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ESDRAS ET NÉHÉMIE (LIVRES DE)

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ter la convocation de l’assemblée, Neh., v, 7, à lui en revient la présidence, viii, 9, à lui encore incombe le souci d’assurer la fidèle observation des résolutions prises, xiii, 8 sq., son nom enfin est en tête de la liste (les familles signataires de l’alliance conclue entre Dieu et son peuple, x, 2, celui d’Esdras n’y figure pas.

— Esdras paraît ainsi à ses débuts âgé de 25 à 30 ans, et, si l’on date l’assemblée des années 442-440 au plus tôt, il s’ensuivra qu’en la 7^ année d’Artaxerxès II ou 398 il avait aux environs de 70 ans, âge qui répond bien au portrait que nous tracent du scribe les c.ix-x d’Esdras. — Le grand-prêtre, contemporain des deux séjours de Néhémic à Jérusalem, et Éliasib dont le petit-fils Johanan, Neh., xii, 22, se rencontre avec Esdras. Esd., x, 6. — Enfin, les données de l’histoire profane semblent, elles aussi, favorables à l’hypothèse. L’année 458 marque dans l’histoire de la Perse une période désastreuse ; les défaites écrasantes essuyées par les armées du grand roi sur mer <t en Egypte ne pouvaient permettre à Artaxerxès I « r de renvoyer dans sa patrie le scribe Esdras, chargé de trésors pour le temple, et autorisé à réclamer des subsides aux caisses publiques. La 7^ année d’Artaxerxès II, c’est-à-dire l’époque à laquelle ce roi venait de triompher de la révolte de Cyrus le Jeune, se prête au contraire parfaitement à l’histoire du retour d’Esdras, et ainsi il n’est plus nécessaire d’attribuer au même roi, d’abord l’édit d’Esd., vii, 12-26, comblant les Juifs de faveurs, puis celui d’Esd., iv, 8-23, où ils sont très mal traités et enfin la mission de Néhémie. Van Hoonacker, dans la Revue biblique, 1901, p. 175199 ; Lagrange, ibid., 1894, p. 561-585 ; cL 1895, p.186-202 ; 1908, p. 343, note 1. Voir aussi les raisons données par Riessler pour dater le retour de Néliémie de 538 et celui d’Esdras de 523. Ueber Nchemias und Esdras, dans Biblische Zcilschrift, 1903, p. 232-245 ; 1904, p. 15-27, 145-153 ; ]Vann wirkle Nchemias/ dans Theol. Quarledschrifl, 1910, t. xcii, p. 1-G.

Ces arguments ont-ils assez de poids pour autoriser une modification si considérable dans l’iiistoire traditionnelle de la restauration juive et dans la disposition des livres qui la racontent ? Beaucoup se refusent à l’admettre. Ils insistent sur la nature propre de la mission remplie par Esdras et Néhémie, l’une avant tout politique, l’autre avant tout religieuse, et cette distinction répondrait à bien des objections. Lesêtre, art. Arlaxerxès II, dans le Dictionnaire de la Bible, t. I, col. 1042-1043. Ils remarquent dans des textes relatant des faits, passés du temps de Néhémie ou avant lui, des allusions au retour d’Esdras, par exemple, dans la lettre de Rehum et Samsai, Esd., iv, 12 ; dans la liste des cofiaborateurs de Néhémie ils relèvent les noms de personnages revenus avec Esdras, entre autres Ilasabias, Neh., iii, 17, et Esd., viii, 19, Ilattus, Neh., III, 10, et Esd., viii, 2, Melchias, Neh., iii, 11, et Esd., X, 31, etc. Ils ne trouvent l’explication du rôle d’Esdras aux côtés de Néhémic dans l’assemblée du c. viii de Neh., et de la demande du |)cuple au scribe de jiroduire la Loi, que dans l’hypothèse d’une mission spéciale confiée à Esdras par le grand roi, et d’une partie de cette mission déjà réalisée. Esd., vn-x. J. Nikel, Die Wiedcrherstellung des jiidischen Gemcinwesens nach dem babijlonischen Exil, p. 151 sq. ; Eischer, Die chronologischen Frar/en, p. 69-83. Cf. Van Hoonacker, dans la Revue biblique, 1901, p. 5-26.

