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ESDRAS ET NÉIIÉMIE (LTVIIES DE)

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par les mots qui le composent : Schamasch-bal (ou pil)-usur, ou bien d"après la forme du nom dans la Bible grecque : Sin-bal-usur ; ce nom ne lui a donc pas été donné par ses compatriotes, qui, on le comprend, le désignaient sous un autre nom, celui de Zorobabel, dont l’étymologie reste incertaine. Fischer, op. cit., p. 24-30. Contre cette identité plusieurs objections ont été formulées : la dualité même des noms, un passage d’Esd., v, 2, où, après mention de Zorobabel il est parlé de Sassabasar, 14, comme d’un personnage différent, un autre, I Par., iii, 18 sq., où Zorobabel, est distingue par sa généalogie même de Sennéser, le même, croit-on, que Sassabasar. Elles ne paraissent pas insolubles. Van Hoonacker, Zorobabel et le second temple, Gand et Leipzig, 1892 (extrait du Muséon, 1891) ; ISlotes sur l’histoire de la restauration juive, dans la Revue biblique, 1901, p. 7-10 ; Dictionnaire de la Bible, art. Sassabasar.

La chronologie des événements, rapportés aux c. iii-VI, est suffisamment établie par ce qui a été dit plus haut sur la valeur historique de ces récits.

.3" Esdras-Néhémie ou Néhémie-Esdras. — Au c. vu commencent les Mémoires d’Esdras et aussi la question des rapports de leur auteur avec Néhémie. Si l’ordre des faits répond à celui des documents, Esdras est venu à Jérusalem la 7 « année d’Artaxerxès l<^’, 1 13 ans avant Néhémie ; c’est l’opinion traditionnelle. Dans un mémoire dont le titre énonce la thèse : Néhémie et Esdras, nouvelle hypothèse sur la chronologie de l’époque de la restauration juive, Louvain, ’1890, Van Hoonacker a cru pouvoir l’abandonner, ; maintenant la 20 « année d’Artaxerxès 1°’, 445, pour le retour de Néhémie, mais faisant descendre celui d’Esdras à la 7^ année d’Artaxerxès II, en 398, d’accord sur ce dernier point avec de Saulcy, Étude chronologique des livres d’Esdras et de Néhémie, Paris, 1868 ; Havet, La modernité des prophètes, dans la Revue des deux mondes, 1889, t. xciv, p. 799 ; Imbert, Le temple rebâti par Zorobabel, dans le Muséon, 18881889. A l’appui de la « nouvelle hypothèse » , et en réponse aux contradicteurs, parurent successivement : Néhémie en l’an 20 d’Artaxerxès I, Esdras en l’an 7 d’Artaxerxès II, réponse à un mémoire d’A. Kuenen, Gand et Leipzig, 1892 ; Nouvelles études sur la restauration juive après l’exil de Babylone, p. 151-310 ; Notes sur l’histoire de la restauration juive après l’exil, dans la Revue biblique, 1901, p. 5-26, 175-199. Si la majorité des critiques ne s’est pas ralliée aux conclusions de ces travaux, auxquels J. Wellhausen, A. Kuenen, J. Nikel, J. Fischer, entre autres, n’ont pas ménagé leurs attaques, d’autres en reconnaissent le bien-fondé, du moins en ce qui regarde l’antériorité de la première mission de Néhémie sur celle d’Esdras ; ainsi W. H. Kosters, T. K. Cheyne, Meignan, Lagrange, Pelt, Gigot. Voici d’ailleurs les principaux arguments jnvoqués par Van Hoonacker. A la nouvelle des malheurs de Jérusalem, Néhémie demande au roi l’autorisation de retourner dans la ville de ses pères pour en relever les murs, Neh., ii, 5 ; ni lui, ni le roi ne semblent soupçonner l’existence en Judée d’un dignitaire juif, chargé de pleins pouvoirs pour l’administration des affaires, et qui, par conséquent, aurait été tout désigné pour l’œuvre dont Néhémie sollicite l’entreprise. A Jérusalem, même ignorance, les étrangers, alors toutpuissants, n’y connaissant point d’homme capable de « procurer le bien"]^des enfants d’Israël. » Neh., ii, 10. — Dans le récit de ses débuts dans la capitale de Juda, Néhémie ne fait aucune allusion à Esdras, pas même au ciii, où il donne les noms de sescoopérateurs, silence qui paraît bien incompatible avec la nomination d’Esdras quelques années auparavant au titre d’administrateur en chef de toutes les affaires juives.

