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ESPRIT-SAINT


lui et entend de lui : hoc est Spiritai Sanclo aiidire, quod est de natura Patris Filiique procederc. Ibid., xxv, col. 780, 781 ; xxvii, 781-784. S’il est envoyé par le Père et le Fils, nous pouvons dire qu’il procède du Père et du Fils : Spirilus Sanctus a Pâtre et Filio legitur missus, quia a Paire Filioque procedit. Ibid., xxix, col. 797. Le Saint-Esprit se rapporte donc au Père et au Fils. Epist. ad Ferrandum, 9. col. 400. Le Père est l’auteur (cause primordiale) du Fils et du Saint-Esprit, mais le Saint-Esprit procède toujours du Père et du Fils : de Paire Filioque procedil. Contra Fabianum, XXXV, col. 824. Il est aisé de voir par ces passages que saint Fulgence, à la fin du Vsiècle, parlait exactement le langage théologique de l’Église romaine de nos jours. N’est-il donc pas étrange de rejeter le Filioque comme une nouveauté de la scolastique latine ?

G. Saint Eucher de Lyon enseigne, au V^sièclc, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, velut quædam Patris Filiique concordia. Instructiones ad ^alonium, I, P. L., t. L, col. 774.

7. D’après saint Léon le Grand, le Saint-Esprit est commun au Père et au Fils. Serm., lxxv, 3, P. L., t. Liv, col. 402. Il est l’Esprit du Père et du Fils. Serm., Lxxvi, 2, col. 404. Dans les manuels de théologie catholique, on cite un autre passage très explicite, tiré de la lettre xv « de saint Léon ad Turribium Asturicensem : Spirilus qui de utroque processiꝟ. 1, ibid., col. 681. Mais il est à peu près sûr aujourd’hui que cette pièce est apocryphe et qu’elle a été fabriquée en Espagne en 503. Kunstle, Anlipriscillianu, p. 117-126.

8. Dans le 1. l, De ecclesiasticis dogmatibus, Gennade de Marseille déclare que le Saint-Esprit n’est pas le Fils, parce qu’il n’est pas engendré ; qu’il n’est pas le Père, parce qu’il n’est pas inengendré ; qu’il n’est pas une créature, parce qu’il n’a pas été tiré du néant. Il procède de Dieu le Père et de Dieu le Fils : ex Dec Paire, et Deo Filio Deus procedens. P. L., t. lviii, col. 981.

9. Saint Avlt, évêque de Vienne en Dauphiné, a écrit un ouvrage De divinitate Spirilus Sancli, dont quelques fragments sont insérés dans la P. L. Ils se rapportent à la procession du Saint-Esprit. A’os dicimus, déclare le saint évêque, Spirilum Sanclum a Filio et Paire proccdere. La foi catholique enseigne cette procession. Le Saint-t-lsprit est l’Esprit du Père et du Fils : c’est pour cela qu’il est envoyé par le Père et le Fils. /’. L., t. lix, col. 385, 386. Voir t. i, col. 2042.

10. Dans un de ses poèmes à saint l’éli.v de Xole, saint Paulin, évêque de la même ville, alllrme que .Jésus-( ; iirist répand ses dons célestes, le Saint-Iîsprit ((ui procède du Fils unique et du F^èrc : Spirilum ab unif/ena sanctum, et Paire procedenlem. Carmen, xxvii, 93, /’. L., t. Lxi, col. 650.

11. Paschasc diacre (vie siècle) est l’auteur d’un traité sur le Saint-Esprit, où il écrit : Spirilus Scuiclus et Pilris et Filii esse Spirilus dcclaratur. et mcrilo proccdere ex utroque dignoscitur. De Si>irilii.Siuiclo, i, 10. /’. L ; t. i.xii, col. 21 : « , col, 17. Le Père par le Fils répand l’crrusion du Saint-Esprit, qui est envoyé par le Père et le Fils et procède de la substance de tous les deux. Ibid-, 11, 12, col. 22, 2.3.

12. Dans le traité sur la Trinité de Vigile de Tapse, on aflirnie l’équivalence des deux passages seripturaires : De Paire procedil, et De mco accipiel. De Trinilale, i, P. L., t. i.xii, col. 241.

1 i. Dans une lettre de saint Horniisdas. pape, à l’empereur Justin, le Saint-Esprit estdil procéder du Père et du Fils sub una subslnnlia deitalis. FpisL, Lxxix. ad Juslinum, P. L., t. Lxiri. col. 51 1.

