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ESPRIT-SAINT


moignages les plus éclatants de l’Écriture sainte, de reconnaître au Saint-Esprit la possession pleine et entière de la nature divine. Dans la Trinité, c’est-à-dire dans le Père, dans le Fils et aussi dans l’Esprit, il n’y a, déclare saint Athanase, qu’une seide nature divine. Epist., IV, ad Serapionem, iii, col. 641.

Enfin, une quatrième série d’arguments est puisée aux sources de la tradition. Saint Athanase déclare qu’il est utile, pour élucider la doctrine du Saint-Esprit, d’interroger l’ancienne tradition, de consulter la foi catholique, donnée par le Seigneur, prêchce par les apôtres, gardée par les Pères de l’Église. Epist., i, ad Serapionem, n. 28, P. G., t. xxvi, col. 594, 595. On perd le droit de se dire chrétien, si l’on renonce à la foi prêchée par l’Église, et cette foi enseigne que la Trinité sainte et parfaite est dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il y a un seul Dieu, qui est au-dessus de tous comme Père, par tous par le Verbe, en tous dans le Saint-Esprit : l’Esprit-Saint est réel ; il existe et subsiste réellement, jtt^p/s’. Y.oà ùyéaTr.y.ev a/.rfi<ùç. Ibid., col. 596.

Que la tradition affirme la divinité du Saint-Esprit, on peut aisément le déduire de la formule du baptême. Si le Saint-Esprit était une créature, le baptême serait conféré au nom d’une créature, et il en résulterait que la Trinité ne serait plus entièrement divine. Cette conséquence est absurde, puisque la foi présente la Trinité comme indivisible. Si l’on rabaissait le Saint-Esprit au rang des créatures, on n’aurait plus ni le Pérc, ni le Fils, ni une seule foi, ni un seul baptême. Ibid., n. 29, 30, col. 596-600. Le baptême conféré au seul nom du Père, ou au seul nom du Fils, ne donne pas la grâce du sacrement. Ibid., n. 29, col. 598.

La doctrine des Pères concorde parfaitement avec les témoignages de l’Écriture et la foi de l’Église catholique. Ibid., n. 32, col. 605. L’Esprit-Saint n’est pas seulement consubstantiel au Père et au Fils, il est aussi une personne distincte du Père et du Fils ; il existe et subsiste. Ibid., n. 28, col. 596. La Trinité existe de toute éternité, et dans la Trinité nous avons le Père, le Fils et le Saint-Esprit comme personnes distinctes. Epist., iii, ad Serapionem, n. 7, col. 636. Celui qui croit au Père, croit au Fils et au Saint-Esprit. Ibid., n. 6, col. 636.

La personnalité du Saint-Esprit est bien mise en lumière, lorsque saint.thanase réfute les tropiques qui faisaient cette objection : « Si le Saint-Esprit n’est pas une créature, nous aurions un autre Fils de Dieu, ce qui ferait deux frères en Dieu, le ^erbe et le Saint-Esprit. » Epist., IV, ad Serapionem, n. ], col. 637. En réponse, le saint docteur déclare que le Saint-Esprit est à l’égard du Fils dans la même relation d’ordre et de nature que le Fils l’est à l’égard du Père. Epist., i, ad Serapionem, n. 21, col. 580. Si le Fils est donc une personne distincte du Père, le Saint-Esprit est aussi distinct du Fils et en même temps du Père. L’Écriture sainte ne donne jamais au Saint-t-^sprit le nom de Fils : il y est désigné sous les noms d’Espril-Saint ou il’Esprit de Dieu. De même, le Fils n’y est jamais désigné sous le nom de Saint-Esprit. Epist., iv, ad Serapionem, n. 3, col. 641. L’Église professe sa croyance au Père, au Fils et au Saint-Esprit : au Père, qu’il serait absurde d’ajjpeler Fils ; au Fils, qu’il serait absurde d’appeler Père ; à l’ivsprit, qui n’a ni le nom de Père, ni celui de l’ils. (^elte foi de l’Église n’est pas j sujette à des variations. Le Père est toujours Père ; le I I-"ils est toujours Fils ; l’Esprit est toujours Esprit, et il ne saurait être appelé autrement. Ibid., n. 6, 7, col. 645, 648.

