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ENFER D’APRES LES PÈRES


saint Paulin de Nôlc, Carmen, i, ad Deum, v. 133 ; Epist., XL, ad Soncl. et Amand. ; Poem., xxxv, De obitu Ceisi, . 460 sq., etc. ; l’ruclence, Ilamarligenia, V. 890-904, etc. Cependant on trouve clairement exprimée une idée de mitigation dans Prudence, Cathemcrinon, hym. v, ad incens. cer. pasch., Y. 128139, et puis surtout et toujours des idées d’universalis ^me restreint. Cf. Orose, De arbitr. libcit., 16 ; Commonilorium, 3 : saint Jérôme et la foule anonyme dont parle plusieurs fois saint.ugustin.

Éclaircissements.

Saint Augustin fit enfin en

Occident la lumière à peu près complète sur le dogme, résuma l’apoloséliquc et commença, en la poussant plus loin qu’aucun autre Père, la théologie de l’enfer. Tout cela a déjà été exposé en un bon résumé, t. i, col. 2443-2445, 2450-2452. Saint Augustin prouve l’existence de l’enfer par l’Écriture surtout et aussi par quelques arguments de raison ; il en donne les fins providentielles en le mettant en ranport avec les attributs divins ; il dissipe le dernier reste d’universalisme origénistc, le miséricordisme restreint ; il étudie la nature des peines de l’enfer : dam, alienatin a vita Dei, et peine du sens, ver métaphorique, feu réel torturant les corps et les esprits, comment ? miris lamen yms morf/s ; graduation depuis l’enfer des enfants morts sans baptême jusqu’à celui de Satan. Quelques points restent indécis et obscurs chez saint Augustin : l’état des âmes jusqu’au jugement dernier ; toute mitigation certis tenipontm interi>allis, pa& assez franchement repoussée, bien que non admise ; quels péchés pourront être remis dans l’autre vie, difficillimum est invenire, periculosissimum est definire, enfer des enfants morts sans baptême, etc.

III. I.F. DOOME DÉFINI DE I.’EXFER KTEnXKI..

La définition.

Le trouble plus ou moins général

causé par l’origénisme, était bien calmé définitivement vers le milieu du ve siècle. On a cru trouver, il est vrai, dans le pseudo-Denys l’Aréopagite, des tendances uni^’ersalistes, avec sa théorie mystique du retour de toutes clioscs à l’unité, èTUTTpoçr, ; mais pour la foi des Églises, ce vague néoplatonisme ne lirait pas à conséquence et pouvait être compris en un sens orthodoxe. Vin autre petit groupe d’origénistes universalistes fil plus de bruit et occasionna ainsi une définition solennelle du dogme de l’enfer éternel. Cf. l’ouvrage classique sur la matière de Diekamp, Die oriqenisticben Streitirjkeilen irn vi Jaltrlmndert, in-8°, .Munster, 1899 ; Prat, Origêne et l’orif/ènisme. dans les Études, janvier 1906, t. cvi, p. 13 sq. ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1008, t. ii, avec les notes érudites du traducteur, p. 1171-1196 : Srhwane, Histoire des dogmes, Paris, 1903, t. iii, p. 208 302.

Le conflit commença, vers 520, parmi quelques moines de Palestine. II y eut des violences répétées entre origénistes et antiorigénisfes dans certaines latires. Deux origénistes ayant été élus évcques, au milieu des intrigues de cour, Domitien à Ancyre et Théodore.^skidas à Césarée de Cappadoce, puis le moine édessénien Etienne Par Sûdaili étant venu dans lescouvenls palestiniens prêcheruiie sorte d’apocatastase panthéiste et d’absorption dans le I.ogos de Dieu (secte des isoclirisies^ les antiorigénistes effrayés recoururent à l’empereur Justinien ; Pelage, représentant du pape, et Menas, patriarche de Constantinopie, ajjpuyèrent la requête et préparèrent pour l’empereur t’ine liste des erreurs origénistes. Làdessus, Justinien donna son fanioix êdit contre Orifiàne, entre 538-543. qui rejette en particulier la théorie de i’apocatastase et la réfute, spécialement par la tradition.

