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ESPIUT-SAINT


fession de foi de Cyrille résume, il va sans dire, l’enseignement tradilioiinel de l’Église sur le Saint-Esprit.

En continuant l’exposé de sa doctrine, le saint docteur déclare vouloir s’en tenir uniquement aux damées de l’Écriture sainte, la seule source qui, sans danger, abreuve les âmes. Ibicl., 1, col. 917. Les hypothèses et l’éloquence des raisonneurs égarent l’esprit chrétien. Cal., iv, 17, P. G., t. xxxiii, col. 476, 477. Il faut dire, sur le Saint-Esprit, ce que le Saint-Esprit a dit de lui-même. Les questions oiseuses ont besoin d’être écartées de la théologie. Cal., xvi, 2, col. 920. Il est plus utile pour les âmes chrétiennes de boire aux vases que l’Église considère comme lui appartenant et d’étancher sa soif avec l’eau qui jaillit de ses sources. IbicL, 9, col. 932 ; xvii, 1, col. 968, 969.

Pour le salut de l’âme, il suffit de croire qu’il y a un Dieu, un Fils et un Saint-Esprit. C(tL, xvi, 24, col. 963. L’Église catholique prêche l’existence d’un seul Paraclet, qui a parlé par la bouche des prophètes. Cal., xvii, 3, col. 972. Il n’y a pas de différence entre les dons du Père, du Fils et du Saint-Esprit, car il y a un seul salut, une seule puissance, une seule foi, un seul Dieu Père, un seul Fils unique, un seul Esprit-Saint Paraclet. Cal., xvi, 24, col. 953.

Saint Cyrille prouve la divinité du Saint-Esprit par les attributs divins que lui reconnaît l’Écriture sainte. II faut croire par rapport au Saint-Esprit ce qu’on croit par rapport au Père et au Fils. Ibid., iv, 16, col. 473. Le Saint-Esprit a une nature simple, indivisible, 7ro>.uûuva|j.o ;, xvi, 30, col. 960 ; xvii, 2, 15, col. 970, 973. Il pénètre tout ; il connaît les abîmes de la science de Dieu, il participe avec le Fils à la divinité du Père, rïj ; ôcorriTo ; 1 ?, ? Ttxiptxr, ; eTTi quv tw Ilv£"j[j, a-i Tô) âyiu) xo’.vtovôç ô vtbç ô fj.ovoyevri ;. Ibid., VI, 6, col. 548. Aucune créature, quelque élevée et agréable qu’elle soit aux yeux de Dieu, ne peut rivaliser en perfection avec le Saint-Esprit. Les anges les plus élevés dans la hiérarchie céleste ne peuvent soutenir la comparaison avec lui, Cal., xvi, 2,

3, col. 952, qui est le héraut de Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Cal., iv, 16, col. 476 ; xxxviii, 17, col. 1012.

Que le Saint-Esprit participe à la nature divine, saint Cyrille le déduit de ce qu’il égale en honneur et en dignité le Père et le Fils. Cal., iv, 16, col. 476. La gloire du Père et du Fils est une et identique avec celle du Saint-Esprit. Cal., vi, 1, col. 540. Les cieux contemplent la gloire du Saint-Esprit, qui est toujours présent au Père et au Fils. ProcaL, 16, col. 357 ; Cal., xvi, 4, col. 921.

La formule du baptême donne encore à Cyrille une preuve évidente de la croyance traditionnelle de l’Église à la divinité du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit, dit-il, est inclus dans la Trinité au moment du baptême. Cal., XVI, 4, co’.. 921. C’est pour cela qu’il devient, avec le Père et le Fils, notre espérance. Ibid., 24, col. 953.

La personnalité divine du Saint-Esprit est aussi mise en relief par Cyrille. Le Saint-Esprit subsiste, ùçs’îTtoç ; il est toujours présent au Père et au Fils ; c’est une hypostase (ivj71ô(TiaTo/), qui parle, agit, organise (ot/.ovo[j.£î), sanctifie. Cal., xvii, 5, col. 973^ 976. On le désigne sous plusieurs noms. Cal., xvii,

