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ENFER DANS L’ECRITURE SAINTE


pleins d’cfiroi à la pensée de leurs péchés et accablés sons le témoignage de leurs crimes, iv, 20 ; en face de leurs anciens persécuteurs, les justes, debout en grande assurance, v, 1. Alors les décisions : les impics, 2-15, stupéfiés et épouvantés horriblement de ce changement de destinées, avouent leur folie et leur culpabilité. Aux justes, au contraire, IG, 17 (Vulg.), la vie é/eyne//e, auprès’du Seigneur, dans son magnifique royaume. Enfin l’exécution de ces décisions, déjà faite pour les justes, réalisée avec un grand éclat contre les impies, 18-24. Dieu s’arme de zèle, de justice, de jugement et de colère, et les impies sont châtiés terriblement ; tout se tourne aies faire souffrir. La foudre et les traits divins vont droit à leur but, jusqu’à l’entière ruine des méchants. Ce texte est d’une grande précision soit sur l’enfer en général, soit en particulier sur la peine du sens, bien que décrite sous forme symbolique, vi, G-9, l’auteur fait enfin une application spéciale de ces doctrines aux puissants et] affirme l’inégalité des peines infernales. Cf. xiv, 10, 1.3, 31 ; XV, 8, un mot sur la responsabilité éternelle du pécheur : quand on lui redemandera son âme qui lui avait été prêtée.

2. L’Ecclésiastique est un livre de même genre et de même doctrine que les Proverbes, donc à point de vue le plus souvent temporel ; cependant la préoccupation de la vie future y est beaucoup plus accentuée. Voici quel est le sort des méchants, vii, 8 : tout péché sera puni ; 17-19 ; le feu et le ver seront le châtiment de l’impie. C’est sans doute une allusion à Isaïe, Lxvi, 24. Cf. vii, 40 ; ix, 16-17, ne pas envier le pécheur, sciens (lunniarn itsquc ad inferos non placebit impiiis ; xiv, 2-21 ; xr, 28-29, les rétributions in die obitux ; XV, 13 21, la vie et la mort sont devant l’homme libre ; xviii, 24, la mort sera le temps de la colère et de la sanction, lorsque Dieu détournera son visage du pécheur ; xli, 1-18 : mort et sanction ; le verset 7 ne nie pas le jugement après la mort, mais peut se traduire : dans le se’ôl, il n’y a pas de plainte contre la vie ; cꝟ. 11-13 ; enfin xxi, 10, sliippa collecta, synagor/a pccccintium et consummalio iltonim flamma ignis, via pcccantium complanala lapidibus, et in fine illoriim inferi et ienebræ et pœna, (îoôpo ? aSou, l’abime noir de l’Hadès. Il est difficile d’accorder que dans tous ces textes il ne s’agit que du sc’ôl. Voir t. iv, col. 2051. Cf. Crampon, t. iv ; Vigoureux, La sainte Bible polyglotte, t. v ; Knabenbauer, In Eccli.

3. Le second livre des Macliabécs exprime les mêmes idées que Daniel. Le vieillard Éléazar répondait aux tentateurs de sa fidélité : Ncun etsi in præsenti temporc, stippliciis honiinum eripiur, sed manum omnipotentis nec viuiis, nec dc/unctus cffugiam, vi, 26. Le c. vu raconte le supplice de ces sept héros, frères de sang et de vertu, ainsi que de leur mère. C’est la pensée (le la vie future qui les soutient dans les tortures. En outre, ils ne craignent pas de menacer leur persécuteur de la géhenne éternelle pendant qu’eux se réjouiront avec Dieu ; 14, à nous la résurrection, pour toi, tu n’auras pas de résurrection pour la vie ; 17, <U’S tourments à toi et à ta race ; 19, pas d’impunité devant DieU ; 31, 34-36, menace des vengeances célestes que le plus jeune des sept supplie Dieu de n’exécuter qu’ici-bas pour la conversion de son bourreau, 37. Cf. J. Touzard, dans la Revue biblique, 1898, p. 230-237.

En terminant, donnons, après Hctzenauer, op. cit., t. I, j). 022, la liste des textes, qui étaient autrefois allégués pour prouver l’existence de l’enfer au sens strict et qui n’ont pas cette signification : Num., .vi, 31 sq. ; Dcut., iv, 23 sq. ; xxxii, 21 sq., 40sq. ; Ps. vi, 6 ; x, 6 ; XX, 9 sq. ; xi.viii, 14 sq. ; Liv, 16 ; xr.i, 8 sq. ; xcm, 17 ; cxxxviii, 9 ; cxxxix, 9 sq. ; Prov., i, 26 sq. ; vu, 27 ; IX, 18 ; xv, ll, 24 ; xxiii, 14 ; xxvii, 20 ; xxx,