14. Dans son livre sur)a Trinité. Boèce écrit : lia cogilrmiis processisse quidem ex Dca Paire Filium Dcum et ex utrisquc Spirilum Scmclum. De Trinilale,

V. P. L., t. Lxiv, col. 1254. Le Saint-Espilt est l’Esprit du Père et du Fils : le Père et le Fils ont à l’égard du Saint-Esprit la même relation. Ibid., vi, col. 1255.

15. Agnel de Ravenne affirme que le Fils provient du Père et que le Saint-Esprit ex Pcdrc et Filio procedil ; qu’il est la vertu procédant du Père et du Fils. De ralione fldei ad Armenium, P. L., t. lxviii. col. 383.

16. Saint Grégoire le Grand fournit un bon nombre de textes, où il est question de la procession du Saint-Esprit du Fils. Le Saint-Esprit est l’Esprit utrorum. Moral., XXX, 4, P. L., t. lxxvi, col. 534 ; Jé.sus-Christ répand dans le cœur de ses disciples le Saint-Esprit, qui a se procedil. Ibid., i, 22, P. L., t. lxxv, col. 541. Le Saint-Esprit profertur per substantiam ex Clirislo. Ibid., II, 56, 92, col. 599. Il procède du Père et reçoit du Fils. Ibid., v, 36, 65, col. 715. Le saint pape définit en ces termes la mission du Saint-Esprit : Missio Spirilus Sancli processio est qua de Paire procedit et Filio. Homil. in Evang., ii, 26, 2, P. L., t. lxxvi, col. 1198. Le 1. II des Dialogues du saint docteur renferme un texte très explicite : Paracletus Spirilus a Pcdre semper procedit et Filio. Dial., ii, 38, P. L., t. lxxvi, col. 204. On sait que cet ouvrage a été traduit en grec par saint Zacharie, pape. Dans la version grecque, les mots pro’cedil et Filio ont été remplacés par les mots : èv tû Yùô v.3.i.iMii. Ibid., col. 203. Jean Diacre accuse les grecs d’avoir supprimé ce témoignage : Astuta græcorum perversiliis, in commemorationc Spirilus Sancli <i Paire procedentis, nomen Filii suaplim radens abstulit. Vila S. Gregorii Magni, iv, 75, P. L., t. lxxv, col. 225 ; t. Lxxvii, col. 145, 146.

17. La divinité, déclare Cassiodore, appartient au Père, qui, dès le commencement, avant les siècles, a engendré le Fils ; elle appartient au Fils, qui a été engendré par le Père, naturaliter ; elle a])partient au Saint-Esprit, quod a Paire et Filio procedil. Expositio in ps. L, P. L., t. Lxx, col. 366, 367.

18. D’aprèssaint Isidore de Séville.leSaint-Espritest appelé Dieu, quia ex Paire Filioque procedit et substantiam eorum habct. Etym., vii, 3, 1, P. L., t. lxxxii, col. 268. Ce texte a été inséré par saint Ildefonse de Tolède dans son Liber de cognitionc baptismi, 55, P. L., t. xcvi, col. 134.

Conclusion. — Les textes que nous avons cités montrent à l’évidence que, depuis TcrLullicn jusqu’à la fin du VII'e siècle, la théologie latine n’a point subi de variations dans sa croyance à la procession du Saint-Esprit du Fils. Cette proccssion n’a pas été pour elle une opinion tliéologique, qui soulevait les discussions des théologiens. Ses docteurs les plus illustres en parlent comme d’une vérité de la foi catlioli((ne, la théologie Irinitaire grecque du iv siècle leur fournissait les arguments pour arriver à cette conclusion. Cette identité de doctrine entre les Pères grecs et les Pères latins nous perniet d’adirmer le caractère dogmatique de la procession du Saint-Esprit ab utroque. Il faut se rappeler, dit le cardinal Dessarion, que les Pères ne professent pas des opinions discordantes. L’uniformité de floctrine est nécessaire pour le bien de l’Église, et nous ne serions plus chrétiens, nous ne pourrions plus sauvegarder les principes de la foi catholique, s’il y avait désaccord entre les Pères. Les Pères latins professent de la manière la plus claire et la plus explicite que le Saint-Esprit procède du Fils et qu’il a, comme principe unique, le Père et le Fils. Les Pères orientaux aussi bien que les occidentaux soutiennent la même doctrine, car ils professent que le Saint-Esprit procède du Père par le i-"ils, qu’il procède du Père et du Fils et de tous les deux. En disant cela, ils sont donc d’accord avec les Pères latins et ils expriment la même vérité, parce que les uns et les autres parlent sous l’inspiration d’un seul et même Esprit, Oral, dogmalica, ix, /’. G., t. CLXi, col. 606, 007.