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ESDRAS ET NÉHEMIE (LIVRES DE ;
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pas sur le roj’aume, sur le roi et sur ses fils, » vii, 23. Meyer, op. cit., p. GO-70 ; Fischer, op. cit., p. 6-9. 4. Les listes.

Les listes nombreuses de noms propres,

qui se rencontrent dans Esdras-Néhémie comme dans les Paralipomènes, étaient exposées de la part de ecteurs ou de copistes négligents ou trop zélés à subir maintes modifications. Mais dans l’ensemble leur authenticité ne peut être sérieusement contestée. Kosters, Torrey, Marquart n’accordent pourtant aucun crédit à la liste d’Esdras, ii ; Xeh., vu. Ce serait, d’après eux, une pièce dont le cadre historique doit être cherché à l’époque d’Esdras et de Néhémie, renfermant « les noms de tous ceux qui, à Jérusalem comme hors de la ville, appartenaient à la communauté juive nouvellement établie > après le retour d’Esdras. Kosters, op. cit., p. 102. S’il en était vraiment ainsi, ne devrait-on pas tout d’abord retrouver dans cette liste le nom d’Esdras, qui n’y figure pas, non plus d’ailleurs que celui de plusieurs familles, David, Sechenias, Joab, Selomith, revenues de Babylone en même temps que le scribe ? Esd., viii, 3, 5, 9, 10. De nombreux indices, au contraire, dénoncent une rédaction de très peu postérieure au retour de l’exil ; le titre de la liste dans les deux passages ; le point de départ de certaines familles, 59 ; le caractère provisoire de la situation, insinué au v. 63 ; la mention des bêtes de somme et l’importance attachée à ce détail, 66-67 ; les mesures prises, 50, 63, tout à fait de circonstance, lors de l’établissement dans le pays, de colons nouvellement arrivés ; l’offrande d’orivements sacerdotaux sans doute pour restaurer le culte, rien de tel parmi les trésors qu’Esdras rapporte avec lui à Jérusalem, ni parmi les dons que le peuple s’engage à fournir sous la direction de Xéhémie, car alors le culte était réorganisé. Quant au désaccord entre le chiffre total des émigrants, 42 360, le même aux trois endroits, Esd., ii, 64 ; Xeh., vir, 66 ; III Esd., 41 (42 340), et la somme obtenue en additionnant les chiffres indiqués pour les différentes familles 31 089, Xeh., 29818, Esd., 30141, IIIEsd., il s’explique par le mauvais état de conservation du texte, par les omissions des noms de famille, par les fausses transcriptions de chiffres, c’est ainsi que la famille de Megbis, mentionnée dans Esd., ii, 30, est absente dans Xeh., et que la différence des nombres donnés dans les listes d’Esd. et de Xéh. pour la famille d’Azgad est de 1 100. Le cliiffre total des rapatriés resterait, dit-on, beaucoup trop considérable et hors de proportion avec celui des captifs, déportés en Babylonie. Un shîiple COU]) d’oeil sur les derniers temjjs de l’histoire de .luda prouve qu’il n’en est rien. La double déportation, qui eut lieu sous les règnes de Joachin, 597, et de Sédécias, 586, avait enlevé non seulement la partie la plus influente de la population, mais aussi la plus considérable. IV Heg., xxiv-xxv. Le texte de Jérémie, Lit, 28-30, n’y contredit pas. Van IIoonacker, A’ouye//f.séludes sur ta restauration juive après l’exil de Babylone, p. 47-57. La relation de la campagne de Sennachérib contre fizéchias, roi de.luda, donne une idée de l’importance de ces déportations : 200150 hommes petits et grands, hommes et femmes… furent r.T moi emmenés de che ?, eux comme butin. Inscription du cylindre hexagonal, dit de Taylor, publié dans Rawlinson, The cunci/orm inscriptions of Ihe Western Asia, t. I, pl. 37-42 ; cf. Vigouroux, La liihle et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. iv, j). 28. Le nombre des déportés, déjà élevé en 586, l’était encore davantage à l’avènement de Cyrus ; les.luifs, véritables colons, menant sur la terre étrangère une existence très supportable, n’avaient pu manquer de s’accroître, Jer., XXIX, 4-7, et ainsi, même en ne comptant que des hommes dans le nombre de 42360 selon la manière israélilc, ce qui peut faire 150 à 200000 pour l’ensem ble des rapatriés, on n’arrive pas à la prétendue disproportion avec le nombre des Juifs partis autrefois en exil. Van Hoonacker, Nouvelles éludes, p. 31-66 ; Smend, Die Listen der Biicher Esdras und Kchemias^ BâIe, 1881 ; Sellin, Sludien zur Enlslehungsgeschichte der jiidisch. Gemcinde nach d. babijl. Exil, Leipzig, 1901, p. 104-115 ; Meyer, op. cit., p. 190-198 ; Kosters, . op. cit., p. 29-42 ; Xikel, op. cit., p. 71-80.

