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ESPRIT-SAINT


n’implique pas la négation du Filioque. Nous pouvons bien dire, avec Niccpliore Bleniinydes, que le Père est la seule cause, tj.6vo ; alxioç, de la procession du Saint-Esprit et que le Fils n’est pas la cause principielle, aiTiov àp/ixôv. De processionc Spiritns Sancti, orat. I, 23, P. G., t. cxlii, col. 557. Cf..Joseph de Méthone, Rejulalio Marci Epliesini, F. G., t. clix, col. 1085. Pater una est causa, dit Allatius, liim Filio, tum Spiritiii Sanclo : ca ralione quod in Paire, velul in fonte, qui non est ex alio, virtus rcperitur spiraliva. Hœc ulique una et eadem Filio etiam inest : sed a Paire communicala. Ilinc Spiritus Sanctus suam habet existentiam ex Paire, lanquam ex fonte : que eam modo non habet ex Filio. Al quoniam in Filio spiraliva virtus inest a Paire communicala : ideo per Filium et ex Filio Spiritus Sanctus emanarc dicitur, non dicitur esse. Vila Georgii Cijprii, diss. II, 5, P. G., t. cxlii, col. 116 ; Id., ’Ey/cipiSiov, p. 180-184.

La raison de cause primordiale n’exclut donc pas, d’après les principes théologiques des Pères grecs, qu’il y ait un coopérateur de cette cause, principe unique avec elle du Saint-Esprit. Mais, tout en reconnaissant la participation du Fils à la spiration du Saint-Esprit de la part du Père, l’ancienne théologie grecque ne dit pas que le Fils est l’alTi’a du Saint-Esprit pour éviter qu’on pût croire que le Fils soit un principe substantiellement distinct du Père, qui est le principe primordial des processions divines. Scheeben, op. cit., n. 880, p. 597. Nous pouvons donc conclure avec le cardinal Bessarion : « Si les latins, les Pères occidentaux et un bon nombre d’orientaux disent que le Saint-Esprit estèxllarpô ; /.ai l*toj, ilsne prétendent pas que le Fils soit cause primordiale, mais ils affirment l’identité de vertu. Quant au Damascène, visant surtout l’ordre, il écarte la cause primordiale, en tant qu’elle est signifiée par èv., et il emploie Sià lorsqu’il dit que le Saint-Esprit procède Scà -oO "l’ioO éx llaTpbc. Mais par cette formule qui signale l’ordre entre le Père et le Fils, il ne prétend pas nier l’égalité ou l’identité de la vertu de tous les deux. » De processionc Spiritus Sancti, P. G., t. clxi, col. 400. Cf. "Vekkos, De processionc Spiritus Sancti, 17, P. G., t. cxLi, col. 268, 269 ; Id., 7n Camateri animadversiones, 134-142, ibid., col. 581-597 ; Id., In lonuim Cyprii et novas ejusdem hxreses, orat. i, 7-10, ibid., col. 873880 ; là..De deposilione sua, orat. ii, 20, ibid., col. 996997 ; Constantin Méliténiot, De processionc Sancti Spiritus, orat. ii, 36, ibid., col. 1244-1248 ; Manuel Calécas, Adversus (jrœcos, 1. III, P. G., t. clii, col. 159163 ; Georges de Trébizonde, De processionc Spiritus Scmcli, 13, P. G., t. clxi, col. 792, 793 ; Allatius, De perpétua consensione, ii, 2, 7-12, col. 492-517 ; Vincenzi, op. cit., p. 64-71 ; de Régnon, op. c//., t. iri, p. 193-202 ; Bilz, op. cit., p. 164-175.

Les Pères latins.

