Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/409

Cette page n’a pas encore été corrigée
789
790
ESPRIT-SAINT


quons cependant que les éditeurs latins des écrits de saint Épiphane tiennent comme probable cette leçon du texte. Ancoratus, 2, col. 20. L’autre texte mentionne le Saînt-Esprit comme procédant du Père. Hær., hær. lxxvi, 8, P. G., t. xlii, col. 566. S’ensuit-il qu’il ne procède pas du Fils ? Saint Épiphane lui-même répond maintes fois, en déclarant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.rb ai lov IlvsOna Ttai’àa-fOTs’pwv. //œr., hær. lxxiv, 7, P. G., t. xlii, col. 488.’7. Les écrits théologiques de Didj’me d’Alexandrie contiennent quelques textes en faveur du Filioquc. Didyme commence par établir que le Père est la racine de la divinité, que le Fils est engendré et que l’Esprit-Saint procède. De Trinilate, i, 36, P. G., t. xxxix, col. 441. Après avoir cité le texte : A’o/i loquctur a scmelipso, il en donne le commentaire suivant : Hoc est, non sine me, et sine meo et Patris arbitrio, quia inseparabilis a mea et Palris voluntate, quia non ex se est, sed ex Pâtre et me est, hoc enim ipsum quod subsista et loquitur, a Paire et me illi est. De Spiritu Sanclo, 34, ibid., col. 1063, 1064. ("^e texte est d’une clarté frappante. L’Esprit doit sa subsistance au Père et au Fils. On pourrait objecter que le texte latin que nous citons ne reproduit pas peut-être la véritable pensée de Didyme. Mais les violentes récriminations de saint Jérôme, le traducteur du De Spiritu Sanclo, contre Rufui qui s’était jilu, dans ses versions des écrits d’Origène, à en corriger les sentences erronées, écartent de lui tout soupçon d’avoir interpolé le traité de Didyme pour l’adapter aux conceptions théologiques latines, d’autant plus qu’il n’y avait alors aucune raison d’agir ainsi.

Dans le Liber de Spiritu Sanclo, Didyme reconnaît formellement que la personne divine qui reçoit d’une autre ne reçoit que la suljslance divine : la personne qui reçoit subsiste par la personne qui lui donne : Neque enim quid aliud est Filius, exceplis Iiis quæ ei dantur a Pâtre, neque alla subsl(uilia est Spirihis Sancti, præter id quod datur ei a Filio, 37, col. 1065, 1066. Et plus loin : lvcet a P<dre proced(d Spirilus veritalis et dcl illi Deus Spirilum Sitnctum pelenlibus se, (amen quia omnia quæ luibel Pater, mea sunt, et ipse Spirilus Palris meus est. et de meo accipiel. Ibid.. 38, col. 1060. Dans le même traité, nous avons un texte très explicite : « Il n’est pas possible que le Saint-Esprit, qui est rivsprit de vérité et l’Esprit de sagesse, entende, lorsque le Fils parle, des choses qu’il ignore, puisqu’il est lui-même ce ix est proféré par le Fils, c’est-à-dire procédant de la vérité, consolateur de consolateur. Dieu de Dieu, esprit de vérité par procession. » Yfcif/., 36, col. 1064, 1065 ; De Trinilalc. ii. 10, col. 549. C’est l’Église qui afiirme que le Saint-Esprit est du Père et du Fils : to ôcviov lIvEÔua llarpô : xx’i Y’io’j --jf/i-icvi. Praymenla in Aclus aposloloruni, P.G., t. xxxix, col. 1660.

La comparaison vulgaire même dont il se sert, pour décrire les relations récipr()ques entre les personnes divines, insinue la doctrine du Pilioque. Le F’ils est appelé la main droite, le bras du Père : le Saint-I^sprit est nommé le doigt de Dieu, à cause de sa conjonction naturelle avec le Père et le l’ils. De Spiritu Sanclo, ’21, col. 1051. (L’est donc par le N’erbe. la main, rpic le Saint-Esprit. le doigt, est conjoint au Père dans l’unité de nature. Schermann, op. cit., j). 218223 : IJarjly, Didi/me V Avcuqle, ]i. 98.

Zoernikav cite quelques textes de Didyme comme contraires au l-’ilinquc. Op. cit., t. i. p. 2.3-21. Mais ces passages adirment simplement la procession du Saint-I^sprit du Père, sans nier, jiour cela, la procescion du Salnt-t-^sprlt du T’ils.