15 sq. ; Cant., viii, 6 ; Eccle., ix, 10, 12 ; xi, 3 ; Job, IV, 20 ; x, 20 ; XI, 8 ; xx, 18 ; xxi, 13 ; xxvi, 5 ; Amos, IX, 2 ; Os., xiii, 14 ; Is., i, 24 ; v, 14 ; xiv, 9 sq. ; xxiv, 21 sq. ; xxviii, 15, 18 ; xxx, 33 ; xxxiv, 8 sq. ; i-xv, 2 sq., Il sq. ; Hab., ii, 5 ; Jer., xvii, 4 ; li, 39 ; Bar., II, 17 ; iii, 11 ; Ezech., xxvi, 19 sq. ; xxxi, 15 sq. ; xxxii, 27 ; Dan., iii, 88 ; Sap., xvi, 13 sq. ; Eccli., xvii, 26 ; xxiv, 45 ; li, 5 sq. Dans tous ces textes, plus ou moins fréquemment utilisés par les Pères, les théologiens anciens et modernes, les prédicateurs, etc., il n’est, au sens littéral, question que du Se’ôl hébreu, ou du jugement divin en général, ou du jugement exercé par Dieu sur les pécheurs ici-bas. 5° Origine de la doctrine de l’enfer chez les Hébreux.

— Les rationalistes ont essayé d’expliquer sans surnaturel l’eschatologie individuelle des Hébreux. Les premiers eurent recours à la théorie des emprunts faits aux Grecs à l’époque de la domination grecque ou aux Chaldéens pendant la captivité. Cf. dom Calmet, Dictionnaire de la Bible, 2^ édit., in-12, Toulouse, 1783, t. II, art. Enfer, p. 383 ; Du Clôt, La sainte Bible vengée, 2e édit., Lyon, 1841, p. 454 sq. Leurs successeurs reculèrent la date et rapportèrent l’emprunt aux Égyptiens. Les plus récents, mieux renseignés par les découvertes de Ninive, attribuèrent la doctrine empruntée aux Assyriens, aux Babyloniens ou aux Perses. Plusieurs enfin aujourd’hui préfèrent recourir aux simples lois générales de l’évolution religieuse. Cf. R. H. Charles, Encyclopœdia biblica, art. Eschatology, t.u, col. 13351372. D’abord, les Hébreux partagent la conception primitive, commune à la race séwiitc, du culte des ancêtres lequel ne laisse aucune place aux idées de sanction morale, cf. col. 1343, n. 22. Puis le jahvéisme importe une eschatologie exclusivement nationale, au point que Jahvé n’avait d’abord aucune juridiction dans le Se’ôl. Ces deux conceptions de Jahvé et du Se’ôl indépendant de lui, bien que contradictoires, ont coexisté dans l’esprit des Israélites jusqu’au VIII’-e siècle avant.lésus-Christ. Voir Ps. lxxxviii (heb.), 5 ; xxxi, 22-23 ; Is., xxxviii, 18. Les anciens Israélites n’étaient scandalisés ni du bonheur des méchants, ni du malheur des justes, Jahvé ne s’occupant pas des individus, mais de la nation seule. Il punissait les méchants ici-bas directement ou dans leur postérité, Exod., xx, 5 ; Lev., xx, 5 ; Jos., viii, 24 ; I Sam., iii, 13 ; ou dans la nation. Gcn., xii, 17 ;

XX, 18 ; Exod., XII, 29 ; Jer., xxxi, 29. On considérait comme une miséricorde qu’il fît tomber le châtiment sur les enfants. I (III)Reg., xi, 12 ; xxi, 29. Contre ces théories de fatalisme et de désespérance et parallèlement au développement du jahvéisme en véritable monothéisme, Jérémic, après avoir adhéré aux vieilles idées, XV, 4, commença une réaction individualiste et spiritualistc, xxxi, 19, 31, 34, développée par Ézéchiel, xiv, 12-20 ; xviii, 4-30, popularisée enfin par plusieurs psaumes et par les Proverbes. ICt encore il ne s’agissait d’abord que de rétribution terrestre : tout juste est ici-bas heureux, tout pécheur malheureux. Ces idées, se heurtant à une expérience contraire, donnent lieu à d’ardentes discussions. Les uns résolvent la difficulté en ajoutant la responsabilité nationale à la responsabilité individuelle terrestre. Ps. cix (heb.), 13 ; Eccli., xxiii, 25 ; xi-, 15 ; XLI, 6 ; Dan., ix, 7 ; Jud., vii, 28 ; Tob., iii, 3 ; Harucli, i. 18-21 ; II, 26 ; iii, 8. Ézéchiel maintient que l’expérience de l’individu répond toujours à ses mérites. L’Ecclésiaste nie expressément toutes ces solutions : il n’y a pas de sanction, VII, 15 ; II, 14 ; ix, 2 ; viii, 10 ; les passages contradictoires, iii, 17 ; xi. 9, 6 ; xii, 14 ; viii, 12, sont iirobablement interpolés., Iob s’en tient aux mêmes affirmations qu’Ézéchiel en principe ; en fait, il constate aussi les négations de l’Ivcclésiaste.

XXI, 1-15. Alors il en appelle, pour ici bas, du Dieu