Le traité De inrarnatione et contra arianos renferme un texte très explicite sur la personnalité du Saint-Esprit- : « Il y a une seule divinité, un seul Diei eu

trois personnes, » 10, P. G., t. xxvi, col. 1000. Remarquons toutefois que l’authenticité de ce livre est contestée et qu’on lui donne pour auteur Apollinaire de Laodicée. Bardenhewer, Patrologie, Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 212 ; Lopatine, p. 221-223.

La pensée de saint Athanase sur la divinité et la consubstantialité du Saint-Esprit est nettement formulée dans les textes précédemment cités. Il y a, sans doute, quelques passages obscurs dans les œuvres du saint docteur. "Voir Nôsgen, p. 46, 47. Mais ces passages, tous susceptibles d’un sens catholique, ne donnent pas le droit de lui reprocher d’avoir laissé dans l’ombre la personnalité du Saint-Esprit. Harnack, Dogmengeschichte, t. ii, p. 277, 278. On pourra bien dire que la théologie trinitaire d’Athanase n’est pas de tout point achevée, Tixeront, op. cit., t. ii, p. 74, 75, mais on doit aussi reconnaître que saint Athanase a été un vaillant défenseur de la doctrine traditionnelle de l’Église sur le Saint-Esprit, et que, le premier, il l’a établie sur de solides bases théologiques.

2. Saint Cyrille de Jérusalem consacre deux catéchèses à l’étude de la théologie du Saint-Esprit, la xvi^ et la xvii^ P. G., t. xxxiii, col. 917-1012. Mais, avec lui nous sortons du domaine de la théologie dogmatique, pour entrer dans le domaine de la théologie affective et mystique. On sait le but que saint Cyrille se propose dans ses catéchèses. Il veut expliquer aux catéchumènes, d’une manière claire et concise, les vérités les plus importantes de la doctrine catholique. Pour remplir sa tâche, il remonte aux sources les plus pures de la tradition. Les deux catéchèses xvi et XVII renferment une esquisse historique de la révélation et de la manifestation du Saint-Esprit dans le monde. Le Saint-Esjirit apparaît préparant le terrain à l’incarnation du Verbe, et, l’oeuvre de la rédemption achevée, continuant son rôle de sanctificateur des âmes, de distributeur de la grâce dans l’Église chrétienne. Tout d’abord, saint Cyrille s’elïorce de prémunir les âmes chrétiennes contre les hérétiques, anciens et nouveaux, qui blasphèment le Saint-Esprit. Le premier pneumalomaque est Simon le Magicien. Cat., XVI, 6, col. 925. Les gnostiqucs et les valent iniens aiguisèrent aussi leurs traits contre le Saint-Esprit. D’autres imaginèrent deux esprits du Seigneur, l’un pour l’Ancien Testament, l’autre pour le Nouveau. Ibid., col. 925. Marcion prêchait le trithéisme et lançait contre le Saint-Esprit des blasphèmes qu’il répugne de rapporter. Ibid., 7, col. 928. Les cataphrygiens étaient aussi des i)neumatomaques. Montan se croyait le Paraclet annoncé par le Seigneur. Ibid., 8, col. 928. Manès, qui personnifiait les horreurs de toutes les hérésies, suivait l’exemple de Montan. Ibid., 9, col. 930. Sabellius reniait la trinité des personnes en Dieu et réduisait le Saint-Esprit à une simple modalité de la nature divine. Arius séparait les trois personnes en Dieu et mettait le Saint-lCsprit au nombre des créatures. Ibid., 4, col. 921. Contre toutes ces hérésies, l’Église catholique élève la voix pour déclarer qu’il y a un seul F.sprit de Dieu, un seul Paraclet ; que cet Ivsjirit possède la puissance suprême de la divinité ; qu’il est quelque chose de divin, d’impénétrable aux regards humains ; qu’il est une personne vivante, une nature intelligente, le sanctificateur des êtres créés ; qu’il inonde les âmes de sa lumière céleste ; qu’il parle par les prophètes de l’Ancien Testament et les apôtres du Nouveau. Il y a un seul Dieu et Seigneur de l’ancienne loi et de la loi de grâce ; il y a un seul l’ils, annoncé dans les prophéties de l’.Xncien Testament, apparu au monde dans le Nouveau ; il y a un seul Esprit qui a prophétisé la venue du Christ, et qui, après l’incarnation, est descendu sur le Christ et l’a révélé au genre humain. Ibid., iii, col. 920. Celle pro-