— En 458, les murs de la ville » ainte n’étaient pas

encore relevés de leurs ruines ; n’est-il pas, dès lors, extraordinaire de voir Esdras ne point partager les l)réoccupations de ses compatriotes sur la reconstruction de l’enceinte, Esd., iv, 11-22, ne faisant aucune demande, aucune tentative à ce sujet ? D’autre part, dans la confession des infidélités du peuple, Esd., ix, 9, l’allusion aux murs en Juda et à Jérusalem, qu’on l’entende au propre ou au figuré, ne se conçoit guère que dans l’hypothèse d’une restauration déjà faite de l’enceinte de la ville, dans l’hypothèse donc de la venue et de l’œuvre de Néhémie, antérieures à celles d’Esdras. — Repeupler Jérusalem fut une partie de la tâche du gouverneur envoyé en 445, Neh., xi, 1-2 ; or, Esdras aurait trouvé, quelques années plus tôt, une ville habitée : les chefs de familles sacerdotales, lévitiques et laïques y résidaient, une foule immense s’y rencontrait à l’heure du sacrifice du soir, Esd., viii, 29 ; x, 1 ; n’est-ce pas que Néhémie avait déjà rendu à la capitale ses murs, ses maisons et ses habitants ? Cf. Eccli., xlix, 13. — L’état lamentable dans lequel se trouvait le culte, au milieu du ve siècle, témoin le prophète Malachie et les réformes entreprises par Néhémie, Neh., x, 32sq., ne se comprendraient pas après la mission d’Esdras, chargé de présents par le roi et ses ministres, comblé de faveurs et de privilèges pour le temple et le service divin, Esd., vu ; ou bien il faudrait conclure à un échec complet et rapide de la restauration du culte, échec invraisemblable si l’on remarque que cette partie des Mémoires d’Esdras, vii, 12-28, a dû être écrite en même temps que l’ensemble, c’est-à-dire quelques années au moins après le retour du scribe, alors que l’insuccès aurait dû lui faire taire la relation d’espérances si promptement déçues. Esd., VII, 27. — La désorganisation de la communauté juive, résultant de l’invasion et de la prépondérance des éléments étrangers, au moment de l’arrivée du nouveau gouverneur de Jérusalem, Neh., premiers chapitres, ne se conçoit pas davantage « comme suite immédiate à la mission officielle et à l’œuvre d’Esdras. Esd., vii-x. » — L’attitude des deux personnages dans la question des mariages mixtes II constitue à elle seule une preuve sans réplique, que les faits racontés, Esd., vii-x, arrivèrent à une époque plus récente » que ceux racontés, Neh., i sq. A son premier séjour, Néhémie, qui ne manque aucune occasion de condamner les agissements blâmables dont il est témoin, n’a pas un mot pour désapprouver ces mariages, il en parle d’une façon qui ne permet pas de croire qu’ils fussent alors défendus. Neh., VI, 17-19. Plus tard seulement, dans l’assemblée générale, tenue après la reconstruction du mur, ou étendit à tous les étrangers la loi deutéronomique, portant défense des mariages entre Juifs et Cananéens, Neh., x, 30 ; aussi venant pour la seconde fois à Jérusalem, Néhémie blâma et punit sévèrement les violateurs de l’engagement, alors contracté, reh.tivement aux mariages mixtes. Neh., xiii, 23-29. Aux premiers temps d’Esdras, de telles unions ne sont pas rares, mais on les tient pour contraires à la Loi, et du consentement unanime de la communauté, elles doivent être rompues, celles-là même contractées depuis longtemps. Esd., x. Cette réforme radicale opérée par le scribe n’apparaît-elle pas comme l’aboutissant de la campagne commencée par Néhémie ? — La situation respective des deux personnages dans la grande assemblée de Jérusalem, Neh., viii sq., n’est pas moins significative. Le rôle d’Esdras, si on laisse de côté la glose : xa ! eincv "Efropa : de la version grecque, Neh., ix, 6, et l’interpolation probable de viii, 9, portant mention du scribe et des lévites, se ramène à la simple lecture de la Loi. Tout autre est le rôle de Néhémie : à lui il faut faire remon-