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ESPRIT-SAINT


Videliir sanctiis Ilieronijmas oh sludium fidei, quo (oins p<igraba(, nimis scocrum se Lnclanlio animaducrsorem prœbuisse. Op. cil., 1. IV. c. xxii, p. 543.

Un rapide coup d’oeil sur la théologie trinitaire anténicécnne atteste donc que la tradition chrétienne touchant la divinité et la personnalité du Saint-Esprit était déjà fixée dans la littérature patristique des n’^et iirsiècles. qu’elle s’est maintenue intègre au milieu des controverses trinitaires qui aboutissaient à l’arianisme ou au macédonianisnic. L’indigence du langage theologique, les tâtonnements de la pensée chrétienne qui travaillait à élarL’ir ses horizons, à puiser quelquefois dans la spéculation les armes pour abattre ses adversaires, ne réussirent ni à l’effacer ni à l’altérer. Les Pères et écrivains anténicéens ont pu faillir dans l’exposé de leurs théories trinitaires ; mais leur langage a toujours été ferme et constant, toutes les fois qu’il s’est agi d’affirmer la consubstantialité des trois personnes divines, de revendiquer pour le Saint-Esprit la possession pleine et absolue de l’être divin, le droit aux mêmes honneurs et à la même adoration que le Père et le Fils.

3° Les Pères grec ? du iv’e siècle. — Au ive siècle, la théologie trinitaire, suivant les lignes marquées par la tradition, atteint son complet et parfait développement. La doctrine du Saint-Esprit, de même que celle du Verbe, se condense en des formules qui la précisent et lui permettent de repousser victorieusement toutes les attaques. C’est le siècle, comme on l’a dit, des grandes hérésies, mais en même temps le siècle des grands docteurs. On connaît les belles paroles de saint Augustin sur le développement du dogme : Mulla f/uippe ad fidem calliolicam perlincnlia dum liarclicorum callida inquieludine exagilanliir, ul adversus eos defendi possinl, el considerantur diligenliiis, et intelligunliir clarius, el inslanlius prædicanlnr. De civilale Dei, 1. XVI, c. II, 1, r. L., t. xli, co !. 477. Ces paroles s’appliquent très bien au développement de la doctrine du Saint-Esprit. Les hérésies lui donnèrent l’essor et poussèrent la pensée chrétienne à le poursuivre avec succès. L’arianisme s’attaquait surtout i la divinité du Verbe, mais, par un enchaînement logique, il aboutissait aussi à la négation de la consubstantialité divine du Saint-Esprit. l’n fragment de la Thalic, conservé par saint Athanase, nous apprend que, d’après l’hérésiarque alexandrin, la personne du Saint-Esprit ne possédait pas la même nature que le Père. De synodis Arimini et Seleuciæ, xv, P. G., t. xxvi, col. 708. Arius, qui donnait au Verbe une nature créée, mettait aussi le Saint-Iisjjrit au nombre des créatures. Voir Tixeront, Hisloirc des dogmes, Paris, 1909, t. II, p. 28. L’hérésie macédonienne, et en général les hérésies 7 : /£-.^ij.aTou.iyo0vT£ ;, pour adopter l’expression de saint.thanase, dérivent en droite ligne de l’arianisino.

En présence de la double négation de la divinité du Verbe et du Saint-Esprit, les Pères du ive siècle, sans méconnaître l’incompréhensibilité du dogme de la Trinité, jugèrent néanmoins qu’il fallait demander, soit à l’Écriture sainte, soit h la raison éclairée par la foi. les armes nécessaires : la défense de la tradition dogmatique. Ils recueillirent donc et soumirent à une élude approfondie les textes scripturaires qui se rapl >ortent au Saint-Esprit ; ils donnèrent à leur terminologie une forme plus nette et plus arrêtée : ils discutèrent en théologiens sur la nature du Saint-Esprit. Ils livrèrent ainsi à la postérité tous les matériaiix pour asseoir sur des bases solides la théologie du Saint-ICsprit.