8. Saint (Cyrille d’Alexandrie est considéré à bon clroil comme le défenseur le plus éloquent et le plus

autorisé du Filioque au ive siècle. Les polémistes catholiques qui ont réfuté avec le plus d’érudition les théories photiennes, le citent souvent et lui empruntent beaucoup de textes favorables à la doctrine romaine. Vekkos, De processione Spirilus Sancti, xii, 1-12, P. G., t. cxLii, col. 249-201. Allatius lui consacre une bonne partie de son ouvrage : Vindiciæ synodi Ephesinæ et S. Cyrilli de processione ex Paire et Filio Spirilus Sancti, Rome, 1661. Le saint docteur avait à combattre le nestorianisme, qui faisait du Christ un homme sanctifié par la descente du Saint-Esprit sur lui, par l’elTusion de la grâce du Saint-Esprit dans son âme. Pour réfuter Nestorius, saint Cyrille s’attache à mettre en lumière les relations réciproques entre le Fils et le Saint-Esprit, à prouver que, suivant ces relations, ce n’est pas le Fils qui dépend du Saint-Esprit, mais le Saint-Esprit du Fils. Il développe avec ampleur la théologie de ses devanciers du ive siècle, en particulier de saint Athanase et de saint Basile, et il aboutit à cette conclusion, que le Saint-Esprit procède du Fils quant à son origine.

a) Tout d’abord, il afiirme maintes fois que le Saint-Esprit est le propre du Fils : i’Siov toC VioO. « Le Saint-Esprit est la puissance du Fils. » Adversus Kestorium, iv, 1, P. G., t. lxxvi, col. 176. Le Christ possède le Saint-Esprit non par participation, mais comme son bien propre dont il peut disposer, parce que son Esprit est de chez lui, et par lui. C’est pour cela que, projetant l’Esprit de sa propre plénitude comme le Père lui-même, il le donne sans mesure à ceux qui sont dignes de le recevoir. Ibid., col. 173. Saint Jean l’évangéliste atteste partout, dans son Évangile, que l’Esprit est le propre du Fils et qu’il jaillit du Fils quant à sa nature ; il n’est donc pas possil )le de concevoir le Logos sans son propre Esprit. In Joa., II, P. G., t. i.xxiii, col. 209. En parlant de l’Esprit, Jésus l’appelle sien. Ibid., x, col. 421. Le Saint-Esprit est l’Esprit propre du Fils, et comme tel il est en lui, et provient de lui. In Joël., ii, 35, /’. G., t. i.xxi, col. 377. Dans son is." analliémutisme contre Nestorius, Cyrille appelle aussi le Saint-Esprit l’Esjjrit propre du Fils. P. G., t. LXXVI, col. 308 ; Hefele-Leclercq, op. cit., t. ii, p. 275. F : t comme Théodoret de Cyr chicanait sur cette dénomination, le saint docteur, au concile d’Éphèse, insista avec énergie sur sa légitimité : " Le N’erbe unique de Dieu fait homme demeure Dieu. Il est ce qu’est le Père, excepté la seule paternité, et il a comme -son jiropre bien le Saint-Esprit. » Explic(Uio duodecim capitum, P. G., t. lxxvi, col. 308. Cf. In Joa., X, P. G., t. LXXIV, col. 301, 444 ; Tiiesaurus, xxxiv, P. G., t. Lxxv, col. 600, 608 ; De Trinilalc, dial. vii, ibid., col. 1093, 112U.

S’il est donc l’ILsprit propre du Fils, c’est au Fils à exercer son iniluence sur lui, et celle iniluence ne peut s’exercer s’il ne dérive pas du Fils.

b) Le Saint-Esprit n’est pas étranger au F’ils, ou plutôt à la nature du Fils. « Bien que le Saint-Esprit soit dans sa projjre hyposlase, en tant qu’il est Esprit, et qu’il n’est pas le Fils, cependant, il n’est pas étranger au Fils. Car il s’aiipelle l’Iispril de vérité. Or, le Christ est la vérité. Il est épanché donc par le (Christ aussi bien quc par le Père. Ivt. puisqu’il est l’Esprit de celui qui est la vertu et la sagesse du Père, c’est-à-dire du I-’ils, l’Esprit lui-même est la sagesse et la vertu. » l-^pisl. Ci/rilli ad Xcsloriuni (xiii), P. G., t. Lxxvii, col. 117. Hemarciuons qu’au lieu d’i/Ttops-^Exæ le saint docteur fait usage du verbe upciyctra’. pour désigner l’origine du Saint-Esprit de la iiarl du Père et du l-’ils. Mais il tient lui-même à avertir que ce verbe a le même sens que le verbe ixTiopsOsiOai. Kpisl., lv, /’. G., t. Lxxvii, col. 316. Si donc le verbe zpo/tlTac par rapport au l’ère signifie (|ne le Père est le principe dune génération ou procession divine, le même verbe