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    1. ESPAGNE (EGLISE D’)##


ESPAGNE (EGLISE D’), ETAT RELIGIEUX

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La carrera maijor comprend aussi quatre années de latin et d’humanités ; les élèves font ensuite trois années de philosophie, avec des mathématiques et des sciences, puis quatre années de dogmatique, de morale et de sciences auxiliaires.

Quand l’élève veut se préparer aux grades académiques, il consacre deux années supplémentaires aux plus hauts problèmes du dogme et de la morale. A la fin de la 5° année on est admis à concourir pour la licence et à la fin de la 6<=, pour le doctorat. Les grades sont conférés à la suite d’un examen qui comprend écrit et oral.

Après la carrière de la théologie, certains élèves suivent celle du droit canonique. On a pu voir, par ce que nous avons dit des rapports del’Égliseet del’État, quelle place tient ce droit dans la vie publique et dans la vie privée. La 1° année, les élèves étudient la théorie et l’histoire du droit public de l’Église ; la 2°, ils expliquent les Décrétâtes, III’?, IV : et V » liTes ; la 3< ?, ils préparent les examens de licence et de doctorat. Un certain nombre entrent dans le ministère avant d’avoir terminé la préparation. Mais -< le nombre des gradués est, proportion gardée, beaucoup plus considérable dans le clergé espagnol que dans le clergé français » (dom Pierdait).

r.e qui maintient à ce niveau les études ecclésiastiques, et principalement la théologie, c’est que presque tous les canonicats et toutes les cures s’obtiennent au concours. Sur ce point, l’Espagne est restée spécialement fidèle aux prescriptions de l’Église. Le concours est le procédé normal d’obtention des bénéfices. Concile de Trente, sess. XXIV, c. xviii. Saint Pie V, par constitution spéciale (en date du 15 des calendes d’avril 1566), annule les collations faites par un autre procédé et fixe les conditions du droit d’appel. Clément XI fixa la méthode à suivre, et Benoît XIV, en même temps qu’il réglementait l’abus des appels, prescrivit de tenir compte du caractère des candidats et des services déjà rendus.

Il y a, en Espagne, deux sortes de concours, l’une pour l’obtention des cures et églises paroissiales, l’autre pour les canonicats et offices capitulaires.

Le concours pour les cures n’a pas lieu strictement comme le veut le concile de Trente, chaque fois qu’une vacance se produit : il y a trop de cures et trop de vacances possibles : on attend qu’il y en ait un certain nombre ; par exemple, à Burgos, on a attendu de 1892 à 1900, puis de 1900 à 1908 ; c’est l’évêque qui juge de l’opportunité ; dans l’intervalle, il confie les cures à des economos ou desservants.

La convocation des candidats est faite par acte ofliciel de l’évêché ; nous avons vu qu’un laïque peut concourir, à condition de se faire ordonner dans l’année, s’il obtient un bénéfice. Les prêtres d’autres diocèses, avec le consentement de leur ordinaire, les réguliers, avec un induit apostolique cjui les habilite pour l’obtention d’un bénéfice curial, peuvent aussi concourir. Les candidats sont toujours très nombreux (à Burgos, en 1900, près de 600, environ la moitié du clergé du diocèse).

Le premier jour de l’examen, les candidats ont à répondre à deux questions de théologie dogmatique et à six questions de théologie morale [trois de morale générale : actes humains, conscience, lois, péchés, vertus et vices ; et trois de morale spéciale : Décalogue, commandements de l’Église, justice, contrats, sacrements, etc.] ; en outre, un cas de conscience est éclairci. Le second jour les candidats ont à traduire en langue castillane un paragraphe du Catéchisme du concile de Trente et à composer sur le sujet un sermon en castillan, lis n’ont aucun livre à leur disposition, et il y a des peines sévères pour ceux qui montrent trop d’ignorance. Chaque séance dure cinq

