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ESSARTS — ESSENCE


Essnrls contribua à la création des Nouvelles ecclésiastiques. Il fut un des plus ardents ]iartisans du figurisme. Ses principaux écrits sont : De l’avùnemenl d’Élie où l’on montre la certitude de cet avènement, et ce qui doit le précéder, l’accompagner et le suivre, in-12, 1734 ; Sentiment de saint Thomas sur la crainte, m-°, 1735 ; Doctrine de saint Thomas sur l’objet et la distinction des vertus théologales, in— ! >, 1735 ; Défense du sentiment des saints Pères sur le retour futur d’Élie et sur la véritable intelligence des Écritures. 3 in-12, 1737-1740 ; Examen du sentiment des saints Pères et des anciens Juifs sur la durée des siècles, in12, Paris, 1739 ; Difficultés proposées au sujet d’un éclaircissement sur les vertus théologedes, in-12, 1741 ; Défense de l’écrit intitulé : Doctrine de saint l’homas, contre l’auteur des Nouvccaix éclaircissements, in-4°, 1743 ; Réponse à l’examen intitulé : Doctrine de saint Thomas, in-4°, 1744 ; Dissertation où l’on prouve que saint Paul, dems le septième chapitre de la première (Uix Corinthiens, n’enseigne pas que le mariage puisse être rompu lorsqu’une des parties embrasse la religion chrélicime, in-12, Paris, 1758 : cet ouvrage, qui ne fut pas approuvé par le plus grand nombre des théologiens jansénistes, a été condamné par décret du Saint-OlTice, le 6 septembre 1759.

Quérard, l.a France lilléraire, t. ii, p. 505 ; Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiasliqiie du xviii’siècle, in-8°, 1855, t. IV, p. 439.

B. Heurtebize.

    1. ESSARTS (Jean-Baptiste Poncet des)##


2. ESSARTS (Jean-Baptiste Poncet des), théologien janséniste, frère du précédent, né à Paris le 9 février 1681, mort dans cette ville le 23 décembre 1762. Comme ses frères, il embrassa l’état ecclésiastique, mais demeura diacre, se refusant toujours à recevoir le sacerdoce. Il en appela de la bulle Unigenitus, comme tous les membres de sa famille, et en 1724 se rendit en Hollande afin de s’y rencontrer avec Quesnel. Il y revint en 1726, y passa plusieurs années et y acheta des maisons pour les réfugiés jansénistes. Malgré ses aumônes, il s’y fit des ennemis par la grande influence qu’il avait prise sur l’archevêciue Barchmann. A la mort de ce dernier, il dut revenir en France, où il prit une part active aux discussions sur les convulsions. En 1751, il retourna en Hollande, y demeura quatre années et, après avoir dépense toute sa fortune pour soutenir l’Église de ce pays, revint mourir à Paris. Ses principaux écrits, qui se rapportent tous aux questions soulevées par la secte janséniste, sont : Apologie de S. Paul contre l’apologiste de Cluirlotte, in-40, 1731 ; Lettres sur l’œuvre des convulsions, in-4°, 1737 ; Lettres sur l’écrit intitulé : Vains efforts des Mélangistes ou Discernants dans l’œuvre des convulsions, in-4°, 1738 ; Lettres où l’on continue de relever les calomnies de l’auteur des Vains efforts, in-4°, 1740 ; La possibilité du mélange dans les œuvres surnaturelles du genre merveilleux, in-4° ; Illusion faite au public par la fausse description que ^L de Monigeron a faite de l’éted présent des convulsionnaires, in-4'>, 1749 ; De l’autorité des miracles et de l’usage qu’on en doit faire, in-4°, 1749 ; Éclaircissements sur les dispenses de la loi de Dieu, in-4, 1749 ; Traité du pouvoir des démons et des guérisons opérées sur les paiens, in-4° ; Recueil de plusieurs histoires très autorisées qui font voir l’étendue du pouvoir du démon dans l’ordre surncdurel, in-4°, 1749 ; Observations sur le bref du pape Benoit XIV au grand inquisiteur d’Espagne, 1749.

Quérard, La France littéraire, t. ii, p. 505 ; Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique du xviiie siècle, 1855, in-8°, t. iv, p. 439.

