Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/396

Cette page n’a pas encore été corrigée

763

ESPRIT-SAINT

764

Il procède donc du Christ, non pas en ce sens qu’il soit soumis au Christ, détaché du Christ comme une portion de son être, mais en ce sens qu’il dérive substantiellement de la substance du Fils. » Contra yrœcorum opposita, i, 4, 7, P. L., t. cxxi, col. 232, 238. Et plus loin : « Le Saint-Esprit est l’Esprit du Père, parce qu’il procède du Père. Il est donc l’Esprit du Fils, parce qu’il procède du Fils. Car nous n’avons pas deux esprits, mais un seul esprit. L’Esprit du Père n’est pas autre que l’Esprit du Fils, mais il est le même pour le Père et le Fils. Il procède donc du Père et du Fils. » Ibid., ii, 4, col. 254.

Cette interprétation est confirmée par le témoignage des Pères qui, de ces dénominations du Saint-Esprit, concluent à sa procession du Fils, d’autant que le mot Esprit, lorsqu’il se rapporte au Père et au Fils, a un sens passif et signifie le terme de la spi-ation du Père et du Fils, spiraliim. Scheeben, La dogmatique, t. II, n. 1016, p. 684, 685 ; Franzelin, De Deo trino, p. 365, 419. « Le Saint-Esprit, remarque le cardinal Bessarion, est un nom relatif. Il se rapporte à celui qui est principe de spiration : il est l’esprit de celui duquel il dérive par voie de spiration. Personne n’ignore, en effet, que les noms des personnes divines sont des noms relatifs. Le nom hypostatique de l’Esprit de Dieu est donc celui d’Esprit, de même que les noms de Père et Fils sont hypostatiques par rapport au Père et au Fils. Il n’exprime pas l’essence, mais la personne. De même donc que nous n’osons pas dire le Fils de l’Esprit, parce que le Fils est un nom relatif qui se rapporte au Père, et nous ne le disons pas, de crainte qu’on ne croie que l’Esprit scit le Père du Fils, ainsi le nom d’Esprit, qui est relatif et qui se rapporte au principe de spiration, est le terme de la spiration de celui dont il est dit l’Esprit. » Oraïio dogmalica, 6, P. G., t. clxi, col. 570. Cf. Georges de Trébi/onde, De processione Sancti Spiritius ad Creienses, 3, 4, ibid., col. 832. 833 ; Constantin Méliténiot, Orat., I, De process. Spirilus Sancti, 37, P. G., t. cxli, col. 1121-1124 ; Démétrius Cydonius, De processione Sancti Spiritus, 10, P. G., t. ci.iv, col. 913 ; Id., Epist. ad Barlaamuw, P. G., t. cli, col. 1285, 1286 ; Calécas, Contra græcos, i, P. G., t. clii, col..56, 57 ; Hugues Etherianus, De hæresibus quas græci in latinos devolvunt, ii, 19, P. L., t. ccii, col. 329, 330.

Les Pères reconnaissent que le Saint-Esprit est l’Esprit du Fils, parce qu’il est le terme de la spiration du Fils. « L’Esprit, dit saint Athanase, est le souffle et la bonne odeur du Fils. » Epist. ad Serapionem, i, 23 ; m, 3, P. G., t. xxvi, col. 584, 585, 628, 629.

L’Esprit n’est pas engendré par le Fils, parce qu’il n’est pas son Verbe. Mais nous savons par l’Écriture qu’il est le terme de la spiration du Fils de Ditu et que le Fils est la source du Saint-Esprit. De Trinitate et SpiriluSancto, 19, ibid., col. 1212, 1213. L’Esprit est propre au Fils selon la substance. Epist., i, ad Serapionem, 25, ibid., col. 588, 589. L’auteur du V^ livre contre Eunomius, attribué à saint Basile, dit : « L’apôtre manifeste que le Saint-Esprit rayonne par le Fils, parce qu’il l’appelle l’Esprit du Fils au même titre que l’Esprit de Dieu. » Aduersiis Eunomiiim. 1. V, P. G., t. XXIX, col. 733. Jésus-Christ appelle le Saint-Esprit, Esprit de vérité, c’est-à-dire l’Esprit qui est à lui. En effet, le Saint-Esprit n’est pas étran’.^er à la substance du Fils, mais procède physiquement d’elle. Il est le Fils même au point de vue de l’identité de nature, bien qu’il subsiste personnellement. In Joa., X, 16, P. G., t. 1.XXIV, col. 444. Le Saint-Esprit est l’Esprit propre du Fils, parce qu’il existe dans le Fils et procède par le Fils. Ibid., col. 444. Notre foi, dit saint Augustin, nous oblige à croire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, un seul Dieu. Nous ne pouvons pas appeler Père celui qui est Fils, ni Fils celui q ! ii est

