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ENFER D’APRÈS LES PÈRES


final encore est confusémonl indiqué, parce que ce n’est pas une doctrine à enseigner au peuple qui est à peine retenu loin du péché, par la crainte du supplice éternel. Cf. l.VI, n.72 ; l. IV, n. 13.L.VIII, n..51, 52, col. 1592 sq., Celsc parle des supplices éternels que les chrétiens font bien de prêclicr ; Origène ne peut repousser ni le fait, ni le compliment ; il dit seulement que Celse aurait dû donner les preuves de rette éternité des supplices et que l’Église fait bien de prêcher cette vérité au peuple ; il n’y a pas là l’ombre d’une rétractation, comme on l’a cru parfois. Cf. In Jer., homil. xvi, n. 6 ; xviii, 15 ; In Ezech., homil. x, n. 3, 4, P. G., t.xiii, col. 448, 496 sq., 743 sq. ; In Mallh., tom. xvii, n. 24, P. G., t. xiii, col. 1548, l’invité sans la robe nuptiale est jeté dehors dans les ténèbres, pour qu’ayant enfin soif de la lumière, il pleure et touche Dieu qui peut le délivrer ; In Luc, homil. xxin ; In Joa., tom. xiii, n. 58 : si les hommes se convertissaient à la voix de Jésus-Christ, pourquoi pas les démons ? tom. xix, n. 3, les péchés non rémissibles, in sœciilo fuluro (Mattli., xii, 32), le seront infulurisswculis, P. G., t. xiv, col. 552 ; In Episl. ad Rom., l.Vni, n.ll, P.G., t.xiv, col. 1185, denouveau le mystère des feux universellement purificateurs, quod… perfecti… silenlio tegont nec passim imperjcclis et minus capacibas pro/erant. Cf. Huet, Origeniana,

I. II, c. II, q. XI, n. 16, encore d’autres textes, P. G., t. XVII, col. 1023.

On trouve çà et là, dans l’enseignement homilétique populaire de l’alexandrin, des expressions orthodoxes : In Ps. x.vxv/, homil. iii, n. 10 ; homil. v,

II. 5, 7 ; In Jer., homil. xii, n. 5 ; homil. xviii, n. 1, etc. ; mais elles semblent n’être que de vagues expressions, comme une citation non convaincue de la foi populaire, mode d’agir trop conforme, d’ailleurs, aux principes d’Origène, sur la façon de parler aux « imparfaits » de sa doctrine mystérieuse.

Saint.Jérôme confirme cette interprétation, Dictl. adv. pelag., i, 28, P. L., t. xxiii, col. 522 ; Epist., cxxiv, advviium, P.L., t. xxii, col. 1061 sq. ; Liber contro loa. HierosoL, P. Z.., t. xxiii, col. 368 : An Origenis doctrina sil vera qui dixil cunclns ralionabiles creaturas incorporahiles et invisibiles, si negligeniiores fuerint, paulatini ad inferiora labi et jiixla qualitales colorum ad quæ defluunl, assumeresibi corpora… œthe rea, … aerea… hnntanis carnibus ; ipsosque dsemones qui proprio arbitrio cum principe suo diabolo de Dei ministerio recesserunt si paululum resipiscere cœperint, humana carne vestiri, ut nota deincej>s pnnitenlia post rcsurrcctioneni eodeni circula qua in carnem vénérant rcvcrlantur ad viciniam Dci, libcrali etiani acreis lelhereisque corporibus et tune omnia genua curvent Dca cœlestium terrestrium et infernorum et sit Deus omnin in nobis.

Il ne faut pas cependant oublier qu’Origène ne parle le plus souvent qu’en formules hypothétiques, en une matière où il croit que rien n’est de foi, que la philosophie est libre de spéculer, et que l’universalité absolue de l’apocatastasc n’est pas toujours claire. Origène excepte parfois le diable ou même ne parle que de certains démons. Voir t. iv, col. 350.

b) Peu de l’enfer. — Origène parle souvent du feu purificateur, feu consumant (les iniquités, non les âmes), etc. Il examine la nature de ce feu. De princ, 1. II, c. X, n. 4, 5, P. G., t. XI, col. 236. Ce n’est pas un feu matériel dans lequel le pécheur est jeté, mais un feu qui naît dans la conscience de chacun. La matière de ce feu, ce sont les péchés, comme les nourritures malsaines deviennent la matière et la cause de la fièvre corporelle. I.a conscience donc, sous l’influx divin, se rappelle alors toute la honteuse histoire de ses péchés, et propriis stimulis agitatur alque conipungitar. Pour comprendre ce châtiment, il n’y a, d’ail leurs, qu’à considérer les supplices, parfois intolérables, des feux de l’amour, de l’envie, de la haine, ou la torture du déchirement intime du corps et de l’âme : tout cela est purificateur. Cf..S.Jérôme, Epist., cxxiv, ad Avitum, lac. cit.

