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ENFER D’APRÈS LES PÈRES


Jeste et l’étang ardent des tourments éternels, xiv, 19 :

XX, 1 5 ; XXI, 8. A tous ceux dont les noms ne seront pas écrits sur le livre de la vicia dainnation. in.5 ; xx, 1215 ; XXI, 27. Cette damnât ion qui est l’exclusion du livre de vie, est appelée la seconde mort, ii, 11 : xx. 0, 11 :

XXI, 8 ; l’extermination, xi, 18. Cette mort n’est pas l’anéantissement, mais iincpriation de la vie divine, XXI. 8, 27 ; XXII, 15, en un lieu de supplices éternels et liorrilîles, dont le plus sensilile est le feu. Ce li(Hi est le puits de l’abîme, ix, 2. Il est préparé pour quiconcpie portera le caractère de la bête, xiv. 10. 11. Dieu irrité contre les coupables les tourmentera dans le feu et le soufre en présence des saints auges, et la fumée de leurs tourments montera pendant tous les siècles et les damnés n’auront de repos ni jour ni nuit. A la fin des temps, le diable sera jeté dans le goufre de feu et de soufre avec la bête et le faux propliète, où ils y seront tourmentés jour et nuit jiendant tous les siècles. XX, 0, 10. Après le jugement, l’enfer et la mort seront jetés dans l’étang de feu ainsi que tous ceux dont les noms ne sont pas inscrits au livre de vie, 14, I.t ; cf., xiii, 8, 27 ; xxii, l.’j.

Pour résumer en quelques mots le développement de la doctrine de l’enfer dans l’Écriture sainte, nous pouvons distinguer trois phases dans r.Vncien Testament et trois dans le Nouveau. — 1° Pour l’Ancien Testament. — 1. Des orir/ines aux prophètes, ce sont concepts rationnels vagues sur les sanctions ultraterrestres, préservés de toute erreur par l’Esprit divin qui inspire de plus aux auteurs sacrés un vif sentiment des jugements inéluctables de Dieu. — 2. Les prophètes ont la vision nette des sanctions elles-mêmes avec leur durée éternelle : existence d’un enfer de damnation et de supplices positifs sans fin. — 3. Les dcutérocanonitjues. avec un exposé plus étendu <de ces supplices et de leurs rapports avec les péchés qui les méritent, commencent à étudier l’importance vitale universelle de cette doctrine de l’au-delà et à s’élever ainsi de plus en plus au-dessus de ce monde qui passe. — 2° Pour le Nouveau Testament. — l.Dans l’Évangile. Jésus-Christ révèle complètement la substance de la théologie de l’enfer : dam, feu, inégalité, éternité, châtiment de tout péché mortel après la mort. — 2. Saint Paul développe synthétiquement l’eschatologie infernale, dans le cadre général de sa théologie. — 3. Saint Jecm retrace la réalité très complète, partiellement très matérielle, du lieu et des supplices de cet abîme de feu où seront dans les siècles des siècles tous les sectateurs de la cité du mal.

II. ENFER D’APRÈS LES PÈRES. — Pour l’enfer, la

tradition ne constitue pas de source spéciale de révélation : il n’y a pas de tradition purementorale. Elle ne fait, ordinairement, que répéter ce qui était déjà clairement et explicitement dans la sainte Ecriture. Cependant, elle fait davantage sur quelques points ; elle certifie ou même détermine le sens un peu obscur ou douteux de la révélation écrite, par exemple, pour la localisation de l’enfer, la damnation des enfants, le feu, le moment où l’enfer commence pour les damnés, la miligation, etc.

Le magistère chrétien a surtout rempli le rôle, au point de vue spéculatif, de développer la foi à l’enfer en dogme précis, puis en tliéologie savante.

La foi à l’enfer et à l’enfer éternel ayant été dès l’origine un de ces articles fondamentaux, enseignés par Jésus-Christ et ses apôtres à l’Église, non pas implicitement, mais très explicitement, le développement de la connaissance de l’enfer n’a pas passé par les trois époques ordinaires : stade implicite, discussions, foi explicite. Cependant, l’histoire de la doctrine de l’enfer chez les Pères peut se diviser

ainsi : I. Pacifique possession de hi foi. II. Lutte contre l’hérésie. III. Dogme défini.