La chronologie des différents événements de l’histoire de Néhémie ne va pas non phis sans quelque difficulté. A quel moment placer les réformes religieuses relatées aux c. viii-x ? L’opinion de Sclilattcr, qui les reporte au temps de Zorohubc], Xur Topographie und (jrschichlf. /’« /m/z/k/s, Stuttgart, 1893, p. 405, et celle de Kostcrs, qui les fait descendre jusqu’au second gouvernement de Néhémie, ne sont pas fon dées. Op. cit., p. 76-87.’La succession des faits, telle qu’elle se présente dans le récit actuel, est naturelle, et le déplacement exige des prétendues altérations du texte ou se fonde sur des hypothèses gratuites. » Mangenot, art. Xéhémic, dans le Dictionnaire de la Bible, t. IV, col. 1572. Cf. Van Hoonacker, Nouvelles études, p. 204-254. Le récit de la dédicace des murs, Neh., XII, 27-46, n’est pas à reporter avant la désignation des habitants de Jérusalem, xi, Nikel, op. cit., p. 196-218 ; la dédicace a fort bien pu suivre les réformes religieuses et civiles.

IX. Enseignements doctrinaux et moraux.

La période correspondant aux liTes d’Esdras-Néhéinle est très importante au point de vue de l’histoire religieuse d’Israël, c’est celle des origines du judaïsme ; plusieurs problèmes intéressants s’y rattachent, entre autres celui de linfiuence des religions de la Perse et de Babylone sur la religion de Jahvé, et celui de la détermination du code de lois promulgué solennellement par Esdras. Neh., viii. L’étude de ces problèmes ne saurait rentrer dans le cadre de cet article ; nous indiquerons seulement les quelques données religieuses relevées dans les livres d’Esdras-Néhémie.

Dieu.

La toute-puissance de Jahvé se traduit

dans les titres qui accompagnent son nom : le grand Dieu, Neh., viii, 6 ; Esd., v, 8 ; le Dieu du ciel, grand et redoutable, Neh., i, 5 ; le créateur du ciel et de la terre, dont le nom est au-dessus de toute louange, Neh., ix, 6. Son autorité dépasse les limites d’Israël ; Nabuchodonosor et Cyrus ne sont que des instruments au service de sa volonté pour la ruine ou la délivrance de son peuple, Esd., v, 11 ; i, 1 ; les étrangers, d’ailleurs, et les rois vainqueurs eux-mêmes lui rendent iiommage : « Jahvé, le Dieu du ciel, m’a donné, dit Cyrus, tous les royaumes de la terre, et il m’a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem. » Esd., 1, 2. Darius n’ignore pas la souveraineté et l’autorité du Dieu d’Israël, qu’on ne saurait.impunément méconnaître. Esd., vi, 12. Sa justice, en effet, se manifeste dans le cliâtiment de celui qui manque à sa parole, Neh., v, 13, et dans la fidélité avec laquelle il tient lui-même sa propre parole. Neh., ix, 8.

Créateur du ciel et de la terre, maître des empires, Jahvé est aussi le Dieu d’Israël, Esd., i, 3 ; iv, 1 ; v, 1 ; VI, 21-22 ; résidant à Jérusalem, Esd., i, 3 ; ii, 68 ; ses interventions en faveur de son jieuple ont été innombrables dans le passé, Neh., ix, 7 sq., elles continuent, Esdras, Néhémie, tous les Juifs se sentent protégés par la main bienfaisante de leur Dieu, Esd., vii, 9-10, 28 ; viii, 18, 31 ; Neh., ii, 8, 18 ; avec lui son peuple n’a rien à craindre de ses ennemis, Neh., iv. Il ; Jahvé lui-même combattra, Neh., iv, 20, pour anéantir leurs desseins. Neh., iv, 15. Cependant, à cause des iniquités d’Israël, il l’a livré à l’étranger, Esd., ix, 7 13, car c’est un Dieu juste, mais non moins miséricordieux et clément, Neh., ix, 31 ; il ne l’a pas abandonné, Ivsd., IX, 9 ; il en a sauvegardé quelques uns, les épargnant plus que ne méritaient leurs iniquités, Esd., IX, 13 ; sa miséricorde pour Israël subsiste à jamais, Esd., iii, 11 ; il est lent à la colère et riche en bonté. Neh., ix, 17.

Les devoirs d’Israël envers Dieu.

1. La fidélité.

— La communauté juive doit reconnaître son Dieu par le culte exclusif qu’elle lui rendra, rien de ce qui pourrait lui porter atteinte ne doit être toléré. Les rapatriés avaient ra|)porté de l’exil l’horreur de toute immixtion étrangère dans leur religion, tandis que ceux qui ét : iient restés en.Juda, par leurs alliances avec leurs voisins, axaient compromis la juireté du culte ; désormais tout contact avec les non-Juifs devra être évité, à ces derniers il n’appartient pas dp c(nicourir à la construction de la maison de Dieu, nou.s