B. Heurtebize.

    1. ESSENCE##


ESSENCE. Cet article n’a pas d’autre but que de coordonner, en rappelant les principes fondamentaux

de la philosoi)]iie, les différentes notions déjà exposées ou qui restent encore à exposer sur l’essence. — I. Étymologle et définition. II. Point de vue philosophique. III. Applications dogmatiques. IV. DifTérents systèmes théologiques par rapport à l’essence et à l’existence.

I. Étymologie et définition.

Le terme essentia est corrélatif au terme esse : ab co quod est esse dicta est essentia, S. Augustin, De Triniiate, 1. V, c. ii, n. 3, P. L., t. XLii, col. 912 ; il est un des éléments qui entrent dans le concept d’être.

L’idée d’être est l’idée la plus générale que l’on puisse rencontrer : elle s’applique aux réalités objectives comme aux simples concepts : êtres réels et êtres de raison. Toute notion, sans en excepter aucune, pas même la notion d’un Dieu infini, doit se résoudre en dernière analj’se dans l’idée d’être ; d’où impossibilité d’obtenir cette idée par voie d’abstraction. Et puisqu’elle s’applique à Dieu comme aux créatures, ce n’est pas à proprement parler une idée générique, mais une notion transcendentalc. Dieu ne peut être dans un genre. A consulter S. Thomas, Sum. theoL, I » , cj. iii, a. 5 ; Metaph., 1. IX, lect. i ; Cont. genl., . I, c. xxv ; Quodl., II, a. 3 ; jDc veriiate, q. i, a. 1. L’idée de tel ou tel être en particulier ne peut s’obtenir qu’en exprimant avec plus de précision ce qui est contenu confusément dans l’idée d’être en général. De veriiate, q. i, a. 1. Or, l’idée d’être, c’est l’idée de « ce dont la perfection est d’exister, de même que la perfection du vivant est de vivre. » Opusc. de nul. gen., c. i. Il s’agit de la perfection d’un acte immédicdement proportionné à la nature dont il est l’acte : un être, c’est donc une chose en tant Cju’elle possède une existence proportionnée à sa nature, ens imported rem cui compclit hujusmodi esse, Quodl., H, 3 ; si l’essence est logique, l’existence proportionnée sera une existence idéale ; si l’essence est réelle, l’existence sera réelle aussi.

L’idée d’un être renferme donc une espèce de proportion, établie, selon notre manière de concevoir, entre son essence et son existence. On examinera plus loin brièvement le fondement ontologique de cette proportion : il suffit maintenant, pour expliquer le concept d’essence, de la constater telle qu’elle se présente dans le concept d’être. L’essence est donc le premier terme de cette proportion : c’est le mode selon lequel convient à l’être son existence, en entendant ici le terme mode dans la plus large acception possible ; et dans les êtres créés, c’est donc ce cjui les détermine suivant leurs différentes espèces. S. Thomas, De ente et essentia, c. i.

L’idée d’essence, ainsi liée intimement à l’idée d’être, participe de son analogie, voir Analogie, t. I, col. 1143 ; or, l’idée d’être comporte une double analogie, analogie dite d’attribution, analogie dite de proportionncdité. D’attribution, d’abord, en ce que Dieu seul possède par lui-même l’être, et cjue les autres êtres ne sont dits tels que parce cju’ils tiennent leur être de Dieu ; ou bien encore, en ce qu’aux substances seules convient l’être absolument, les accidents n’ayant d’être que par rapport à la substance. De proportionnalité, ensuite, en ce que la convenance de la proportion qui existe entre l’essence et l’existence reste la même chez tous les êtres, bien c{ue les termes de cette proportion soient différents. S. Thomas, Ethic, 1. I, lect. vu ; De veriiate, q. ii, a. 11. Le concept d’essence participera de cette double analogie ; il conviendra per prius à Dieu, per posterius aux créatures ; d’abord, à la substance, ensuite aux accidents. De plus, étant ordonné toujours à celui d’existence, il participe à l’analogie de proportionnalité du concept d’être.

D’autres termes sont synonymes d’essence. L’es-