« Lequel de nos saints et glorieux

Pères, dit Photius dans la Myslaç/ogie, a jamais enseigné que le Saint-Esprit procède du Fils ? >- n. 5, P. G., t. cil, col. 284. Il faisait allusion sans doute aux Pères grecs, lorsqu’il lançait cette audacieuse assertion. Nous avons vu qu’elle est démentie par les témoignages nombreux de la théologie trinitaire grecque du iv^ et du v*e siècle. Mais Photius n’a pas été si aflirmatif au sujet des Pères latins. Il a reconnu que les plus illustres docteurs de l’Église latine, tels que Jérôme, Augustin, Ambroise, n’ont pas anatliématisé le Filioque. Mais « qui nous assure, dit-il, qu’après une si longue série de siècles, leurs écrits n’aient pas été interpolés et altérés ? » Myslagogia, 71, 78, 81, col. 352, 360, 365. Marc d’Éphèse répétait les mêmes accusations et déclarait qu’il ne fallait pas en appeler à l’autorité des Pères latins pour résoudre la controverse du Filioque, parce que les écrits de ces Pères n’ont pas été traduits en grec, n’ont pas été approuvés par les con ciles et enfin parce qu’ils sont apocryphes et interpolés. Grégoire Maminas, Apoloi/ia contra Epitesii confessionem, P. G., t. clx, col. 69. Bessarion n’hésitait pas à qualifier d’absurde et ridicule cette échappatoire des théologiens de Byzance, serrés de près par les théologiens latins. Mansi, Concil., t. xxxi, col. 960. Piiotius, remarque justement Allatius, latinorum veliemens accusalor nusquam id tacuissel, si expositione vel unius codicis confirmare poluisset, romanos dicta de processionc Spiritus Sancti in Auqustini vel uliorum Putrum codicibus inscruisse. Et tamen per ilta tempora pleraque Auyusiini et aliorum in Oriente prostabant tum græce, tum latine. Hottingerus fraudis et imposluræ manifeste convictus, Rome, 1661, p. 308, 309. Cf. De Ecclesise occidenlalis utquc orienlalis perpétua consensione, Cologne, 1648, col. 886-902.

De nos jours, les théologiens orthodoxes reconnaissent que « saint Augustin, saint Fulgence et quelques autres écrivains latins au v^ et au vie siècle ont pu croire en réalité que le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils, mais ils n’exprimaient qu’une opinion particulière, non pas la doctrine oflicielle de l’Église. » Macaire, op. cit., t. i, p. 341.Bieliæv cite saint Paulin, évêque de Noie, et saint Léon le Grand parmi les défenseurs de la procession du Saint-Esprit ab utroque. De l’union des Églises (en russe), Saint-Pétersbourg, 1897, p. 74. Mgr Sylvestre avoue que cette procession a été exposée de la manière la plus explicite par saint Augustin. Le Filioque serait, à son avis, une théorie augustinienne. Op. cit., t. ii, p. 546, 547, 549. Katansky partage l’opinion de ce savant théologien russe. La procession du Saint-Esprit, dans Khristianskoe Tchtenie, 1893, t. i, p. 401-425. Il suffirait de ces aveux pour nous dispenser de citer ici, à l’appui du dogme latin, les textes des docteurs et écrivains de l’Occident. Mais il est utile de les recueillir, parce que la théologie orthodoxe recule au ive siècle les origines du conflit doctrinal entre grecs et latins et s’efforce d’établir une opposition formelle entre les anciens docteurs de l’Église latine et ceux de l’Église grecque. Il est vrai, sans doute, que les Pères latins professent plus explicitement que les Pères grecs la procession du Saint-Esprit ab utroque, mais la formule ex Paire Filioque qu’ils emploient est grecque d’origine, et on saitque, pour ce qui concerne le Saint-Esprit, les Pères grecs ont été les maîtres des Pères latins. P. de Régnon, op. cit., t. iii, p. 99.

1. Les témoignages de saint Hilaire touchant le Filioque ne sont pas très nombreux, mais ils ont le mérite d’être très explicites. Le saint docteur affirme que le Père et le Fils sont les auteurs du Saint-Esprit : Spiritus Sanctus, Paire et Filio aucloribus, confilendus est. De Trinitate, ii, 29, P. L., t. x, col. 69. Pour le prouver, il cite les textes scripturaires qui nous présentent le Saint-Esprit comme l’Esprit de Dieu et l’Esprit du Fils ou du Christ. Rom., viii, 9, 11 ; Gal., IV, 6 ; Eph., iv, 30 ; I Cor., ii, 12. Le Saint-Esprit est l’Esprit de celui per quem omnia et de celui ex quo omnia. De Trinitate, xii, 55, col. 469. L’Esprit-Saint provient du Père et est envoyé par le Fils ; il provient du Père par le Fils unique. Ibid., 57, col. 472. Hilaire explique pourquoi la mission suppose l’origine éternel e de la personne envoyée de la part de la personne qui envoie. Advocatus véniel, et hune millet Filius a Paire, et Spiritus veritalis est qui a Paire procedit. Qui mitlit potestatem suam in eo quod mitlit ostendit. Ibid., viii, 19, col. 250. Ce pouvoir ne peut pas s’entendre en ce sens que le Saint-Esprit dépende du Fils comme une nature inférieure dépend d’une nature supérieure. Le Saint-Esprit dépend donc du Fils uniquement par son origine du Fils.

D’après saint Hilaire, Dieu n’a pas laissé les hommes dans l’incertitude touchant la question si le