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ESPRIT-SAINT


Simplicium, col. 144. Le fait même qu’il est associé au Père et au l’ils dans la formule du baptême atteste que Jésus-Christ l’a présenté comme participant à la nature divine. Contra Eiinomium, 1. I, col. 349. La personnalité du Saint-Esprit est aussi nettement allirmée par saint Grégoire de Nysse. Il est bien vrai, déclare-t-il, que l’unité divine n’admet pas de division, Oral, calecli., iii, col. 17 ; que les personnes de la Trinité sont un seul Dieu. Contra Eunomium, 1. II, col. 533. Mais nous devons en Dieu distinguer entre la nature divine et les personnes divines. A cause de cette distinction. Dieu est à la fois un et multiple, un par l’essence, multiple par les propriétés personnelles, qui distinguent le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ibid., 1. II, col. 469. Les propriétés personnelles établissent en Dieu une réelle distinction. Ibid., 1. II, col. 472. Le Saint-Esprit ne diffère point du Père et du Fils selon la nature, mais selon l’hypostase. 7&id., col.472. Il est joint au Père et au Fils par la possession commune de la même essence incréée, mais il est distinct du Père et du Fils par sa propriété constitutive. Ibid., I. I, col. 336. Le Saint-Esprit est associé en tout au Père et au Fils, il en est distinct dans l’ordre de la Trinité et dans la personnalité. Adversus macedonianos, 14, col. 1317.

Les textes nombreux que nous ont fournis les écrits de saint Basile, de saint Grégoire de Nazianze et de saint Grégoire de Nysse, montrent jusqu’à l’évidence que les trois Cappadociens ont affirmé de la manière la plus énergique l’unité de la substance divine et la réelle distinction des personnes divines, c’est-à-dire qu’ils ont affn-mé en même temps la divinité et la personnalité du Saint-Esprit. On ne saurait donc découvrir avec Nôsgen chez ces trois docteurs les traces du subordinatianisme et du sabellianisme. Op. cit., p. 56-58. La doctrine des Cappadociens est d’rne clarté qui écarte tout soupçon. Nosgen cite à l’appui de ses accusations le texte suivant de saint Grégoire de Nysse : « D’une part, la raison de principe distingue les personnes de la sainte Trinité, par la distinction qui se trouve entre « cire principe » et « être du principe » ; d’autre part, la nature divine est, suivant toute considération, indivisible et identique à elle-même. Voilà pourquoi l’on doit affn-mcr d’une manière absolue qu’il n’y a cju’une seule divinité, qu’un Dieu unicjue, et prendre au singulier tous les noms divins. » Qdod non sunt trcs dii, P. G., t. xlv, col. 136. Mais on voit bien que, dans ce passage, le saint docteur insiste sur l’unité de la nature divine sans rejeter pour cela la distinction des personnes. Il proteste, en elïet, contre ceux qui l’accusaient de confondre les notions de personnes dans l’identité de nature. Ibid., col. 133. « On prétendra peut-être, dit-il, que notre défense de l’unité de la nature divine nous conduit à admettre en Dieu un mélange et une confusion de personnes. Ce serait une calomnie : car, tout en soutenant l’identité de nature, nous ne nions pas qu’il y ait une différence entre le principe et celui qui dérive du principe. » Ibid., col. 133.

6. La théologie trinitaire de saint Jean Chrysostome est à peine ébauchée. Ne nous étonnons donc pas qu’elle n’offre rien de particulier, rien d’original. Le saint docteur s’en tient aux formules universellement reçues dans l’Église. Il est le témoin de la tradition qui reconnaît trois personnes distinctes dans l’unité numérique de la nature divine, mais il n’engage, cju’en passant, la lutte doctrinale avec les hérésies antitrinitaires. Il se préoccupe constamment de rappeler à ses auditeurs que l’œil créé est impuissant à sonder les abîmes des mystères de Dieu : pour ce qui concerne la vie intime de Dieu, nous devons nous borner aux données de la révélation.

Il traite avec plus d’ampleur de la nature du Saint Esprit dans ses discours sur la Trinité, P. G., t. xlviii, col. 1087-1096, et sur la Pentecôte, P. G., t. l, col. 45.3470. On lui attribue d’autres homélies sur la Pentecôte, P. G., t. LU, col. 803-814, et un sermon sur le Saint-Esprit, ibid., col. 813-820, mais ces pièces ne sont pas de lui.

