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ESDRAS ET NÉHEMIE (LIVRES DE)


bien le même que celui mentionne, I Macli., viii, 17. H. B. Swete, Introduction to ihe Old Testament in Greek, Cambridge, 1900, p. 24-25. Où trouver actuellement cette version des Septante ? Est-ce dans VEi-ZçoLt B ou dans T’EfTÔpa ; A de nos manuscrits grecs ? Problème analogue à celui que présentent les deux versions de Daniel.

D’après le plus grand nombre de critiques, "Eiopa ; B serait la véritable traduction des Septante, en conformité étroite avec le texte massorétique, sans aucune prétention de style ; "Eijîpï ; A, ou l’apocryphe, ou encore le III livre d’Esdras, serait, ou une simple compilation du grec des Septante, rédigée à l’intention de lecteurs grecs, rebutés par le littéralisme étroit de la version canonique (Keil, Schûrer, Bissell). ou bien le remaniement d’une version grecque antérieure, mais complètement indépendante de celle des Septante (Ewald). Pour d’autres, l’apocryphe représenterait une traduction plus ancienne et meilleure que celle reproduite dans les livres canoniques, qui. elle, ne serait autre que l’œuvre de Théodotion. Cette hypothèse, déjà émise par plusieurs auteurs depuis le xviie siècle (Grotius, Whiston, Pohlmann, Lagarde). a été exposée à nouveau par Howorth d’abord dans imc série d’articles de V Academij de 1893, The rcal charactcr ond Ihe importance oj the fîrst book of Esdras, et The true Septiiagint Version of Chronicles-Ezra-Nehemiah, puis plus longuement dans Proceedinf/s of the Society of Bibliccd archxologij, 1901-1902. Le principal argument invoque en faveur de l’hypothèse était l’existence de nombreuses traces d’origine tardive relevées dans la version grecque canonique, comparée surtout à celle de l’apocryphe qui représenterait la véritable version des Septante, supplantée par celle de Théodotion dans le recueil des Livres sacrés. Torrey prétend ajouter à la démonstration une nouvelle preuve, et cette fois décisive, en retrouvant dans le texte grec canonique du groupe Paralipomènes-Esdras-Néhémic un trait caractéristique de la manière de traduire de Théodotion, à savoir la simple transcription en caractères grecs des mots hébreux dilTiciles ou douteux. Op. cil., p. 70-77. Cf. Field, Origenis Ilexapla qiiæ snpersunt, Oxford, 1875, t. i, p. XL sq. La thèse de l’antériorité et de la supériorité de la version d"’H'5Ôpa : A sur celle d'"E'>&p3t ; B étend ses conclusions au texte massorétique lui-même, qui serait moins rapproché de la forme originale du livre que l’apocryphe ; « s’il y avait, dit Il^worth, un des deux livres à rejeter comme apocryphe, c’est Ezra (le canonique) et non Esdras (le IIP) qui devrait l’être. » Academtj, 1893, p. 11. Jahn, Die Biichcr Esra (.4. iind B) und Xehemja, Leyde, 1909, p. ni ; Biessler, Dcr /r.T/AT/7/sr/ic M’crl des dritten Esdrasbnches, (]i

^ Biblische Zeitschrill, Q(l, i. 146 158 : Theis, Gcschichtiiche iind lilcrarkritische Eragen in Esra 1-VI, Munster en Vcstphalie, 1910, p. 6-34, ces deux derniers catholiques, se sont ralliés à la thèse de l’antériorité et de la supériorité d"'l>ôpa ; A.

.ux arguments tirés de l’étude et de la comparaison des textes, s’en ajoutent d’autres fournis par l’histoire de ces mêmes textes. Dans la Sj’nagoguc, dans ritglise primitive jusrpi’à saint Jérôme, grand était le crédit du livre que nous appelons apocryiihe. Joscphc, dans son grand ouvrage sur les Antiquités juives, le prend pour guide sans égard pour le livre canonique, ce qui prouve la considération dont jouissait alors le 111’= livre d’Esdras. Cf. Ilolscher, Dir Quellen des.Joscphus fiir die Zeit rom Exil bis ru/ ?i jiidischen Kricg, Leipzig, 1904. Dans l’I^glisc grecque aussi bien que dans l’Église latine, les Pères le citent fréquemment et l’emploient comme un livre canonique ; nombreuses références dans Pohlmann, Vebcr dos Ansehen des upoknjphisehen dritten Huches Esras,

