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ETERNITE

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doivent cire écartées de Dieu. Voir t. i, col. 1476 ; cf. Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, art. Éternité.

Relativement au mystère de la sainte Trinité, l’éternité du Fils est clairement affirmée dans Heb., i, 5-12 ; Joa., VIII, 58 ; Mich., v, 2 ; Ps. cix, 3. De l’Esprit-Saint éternel, il n’est parlé nulle part explicitement, mais il est facile de déduire l’attribut d’éternité de la divinité du Saint-Esprit.

3. Sur ce point spécial de l’éternité de Dieu, aucune hésitation dans la tradition de l’Église : sa doctrine a toujours été que Dieu ne pouvait qu’être éternel. Le seul aspect intéressant de la croyance à l’éternité de Dieu concerne les controverses trinitaires des premiers siècles.

La doctrine authentique de l’Église est, dès l’âge apostolique, que, les trois personnes étant Dieu, chacune des trois est éternelle. L’affirniation solennelle de cette croyance eut lieu au I concile de Nicée, en 325, lorsque l’hérésie arienne fut anathématisée. Peut-être avons-nous même un document antérieur, la profession de foi du concile d’Antioche, vers 267, condamnant Paul de Samosate : Profilemur et prædiccimiis Filiiim Dei Dciim esse [sapicnliam et virtutem Dci ante sœcula existentem, et les Pères anathématisent celui qui refuserait de croire Filiiim Dei esse ante constitiitionem muncli. IVIansi, Concil., t. i, col. 1033. Cette profession de foi, probablement inauthentique, est cependant très ancienne. Cf. Hefelc, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. i, p. 197, note 4 ; p. 198, note 4. Le concile de Xicée a proclamé l’éternité du Fils dans la formule ajoutée au symbole : Toù ; lï XeYOVTa ; ’r, v Ttote 8tî ou-I. r, v y.al îrpiv yt-r/rfif^’^OLi où-/. f, v…, àva9eu.âT ! Ï£t r, xa60). ! xr| èxy.ÀTiufa. Denzinger-Bannwart, n. 54. Mais les controverses portaient directement, comme on le sait, sur la consubstantialité ; ce n’est que par voie de conséquence que l’éternité était en jeu. Aussi suffit-ilici de renvoyer à l’art. Arianisme, t. i, col. 1 779.

La croyance en l’éternité du Saint-Esprit a été également affirmée d’une manière indirecte au f^ concile de Constantinoplc, par la délinition de sa procession éternelle du Père, et de sou égalité au l’ère et au Fils, comme Seigneur, digne de toute adoration et de toute louange. Voir Esfiut-Saint, col. 808. Par voie de conséquence, elle était également niée par les hérétiques, refusant au Saint-Esprit, soit la personnalité, voir Sauri.i.iamsmk, soit la consubslantialité avec le Père, voir ^Lvcédonius.

Dans leurs réfutations des ariens, les Pères sont amenés à déclarer que l’éternité appartient à Dieu seul en propre, et c’est parce que les siècles (aifovsç) sont l’œuvre du Fils que celui-ci est éternel, et que les siècles ne le sont pas. Cf. S. Basile, Contra Hiinomium, 1. II, n. 12, 13, P. (i., t. xxix, col. 594-598.

Le concile de Heims, en 1118, résume la doctrine catholique de l’éternité de Dieu, Père, Fils et i : sprit, dans son canon 3. Le canon 1 affirme que l’éternité de Dieu, c’est Dieu lui-même. Denz.inger-Hannwarth, n. 389..392. Happelonscn terminant la formule du symbole dit d’.Mliauasc :.TUtcrnus Pater, wternus Filins, mtermts Spirilus Sanctus, ri tamen non très wirrni, sed unus œtrrnus. Denzinger-Hannwart, n. 39, cf. n. 420.

Deux remarques sont nécessaires sur la manière de s’exprimer des Pères de l’Église. Orlains d’entre eux semblent attribuer l’éternité au Père seul. Il n’ja là aucune erreur ni tendance au subordinatianisme. C’est par manière d’appropriation qu’ils parlent ainsi : on cite saint Ililaire, De Trinilidr, I. II, c. i, P. L., t. X, col. 51 : pseudo.mbroise, F.rplanatio symholi ad iniliandos, P. L., t. xvii, col. 1156 ; saint Augustin, De Trinitfite, 1. VI, c. x. /’. /, ., t. xui, col. 031. Les théologiens ont maintenu cette appropriation. Voir

