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ESPRIT-SAINT
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sujet qui nous occupe, parce que, malgré l’originalité et le caractère personnel de sa spéculation théologique, saint Augustin remonte toujours aux sources les plus pures de la foi et de la tradition catholique. II demeure fidèle à sa maxime ; Qui crédit, accedit ; qui ncgat, rccedit. In Joa., tr. XLVIII, 3, P. L., t. xxxv, col. 1741. La divinité du Saint-Esprit, il la défend contre les objections des sadducéens, d’Arius, d’Eunoniius, de Macédonius, qui rappellent créature ; contre les photiniens, qui attribuent seulement au Père une personnalité divine ; contre les manichéens, les cataphrygiens et les donatistes. Serm., lxxi, iii, 5, , P. L., t. xxxviii, col. 447 ; Epist., clxxxiv bis, 11, 48, t. XXXIII, col. 814 ; In Epist. ad Rom., 15, t. xxxv, col. 2099 ; De hæresibus, 26, t. xlii. col. 30.

Il attaque d’abord les ariens sur le terrain doctrinal. Il en appelle au témoignage de ses devanciers, qui ont traité avec ampleur la théologie du Saint-Esprit, et il recueille les pièces qui s’y rapportent, pièces qui établissent énergiquement la divinité du Saint-Esprit. De Trinilale, i, 7, 13, P. L., t. xlii, col. 827. Aux négations de l’hérésie, il oppose la magnifique confession de foi de l’Église catholique : Est utique in Trinitate Spiritus Sanclus, quem Patri et Filio consubstantialem et coselernum fides catholica confitetur. In Joa., tr. LXXIV, 1, P.L., t.xxxv, col. 1826. Discamus intelligere unitatem Palris et Filii et Spiritus Sancti : ut quod de uno solo Deo diclum fuerit, non continua proliibeamur de Filio, vel de Spiritu Sanr.to intelligere : quia Pater quidem non est Filius, et Filius non est Pater, et Spiritus utriusque non est Pater aut Fiius et Spiritus Sanclus, unus solus et verus est Dominus Deus. Epist., ccxxxviii, 3, 20, P. L., t. xxxiii, col. 1046.

Saint Augustin détermine et précise le sens du mot esprit dans l’Écriture et dans le langage philosophique. De diversis quæstionibus ad Simplicianum, II, 5, P. L., t. XL, col. 132-134 ; De anima et ejus origine, I, 14, 18-23, t. XLiv, col. 484-487. Il réunit quelques textes scripturaires sur la divinité du Saint-Esprit. Quæsiiones in Hcptatcuchum. Il croit inutile d’en donner un plus grand nombre, parce que toute l’Écriture clamât Spirilum Sanctum esse Deum, De Trinitate, vii, 2, 6, t. xlii, col. 938, 939, et il réfute vigoureusement les objections scripturaires des ariens. Contra sermonem arianorum, 21-23, t. xlii, col. 698-703.

L’argumentation de saint Augustin repose tout particulièrement sur l’inséparabilité des trois personnes divines dans leur vie immanente et dans leurs opérations ad extra. On ne peut nommer le Père et le Fils, sans que la pensée se reporte au Saint-Esprit. In Joa., tr. IX, 7, t. xxxv, col. 1461. L’opération de la Trinité est indivisible. Serm., lxxi, 16, 26, t. xxxviii, col. 459. Le Saint-Esprit est à la fois l’Esprit du Père et du Fils, consubstantiel et coéternel à tous deux. De civitate Dei, xi, 24, P. L., t. xli, col. 337 ; il est la sainteté substantielle et consubstantielle du Père et du Fils. Ibid., col. 338. L’unité divine est inséparable dans les trois personnes de la Trinité : m tribus inseparabilis unitas. Ibid., col. 337. Les trois personnes sont un seul Dieu, un seul tout-puissant. Collatio cum Maximino, 11, P. L., t. xlii, col. 714. Le Saint-Esprit ne peut se séparer du Père et du Fils. De Trinitate, i, 8, 18, t. XLII, col. 832. Tout ce qu’a le Père, le Fils et le Saint-Esprit le possèdent au même degré. Le Saint-Esprit ne diffère pas du Père et du Fils quant à la noblesse et à la majesté. Ibid., ii, 4, 6, col. 848. Cette inséparabilité prouve que le Saint-Esprit est absolument égal au Père et au Fils, ibid., vi, 5, 7, col. 927, 928 ; qu’il est commun au Père et au Fils, et que cette communauté est consubstantielle et éternelle. Ibid., col. 928. Le Père seul est aussi grand que le Fils seul ou le Saint-Esprit seul ; le Fils et le Saint-Esprit sont

aussi grands que le Père seul. Ibid., vi, 7, 9, 10, col. 922, 930.