Saint Jean Chrysostome appelle les pneumatomaques des hérétiques nuiudits par Dieu, De scinda Trinitate, P. G., t. xlviii, col. 1087, qui méritent les anathèmes de l’Église, ibid.. col. 1096, blasphèment Dieu, ne se soucient guère des bienfaits qu’ils en ont reçus et méprisent même le salut de leur âme. De sancta Pentecoste, ii, P. G., t. l, col. 463.

Contre leur impiété, la sainte Écriture atteste que le Saint-Esprit est Dieu, jjarce ciu’elle le désigne sous les dénominations d’Esprit de Dieu, du Christ, de vérité, de consolation. Ibid., col. 1094. Elle lui attribue une science parfaite, car il pénètre tout, même les profondeurs de Dieu, I Cor., ii, 10, ibid., col. 466 ; De fide et legs naturæ, ibid., col. 1096. Le Saint-Esprit est immense, d’après l’Écriture, et l’immensité ne convient qu’à Dieu. Homil., xxx, in Joa., 2, P. G., t. Lix, col. 474. L’Ancien Testament l’a révélé, bien que d’une manière imparfaite. Dan., xiii, 45 ; il y a été mentionné plusieurs fois et annoncé comme Dieu avec le Père et le Fils. De sancta Trinitede, P. G., t. XLVIII, col. 1088.

Les pneumatomaques le rangent au nombre des êtres créés, parce qu’on lit dans les Actes des apôtres : // a semblé bon au Saint-Esprit et à nous, xv, 28. Ils en ont déduit qu’il a, comme les apôtres, la nature humaine. Mais nous lisons aussi dans l’Exode que le peuple d’Israël crut à Jéhovah et à Moïse, xiv, 31-S’ensuivrait-il peut-être que Dieu et Moïse participent à la même nature ? Les cent hommes qui suivirent Gédéon contre les Madianites s’écrièrent ; Épée pour Jéhovali et pour Gédéon. Jud., vii, 20. S’ensuivrait-il peut-être que Gédéon soit par nature l’égal de Jéhovah ? Il serait absurde de le supposer. L’interprétation des pneumatomaques est donc fausse. De fide et lege ncûurie, P. G., t. xlviii, co !. 1086. Il est vrai que saint Paul déclare qu’il y a un seul Dieu, le Père, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, et qu’il passe sous silence le Saint-Esprit. I Cor., viii, 6. Mais il ne mentionne pas le Saint-Esprit pour ne pas donner à croire aux néophytes que la religion chrétienne soit un polythéisme masqué. Les prophètes n’ont pas agi autrement. Ils n’ont pas exprimé ouvertement la divinité du Christ pour ne pas exposer les Juifs inconstants à concevoir des doutes sur l’unité de Dieu. Homil., XX, in / » "’ad Cor., 3, P. G., t. lxi, col. 164, 165.

La théologie, se fondant sur l’autorité de la sainte Écriture, enseigne la divinité du Saint-Esprit. « La théologie trinitaire, dit le saint docteur, reconnaît dans le Saint-Esprit la nature incréée de Dieu, la dignité de Dieu, sa gloire incompréhensible, un pouvoir qui est commun au Père et au Fils. » De fide et lege naturæ, P. G., t. XLVIII, col. 1088. La foi révèle le Saint-Esprit comme Dieu. De sancta Pentecoste, ii, P. G., t.L, col. 460. Le Saint-Esprit est Dieu, ibid., i, col. 456 ; il participe à l’essence de Dieu, In Ps. sliv, 3, P. G., t. Lv, col. 187 ; la nature du Fils est identique à la nature du Saint-Esprit. Homil., xxxi, in Acta apost., 2, P. G., t. LX, col. 230. La substance du Saint-Esprit est la substance royale du Seigneur : c’est pour cela qu’il nous console. Homil., xxix, in 7° ™ ad Cor., 4, P. G., t. Lxi, col. 246. La nature du Saint-Esprit est identique aussi à la nature du Père. Homil., xxx, in 77m ad Cor., 2, P. G., t. lxi, col. 607. Par cette identité de nature, le Saint-Esprit a la même volonté que le Père et le Fils. Homil., lxxviii, in Joa., 3, P. G., t. lix, col. 4°25. La puissance du Saint-Esprit est la