I. Pacifique possession de la. roi. — 1° Pères apostoliques. — On ne trouve dans leurs courts écrits que très peu de passages explicites sur la sanction infernale. Celle-ci est évidemment implicite dans k^ doctrines répétées de la vie et de la mort éternelle. Cf. Didaché, i, 1, les deux voies, celle de la vie et celle de la mort, Funk, Patres aposlolici, 2e édit., Tubingue, 1901. t. i.p. 2 ; Epist. Barnabæ, i, 18, iv, 13 ; XX, 1, est enim via mortis wlernæ cum supplicie, in qua sunt quæ perdant animam hominum, Funk, p. 48, 91. et l’auteur énumère ceux qui seront ainsi damnés : tous les pécheurs. Saint Clément parle des maudits de Dieu et il les oiJjiose aux bénis de Dieu. /" Cor., xxx. 8, p. 138. Selon la // » ad Cor., qui est un vrai sermon sur le salut éternel, si nous ne faisons pas la volonté du Christ et si nous méprisons ses commandements, rien ne nous arracliera à l’éternel supplice, vi, 1. p. 190 ; pour ceux qui n’auront pas gardé le sceau du baptême, vermis eorum non morietur et if/nis corum non exlinquctur et erunt in visionem omni carni, VII. 6. p. 192. Cf. Is., Lxvi. 24. Voir aussi, xvii, 5, p. 206, postquume nuindo exivimus non amplius possumus ibi confilcri (j£otio).oYr, ija(j6a’.) aut pœnitentiam agere, viii, 3, p. 192, 193.

Saint Ignace d’Antioche, Arf Magn., v, 1, p. 234, dit que deux choses sont proposées en même temps : la vie et la mort et que chacun ira en son propre lieu. Le châtiment futur, c’est l’exclusion du royaume de Dieu et le feu inextinguible. Ad Eph., xvi, 1, 2, Funk, p. 226. Enfin, Ad Smyrn., ii, p. 276, saint Ignace dit des hérétiques qui prétendent que Jésus a souffert en apparence seulement, qu’après la mort ils seront sans corps et pareils aux démons, àato|j.àTot ; y.oc’t SaiiJ.ovtv.oï ;.

Saint Polycarpe. Ad Phil., , 3, p. 302, recommande la pratique de la chasteté, parce que les impudiques seront exclus du royaume de Dieu, v, 3 (citation de I Cor., VI. 9, 10). Dans le Marlyrium S. Polijcarpi (155), l’Église de Smyrne parle de ses martyrs qui méprisaient les tourments de ce monde, se rachetant du supplice éternel en l’espace d’une heure ; le feu de leurs cruels bourreaux leur paraissait froid, parce qu’ils avaient devant les yeux le feu éternel et inextinguible qu’ils fuyaient, ii, 3, p. 316. A son tour, Polycarpe répond au proconsul, qui le menace de le jeter dans un brasier : « Tu me menaces d’un feu qui ne brûle qu’une heure et qui s’éteint peu après ; tu ignores, en effet, que le feu du jugement futur et de la peine éternelle est réservé aux impies, » xi, 2, p. 320.

Des cinq visions d’Hermas, la troisième, la plus importante, représente l’Église sous la forme d’une tour que les anges construisent avec des pierres taillées : les pécheurs, qui veulent faire pénitence ne sont pas loin de la tour ; s’ils font vraiment pénitence, ils seront utilisés pour la construction, tant que celle-ci durera ; mais quand la bâtisse sera terminée, il n’y aura plus de place pour eux, et ils seront réprouvés, ’é-/.^oXoi, yis., III, v. 5 ; d’autres pierres sont rejetées bien loin, ce sont les flls d’iniquité, dont la foi n’était pas sincère, n’ayant pas rejeté toute corruption ; ceux-là ne seront pas sauvés. VI, 1. Funk, p. 442, 444. Hermas distingue ensuite trois catégories de pierres rejetées loin de la tour : il y a les croyants qui ont douté et ont pensé trouver une meilleure vie ; ils errent et ils sont malheureux en marchant dans des lieux sans chemin ; il y a ceux {(ui tombent dans le feu et y brûlent : ce sont ceux qui à la fin se sont éloignés de Dieu et n’ont pas fait pénitence de leurs fautes : il y a enfin les catéchumènes que la chasteté de la vérité efi’raie et éloigne du baptême. VII, 1-3. p. 440.