Père, et ni Père ni Fils, celui qui est l’Esprit du Père et du Fils. Par ces dénominations, on entend que les personnes divines ont des relations nmtuelles ; mais on ne désigne pas par elles la substance qui est une. Parce que, si on dit Père, il y a un Fils dont il est Père ; si on dit Fils, il y a un Père dont il est Fils : r’il y a un Esprit, il y a aussi celui qui le j^oduit (spirans). Epist., ccxxxviii, 14, 15, P. /.., t. xxxiii, col. 1043. Par conséquent, nous ne pouvons pas dire que le Saint-Esprit ne procède pas du Fils. Car ce n’est pas en vain qu’il est appelé l’Esprit du Père et du Fils. De Trinitate, iv, 20, 29, P. L., t. xi.ii, col. 908. Voir aussi ibid., v, 11, 12 ; xv, 26, 47, col. 919, 1094 ; Contra Maximinum, ii, 14, 1, ibid., col. 771.

Dans sa Mystagogie, Photius s’acharne à montrer que la théologie latine se trompe, en tirant des textes cités un argument en faveur de la procession du Saint-Esprit ex Filio. L’Esprit-Saint est nommé l’Esprit du Fils, parce qu’il est consubstantiel au Fils, parce qu’il partage avec le Fils la même nature, gloire, dignité et majesté. Mystagogia, 51, P. G., t. cil, col. 329. L’Esprit, dit Macaire Boulgakov, métropolite de Moscou, est appelé l’Esprit du Père, parce qu’il est consubstantiel au Père et qu’il en est inséparable, soit aussi peut-être parce qu’il procède de lui. Mais il est appelé l’Esprit du Fils uniquement parce que, consubstantiel avec lui et toujours inséparable de lui, il demeure constamment avec lui, et la parok de Dieu ne nous autorise point à croire qu’il soit aussi désigné comme procédant aussi du Fils. Thi’ologie dogmatique orthodoxe (en russe), Saint-Pétersbourg, 1895, t. I, p. 281. Il cite, à l’appui de son interprétation, plusieurs textes, en particulier, un texte de saint Cyrille d’Alexandrie, où l’on affirme que le Saint-Esprit est l’Esprit du Christ parce qu’il y a identité de nature et de gloire entre le Christ et le Saint-Esprit. De Trinitate, dial. vii, P. G., t. lxxv, col. 1121. Voir Malinovsky, Théologie dogmatique orthodoxe (en russe), Charkov, 1895, t. i, p. 326.

Nous croyons avoir déjà répondu à l’objection de Macaire. Le mot Esprit a un sens passif, spiratum, et s’il est appliqué en ce sens au Père, nous devons lui attacher le même sens, lorsqu’il est attribué au Fils. Car l’Écriture ne spécifie pas que le Saint-Esprit est l’Esprit du Fils dune manière différ, .nte de celle dont il est l’Esprit du Père. Le Saint-Esprit est, sans doute, consubstantiel ou Père, mais puisqu’il procède du Père, il est appelé l’Esprit du Père. Le Saint-Esprit est aussi consubstantiel au Fils, mais puisqu’il est l’Esprit du Fils, il s’ensuit qu’il procède du Fils. S’il n’en procédait pas, il n’y aurait pbis, entre le Fils et le Saint Esprit, cette opposition do relation d’origine qui distingue lî Fils du Saint-Esprit ; en d’autres termes, le Saint-Esprit serait identique avec le Fils. Les Pères de l’Église admettent bien la consubstantialité divine du Père, du Fils et du Saint-Esprit, mais ils déclarent que la substance du Saint-Esprit est donnée au Saint-Esprit par le Fils : Neque alla substantia est Spiritus Sancti præter id quod datur ei a Filio. DidjTne, LUer de Spirilu Sancto, P. G., t. xxxix, col. 1065, 1066 ; Georges Pachymère, De processione Spiritus Sancti, P. G., t. cxLiv, col. 928 ; Franzelin, Examen doctrinse Makarii, Prato, 1894, p. 60 ; lA., De Deo trino, p. 41942t. De même que Père et Fils, remarque Georges de Trébizonde, sont des noms qui désignent la subsistance hypostatique, ainsi Saint-Esprit est un nom hypostatique, qui désigne la subsistance personnelle de la troisième personne divine. Le Saint-Esprit, qui est l’Esprit du Père et du Fils, procède donc du Père et du Fils. Op. cit., c. ii, P. G., t. ci.xi, col. 833.

Les théologiens orthodoxes affirment que, dans le texte de saint Paul aux Galates, il n’est pas question du Saint-Esprit comme hypostase divine, mais des