les œuvres chrétiennes, au nom de la raison, iii-vi, p. 70-74 ; de l’Écriture sainte, vii-xi, p. 75-85 ; xv-xvi, p. 91-100, solution des difficullés classiques.

Saint Césaire d’Arles appelle encore, fm du ve siècle, les miséricordieux multi. Serm., civ, dans les Opéra S. Augustini, P. L., t. xxxix, col. 1946. Sa réfutation tend à expliquer le texte principal de la controverse, I Cor., III, 11-15 -.si quis.supera-dificat… salvus