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ESPRIT-SAINT

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ilaqucUc Ditlynie parle de l’unité de Dieu, dans le traité J)e Trinitate, ne lui fait pas oublier la distinetion réelle des personnes. Les hyposlases divines ne se confondent pas, bien qu’elles soient dans un accord unique et parfait quant à la divinité. De Trinilalc, III. 2, col. 788 ; Hardy, op. fil., p. 93-104.

Pries sijricih’i.

Nous nous bornons à recueillir

les téinoisnafîes des deux écrivains syriens les piiis célèbres du iv siècle, Aphraate et Ephreni. Le premier t’st l’auteur de vingt-trois Démonslralions que l’on s’accorde à placer entre 337 et 345. II y est question à plusieurs reprises du Saint-Esprit. Aphraate puise ses données dans l’Écriture, qui contient la vraie doctrine. Deux., XXII, 26, dans Graflin, Patrologia syriaca-’Paris, 1894, t. i, col. 1046, doctrine révélée par le Saint-Esprit, vii, 10, col. 327, c’est-à-dire par la Jbouche du Dieu vivant, viii, 25, col. 406. Les renseignements d’Aphraate sur le Saint-Esprit se trouvent réunis dans la Démonslration, i, 12-18, col. 286-310. Aphraate professe tout d’abord l’unité de Dieu, qui a envoyé son Esprit sur les prophètes. Cette croyance à l’unité divine est celle de l’Église, i, 19, col. 43. Mais le Dieu unique est en trois personnes. Il y a un seul Dieu, un seul Christ, un seul Esprit. Il serait contraire à la foi d’augmenter le nombre des personnes, xxiii, 60, Paris, 1907, t. ii, col. 123. Il faut rendre à ces trois personnes divines la même gloire ; il faut glorifier les trois noms, qu’il serait impie de séparer au moment du baptême. Ibicl., 61, 63, col. 127, 134. Les prophètes ont reçu le Saint-Esprit. Ibid., vi, 12, 15, col. 287, 298. Il a parlé par la bouche de Jacob, de Joseph, de Moïse, de David, d’Élie et d’Elisée. Ibid., XXI, 21, col. 983-986. Cet Esprit qui est éternel et céleste, ibid., vi, 14, col. 294 ; qui, toujours devant Dieu, en contemjile le visage, ibid., 16, col. 298, nous le possédons en nous-mêmes. Ibid., xxiii, 53, col. 106. Jésus-Christ l’a introduit dans nos cœurs. Ibid., 52. col. 99. Nous le recevons dans le baptême, dans la prêtrise. Ibid., VI, 14, col. 291. Il distribue la grâce, ibid., XIV, 47, col. 715, 718, et il exerce un rôle prépondérant dans la vie surnaturelle. Sans lui, nous serions plongés dans la plus affreuse misère spirituelle. Ibid., vi, 18, col. 307. Il est dans notre âme, et pour peu qu’il s’en éloigne, Satan rôde autour d’elle, pour l’enchaîner à son trône. Ibid., vi, 17, col.’302. Quand un homme est sur le point de mourir, il retourne au Christ, le Saint-Esprit annonce au Christ si cet homme a bien r-gi durant sa vie et ne l’apas contristé./6(V/., vi, col. 295. Cf. Duval, La littéraliire syriaque, Paris, 1900, p. 228. Nous devons donc vénérer le Saint-Esprit, qui est la S’Ource de la grâce. Ibid., vi, 1, col. 242. Nous devons adorer Dieu comme Père, et le Saint-Esprit comme mère. Ibid., xviii, 10,. col. 832. Pour expliquer cette dernière expression, remarquons, en passant, que le mot syriaque qui désigne le Saint-Esprit est du genre féminin. Tixeront, op. cit., t. ii, col. 204.

Pour Aphraate, le Saint-Esprit est Dieu par nature, puisqu’il possède les attributs divins et qu’il accomplit les opérations divines ; il est aussi une hypostase réellement distincte du Père et du Fils. Parisot, Préface aux écrits d’Aphraate, c. iii, t. i, p. lu.