Appropriation-, t. i, col. 1711. En ce cas, le Fils et le Saint-Esprit sont dits coéternels au Père. — Sous la plume des Pères grecs, l’expression aiiôv n’a pas toujours le sens d’éternité absolue. Saint Jean Damascène. De fide orthodoxa, 1. II, c. i, P. G., t. xciv, col. 861, explique les différentes acceptions de ce mot, qu’on applique parfois aux durées temporaires assez longues, aussi bien qu’à l’éternité proprement dite ou à la durée des esprits. Nous allons d’ailleurs retrouer toutes ces significations, soit dans la Bible soit dans la tradition. D’autres fois, immortalité est synonyme d’éternité. Cette expression se fonde sur I Tim., vi, 16. Toute immortalité participée et soumise à des changements, même simplement accidentels, n’est pas la vraie immortalité. Voir ce mot. Ainsi, Théodoret, Dial., iii, P. G., t. lxxxiii, col. 268, décrit Dieu : o-J<ria âôàvaTo ; où (j.£to-j<r ! x o-j yàp Ttap’ÉTÉpou àôxvairiav ïyti).a6wv. S..ugustin, Cont. Maxiniiiium, 1. I, c. xii, P. L., t. xlii, col. 768 ; In Joa., tr. XXIII, n. 9, P. L., t. xxxv, col. 1588 ; S. Bernard, // ! Cuntic, serm. lxxxi, P. Z, ., t. clxxxiii, col. 1171. Cf. Petau, De Dec, . III, c. iv, n. 10, 11.

Questions secondaires rekdives à l’éternité divine.


1. L’éternité est-elle un attribut négatif ou positif ? — Scot, Qiiodlib., q. vi, et Suarez, Mctaph., 1. IV, disp. L, enseignent que l’éternité est un attribut négatif. Scot dit qu’il est constitué par la négation de toute succession, voir t. iv, col. 1877 ; Suarez, par la négation de toute dépendance. Les thomistes enseignent généralement que l’éternité, bien que conçue négativement, voir plus haut, doit être considérée comme un attribut positif : « Les choses simples se définissent ordinairement par la négation ; c’est ainsi qu’on définit le point : ce qui n’a pas de parties. Et cela ne veut pas dire que la négation fasse partie de son essence ; c’est parce que notre intelligence, qui saisit d’abord le composé, ne peut arriver à la connaissance des choses simples qu’en éloignant d’elles la composition. « Snm. theol.^ I » , q. x, a. 1, ad 1’"". Cf. Gonet, Chipens tlteologiæ thomistica", tr. 1, disp. IV, a. 5, § 2, n. 147. Voir Attributs divins, 1. 1, col. 2227 ; Anai.ouik, ibid., col. 1148.

2. L’éternité est-elle la mesure de la divinité, comme

le temps est la mesure du mouvement dans les êtres

corporels ? — Saint Thomas semble le nier. Suni.

theol., I’, q. X, a. 2, ad 3’"" ; /n lY Sent., . I, dist. XIX.

q. I, a. 1, ad 4’"". Les commentateurs intcrprètent

les paroles du docteur angélique, en disant <|uc l’éter I nité n’est pas formellement, mais virtuellement.

I mesure de la divinité, Gonet, loc. cit., n. 144, ou bien

j « pie l’éternité n’est pas une mesure extrinsèque,

mais intrinsèque. Billuart, diss. III, a. 8. Vasquez,

In Snm. tlicol., disp. XXXI, c. v, et Suarez, toc. cit.,

nient absolument que l’éternité puisse être conçue

comme la mesure de l’être divin, puisqu’elle est cet

être divin lui-même.

Au fond, ces discussions sont de très minime im portance, puisqu’il ne s’agit que de la manière dont

nous concevons Dieu, sans que cette manière puisse

jiorter atteinte à ses attributs et à ce que la foi nous

I oblige (le croire.

I 3. I-Jilln, par rapport aux êtres créés, l’éternité ! de Dieu est-elle une mesure de leur existence ? — Nous avons déjà répondu d’avance à cette qucstion, en I posant les principes philosophiques qui règlent les I rapports du temps et de l’éternité. Oui, et c’est l’opinion de tous les théologiens, l’éternité est une mesure des existences créées, mesure inadéquate, sausdoute, I parce qu’elle est en dehors de l’ordre du temps, mais’mesure rxeéd<mt à l’infini toutes les successions pos-I sibles du temps, parce quelle les englobe dans son I immutabilité parfaite.

I III. Ivri ; iiMTÛ PARTICIPÉE. — L’éternité propre-