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ENFER D’APRÈS LES PÈRES


éternel de l’enfer. P. L., t. xii, col. 1023 sq. ; c. xxviii, col. 1041 ; c. XXIX, col. 1013 sq.

7. Sans nous attarder à glaner les affirniations toujours identiques d’un dogme alors incontesté dans les traités, lettres, commentaires de Marins Victorinus Afer, de Lucifer de Cagliari, Pro sancto Alhanasio, 1. I, Moricndiim esse pro Dei Filio, n. 7, 15-18, de saint Zenon de Vérone, Tract., I, xii, 1-3, P. L., t. XI, col.339sq. ; Tract., II, xxi, 3, col. 458 sq., desaint Pacicn de Barcelone, Exhortât, libellus, n. Il et 12, P. L., t. XIII, col. 1088, et des autres adversaires de l’arianisme, au iV siècle ; sans nous arrêter non plus aux descriptions des poètes latins clirétiens de la même époque, Aquilius Juvencus, Historia evaiif/elica, l. I, V. 745 sq., 797 sq., P. L., t. xix, col. 142, ’146 ; 1. III, V. 1-15, col. 215, 216 ; 1. IV, v. 257-268, 284305, col.302-304, etc., nous terminerons etrésumerons cette époque de pacifique possession du dogme en Occident, par saint Hilaire de Poitiers et Nicétas de Remesiana ou de Dacie.

a) Saint Hilaire († 366), In Matth., c. v, n. 12, P.L., t. IX, col. 949 : lyitur requies nulla genlibus (aux païens morts) neque mortis, ut volunt, compendio quies dabitur : scd corporalis et ipsis ivternitas destinubitur ut ignis œterni in ipsis sit œterna materieset in iiniversis scmpiternis cxerceatur iillio scmpilcrna. Si igitur gentibiis idcirco tantum indulgetur seternitas corporalis ut mox igni judicii destincniur, quani profanum est sanctos de gloria œternitatis ambigere, cum iniquis ieterniiatis opus præsletur ad pœnam. Cf.c. xxvii, n. 2, col. 1059 ; //i/)s.L/v, 14, 19, P./, ., t. IX, col. 354, 355 ; In ps. cxxii, n. 11, col. 673 ; De Trinitate, 1. X, n. 34, P. L., t. X, col. 370-371. Saint Hilaire insiste spécialement sur l’immédiate condamnation des pécheurs à l’enfer, après la mort. In ps. ii, n. 48, P. L., t. IX, col. 290 : In brevi…exardescit ira.Excipil cnim nos statim ullor injcrnus, el dccedenles de corporc, si ita vixcrimus, eonfestim de via périmas. Testes nobis t’vangclicus dives et paiiper : quorum unum…, alium stedim pœnse regio suscepit. Adeo autem statim pœna mortuum cxcepit, ut etiam patres ejus adhuc in superiiis manercnt. Nihil illic dilationis aut moræ est. In ps. LVii, n. 4, 5, col. 371, 372 : Ncque enim suspense adhuc judicii tempore quiescere peccatores sine pœna erat dignum ; inventes itaque eos, cum pœnæ scilicet sensu, absorbet ignis etiam anlcquam resurgant. I.a doctrine catholique, sur ce point, est donc clairementret explicitement énoncée en Occident comme en Orient, où se forma saint Hilaire. Cependant, la théorie de la dilatio in/erni y subsistera quelque temps encore, après lui.

Un troisième point de la doctrine de l’évêque de Poitiers, c’est l’obstination des damnés fixés dans le mal par l’état de terme. In ps. li, n. 23, P. L., t. ix, col. 323, la conversion des pécheurs n’est possible ((u’ici-bas, drccdenles nnmque de vita simul et de jure dccedimus voluntatis. Tune enim ex merito precteritse l’oluntatis lex jemi constituta aut qnietis aut pœnæ, exce dentium ex corpore suscipit voluntatem… Cessante c/i/m voluntedis libcrlulc, etiam voluntatis si qua erit (cssabit cffeclns… Intcrclusa est crgo libertas voluntatis.

Enfin, on trouve chez saint Hilaire plusieurs données sur l’état du corps des damnés, in ps. i, n. 14, 15, col. 258-259, ils seront comme pulvis et luium, sans consistance ni solidité, pro/r ; 7z ut ludibrosa pœnæ mobilitate jactentur, d’après Ps. i, 4 ; xvii, 43 ; non pas anéantis, ce serait un gain pour eu^, subsistent autem fjuia erunt pulvis. In ps. lxix, 3, col. 491, les pécheurs ressuscites rursum ad pœnœ… judicium in infima lerræ mule emerserant reverientur (enfer souterrain). In ps. cxxxi, 28 : confusionc induentur, terrent scilicet et in dedecoris corpore résurgentes. Cf. In ps. iii, 17, col. 334.

