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ESPAGNE (ÉGLISE D’), ÉTAT RELIGIEUX


d’adeples, malgré les eflorls lentes au xvr siècle. Voir Uealencijklopadie)iïr prolestantische Théologie iind Kirche, 30 édit., Leipzig, 1906, t. xviii, p. 580-587. Pourtant, sous le règne d’Isabelle II, il y eut une propagande assez active (particulièrement de 1834 à 1839, de 1840 à 1849, de 1854 à 1856) ; les Sociétés bibliques répandirent de nombreux exemplaires de l’Écriture sainte ; après le quaker Borrow vinrent les missionnaires méthodistes du Di’Rule ; ils firent peu de conversions. Menendez y Pelayo cite un ancien franciscain devenu protestant, D. Juan Calderon, et un quaker espagnol, D. L. de Usoz y Rio. Après la révolution de 1868 la propagande reprit, surtout en Andalousie ; » il n’y eut pas un coin de l’Espagne où ne vînt alors un’pasteur protestant ou un distributeur de Bibles » (Menendez y Pelayo). On prenait les Bibles, on ne les lisait pas. Les auteurs les moins bienveillants pour l’Église romaine constatent le peu de succès des protestants ; tel Hubbard, //(s/o/Ve contemporaine de l’Espagne, t. vi, p. 227-229 ; l’auteur était en Espagne au moment de la révolution. « On ne peut disconvenir que la simplicité du culte protestant ne convient guère aux populations méridionales… ; le temple paraîtra toujours mesquin en face des belles cathédrales élevées par la foi du moyen âge. « Et pourtant, c’est tout à fait au midi, parmi les caractères les plus impressionnables, sous le beau ciel d’Andalousie, que le protestantisme a fait le plus de prosélytes… Nous l’attribuons pour notre part à la présence de riches familles protestantes établies à Jerez, à Cadiz et à Malaga. Elles exercent autour d’elles un rayonnement d’autant plus étendu qu’elles disposent de plus de capitaux, à côté d’Andalous toujours imprévoyants et pauvres comme Job. » (I Les minces résultats de la propagande protestante, dit de son côté H. Ch. Lea, depuis l’époque de George Borrow jusqu’à celle du pasteur Fliedner, montre combien peu le catholicisme a à craindre de tels efiorts chez un peuple qui, s’il abandonne la foi de ses pères, est bien plus disposé à chercher un refuge dans la négation de la religion que dans l’hérésie. » A hislonj of the Inquisition 0/ Spain, t. iv, p. 471. Frederick Fliedner (f le 25 avril 1901) est un Allemand qui fonda en Espagne des centres d’éducation et une maison d’édition (1873). Celle-ci publie une Revista crisiiana. Voir Le Christianisme an..’e siècle des 22 et 29 mai 1908. Une Église du Rédempteur, à Madrid, est la plus ancienne des congrégations évangéliques existant actuellement en Espagne. Elle a été fondée le 24 janvier 1869 par D. Antonio Carrasco et D. Francisco de Ruet. La revue citée signale la récente fondation, par l’évêque Cabrera, d’une chapelle réformée à Valence et la propagande de l’Union chrétienne des jeunes gens à Madrid. En 1908, a dû avoir lieu une assemblée générale de l’Église évangélique espagnole. En 1906, elle avait 20 communautés indépendantes dans les grandes villes et 30 stations de prédication. h’Église espagnole réformée a adopté la confession de foi anglicane. Elle compte dix églises et elle est gouvernée par un évêque. Les méthodistes ont aussi un petit nombre de communautés surtout à l’est, à Barcelone et dans les îles Baléares. Les baptistes ont quelques églises dans les grandes villes, notamment à Madrid et à Valence. Les frères de Plymouth ont de nombreuses stations dans le nord-ouest de l’Espagne. Voir Recdencyclopudie, t. xviii, p. 578-579. Il est bien digne de remarque que ce mouvement, d’ailleurs peu étendu, conserve l’air de quelque chose d’étranger, même lorsqu’il finit par être dirigé par des Espagnols. Voir Th. M’Crie, Hislory of the progrcss and suppression of the Reformalion in Spain, Edimbourg, 1^-29 ; Encyclopédie des sciences religieuses, Paris, l&71’, t. iv, p. 524-528, 531-532, 536.

