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ETIENNE III OU IV — ETIENNE V OU VI


lui et rcclainèrent leurs ennemis, c’est-à-dire les partisans de Didier. Le pape les apaisa. Mais quand ils furent partis, il retourna voir Didier et, trompe par les promesses du prince, lui livra ceux qui l’avaient fait élire et dont il trouvait la tutelle trop lourde. Il les fit sommer en son nom de venir se remettre <>ntre ses mains, à Saint-Pierre, et lorsqu’ils s’y furent rendus, par crainte de la populace, le pape les y laissa, au lieu de les emmener avec lui. C’était les abandonner, en les laissant dans la basilique, à l’arbitraire d’Afiarta et des Lombards.

En effet, ceux-ci, le soir, après s’être entendus entre eux, vinrent les arracher de la basilique et leur crevèrent les yeux sur le pont Saint-Ange. Christophe mourut presque tout de suite. Serge survécut près d’un an, dans la prison du Latran, mais huit jours avant la mort d’Etienne, Afiarta le fit tuer et enterrer près du Latran, tant il craignait que plus tard Serge gracié ne se retournât contre lui.

Etienne III ne profita pas de cet abandon de ses bienfaiteurs. Didier, satisfait d’avoir vaincu ses ennemis, le laissa expose aux rcprcsailles de Carloman, dont Christophe et Serge étaient les partisans. Mais Carloman mourut en dtccmlire 771 et Etienne le 2 février 772.

Duchesne, Liber pontifîcalis, 1. 1, p. 468 ; Id., Les premiers temps de FÉtat pontifical, 1904, c. vu ; Jané, Heg. pont, rom., i" édit., p. 200-202, 942-94.3 ; 2e édit., p. 285-288 ; Saltct, Les réordinations, Paris, 1907, p. 101 ; P.L., t. lxxxix, col. 1235 ; t. cxxvii, col. 1149-1164 ; t. cxxxvi, col. 480 ; HionumentaGermanieE historica. Concilia, t.ii, p. 74 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1910, t. iii, p. 727-737.

A. Clerval.

5. ETIENNE IV ou V, pape (816-817). Ce fut un pape pacifique et, par amour de l’ordre, franchement ami de la protection franque. Élu aussitôt après la mort de Léon III, n’étant que diacre, il fut consacré à Saint-Pierre, le dimanche 22 juin 816. La vacance ne dura que dix jours. Il était romain, de noble famille et populaire tout à la fois ; il se rattachait plus au pape Hadrien qui avait favorisé ses débuts qu’à Léon III. Son premier acte fut de faire prêter par les Romains un serment de fidélité ; i l’empereur ; puis il lui notifia son avènement et manifesta le désir de le voir. L’entrevue eut lieu à Reims au mois d’octobre. Il y couronna Louis et sa femme I-.rmengarde : pour cette cérémonie, il avait même ai)porté une couronne d’or. Un certain nombre de noiiles, impliqués <lans un complot, sous son prédécesseur, s’étaient enfuis en France ; de concert avec Louis, il leur permit de revenir : cette amnistie effaçait la trace des anciens troubles. Mais peu après son retour à Rome, <iui eut lieu ; i la fin de 816, il mourut le 24 janvier 817.

.Infré, Reg. pont, rom., l"é<lit., p. 221 ; 2e édit., p. 316 ; i Duchesne, Lilier pnnlifirnlis, t. ii, p. 49 ; P. L., t. cxxix, col. 973.

A. Clerval. I

6. ETIENNE V ou VI, pape (885-891), succéda à Hadrien III en septeinbre 885. C’était un’Romain, d’une famille aristocraliquc du quartier de la via Z, a/o, apparenté avec le bipliothécairc du Saint-Siège, Zacharic, évcquc d’.Vnagni ; il était sous-diacre et avait été bien vu d’Hadrien II et de Marin pf. Il était pieux et charitable. Il se trouva devant de graves difficultés en Occident et en Orient.

Charles le Gros, fâché de ce qu’on eût procédé à son élection sans le prévenir, lui envoya Luilward, évêque de Vcrceil, son archichancelicr, pour le déposer. Mais Etienne put calmer sa colère en lui présentant son décret d’élection, chargé de très nombreuses « ignatures d’évêques, de prêtres et de diacres cardinaux, de clercs inférieurs et de laïques.

