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ESPRIT-SAINT


col. "252, 253. Le Pcrc est la naturc principielle, la source primordiale ; le Saint-Esprit est la nature conimuni <iu «  « , c’est-à-dire l’être qui appartient à Dieu l€ Pire comme à sa source. On pourra ergoter sur les dénoniitialions employées par saint Hilaire, mais ou est forcé de reconnaître qu’elles n’impliquent pas la négation de la divinité du Saint-Esprit. L’emploi du mot usus par saint Hilaire a été, en effet, justifié par saint Augustin : Est aiilrin inrflitbilis quidam complexiis Palris et imaginis qui non est sine perjruilione, sine charilate, sine yaudio. lllct ergo dileclio, delcclatio, felifiias, vel beatiludo, si lamen aliqun humuna imec digne dicitur, usus ab illo (Hilaire) appellata est breoiicr, et est in Trinitate Spiritus Sanctus non genitus, sed geniioris genitique suuviias. De Trinilate, vi, 11, P. L., t. XLii, col. 932. Un autre texte de saint Hilaire paraît de prime abord révoquer en doute la consubstantialité divine du Saint-Esprit : Connominalu Spirilu, id est, Paræleio, eonsonantiæ poiius qucim cssentise per simililndincm substantix prædicare convenu unilal<’m. De sijnodis, 53, col. 505. Mais saint Bonaventure met en relief la vraie signification du mot consonantia, tel qu’il a été entendu par saint Hilaire : Sicul per Palris et Filii nonjen innuitur unitas naiuTse, quia Filins est connaturalis Patri, ila per Spiritum Sanctum qui est amor, datur intelligi unitas eonsonantiæ. Et ideo verbum non habct ccdumniam, et propter hoc ipsum dixerunt ; et hoc vult dicere Hilarius, cum dicit, quod potius eonsonantiæ quant essentiæ ; non quia ulrumqne non sit l’crum. sed quia hoc est expressius, et ininorem habet calumniam. In IV Sent., 1. I, dist. XXXL part. H, dub. viii, Opéra omnia, Quaracchi, 1883, t. I, p. 552. C’est donc à tort qu’Érasme a accusé saint Hilaire d’avoir hésité dans l’affirmation de la divinité du Saint-Esprit. Voir Præfed. in libros de Trinitatc, 14, 18, P. L., t. x, col. 15-17.

2. Par la précision des termes, l’abondance des textes scripturaires, la richesse des témoignages, la docti’ine de saint Ambroise sur la divinité du Saint-Esprit écarte le moindre soupçon contre son orthodoxie. Elle est puisée directement aux sources grecques. On connaît le trait caustique de saint Jérôme dans la préface à la version latine du traité du Saint-Esprit par Didyme : Malui alieni operis interpres existere, quam informis cornicula alienis me eoloribus adornare. P. L., t. xxxix, col. 1032. La corncitle informe de saint.lérôme, au dire de Ru fin, serait saint Ambroise. Apologia in Hieronymum, ii, 25, P. L., t. XXI, col. G04 ; Bardy, Didyme V Aveugle, p. 20. Nous ne garantissons pas l’authenticité de l’insinuation de Rufin. Mais s’il est vrai qu’Ambroise a exploité les œuvres de Didyme, il n’en est pas moins vrai qu’il ne mérite pas l’épithète malveillante de saint Jérôme. Il s’est inspiré des autres Pères grecs, Basile, Athanase, Grégoire de Nysse, autant que de Didyme ; il leur a emprunté bien souvent des arguments péremptoires pour prouver la divinité du Saint-Esprit, mais il n’est pas un plagiaire. Il conviendrait plutôt de le comparer à l’abeille qui recueille le suc des fleurs les plus parfumées pour en former un miel exquis. Certainement, saint Ambroise a profité, en bon théologien, des recherches et des travaux de ses devanciers, mais son étude de la théologie trinitaire grecque n’a pas été superficielle. Il leur a pris ce qui était le plus utile à son but, et il l’a exposé et élaboré d’une manière tout à fait personnelle et dans un style clair et limpide. Son Traité du Saint-Esprit mérite bien les éloges que lui décerne saint Augustin : Sanctus Ambrosius cum agat rem magnam de Spirilu Sanclo, ut eum Patri et Filio demonstrct sequalem, submisso lamen dicendi génère utitur ; quoniam res suscepta non ornamenta verborum, aul ad jleclendos animas commotionis afjcclum, sed rcrum documenta desidcrat. De

doctrina christiana, iv, 46, P. L., t. xxxiv, col. 111.