4, 5, col. 972-976, mais il est toujours le même Esprit malgré ces appellations diverses. Ibid., 2, co’.. 969. Il est l’unique Esprit de Dieu, Cal., xvi, 3, col. 920 ; un Esprit qui ne se dédouble pas dans les deux Testaments. Cal., xvii, 5 col. 976. Mais dans les deux Testaments, il est le principe d’une série d’actes qui révèlent en lui une personnalité distincte. Pour confirmer cette assertion, saint Cyrille passe en revue les œuvres du Saint-Esprit, depuis qu’il descendit sur

les soixante-dix anciens d’Israël, que Mo’îsc avait assemblés dans sa tente à Thabécra. Num., xi, 24, 25. Dans cette histoire biblique du Saint-Esprit, il s’attache de préférence à décrire son rôle dans la vie du Christ et des personnages martiuants de l’Évangile. Il décrit ensuite l’action du Saint-Esprit dans la sanctificatiori des âmes. L’Esprit de Dieu se répand dans les âmes, les encourage, les fortifie, les aide à acquérir les vertus chrétiennes, efface leurs péchés, communique aux martyrs la force et la constance au milieu des supplices. Cal., xvi, 16, 20-22, col. 940, 941, 948, 949. Il est le soutien et le docteur de l’Église. Ibid., 14, col. 937. Il distribue à chacun la grâce comme il le veut, et l’âme pécheresse, deveiuie par la pénitence digne du Saint-Esiirit, produit des grappes de justice. Ibid., 12, co !. 933.

De tout ce qui précède, il résulte que le Saint-Esprit, présenté par Cyrille comme le principe de toutes CCS actions dans l’ordre surnaturel, est réellement distinct du Père et du Fils.

3. Saint Basile marque un progrès considérable dans la théologie trinitaire. Il se tient toujours dans les limites de la tradition, mais il comprend que le débordement de l’arianisme et des sectes pneumatomaques exige une plus rigoureuse explication du dogme trinitaire, une termino’iOgie theologique plus précise, une définition plus exacte des termes qui servent à désigner les relations réciproques entre les trois personnes divines. Athanase et les Pères du concile de Nicée confondent les termes d’oJai’a et d’-J7rô(7Ta(Ti ;. Saint Basile fixe la valeur respective de ces deux mots et réfute ainsi plus aisément les raisonnements captieux de ses adversaires. Les Pères de Nicée, déclaret-il, n’ont pas touché à la question du Saint-Esprit, parce qu’il n’y avait pas encore de controverses sur la troisième personne divine et que l’on n’avait pas encore à ce sujet tendu des embûches à la piété des fidèles. Mais le mauvais grain semé par Arius ne tarda pas à produire ses fruits de perdition et les impies se prirent à blasphémer contre le Saint-Esprit. Il est donc nécessaire de frapper d’anathème ceux qui abaissent le Saint-Esprit au rang des créatures, en l’arrachant à la divinité ; ceux qui refusent à sa nature la sainteté du Père et du Fils. Contre l’hérésie, l’Église professe que le Saint-Esprit dérive de Dieu à/.TtTTcoç (sans création) et qu’il n’appartient pas aux armées des esprits qui servent Dieu. Episl., cxxv, 3. P. G., t. xxxii, col. 549 ; ii, 159, 258, col. 620, 949.

Les sources principales de la doctrine de saint Basile sur le Saint-Esprit sont le 1. III Contra Eiinomium, P. G., t. xxix, co !. 653-670 ; V Homélie contre les sabelliens, Arius et les anoméens, P. G., t. xxxi, col. 609-617, et le Liber de Spirilii Sancto, P. G., t. xxxii, col. 67-218. Les 1. IV et V Contra Eiinomium traitent aussi du Saint-Esprit. Mais on est d’accord à rejeter leur authenticité. On les attribue à Apollinaire de Laodicée, ou avec plus de probabilité à Didyme l’Aveugle. Bardy, Didyme, p. 23-28.

Dans ces écrits, Basile réfute vigoureusement Eunomius, qui, de ce que l’Esprit-Saint est troisième en ordre et en dignité, concluait qu’il est aussi troisième par nature. Conlra Eiinomium, 1. III, 1, col. 653. Saint Basile répond que le Saint-Esprit participe t l’unité de la même nature divine que le Père et le Fils, et il le prouve par l’Écriture, les anciens Pères de l’Église, ibid.. 1, col. 653, et la tradition écrite et orale du christianisme. Liber de Spirilu Sancto, xxix, 71, P. G., t. xxxii, col. 200. Saint Basile déclare qu’il n’est pas un novateur. Loin de lui la pensée de forger de nouvelles doctrines ou des termes marqués au coin de la nouveauté. Il établit ses affirmations sur la croyance universelle du monde chrétien, sur ces saints qu’on vénère comme les colonnes de l’Église