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CO :  ! ESPAGNE (ÉGLISE D’), LES SCIENCES SACRÉES — ESPENCE G04

dessus ont écrit au xvie siècle. Voir t. i, col. 2053.

Durant les siècles postérieurs, l’Espagne a encore eu des écrivains de très grande valeur dans cette science. Tels soyt Jean de Palafox, évéquc d’Osma, le jésuite Eusèbe de Nieremberg, le franciscain Antoine Arbiol, etc. Mais nous ne pouvons pas nous étendre. Il ne nous est pas permis cependant de passer sous silence la Cité mystique de Dieu, écrite par la vénérable Marie d’Agréda. Attaque par les uns avec une passion manifeste, défendu par les autres avec une constance inlassable, cet ouvrage a eu une multitude d’éditions, et ce qu’on a écrit à son sujet forme toute une bibliothèque. On y a mêlé des questions de politique et des querelles d’école. Sans vouloir nous occuper des débats soulevés au xviie siècle, il nous suffit de dire qu’un grand nombre de théologiens et des meilleurs ont jugé que cet important ouvrage pouvait grandement profiter aux âmes. Voir t. i, col. 627631.

P. Dominique de Caylus.

    1. ESPARZA ARTIEDA (Martin d’)##


ESPARZA ARTIEDA (Martin d’), compté par saint Alphonse de Liguori parmi les docteurs probabilistes graves, naquit à Escaroz (Navarre) en 1606, entra dans la Compagnie de Jésus en 1621, enseigna la théologie à Valladolid, à Salamanque et à Rome. Théologien du P. général Oliva et censeur général des livres, il fut un des cinq premiers examinateurs de l’ouvrage du P. Thyrse Gonzalez contre le probabilisme ; on lui attribue la rédaction du jugement défavorable qu’ils rendirent le 18 juin 1674. Ce jugement a été publié par Concina, Difesa délia C^^ di Gcsù, Venise, 1767, t. ii, p. 31. Esparza publia son cours de théologie, d’abord par parties, sous le titre : Quxstiones dispulandæ, en 9 in-12, Rome. 1655-1660 ; dans la 3e édition, il en a formé 2 in-foi., intitulés : Cursus theologicus… juxla methodum quæ in scholis Sociclalis Jesu communiler iradiiur annis quaiernis, Lyon, 1666. Il arepris à part et spécialement développ J la question du probabilisme dans Appendix ad quæslionem de usulicitoopinionis probabilis continens responsionem ad quædani recenliorum argumenta, in-40, Rome, 1669 ; aussi reproduit dans Y Apologeticus du P. Honoré Fabri, Lyon, 1670. Esparza combat vivement le tutiorisme et le probabiliorisme ; mais son probabilisme ressemble à Véquiprobabilisme de saint Alphonse, car, d’après lui, on ne peut regarder comme probable, ni suivre, une opinion qui est notablement et évidemment moins fondée que sa contradictoire. Ce théologien a aussi publié un petit écrit sur la conception de la Vierge, Immaculata Conccplio Beatse Marisa Virginia, deducta ex origine peccati originalis, Rome, 1655. Il mourut à Rome’le 21 avril 1689.

De Backer-Sommervogel, Bibliothèque de lu C" de Jésus, t. III, col. 449-452 ; Hurter, Nomenclator, t. iv, col. 358-359 ; DôUiiiger-Reusch, Geschichte dcr Moralstreiligkeilen, t. l, p. 46, 90-92, 123-124 ; Reusch, Der Index, t. ii, p.233.

Ji Brucker.

    1. ESPÈCE HUMAINE##


ESPÈCE HUMAINE. Voir Homme.

    1. ESPÈCES SACRAMENTELLES##


ESPÈCES SACRAMENTELLES. Voir Eucharistiques (Accidents).

    1. ESPENCE (Claude Togniel d’) ou d’EPENSE##


ESPENCE (Claude Togniel d’) ou d’EPENSE,

en latin Espencœus, d’une famille originaire du village de ce nom (Marne, arr. de Sainte-Ménehould), naquit à Châlons-sur-Marne en 1511. Il fit ses études à Paris, au collège de Calvi, puis à celui de Beauvais, enfui au collège de Navarre, dont il devint l’un des régents les plus appréciés. Il y trouva comme condisciple Charles de Lorraine, le futur cardinal, avec lequel il noua d’intimes relations. Le succès de son enseignement fut tel que l’université le choisit pour recteur en 1540. Mais il resta très peu de temps en charge.