5. Œuvre du rédacteur. — o) Édit de Cijius et retour des exilés sous Sassabasar (hébreu : Sêsbaxxar). Que l’cdit de Cyrus, Esd., i, 2-4, ne soit pas un extrait littéral de l’original, c’est ce qu’indique le titre de roi de Perse donné au libérateur ; qu’il ne soit pas digne de foi, c’est ce qu’on ne saurait démontrer ; quelques remarques confirmeront sa valeur historique. Le début ; « Ainsi parle » est celui qu’on pouvait attendre d’un document émanant de la cour persane. Cf. la grande inscription de Darius, Vigouroux, op. cit.^ t. I, p. 163 ; Halévy, Cyrus et le retour de l’exil, dans la Revue des éludes juives, juillet 1880. L’expression : Dieu m’a donné tous les royaumes de la terre, n’est pas sans analogie non plus dans les inscriptions royales. La double autorisation de revenir à Jérusalem et d’y reconstruire le temple rentre dans les mesures générales prises par Cyrus ; habile politique, il rendait à la liberté tous ceux que Babylone avait assujettis, s’en faisant par là des amis et des alliés : « J’ai fait retourner tous les peuples dans leur patrie, » dit-il lui-même dans une inscription découverte en 1879. Halévy, loc. cit. ; Vigouroux, op. cit., t. iv, p. 404-419. Sans doute, Juda n’y est pas mentionné, non plus que son dieu Jahvé, mais l’attitude de Cyrus vis-à-vis des divinités étrangères nous rend très vraisemblable sa bienveillance pour le dieu des Israélites et son peuple : « Puissent tous les dieux que j’ai ramenés dans leur ville, dit Cj’rus dans la même inscription, puissent-ils tous les jours devant Bel et Xabu demander la prolongation de mes jours et m’exprimer leur bienveillance… » Cf. Van Hoonacker, Notes sur les lignes 30 sq. de l’inscription du cylindre de Cyrus, dans les Mélanges Charles de Harlez, 1896, p. 325 s((.

De l’authenticité de l’édit de Cyrus ne découle pas nécessairement la vérité du retour immédiat des exilés. Pour la nier, on s’appuie surtout sur l’attitude des prophètes Aggée et Zacharic, qui « ne font jamais allusion à un événement aussi considérable que celui du retour de la captivité ; ils supposent toujours, au contraire, avoir affaire aux restes de la nation, que la déportation chaldéenne n’avait pas atteints ; ils supposent que la Gala, la communauté morale des exilés, , vit encore dispersée loin du territoire. Les premières colonies de rapatriés n’auraient été amenées que bien plus tard par Esdras. Esd., vu sq. » Et voici comment, d’après Kosters, on aurait daté du règne de Cyrus le retour : la lecture des prophéties du Deutéro-Isaïe, où Cyrus est désigné comme l’instrument dont Jahvé devait se servir, fit naître après coup la persuasion qu’en effet c’était à (^lyrus que Jérusalem était redevable de son tem|ile rebâti, et qu’aussitôt après sa conquête, le vaiiuiucur de Babylone avait envoyé en Judée un officier du nom de Sassabasar avec mission de relever de ses ruines le sanctuaire de Jahvé. L’existence dans la section aramécnnc, Esd., v-vi, des restes de deux documents, dont l’un aurait complètement ignoré une part (luclconquc, prise par Cyrus dans la reconstruction du temple, justifierait encore cette reconstruction de l’histoire. Cf. Van Hoonacker, Nouvelles études, p. 18-31 ; Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 539-540. Si les propliètes Aggée et Zacharic appellent leurs compatriotes le reste du peuple ou de ce peuple, Agg., i, 12, 14 ; II, 2 ; cf. Zacli., viii, 6, 11, 12, ils n’entendent pas pour cela désigner uniquement ceux que la dépor-