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ENFER DANS L’ECRITURE SAINTE

Eschatologie von Danici 61s AAifia, Tubingue, 1903, p. 270292 ; J.-B. Frey, I.a //poiogi’c ; » ! uc(lit ! i.), Rome, 1910, l’eschatologie définitive, l, iv. Cf. W. Bousset, Die Religion des Jiidenlluinis im neiilestamenilichen Zeitalter, Berlin, 1903 ; Tixeront, Jlisloire des dogmes, Paris, 1906, t. i, p. 31-46, 49-52. Voir t. i, col. 1480-1491. F. Martin, Le livre d’IIénoch, Paris, 1906, p. x.xiv-xxxvii ; E. ïisserant, Ascension d’Isaie, Paris, 1909, p. 30-31 ; J. Viteau, Les Psaumes de Salomon, Paris, 1911,’p. 56-63.

II. Dans le Nouveau Testament. — Saint Jean-Baptiste, pour pousser à la pénitence, avait déjà précité la colère future et le feu où sera précipité l’arbre infructueux, et la fournaise inextinguible qui consumera la paille rejetée par le vanneur ; or, celui-ci va venir nettoyer parfaitement son aire. Luc, iii, 7, 9, 17 ; cf. Matth., iii, 10, 12 ; Joa., iii, 36.

1° Jésus-Christ. — En effet, Jésus-Christ vient enfin et c’est le grand révélateur de l’au-delà. Sur son existence, sur sa nature et sur ses relations avec le Dieu vivant et personnel qui est notre Père, c’est lui qui a apporté aux hommes la certitude et la clarté définitives.

1. Exhortations.

Jésus commence par prêcher la bonne nouvelle du royaume qui approche, qui se réalise enfin dans l’humanité ; il y prépare les âmes ; il en promulgue la loi et il exhorte sans cesse à la pratique de cette loi. Il propose pour cela à ses auditeurs des motifs divers ; l’un des plus souvent invoques est tiré du salut éternel qui est en jeu. Il y a, en effet, un état de péché qui pour l’éternité, n’aura pas de rémission, mais rendra coupable d’un crime éternel. Marc, III, 29. Cf. Matth., xii, 32 ; Joa., viii, 20-24, 35. Et le crime irrémissible aura son châtiment éternel, la géhenne de feu. Dans le sermon sur la montagne, en effet, le Maître recommande, sous peine de ce supplice terrible, la charité fraternelle. Mat tli., v, 22. Il ordonne de même la chasteté à tout prix, fallût-il sacrifier son œil droit et sa main, objets de scandale, pour que le corps ne soit pas jeté dans la géhenne. Matth., v, 29, 30. Avant de conclure cette promulgation de la loi nouvelle, Notre-Seigneur ouvre enfin la perspective de deux avenirs différents : aux uns, le royaume des cieux, aux autres, l’éloignement de Jésus qui ne les connaît pas. Matth., vii, 21-23.

A Capharnaiim où la foi du centurion excite son admiration, il prophétise la vocation des gentils à la béatitude céleste et la destinée de certains juifs aux ténèbres extérieures, où il y aura des pleurs et des grincements de dents, Matth., viii, 11, 12, ; /)/ erit flelus rt slridor dentium. Voir Dam, t. iv, col. 22, pour l’explication des ténèbres extérieures ; les pleurs expriment la douleur ; le grincement des dents, le désespoir et la rage.

Aux Douze qu’il envoie prêcher, il enseigne à craindre celui qui peut tuer l’âme et le corps pour la géhenne. Matth., X, 28.

Mais le résume le plus vigoureux de ces exhortations morales se trouve dans Marc, ix, 42-48. Cf. Matth.,’xviii, 8-9. Le Maître veut prémunir de nouveau ses disciples contre le scandale, cette grande cause de la perte des âmes : « Si ta main te scandalise, dit-il, coupe-la ; il vaut mieux entrer manchot dans la vie (éternplle) que d’aller avec ses deux mains dans la géhenne, dans le feu inextinguible, où leur ver ne meurt pas et leur feu ne s’éteint pas. » Le même refrain est répété après deux couplets que le p arallélisme rend de plus en plus poignants : « Et si ton pied te scandalise, coupe-le ; il vaut mieux entrer estropié dans la vie (éternelle) que d’être jeté avec deux pieds dans la géhenne du feu inextinguible (Vulg.), dans la géhenne, dans le feu inextinguible (texte grec), où leur ver ne meurt pas et leur feu ne s’éteint pas. Et si ton œil te scandalise, arrache-le ;