heures. La surveillance est vigilante, la correction impartiale(les copies ne portent pas les noms des candidats, mais des devises) ; les membres du jury, choisis par l’évêque, trois au moins, cinq au plus, mettent huit à dix mois à corriger les épreuves. Les candidats approuvés présentent une liste de trois paroisses qu’ils peuvent désirer, et l’évêque établit pour chaque paroisse une liste de trois candidats, qui est soumise au roi : le gouvernement choisit ioujours celui qui est nommé le premier, et l’évêque dresse les listes en conscience : les candidats ont d’ailleurs le droit d’appel. L’approbation du pouvoir civil est donnée par une cédule royale que le ministre de la justice expédie à l’évêché ; alors la collation a lieu, à l’évêché, par l’imposition du bonnet, et l’archiprêtre installe le nouveau titulaire dans sa paroisse où il est désormais inamovible.

On voit que ce régime a de très grands avantages. C’est encore lui cjui conserve aux chapitres le prestige et la réédité qu’ils ont ailleurs en partie perdus.

Les chapitres comprennent, outre les dignitaires, et presque au même rang que ceux-ci, des chanoines d’office (dont le canonicat comporte une fonction spéciale en plus des charges communes à tout le chapitre ) ; ils existaient déjà en Espagne avant que le concile de Trente en instituât dans toutes les cathédrales ; le concile prescrit deux de ces prébendes : la théologale et la pénitencerie ; le titulaire de la première doit faire chaque année un certain nombre de leçons publiques d’Écriture sainte ; à certains jours et heures fixés, le pénitencier doit confesser. En Espagne, on a appelé lectoral le théologal et on a institue deux autres prébendes d’office : la doctorale et la magistrale ; le doctoral est le canoniste du chapitre ; il est gradué en droit canonique et possèdeune grande influence ; parfois, il enseigne le droit ecclésiastique au séminaire ; le magistral doit être gradue en théologie, et prêche à certains jours déterminés.

Les autres canonicats sont dits canonicats degrâce ; ils sont conférés à la volonté du collateur.

L’art. 18 du concordat de 1851 s’exprime ainsi : « A la place des 52 bénéfices stipulés dans le concordat de 1753, sont réservés à la nominationde Sa Sainteté la dignité de chantre de toutes les Églises métropolitaines et dans les Églises sufïragantes d’Astorga, Avila, Badajoz, Barcelone, Cadiz, Ciudad-Real, Cuenca, Guadix, Huesca, Jæn, Lugo, Malaga, Mondonedo, "’Orihuela, Oviedo, Plasencia, Salamanca, Santander, Sigûenza, Tuy, Vitoria et Zamora, dans les autres sièges sufïragants un canonicat de gratta… « A la dignité du décanat, il sera toujours pourvu par Sa Majesté, dans toutes les Églises et quel que soit le temps de la vacance. Les canonicats de officio seront pourvus par les prélats et les chapitres à lasuite d’un concours. Les autres dignités et canonicats seront pourvus alternativement par S. M. et les archevêques et évêques respectifs. » [Nous avons vu que, sur ce dernier point, le gouvernement a abandonné une partie de ses prérogatives.]

Le concours est obligatoire, dans les collégiales, pour l’abbé et pour les deux chanoines d’ofiice et pour la moitié des bénéficiés (la moitié plus un s’ils sont en nombre impair). Il est évident qu’on tient compte des aptitudes spéciales, pour les fonctions spéciales comme celle de sous-chantre et de ténor.

Lorsqu’il y a une vacance, l’évêque la déclare officiellement ouverte ; on peut concourir de tous les diocèses et il n’est pas nécessaire d’avoir été ordonné. Le concours varie selon la charge à pourvoir. Cependant il y a une épreuve essentielle, toujours lamême ; un enfant de chœur plonge un couteau à papier trois fois dans le livTe des Sentences de Pierre Lombard, le candidat choisit une thèse dans l’une des trois pages ainsi