dans Tiibingcr Theologische Quarlalschrifl, 1859, p. 263 sq. La faveur dont avait joui cet apocryphe parmi les juifs de langue grecque, la grande ressemblance qu’il gardait avec les livres reçus par tous comme canoniques rendent compte de cette attitude, autorisée encore par son admission dans les Hexaples dOrigène. Howorth, The Hexapla and the Tetrapla of Origen, and the lighl thetj throw on the books of Esdras A and B, dans Proc. of the Soe. of Bib. arch., 1902, p. 147-171. Enfin sa désignation d"Eiîpa :. (’E-7&pa ; B : Esdras-Néhémie), et la place qui lui est faite, encore qu’assez rarement, dans les catalogues de livres sacrés, montrent que plus qu’aucun autre apocryphe il était estimé ; il ne fallut rien moins que l’autorité de saint Jérôme pour imposer son rejet de la tradition latine : A’cc quemqnam moveal, écrit-il dans sa préface au livre d’Esdras-Néhémie, qnod unus a no bis liber éditas est, ncc apocrijphorum tertii et quarli somniis delcctetnr ; quia et apud Hcbrœns Esdnv Xehemiœque scrmoncs in unum volumen coarctantnr, et quæ non habentur apud illos, nec de viginti quatuor scnibus suni, procul abjicienda. P. L., t. xxviii, col. 1403. Saint.Jérôme cependant n’innovait pas en se prononçant aussi formellement contre le 111"= livre d’Esdras (Howorth, The modem Roman Canon and th ? book of Esdras A, dans The Journal of theological studics, 1906, p. 343-354), et par la désignation d’Esdras I et II il n’entendait pas autre chose qu’Origène et les conciles africains qui y reconnaissaient Esdras et Néhéniie selon le texte massorétique et non Esdras . et B des manuscrits grecs. H. Pope, The third book of Esdras and the Tridenline canon, ibid., 1907, p. 218-232.

Malgré cet ensemble d’arguments apportés par la critique et l’histoire des textes, la thèse favorable à l’apocryphe n’est cependant pas parvenue à s’imposer à la majorité des critiques ; ceux-ci, dit la Revue biblique dans la recension du livre de Torrey, Esra Sludies, 1910, p. 623, « l’ont considérée à peu près unanimement comme un paradoxe ; » ils continuent à regarder le 111"= livre d’Esdras comme d’époque tardive, à cause de sa grande ressemblance avec le grec d’Esther et du IP livre desMachabécs, à cause aussi du caractère de compilation de certains passages, manifestement empruntés aux livres canoniques, par exemple, le décret de Darius, III Esd., iv, 47 sq. Cf. Fischer, Das apocryphe und das kanonische Esrabuch, dans Biblische Zeilschrift, 1904, p. 351-354. Des discussions à ce sujet il faut retenir que l’apocryphe offrant une version indépendante de celle des Septante, fait qui paraît bien établi, pourra être utilement consulté pour la critique textuelle, et aussi pour l’étude littéraire et historique, en raison des indications qu’on peut en tirer sur l’origine de nos livres canoniques et leur chronologie.

Sur le III’livre d’Ksdras, voir pour le texte, Swcle, Tbe Old Testament in Greek, Cambridge, 1806, t. ii, p. 12 ; t161 ; et pour les problèmes qu’il soulève, indépondainmont dos travaux ci-dossus m(nti(mnés, Ualiffol, iîxr/r « x (Irai.s/éme liiire <l’), dans Vigouroux, Dictionnaire de la Hihlc, I. ii, roi. 1 !)43-191.5 ; Tliackcray, First l>oole of Esdras, dans llaslings, Diclionarij o/ Ihe liitttc, t. I, p. 758-703 ; W..1. Moult<in, Uebcr die Veltcrliclcrung iind den lextl<rilischen Wert des dritlen Esrabiirhes, dans /Ceilschri/I fiir altlest<tmenlliche Wisscnschaft, 1 80 ! » , p. 200 sq. ; 1 000, p. 1 sq. ; Volz. ICzra (llic greek), dans Clipyne, lincyclnpicdia tyiblira. t. II. p. 1188-1104 ; T..Xndré, Les apocriiplies de l’Ancien lestament. l’iorcnce, 1003, p. 1.32-146, 100-105 ; Schûrer, (ieschirhie des jUdischen Volkes im Zeilaller Jesu Christi. Leipzif ?, 1001-1000, t. iii, p. 444-440, avec une abondante tiibliograpliie ; J’.d. }iaycr, Das drille lincb Esdras uid sein’crli(illnis zii den liiidicrn Ezra-Sehemia, Fribomg-cir lirisgau, 1011, tUywi Biblische Sliidien, t. xvi, fasc. 1 ; 1’. Ricssirr, I)rr lexlkrHi : rhr WcrI des dritlen ICsdrasbiirlies, dans liiblisrhe /.eiisrhri/l, 1007, t. v, p. 146-158.