La doctrine de saint Ambroise sur le Saint-lvsprit est résumée dans ce passage du De Spirilu Sanclo ; Habet consortium regni cum Paire et l’ilio etiam Spiritus Sanctus, qui unius naturæ, unius dominalionis, unius eti(un potestatis est, iii, 20, 158, P. L., t. xvi, col. 817. Cette consubstantialité divine du Saint-Esprit, saint Ambroise la démontre contre les ariens. Ibid., III, 170, col. 850. La Trinité, dit-il, ne peut pas se concevoir sans une triple sagesse, c’est-à-dire sans le Père, le Fils et le Saint-Esprit. 7/1 Luc., prolog., 5, P. L., t. XV, col. IGIO. L’être divin est simple. Il n’y a donc en Dieu qu’une seule substance divine, la substance de la sainte Trinité. Cette substance est exempte de toute composition et de tout mélange créé. De Abraham, ii, P. L., t. xiv, col. 58.

On lit dans les Actes des apôtres, x, 38, que Dieu a oint de l’Esprit-Saint Jésus de Nazareth. Le nom du Saint-Esprit est donc mentionné avec ceux de Dieu et du Christ. De Spirilu Sanclo, i, 3, 44, col. 743. Le Saint-Esprit rend témoignage au Christ. Joa., xv, 20. Il connaît donc tout ce qui est au Mis, et sa science est égale à la science du Père. Ibid., i, 3, 48, col. 741. Il n’y aura pas de pardon pour celui qui aura blasphémé contre l’Esprit-Saint. Luc, xii, 10. Si le blasphème contre le Saint-Esprit est si grave, quomodo inter creaturas audet quisquam Spiritum computare ? Ibid., i, 3, 53, col. 746. Dieu répand son Esprit sur toute chair. Cette effusion du Saint-Esprit, qui jette des torrents de lumière dans les cœurs, n’est-elle pas une preuve que le Saint-Esprit n’est pas une substance créée ? Ibid., i, 8, 92, col. 756. Le Saint-Esprit est de Dieu le Père. C’est pour cela qu’il possède la science de Dieu. Or, ce qui est de Dieu est Dieu lui-même. Donc le Saint-Esprit est Dieu. In Episl. ad Rom., xi, P. L., t. xvii, col. 163.

La divinité du Saint-Esprit est confirmée aussi par le fait qu’il a les mêmes noms et les mêmes opérations que le Père et le Eils. L’Esprit-Saint, que le Père envoie, vient au nom du Fils. Joa., xiv, 26. Celui donc qui vient au nom du Fils vient aussi au nom du Père, parce que le Père et le Fils n’ont qu’un seul nom. Il s’ensuit que le nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit est un seul, parce qu’il n’y a pas sous le ciel un autre nom, qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devons être sauves, Act., iv, 12. De Spirilu Sanclo, i, 13, 134, col. 766. De même, toute opération divine attribuée au Père, au Fils et au Saint-Esprit, se rapporte non seulement au Saint-Esprit, mais aussi au Père et au Fils ; non seulement au Père, mais aussi au Fils et au Saint-Esprit. Ibid., i, 3, 40, col. 742. Ideni est Deus qui opcrutur omnia in omnibus ; ut scias quia non est discrelio operalionis inter Dcum Patrem et Spiritum Sanctum, quando ea quæ operatur Spiritus, operatur et Pater Deus. Ibid., ii, 12, 139, col. 804. L’Esprit est le doigt de Dieu. Luc, xi, 20. Rien de plus explicite que cette dénomination pour signifier l’unité de la divinité et de l’opération, unité, quæ secundum divinilalem est Palris et Filii et Spiritus Sancti. Ibid., ii, 3, 12, col. 812 ; Expositio in Luc, viii, 93, P. L., t. xv, col. 1811.

La nature des opérations du Saint-Esprit est telle qu’elle surpasse toute puissance humaine et créée. Le Saint-Esprit remet les péchés : or, cette prérogative n’appartient qu’à Dieu. De Spirilu Sanclo, i, 10, 12, col. 760, 761. L ; s péchés sont remis au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit : Isti (homincs) rogant, divinitas donal. Ibid., iii, 18, 137, col. 843. Le Saint-Esprit sanctifie les anges, les hommes ; non habet igitur consortium creaturæ. Ibid., i, 7, 83, col. 753. Il sanctifie au même titre que le Père et le Fils. Ibid., iii, 25, col. 815. Le Père est saint, le Fils est saint, le Saint-Esprit est saint. Mais nous n’avons pas trois saints,