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ESPRIT-SAINT

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Zocrnikav et ses continuateurs n’aient pas hésité à enfreindre bien souvent les règles les plus élémentaires de la loyauté, à tronquer ou modifier, pour les besoins de leur cause, les textes gênants des Pères. Voir Lœmmer, Scriplorum Grœciæ orthodoxæ bibliotheca sclecta, Fribourg, 1864, t. i, p. 17-76. : Mais ces moyens de combat ne sont plus à la mode et, d’ailleurs, les nombreuses éditions critiques des Pères que nous possédons aujourd’hui n’en permettent plus l’usage.

Les théologiens orthodoxes rangent en plusieurs classes les passages des Pères qui touchent à la procession du Saint-Esprit. Mais nous n’avons pas besoin de les suivre dans leurs classifications, de recueillir, à leur exemple, les textes qui prouvent la procession du Saint-Esprit du Père, ou la mission, éternelle ou temporelle, peu importe, du Saint-Esprit par le Fils. Nous nous proposons seulement de consulter la tradition chrétienne du iv<e siècle, de lui demander si réellement elle ignore le dogme exprimé par le Filioqiie, si elle l’anatliématise comme une nouveauté hércti que, si elle se prononce ouvertement, les théologiens orthodoxes l’affirment, en faveur de la procession du Saint-Esprit du Père seul. Xous laisserons autant que possible les Pères eux-mêmes expliquer leur pensée.

1. Saint Athanase n’a pas passé sous silence la controverse du mode d’origine du Saint-Esprit. Sa doctrine sur ce point est d’une importance extrême, parce qu’elle est le substralum de la théologie trinitaire du iv siècle. Xous pouvons la résumer en quelques points principaux, a) Saint Athanase établit d’abord un parallélisme entre les rapports du Père et du Fils d’une part, et du Fils et du Saint-Esprit d’autre part. « Le Saint-Esprit, dit-il, est en même relation d’ordre et de nature avec le Fils, que le Fils avec le Père. » Episl., i, ad Serapionem, 21, P. G., t. xxvi, col. 580. Contre les pneumatomaques, il prouve que le Saint-Esprit est Dieu parce qu’il est dans le ^’erbe comme dans son principe, de même que le Verbe est dans le Père comme dans sa cause : « Telle nous avons connu la propriété du Fils par rapport au Père, telle nous trouverons la propriété de l’Esprit par rapport au Fils. » Episl., 111, ad Serapionem, l, col. 625. Or, quelle est la propriété par laquelle le Fils se rapporte au Père ? Nous ne pouvons supposer que ce soit l’identité de la substance divine, commune au Père et au Fils, parce que le Père et le P’ils sont un quant à l’essence et qu’on ne peut pas, à ce point de vue, parler d’une propriété par laquelle le Fils se rapporte au Père. 11 reste donc que la propriété à laquelle fait allusion saint Athanase est la relation d’origine qui intervient entre le Père et le Fils, relation qui distingue la personne du Père, en tant qu’elle engendre, de la personne du I-’ils en tant qu’elle est engendrée. Si la relation d’origine est la propriété par huiucUe le Père se distingue du Fils et le Fils se rapporte au Père, en vertu du parallélisme établi par le saint docteur, nous pouvons dire aussi que la propriété par laquelle le Saint-I-’sprit se rapporte au Fils et se distingue du Fils est une relation d’origine qui consiste en ce que le Fils est avec le Père le princi|>e de la production du Saint-Esprit et le Saint-Esprit le terme de cette production, b) Saint.thanasc déclare nuiintes fois que le Saint-Esprit, en tant qu’il est l’Esprit du Christ, Episl., 1, ad Serapionem, 2, col. 557, est le proprc de la substance <Iu Fils, de même que le Fils est le propre de la substance du Père. Ibid., 21, col. 580. a Si le Fils, parce qu’il est du Père, est le propre de sa substance, c’est une nécessité que rj’;  ; sprit, qui est dit être de Dieu, soit aussi en substance le propre du l-’ils. » Ibid., 25, col. 588, 580. « Partout, dans l’Ivcriture sainte, nous liouvons que le Saint-Esprit, qui est appelé l’Esprit du Fils, s’appelle aussi l’Esprit de Dieu. Si donc le Fils, à cause de ce qu’il a en propre par rapport au Père, et