Saint Hihiire connaissait, certainement, les ouvrages d’Origène qu’il a imités dans ses commentaires, dit saint.Jérôme. Dr viris, WO, P.L., t.xxiii, col. 738 ; cependant on a u l’insistanc et lanetteté de ses affirmations sur l’enfer éternel et l’immutaljilité de la volonté après la mort. On pourrait donc dire que saint Hilaire est Le premier antiorigéniste de l’Occident ; toutefois, il ne nomme pas Origène, car, jusque vers 380, comme en témoignent les écrits de saint Zenon, de saint Pacien, de Nicétas, etc., et le silence même de saint Hilaire, les erreurs d’Origène étaient sans infiuence en Occident, si même elles n’y étaient pas inconnues.

b) Nicétas de Remesiana en Dacie, fin du ive siècle, rappelle que pour se fortifier contre les tentations, il faut penser à Jésus-Christ, juge sévère qui œterni ignis prœparator est. De diversis appellationibus D. N.J. C. convenientibus, P. L., t. lii, col. 866. Explanatio sijmboli, n. G, col. 870, Dieu fera le jugement universel, ut reddai singulis secundum opéra eorum, hoc est justos ad vitam œternam constituât, impios cmtem œternæ pœnæ subjiciat ; n. 11, col. 872, sur l’article vitam œternam, le catéchète dit : impii vero et iniqui in tenebras inferi ubi erit jletus oculorum et stridor dentium. De Spirilus Sancti potentia, n. 17, col. 861, à propos du péché contre le Saint-Esprit : Terribilis sententia ! irremissibile dicit esse peccatum…, in perpétuas pœnas trudetur.

II. Époque DE lutte et de controverse.

Nous sommes parvenus au deuxième stade de l’histoire du dogme de l’enfer. Ce stade n’aurait pas dû, semblet-il, exister au sujet d’une vérité de foi expliciteet fondamentale, si claire d’ailleurs dans la révélation inspirée. La discussion se produisit sous l’influence d’ailleurs très limitée du puissant génie d’Origène qui troubla un instant quelques esprits, aux iv « et ve siècles, en Orient, aux v^ et vi"^, en Occident. Cf. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. ii, p. 195 sq., 333 sq., 429 sq. ; Prat, Origène et l’origénisme, dans les Études, janvier 1906, t. cvi, p. 13 sq. ; Schwane, Histoire des dogmes, t. iii, p. 278-302 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1908, t. II, p. 137 sq., 1182 sq. ; Diekamp, Die origenislichen Slreiligkeilen im ri Jahrhunderl, m-8°. Munster, 1899 ; Bonwetsch, Origenistische Slreitigkeiten, dans Realencijclopddie, 1904, t. xiv, p. 489-493.

I. ÉTAT DE LUTTE EX OIUEXT, IW^-IV SIECLE.

1° Première phase, 255-374. — Elle va jusqu’aux dernières décades du ive siècle. A part quelques discussions sans grand retentissement, Origène règne comme le docteur universel, près de qui tous vont s’instruire, en qui tout le monde puise, en Occident, d’ailleurs, comme en Orient. Non pas qu’on admette ses erreurs, même lorsqu’on défend sa gloire spécialement vénérée. Ainsi saint Pamjihile dans son Apologia pro Origène et l’anonyme analysé par Photius, Bibliolh., iii, P. G., t. ciii, col. 393 sq., essaient bien de défendre les spéculations eschatologiques du maître, le premier, P. G., t. xvii, col. 608 sq., mais sans rien préciser. Saint Grégoire le Thaumaturge, disciple enthousiaste, dans sa Mctaphras. in Ecclesiast., P. G., t. X, parle plusieurs fois, mais en général, des peines de l’au-delà, c. iii, 17, col. 996 : Porro in inferis jHutibus supplicii barathrum vidi impios excipiens ; c. IX, 12, col. 1012 : ceux qui ne croient pas à l’enfer sont comme des endormis tout à coup saisis, qui tombent subitement dans les supplices. Noter le subito antidilationniste, ce qui est bien d’Origène. Cf. XI, 10 ; XII, 6, 14, col. 1016, 1017.

Parmi les origénistes d’Alexandrie, Théognoste laissa sept livres d’Hypotyposes : deux fragments conservés par saint Athanase, P. G., t. x, col. 240, parlent du péché irrémissible contre le Saint-Esprit :