Il n’était pas encore docteur. Il soutint s. s thèses l’année suivante et eut pour partenaire en cet examen Denys Bricluinteau. Les troubles que suscitait alors la difiusion des idées protestantes ne devaient pas l’épargner. Il avait grand renom de prédicateur. En 1543, pendant la station quadragésimale qu’il donnait à Saint-Merrv, il critiqua assez vivement les ouvrages d’hagiographie populaire, en particulier la Légende dorée. Accusé, pour ce fait, d’hétérodoxie, il dut se laver de ce soupçon devant la faculté de théologie. Ses explications furent acceptées. Il continua, en effet, ses prédications en même temps que ses travaux théologiques. Le ms. fonds français n. 454 de la Bibliothèque nationale renferme une série de sermons qu’il prêcha en 1557 et qui se rapportent aux controverses du temps.

Mais ses relations avec Charles de Lorraine l’avaient mis en relief. Aussi, en 1544, François l’^' le convoquait-il au colloque de Melun qui, sous la présidence de Pierre Chastellain, évêque de Mâcon, devait préparer le programme du futur concile. Si nous l’en croyons lui-même, il y joua un rôle très important. En tout cas, lorsque Henri II décida, en 1547, d’envoyer, comme ambassadeurs au concile, Claude d’Urfé et Michel de L’Hospital, il leur adjoignit d’Espence avec le titre de théologien du roi. La dispersion des Pères hâta son retour en France. L’année suivante, il publiait ses deux premiers ouTages : V Institution du prince chrestien, dédié à Henri II, et le Traiclé contre l’erreur vieil et nouveau des prédestinez. Dans ce dernier, il attaquait les théories calvinistes surtout sous la forme que leur avait donnée Théodore de Bèzc. En 1550, il traduisait de saint Anselme le Sermon sur l’évangile des deux soeurs. Charles de Lorraine l’appelait, en 1555, à la commission qui, sur la demande de saint Ignace, devait se prononcer sur l’admission de la Compagnie de Jésus en France. La même année, il accompagnait son protecteur à Rome. Il y rendit compte de sa foi au pape Paul IV, auquel il plut et qui, même, manifesta l’intention de le créer cardinal.

La mort de Henri II, dont il se plaint de n’avoir pas été apprécié, et les troubles religieux qui la suivirent, lui permirent de manifester à nouveau son activité théologique. Il prit part aux États d’Orléans de 1560 qui s’occupèrent, sans succès d’ailleurs, de la réforme de l’Église. Il y tint une attitude moyenne qui commença à lui attirer des attaques de la part des catholiques intransigeants. Au colloque de Poissy, où il voulut garder la même figure de modéré, tout en repoussant et réfutant les théories des ministres protestants, il excita de plus en plus les défiances. On lui attribua alors un traité anonjmie sur le culte des images, qui semblait trop se rapprocher des négations calvinistes. Il s’en défendit. La reprise du concile de Trente ramenait l’attention des théologiens sur les questions qui devaient y être traitées. L’une d’entre elles intéressait surtout la France : celle de la discipline matrimoniale. C’est à ce sujet que d’Espence consacra en 1561 tout un traité, le De clandestinis medrimoniis. Il y soutenait la théorie française, qui ne devait pas prévaloir au concile, de la nullité des mariages contractés par les fils de famille sans le consentement de leurs parents. N’aj-ant pu, pour raison de santé, suivre le cardinal de Lorraine à Trente, il resta en correspondance étroite avec les théologiens qui s’y étaient rendus, en particuher avec Claude de Sainctes. Il pubhe alors une série de sermons en latin qui se rapportent aux controverses du temps. De silentio et unitate Ecclesiæ, De vi verbi Dei in sacris mijsteriis (1561). Il s’adonne aussi à la poésie sacrée et imprime son Sacrarum Hcroidiim liber, oii il met en scène les personnages de l’Évangile. Mais ses