La divinité du Saint-Esprit paraît aussi évidente par les attributs divins que la sainte Écriture luD donne. Le Saint-Esprit est immuable, parce que sa. nature est divine. De moribus Ecclesiæ catholicæ i, . 13, 23, P. L., t. XXXII, col. 1321. Il est un esprit créateur qui façonne l’univers selon le plan divin. De Genesi ad lilteram, iv, 15, P. L., t. xxxiv, col. 226^ Contra Maximinum, ii, 17, 2, t. xlii, col. 783. Sa puissance créatrice est attestée par l’Écriture, qui l’appelle le doigt de Dieu. De catechizandis rudibus, xx, . 35, P. L., t. XL, col. 335, 336 ; Conf., xiii, 9, t. xxxii, col. 848 ; De oclo Dulcilii quæstionibus, iv, 2, 3, t. xl, . col. 166, 167. Il est l’auteur de la sanctification. C’est pour cela qu’il s’appelle Esprit-Saint. Serm., viii, 13, P. L., t. xxxviii, col. 72. Il nous transforme en temples de Dieu, et il ne saurait réaliser cette transformation s’il n’était pas Dieu lui-même. Epist., iv, 4, 21, t. xxxiii, col. 1046 ; Collatio cum Maximino, 14, t. XLII, col. 722 ; Contra Maximinum, 11, col. 752. Il remet les péchés en vertu de cette puissance sanctificatrice qui lui est commune avec le Père et le Fils. Serm., lxxi, 15, 25, t. xxxviii, col. 458. L’Écriture et la foi traditionnelle de l’Église présentent donc le Saint-Esprit comme le complément nécessaire de la Trinité. Enchiridion, lvi, 15, t. XL, col. 258. Il s’ensuit que les trois personnes sont un seul Dieu : Hxc tria unus Deus. Sermo ad calechumenos, vi, 7, t. xl, col. 684. Trinitas unus Deus est. Conlra Maximinum, ii, 23, 2, t. XLII, col. 798 ; De Trinitate, vii, 2, 6, ibid., . col. 939.

La personnalité divine du Saint-Esprit est reconnue par Augustin comme un dogme de la foi catholique : Fides nostra et catholica Ecclesia prædicat… Trinitatem quamvis serveda singularum proprietale et subslantia personarum, tamen non esse Ires Deos, sedunum-Deum. In Sanclo Spiritu Palris Filiique communitas, in tribus œqualitas. Serm., lxxi, 12, 19, t. xxxviii, col. 454. Il déclare ne pas savoir, vu l’incompréhensibilité du mystère, la raison intime pour laquelle on ne peut appeler Père ou Fils le Saint-Esprit. De fide et symbolo, ix, 19, t. xl, col. 191. « Nous croyons, dit-il, au Saint-Esprit qui procède du Père, sans être le Fils ; qui reste sur le Fils, sans être le Père du Fils ; qui reçoit du Fils sans être le Fils du Fils. Il est l’Esprit du Père et du Fils, l’Esprit-Saint, Dieu lui-même… Un seul Père Dieu, un seul Fils Dieu, un seul Esprit Dieu. Et cependant le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas trois Dieux, mais un seul Dieu. Il ne suit pas de cette unité divine que le Père soit le même que le Fils, que le Fils soit le même que le Père, ou que le Saint-Esprit soit le même que le Père et le Fils. Le Père est le Père du Fils, le Fils est le Fils du Père, et le Saint-Esprit est l’Esprit du Père et du Fils. Chacune des trois personnes est Dieu, et la Trinité elle-même, un seul Dieu. » Serm., ccxiv, 10, t. xxxviii, col. 1071. Toute personne divine est Dieu toutpuissant ; mais les trois personnes ne sont pas trois Dieux. De civitate Dei, ^i, 21, t. xli, col. 337. Nous adorons la Trinité parce que le Père n’est pas Fils, le Fils n’est pas Père ; le Saint-Esprit n’est ni Père, ni Fils. Collatio cum Maximino, 11, t. xlii, col. 744. Crede islos Ires, et in suis singulis personis Ires esse, , et tamen simul non très Dominos Deos, sed unum Dominum Deum esse. Ibid., 26, col. 742. Voilà la formule qui résume toute la théologie trinitaire de saint Augustin. Ceux qui la rejettent n’ont pas le Saint-Esprit et, partant, restent hors de l’Église qui croitan Saint-Esprit. Epist., clxxxiv, 11, 50, t. xxxiii, col. 815. Ils se rangent du côté des hérétiques et des schismatiques. Serm., lxxi, 19, 32, t. xxxviii^ col. 462, 463.