L’élément juif a eu, historiquement, un rôle infiniment plus considérable que l’élément protestant ; il n’est pas important à l’heure actuelle ; peut-être pourrait-il le redevenir. Les juifs furent expulsés d’Espagne en 1492. L’édit fut maintenu, et, au XVI » siècle, rigoureusement appliqué. L’invasion française, sous Napoléon, rouvrit l’Espagne aux juifs, puis Ferdinand VII la leur ferma. La proclamation de la liberté des cultes en 1869 favorisa leur retour ; la transformation de la liberté en tolérance (constit. de 1876) le ralentit. Dans ces dernières années, un assez grand nombre de juifs (qui, souvent, descendent de juifs espagnols expulses) sont rentrés en Espagne. Voir L’Espagne et les juifs marocains, par J. Causse, dans le Journal des Débats, 14 octobre 1907. Mais, à supposer que l’élément Israélite doive reprendre quelque infiuence en Espagne, il ne peut être question évidemment d’une influence religieuse.

Il en est autrement des sectes ou des partis antichrétiens ; par malheur, si l’on peut signaler l’importance de ceux-ci, il est impossible même de la mesurer superficiellement à l’aide de statistiques et de chiffres ; un auteur espagnol, Nicolas Diaz y Pérez, franc-maçon, a publié, sur un ton d’ailleurs assez modéré, un livre sur La Francmasoneria cspanoZa, Madrid, 1894. Il évalue à cette date le nombre des francs-maçons à 64900, dont 2200 femmes. Ces chiffres sont incontrôlables.

Ce qui n’est pas douteux, malheureusement, c’est que, en fait, actuellement, une partie des libéraux et la totalité des radicaux et des républicains et sans doute aussi des socialistes, non seulement n’est pas catholique, mais est plus ou moins violemment hostile à l’Église catholique. Or voici, d’après la Croix du 8 mai 1910, la statistique des députés aux Cortès : conservateurs, 108 ; libéraux, 226 ; républicains, 39 ; solidaristes catalans, 7 ; carlistes, 8 ; intégristes, 3 ; catholiques, 2 ; socialiste, 1 ; indépendants, 3.

En somme, et sans pouvoir préciser où se fait dans le parti libéral, qui est complexe, la démarcation entre les catholiques et leurs ennemis, il est du moins certain qu’une partie importante de la nation est pratiquement en dehors du catholicisme. L’Église catholique n’est plus, en fait, au sens plein du mot, une Église nationale.

Tel est le fait brutal. Nous avons à nous demander comment l’Église maintient dans une certaine mesure son caractère national, et par où elle le perd.

Par l’enseignement, l’Église séculière et régulière joue un rôle important dans la vie nationale. Le rôle des réguliers est particulièrement actif, en Espagne et dans les pays de civilisation espagnole. La Junte ce ntiale d’ac’ion calholique vient de publier quin 1911) une brochure documentaire sur les service ; rendus dans le monde à l’Espagne par ses ordres religieux. Voir aussi Del excesivo desarrolto de las ordencs religiosas en E^pana, Madrid, 1910. En voici des exemples : Les jésuites espagnols ont, en Espagne, 18 collèges, en Amérique 12, aux Philippines 1 ; la moyenne des élèves de chacun de ces collèges est de 150 internes et 175 externes. Ils ont, en Espagne, 2 séminaires, en Amérique 4, aux Philippines 2.

Les Escolapios (Frères des Écoles chrétiennes) avaient (en 1903) :

PROVINCES

NOMBRE Ait

    1. COLLÈGES##


COLLÈGES.

NONUiRE

LlNTtRNES.

NOMBRE l)’t ;.> ; TrRNES surveill( ?s.

NinUiRE l’exteune^.

Catalogne.. Valence… Aragon…. CastiUe….

21

6

14

15

490 ( ?) 194 223 769

2196 18t 728

1104

4 353 2 739 3337 4 562