il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’être jeté dans la géhenne (du feu), où leur ver ne meurt pas et leur feu ne s’éteint pas. Oui, tous seront salés par le feu comme on sale des victimes avec du sel. » En face du royaume de Dieu, où est la vie, il y aura éternellement un enfer de feu inextinguible, et de ver rongeur indestructible, supplice éternel des damnés. La formule : ubi vermis eorum non moritur et ignis non cxtinguitur, est une citation littérale d’Isaïe, lxvi, 24. Cf. Eccli., vii, 19 ; Judith, 20, 21.

2. Paraboles.

La seconde forme d’enseignement du Sauveur fut la parabole. Or, fréquemment sous ce voile symbolique, les perspectives éternelles se cachent de façon à se révéler à qui a les yeux pour voir. Plusieurs ont trait à l’enfer. Cf. Fillion, Commentaire sur S. Matthieu, Paris, 1878, p. 257 sq. Dans une première série qui a pour objet le royaume de Dieu, Matth., xiii ; Alarc, iv ; Luc, viii, deux nous renseignent sur la destinée des méchants rejetés du royaume : celle de l’ivraie et celle du filet rempli de poissons bons et mauvais.

Parabole de l’ivraie. Matth., xiii, 24-30. L’n homme n’avait semé que du bon grain dans son champ ; son ennemi y sème de l’ivraie pendant la nuit. Les épis formés, l’ivraie apparaît et les serviteurs veulent aller l’arraclier aussitôt ; mais le propriétaire du champ préfère attendre la moisson,.lors il dira aux moissonneurs d’arracher d’abord l’ivraie et de la lier en gerbes pour la livrer au feu. I^e Sauveur a expliqué lui-même à ses apôtres cette parabole. Matth., xiii, 37-43. L’homme qui n’a semé que du bon grain, c’est le Fils de l’homme (lui,.Jésus) ; le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du royaume ; rivraie, ce sont les fils du mauvais, ylol toO TTovopoCi. Le mauvais, l’ennemi qui a semé l’ivraie, c’est le diable. La moisson, c’est la consommation du siècle et les moissonneurs seront les anges. Voici maintenant le sort des méchants : « De même qu’on rassemble l’ivraie et qu’on la brûle au feu, ainsi ferat-on à la consommation du siècle ; le Fils de l’homme enverra ses anges ; ils ramasseront de son royaume tous les scandales et tous les ouvriers d’iniquité et ils les précipiteront dans la fournaise de feu ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Cf. S. Thomas, In Matth., Opéra, Paris, 1876, t. xix, p. 433 sq.

Parabole du filet. Matth., xiii, 47-50. Le filet retiré plein de poissons, le pêcheur trie les bons poissons qu’il recueille et les mauvais qu’il jette dehors. « Ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Les anges viendront et feront la séparation des justes et des impies et ils jetteront ceux-ci in caminum ignis. Ibi erit flelus et slridor dentium. »

Dans une autre série de paraboles, voici celle « lu grand festin, Luc, xiv, 16-24, dans laquelle le Maître déclare qu’aucun des invités rebelles ne goûtera à son repas, symbole de la béatitude céleste ; et puis celle de Lazare, le pauvre mendiant et du mauvais riche. Luc, xvi, 19-31. Le pauvre, qui avait souffert avec patience, étant mort, fut porté par les anges dans le sein d’Abraham ; le riche sans cœur mourut, lui aussi, et fut enseveli (selon la ponctuation du texte grec). Dans l’Hadès, comme il était dans les tourments, il leva les yeux et vit de loin Abraham et avec lui Lazare. « Père Abraham, cria-t-il, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper l’extrémité de son doigt dans l’eau pour m’en rafraîchir la langue, quia crueior in hac flamma. » Abraham répond : « Mon fils, rappelle-toi que tu as eu du bonheur pendant ta vie et que Lazare n’avait alors que des maux ; maintenant il goûte ici la consolation, et toi tu es dans les tourments. De plus, entre nous et