Même doctrine pour les démons. In Num., homil. xxvii, n. 8, P. G., t. xii, col. 780. Cf. Contra Cclsum, 1. VI, 71, P.O., t. X, col. 1405 ; Origeniana, 1. II, c. ii, q. XI, n. 5.

c) Origène n’était pas à proprement parler universaliste ; il admettait plutôt des variations indéfinies. En eflet, après l’apocatastasis universelle, les esprits heureux et libres, après des siècles, recommenceront à se refroidir pour Dieu, puis à tomber ; de là, nouveau monde sensible, nouveaux supplices purificateurs, nouvelle apocatastasis, et ainsi sans fin, pendant toute l’éternité.

Cette doctrine suit d’abord des principes d’Origène sur la liberté essentielle des esprits et de la nature de la chute qui a occasionné notre monde présent. Puis, elle est affirmée explicitement. De princ., 1. III, c. I, n. 21, P. G., t. XI, col. 302, dont voici la conclusion : Ex quo opinamur quoniam quidem, sicut fréquenter diximus, imniortalis est anima et œlerna quod in mullis et sine fine spaliisper immensa et diversa sœcula possibile est ut vel a summo bono ad infima mala desccndal, vel ab ultimis malis ad sunima bona reparetnr. Cf. citation et traduction de S. Jérôme, Epist., cxxxi, ad Avitum, P. L., t. xxii, col. 1061 ; Huet, Origeniana, 1. II, c. ii, q. XI, n. 19, P’G., t. xvii, col. 1029.

Deux textes pourtant enseignent formellement le contraire de cette variabilité indéfinie, flepn’nc, l.III, c. VI, n. 6, P. G., t. XI, col. 339 : In quo statu (apocatastasis universelle) c/io/jî permanere semper et immutabililer creatoris voluntate est credendum, fidem rei faciente sententia apostoli dicentis : domum Iiabemus non manu factam, œternam in cœlis. II Cor., v, 1. L’autre texte est encore plus catégorique, In Epist. ad Rom., tom.v, n. 10, P. G., t. xiv, col. 1052 sq., où les propres théories d’Origène, de liberté essentielle, de chute toujours possible sont mises en objection et repoussées par ce principe que la charité peut confirmer une volonté sans détruire sa liberté. Ces deux textes seraient des rétractations. JMais, ils peuvent être aussi des interpolations de Rufin. Les textes postérieurs ne conservent, en effet, pas trace de si formelles rétractations. Voir, par exemple. De princ., ]. III, c. vi, n. 7 : In Epist. ad Rom., 1. VIII, n. 11, P. G., t. xi, col. 340 ; t. XIV, col. 1191. Voir, cependant, encore d’autres textes. In Joa., tom. xx, 19, P. G., t. xiv, col. 617 ; // ! Malth., tom. ii, 10, fragm., P. G., t.xvii, col. 292. De la variabilité indéfinie, Origène exclut, de plus certainement, l’âme du Christ. De princ, 1. II, c. vi, n. 6, P. G., t. XI, col. 214. Enfin, il serait toujours vrai de dire qu’Origène n’avait aucun scrupule à présenter successivement des hypothèses contradictoires, puisqu’elles n’étaient que des hypothèses.

Dans la controverse origéniste, la recireulatio indefinita fut une des erreurs les plus anathematisées sous le nom d’Origène. Cf. Epist. pnscli., de Théophile d’Alexandrie, P. L., t. xii, col. 777-781 ; S. Augustin, De civil. Dei, l.’S.XÏ, c. xvii : Maxima propter alternantes sine ccssatione bccditudines et miserias et staluiis sœculorum inlervallis ab islis ad illas, alque ab mis ad islas ilus ac reditus interminabiles non immerito reprobavit Ecclesia. P. L., t. xli, col. 731.

Avec Origène, l’état de pacifique possession est terminé pour l’Orient.

7° Les Pères latins du iii^ et du iv<e siècle. — Ils ne font que répéter les doctrines de TertuUien sur le feu corporel de l’enfer éternel, différé, pour la plupart des auteurs, jusqu’à la fin du monde.

1. Saint Cyprien.

Iladmet le feu éternel de l’enfer, .