parce qu’il est le propre fruit de la substance du Père, n’est pas une créature, mais s’il est consubstantiel au Père, de même l’Esprit-Saint n’est pas une créature (il serait impie de le dire), à cause de ce qu’il a en propre par rapport au Fils, parce qu’il est donne à tous par le Fils et que ce qu’il possède lui vient du Fils. » Episl., iii, ad Serapionem, 1, col. 625, 628. Et la raison pour laquelle le Saint-Esprit est le propre du Fils, ou n’est pas en dehors de la nature du Fils, ibid., 4, col. 461, est que le Fils a reçu du Père tout ce que le Père possède, excepté le caractère personnel du Père. Dans l’Esprit, nous trouvons donc tous les biens du Père par le Fils, de telle manière que l’Esprit appartient aussi au Fils. Episl., iii, 1 ; iv, 3, ad Serapionem, col. 628, 641. Le Saint-Esprit est donc le propre du Fils, i’Siov ToO "wj, c’est-à-dire qu’il est dans l’être intime du Fils, il est dans une dépendance étroite vis-à-vis du Fils. Voir Tixcront, op. cit., t. ii, p. 74. Cette théorie de saint Athanase, qui a été reprise et développée par saint Basile et saint Cyrille d’Alexandrie, de Régnon, op. eil., t. iii, p. 146-149, établit donc entre le Fils et le Saint-Esprit cette union spéciale, cette relation réciproque que nous constatons entre le Père et le Fils.Or, le Fils est uni sans doute au Père par l’identité de substance, mais la raison pour laquelle il est le propre du Père n’est pas cette identité, qui fait des trois personnes divines un seul Dieu. Le Fils est donc le propre du Père, parce qu’il dépend étroitement du Père quant à la commu-I nication de la substance divine qu’il reçoit du Père, ! parce qu’il est par rapport au Père le terme d’une 1 génération divine. De même, le Saint-Esprit est donc i le propre du Fils, parce qu’il dépend étroitement du j Fils quant à la communication de la substance divine, I qu’il reçoit du Fils, parce qu’il est le terme d’une proi cession divine, dont le iirincipe est à la fols le Père (primordiuliler) et le Fils. Remarquons que cette théorie de saint Athanase fait le Saint-Esiirit plus proche du Fils que du Père. « En faisant rentrer le Saint-Esprit dans la substance du Fils, saint Athanase prétend par là même le faire aussi rentrer dans la substance du Père et établir que, pour trouver la source originaire du Saint-t-^sprit, il ne faut pas s’arrêter au Fils, mais remonter jusqu’au Père lui-même. » De Régnon, op. eil., t. iii, p. 13. c). Le Saint-Esprit est uni au Père. Episl., i, ad Serapionem, 31, col. 601. Cette union spéciale rend le Saint-Esprit inséparable du Fils. « Puisqu’il y a dans la sainte Trinité, l’union et l’unité, qui pourrait jamais séparer le Fils du Père, et rEsprit du Fils, ou même du Père’.' » Episl., i, ad Serapionem, 20, coi. 577. Il y a donc entre le Fils et le Saint-Ivsprit une union spéciale correspondant à l’union spéciale du Fils avec le Père. Le b’ils est inséparable du Père, parce que la propriété personnelle du Père suppose nécessairement la propriété personnelle de Fils, c’est-à-dire le ternu> o]iposé à la paternité. Or le parallélisme, établi par saint Athanase, nous autorise à appliquer le même raisonnement au Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est inséparable du Fils, parce cpie, en tant que spiralum, il est le terme d’une spiration, dont le principc, d’après saint.Athanase, est le I*"ils avec le Père. Saint Hasile et saint Cirégoirc de Nazianze ont développé sur ce point la pensée de saint .tlianase. De Régnon, op. eil., t. iii, p. 130-142. d) Le Saint-I- ; sprit est l’image personnelle du Verbe. « Le Fils est dans l’Esprit connue dans sa propre image. Le Saint-Esprit est appelé, et il est réclhnient l’image du Fils. » Episl., 1, ad Serapionem, 20, 24, col. 577, 588. Or, il est évident t|u’il ne peut pas être l’image du Fils en tant qu’il participe à la même essence divine. I ! est donc l’image du l-’ils en tant que le Fils est une pcrsoiuie distincte, (le même que le Fils est l’image du Père en tant que le Père est une personne distincte-