Saint Éphrcm est le principal docteur de l’Église syrienne. Il puise sa doctrine dans l’Écriture et dans la tradition. Son enseignement sur la personne du Saint-Esprit est de tout point orthodoxe. Il pose en principe que nous devons croire en un seul Dieu et en trois personnes divines, à l’unité de la substance divine et à la distinction réelle des personnes : nous devons croire, parce que notre connaissance du mystère incompréhensible de la Trinité dérive uniquement de Dieu. Aduersiis scrulatores, serin, xi., Opéra omnia syriace, Rome, 1743, 1. 1, p. 73. C’est la foi qui nous révèje Ja « ubsistance du Saint-Esprit en Dieu. Ibid.,

serm. xlii, p. 75. Le nombre trinc des personnes n’introduit pas en Dieu la pluralité, la multitude ; la divinité n’exclut pas la multiplicité des personnes. Ibid., serm. lxxiii, p. 137. Dans la Trinité, le Fils se réjouit de la gloire du Père et l’Esprit de celle du Fils bien-aimé. Le Père commande, le Fils exécute, le Saint-Esprit achève ; la même divinité est dans les trois personnes divines, car l’ordre parfait de la Trinité n’admet aucune confusion. Ibid.. serm. ii. p. 194, 195. La nature, les propriétés, les opérations du Saint-Esprit sont décrites en des termes poétiques dans l’hymne De dclnnclis et de Trinilate. Le Saint-Esprit participe à la gloire du Père et du Fils : il viendra avec eux ressusciter les morts. Hymni et scrmones, édit. Lamy, Matines, 1884, t. ii, col. 242. Il est saint ; il est impénétrable à l’intelligence humaine, ibid., 10, col. 242 ; il est un consolateur éternel, un principe de perfection ; il alavolontédivinedu Pèreet du Fils. Ibid., 12, col. 244. Il répand sur les âmes la rosée de la miséricorde céleste, ibid., 14, col. 244 ; il reçoit les prières des justes, ibid., 15, 17, col. 244, 246 ; il est avec le prêtre à l’autel, lorsqu’on l’invoque dans le saint sacrifice, ! 6(<i., 16, col. 244 : Il réveille ceux qui dorment du sommeil de la mort, pour leur rendre ce qui est dû à leurs œuvres, ibid., 18, col. 246, et placer les justes à la droite du Père. Ibid., 23, col. 248. Il a constitué le Fils comme le mur de l’Église, par laquelle nous sommes sauvés, ibid., 22, col. 246, et il achève le mystère de notre salut. Ibid., 19, col. 246. Il est incréé et consubstantiel au Père et au Fils. In adventum Domini, Opéra omnia græce, Rome, 1746, t. iii, p. 137. Il procède du Père et il reste sur le Christ par essence. In Isaiam, lxi, 1, édit. Lamy, Matines, 1886, t. ii, col. 180. Il est l’inspirateur des prophètes. De naliuitale Domini, Opéra (syriace), Rome, 1740, t. ii, p. 396. Il habite dans les cœurs purs et les sanctifie. De virginitate. Opéra (grœce), t. iii, p. 74. Il sanctifie l’Église. De pœnitentia, ibid., p. 166. Il est une source vivifiante. De virginitate, t. iii, p. 74. Saint Éphrem compare le Père au soleil, le Fils à la lumière, le Saint-Esprit à la chaleur. Dieu est un, mais son unité n’exclut pas la bonté. C’est un mystère que Dieu soit à la fois un et multiple, un et trois, trois personnes et un Dieu. Les trois personnes divines se distinguent entre elles, mais leur cohésion est si grande que le soleil d’où jaillit la lumière et la lumière elle-même ont le même nom de soleil. Advcrsus scrutatorcs, scTm. lxxiii, t. iii, p. 137. Ce passage prouve en même temps la divinité et la personnalité du Saint-Esprit. La distinction personnelle du Saint-Esprit se déduit aussi du prhicipe posé par le saint docteur, que les propriétés personnelles distinguent les personnes. Ibid., p. 181. Le Père est une personne, le Fils est une personne, le Saint-Esprit est une personne. De même que la distinction des personnes n’enlève pas la communauté de nature entre les trois personnes divines, ainsi la communauté de nature ne confond pas les propriétés personnelles. Ibid., Il, p. 194, 195. L’Église syriaque donc, par la bouche de ses docteurs, atteste la croyance catholique à la divinité et à la personnalité du Saint-Esprit.

Pères latins.

La doctrine trinitaire des Pères

latins ne différait pas de celle des Pères grecs. Le siège de Rome et les sièges orientaux opposaient aux mêmes hérésies les mêmes témoignages de la révélation et de la tradition. L’arianisme et le macédonianisme, combattus en Orient, subissaient aussi en Occident les plus rudes défaites, et la théologie du Saint-Esprit, créée chez les grecs par Athanase, atteignait chez les latins, grâce au génie d’Augustin, les sommets les plus élevés de la spéculation.

Notre but n’est pas de recueillir, chez tous les écrivains ecclésiastiques latins du ive siècle, les preuves