L’édit se terminait par 10 anatiièmes, Œnzinger-IJaiinwart. n. 203 sq. ; le neuvième dil : quiconque d.t

ou pense que la peine des démons et des impies ne s( ra pas éternelle, qu’elle aura une fin et qu’il se produira alors une àTroxarâ (TTaiTtv des démons et des impies, qu’il soit anathème.J.’édH fut signé par le synode de Constantinople de 5 13, par tout l’Orient, par le pape Vigile, enfin on peut dire, grâce aux soins de Justinien, partout le monde chrétien. C’est bien une condamnation officielle et infaillible. Le même synode de 543 fut probablement l’auteur des 15 anathèmes contre Origène, qu’on a attribués parfois au V" concile œcuménique de Constantinople (553) ; le 1°’, condamne la monstrueuse apocatastase, TepariôSy) àitoxa-TotTradiv ; le 5, la circulation des âmes aux divers degrés du bien et du mal ; le 12 « , l’unification finale universelle dans le Logos de Dieu et de mênje le dernier. Denzinger, n. 187, sq., supprimés dans la 10e édit. Le V^ concile œcuménique condamna certainement Origène in qlobo, can. 11, Denzinger-Bannwart, n. 223 ; s’occupa-t-il aussi des 15 anathèmes susdits ? C’est très douteux ; ils furent pourtant publiés avec les actes du concile ; et les trois conciles œcuméniques suivants, VP de Constantinople, 680, VII" de N’ieée, 787, VIIl^ de Constantinople, 869, renouvelèrent la condamnation d’Origène en se référant au V « concile de 553. Pour plus de détails, voir Origène et Origé-NiSME. Mais il faut remarquer que la controverse origénistc était alors devenue surtout eschatologique.

Il est bon d’observer enfin que l’éternité de l’enfer a toujours été de foi catholique explicite (hins l’Église, bien que non de foi définie avant la controverse origéniste ; I’apocatastase d’Origène était donc hérétique, bien qu’Origène lui-même n’ait été sans doute que matériellement liérétique.

Époque de transition.

1. En Orient. — Au

milieu du dernier conflit origéniste, vers 534, Énée de Gaza publia son Theophrastus ou de l’inmiortalité de l’âme, si célèbre au moyen âge. On y trouve de beaux développements sur les sanctions morales et la justice de Dieu, la réfutation de la métempsycose, spécialement comme châtiment de vies antérieures ; la liberlé, fle péelié et la providence ; enfin et conséquemment l’existence et la raison des supplices éternels de l’enfer, P. G., t. i-xxxv, col. 944 ; l’âme des méchants doit être immortelle pour la sanction de ses péchés, quand elle est tombée au fond de l’enfer, elle n’en sortira jamais. Cf. col. 984 sq.’ers 553, Théodore, évêque de Scythopolis, écrit une h’tlre touchante aux patriarches de l’Orient ]iour rétracter publiquement ses opinions origénistes : préexistence et restitution ; il les condense en 12 propositions qu’il anathématise. Voir spécialement, P. G., t. i.xxxvi, < ; ol. 233, 236. Aussi vigoureuse condamnation des mêmes erreurs dans le traité intitulé : Sancti Harsanuphii doctrina circa opiniones Origenis, Evagrii et Didijmi, el qui a dû sortir vers le même temps dequekfue monastère palestinien, P. G., t. i.xxxvi, col. 892 sq. ; la condamnation est à la fois dogmatique et ascétique ; le " frère inquisiteur » qui pose des difficultés objecte entre autres l’autorité de saint Grégoire de Nyssc. lùicore au milieu du vi’siècle, Léonce de Byzance, le premier théologien’de son temps(Mai), réfuta aussi I’apocatastase origéniste dans ses Schotia ou De seclis, act. x, n. 6, P. G., t. r.xxxvi, col. 1265 sq. A la fin de ce siècle, saint.lean Climatiuc prêche la méditation du feu éternel. Sc(da paradisi, grad. ni, P. G., t. i.xxxviii, col. 661 ; grad. v, col. 76 L avec malédiction de l’impie doctrine d’Origène ; et au commencement du VII" sièrie, Dorothée, abbé en Palestine^ Dodrina, xii, 1-5, et De timoré et pœnis in/rml, P. G. t. i XXXVIII, col. 1718 sq., fait de même et donne un bon résumé du dogme (le l’enfer et de ses supplices, avec une discussion pour savoir si les damnés se rappellent tous leurs péchés, in.sperie ou in indi-