Les Pères du iv siècle continuent assurément la tradition primitive de l’Église touchant la divinité et la personnalité <lu Saint-I^sprit. Mais il y a, chez eux, un élément nouveau, l’élément de la spéculalion théolo gique qui bégayait avec Irénée, Origènc et Tertullien. Ils ont traduit en formules précises les données de la tradition sur le Saint-Esprit, en en retranchant les termes ambigus et flottants. Ils ont apporté aux problèmes les plus ardus de la théologie du Saint-Esprit des solutions qui ont permis à l’Église de mieux défendre le dogme trinitaire.

1. Saint Athanase ouvre la série des théologiens du Saint-Esprit au iv siècle. Sa doctrine sur le Saint-Esprit est développée avec ampleur dans les lettres i, m, IV, à Sérapion, évêque de Thmuis. Sérapion lui avait écrit précédemment en lui donnant des détails sur l’apparition d’une nouvelle secte issue de l’arianisme, secte qui rabaissait le Saint-Esprit au niveau des créatures. Epist., i, ad Serapionem, 1, P. G., t. xxvi, col. 532. La doctrine de saint Athanase sur l’Esprit-Saint est résumée dans le Liber de Trinilale et Spiritu Sanrlo, dont on ne possède qu’une version latine. Mais nous ne tiendrons pas compte de ce petit ouvrage, qui est classé parmi les écrits douteux du saint docteur.

Pour confirmer la divinité du Verbe, définie par le concile de Nicéc, saint Athanase démontre aussi la vérité de la croyance chrétienne sur la divinité du Saint-Esprit. Il la démontre contre les attaques d’une secte nouvelle, qu’il désigne sous le nom de secte des tropiques, Tjo-r/.o !, Episl., i. ad Serapionem, 17, col. 572. L’hérésie des tropicjues n’est autre, dit saint Athanase, que le fruit d’une ignorance grossière. Ces hérétiques altéraient le véritable sens de l’Écriture sainte et regardaient comme des rpono : ou métaphores les passages scripturaires où le Saint-Esprit est mentionné. Ibid., 21, col. 580. Voir Cavallera, Saint Athanase, 1908, ]). 23. Ils répandaient sur le Saint-Esprit des théories absurdes, qui étaient cependant en parfait rapport avec l’inipiélé arienne. Ibid., 32, col. 605. On a identifié ces sectaires avec les semi-ariens ; mais ce n’est là qu’une simple présomption. Rien ne s’opiiose à ce qu’on considère les tropiques comme une secte à part. Cyrille (Lopaline), La doctrine de saint Allianusc le Grand sur la sainte Trinité (en russe). Kazan. 1894, ]). 197.

Pour combattre la nouvelle hérésie, saint Athanase puise ses arguments à deux sources différentes : à l’ICcriturc sainte expliquée au sens catholique et à la tradition des apôtres, telle qu’elle est transmise par l’enseignement des Pères. Ces sources ne répandent pas leurs eaux hors de l’enceinte de l’Église. Ibid., .33, col. 605. A plusieurs reprises, le saint docteur proteste qu’il s’en tiendra à ces deux sources, qu’il est téméraire de sonder les mystères de la vie intime de Dieu, que la science de la Trinité ne repose pas sur des syllogismes humains, mais sur l’autorité de la foi d’une intelligence pieuse et circonspecte. Ibid., 20, col. 577. La philosophie n’est pas appelée par lui à projeter sa lumière sur le dogme.

Les premières preuves de la divinité du Saint-Esprit, dans la première lettre à Sérapion, sont des preuves scripturaires. Athanase y réunit un grand nombre de textes de l’.Vncicn et du Nouveau Testament. 5. 7, 8, col. 511-548, 548-552. Il donne une règle facile pour discerner dans l’Écriture sainte les passages qui se rapportent au Saint-I]spril. « Si quelque part on trouve l’Esprit-Saint appelé simplement esprit, sans additions comme de Dieu. Gen., I, 2 : Jud., xv, 14 ; Mallh., xii, 28 ; du Père, Malth., X, 20 ; de moi, Gen.. vi. 3 ; du Christ, Hom.. viii, 9 ; du /"//.s, Gal., iv, 6, ou même sans article, il n’est pas question de l’Espril-Saint. « Epist., i, ad Serapionem, 4, col..53, 5.36. Mais le langage de la sainte Écriture n’est pas toujours clairet le sens du mot esprit est multiiile : les hérétiques peuvent donc facilement abuser de ces textes pour sii)primer en