-Mais ce même Charles vint à être déposé lui-même à la diète de Tribur. A qui le pape devait-il décerner la dignité impériale ? Elle était convoitée par deux roj-autés puissantes : celle d’Italie qui venait de se reconstituer en la personne de Guy, duc de Spolète, et avait de grandes ambitions, et celle de Germanie, représentée par Arnulf, duc de Carinthie, vaillant soldat, mais fils naturel de Carloman. La première courait bien risque d’être une voisine oppressive, comme jadis celle des Lombards ; la seconde, préférable, était bien éloignée et trop engagée dans des difficultés extérieures et intérieures. Pour commencer, Etienne V suivit une politique double. Il flatta Guy, spécialement dans les lettres qu’il adressait à son parent, Foulque, archevêque de Reims. Par contre, en 890, il fit supplier Arnulf, mais par l’intermédiaire du prince morave Swatopluck, " de venir à Rome visiter le sanctuaire de Saint-Pierre et reprendre le royaume d’Italie que de mauvais chrétiens se sont appropriés et que les païens menacent. »

Enfin, il dut se résigner à sacrer Guy, empereur, le 21 février 891. C’était sans doute une nécessité, puisque Formose, qui lui succéda en septembre 891, dut aussi donner la couronne impériale au fils de Guy, Lambert, le 30 avril 892.

En Orient, Etienne V eut à répondre à une lettre de l’empereur Basile, qui, poussé par Photius, avait écrit à son prédécesseur contre l’élection du pape Marin I<’^ En attaquant sa légitimité sous prétexte que ce pape avait été, contre le droit, transféré deCéré à Rome, l’empereur voulait couvrir son patriarche. Mais Etienne sut défendre le pape qui l’avait aimé (septembre, octobre 885).

L’empereur Léon VI, avec le métropolitain Stylianus, lui ayant demandé de reconnaître comme patriarche son frère Etienne, il sollicita des explications de ce dernier vers 888. Elles ne le satisfirent pas, car il adopta la manière de voir, non pas de Jean VIII, mais de ses autres prédécesseurs, Nicolas I « f et Hadrien II, au sujet de Photius. Selon lui, Photius n’avait jamais été évêque, et par conséquent, n’avait pu ordonner diacre le prince Etienne.

Enfin, il intervint dans la question de la liturgie morave dans un sens tout opposé à Jean VIII, mais pour des raisons qui ont été très finement exposées parle P. Lapôtre. Jean VIII avait d’abord défendu à saint Méthode de donner aux Slaves une liturgie dans ] : ’UT langue ; puls, après une conférence avec ce grand apôtre, ses idées s’étaient modifiées, et il le lui avait franchement permis. Mais cette autorisation de la liturgie slavonnc contrariait les Allemands, et spécialement leur représentant, l’évêquc Wirhinz, l’ami de l’empereur.Vrnulf, parce qu’elle rendait plus difficile la germanisation de ces peuples, .ussi, après le départ de.Méthode, ^Vichinz, venu à Home, sut habilement obtenir de secrétaires pontificaux corrompus la confection d’une fausse lettre pontificale, adressée au prince de Moravie, Swatopluck, dans huiuelle Méthode était traité de parjure, et la permission, alléguée par lui, de célébrer en slave démentie. Cette lettre mensongère fut inscrite au registre de, Iean VIH, tandis que la véritable en fut enlevée. Il est vrai que Jean VIII, prévenu par Méthode de cette supercherie, lui avait remis une lettre de protestation, mais secrète et conçue en termes compréhensibles aux seuls initiés dans cette curieuse affaire. Etienne V, qui, ’dès le début de son pontificat, avait fait qvielques changements dans le corps de ses scribes, ne connut des lettres de Jean VIII que celles qui proscrivaient la liturgie slavonnc et se trouva ainsi fatalement amené à servir, sans le savoir, les intrigues deA ichinz à démentir les derniers et vrais actes de son prédécesseur, i » condamner l’oeuvre de.Mélhode(88()). Sous