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521 ESCOBAR Y MENDOZA — ESDRAS ET NÉHÉMIE (LIVRES DE) 522

miracles et des discours du Christ ; les six autres contiennent des « panégyriques moraux » de la "Vierge et des saints. Ces volumes ont paru à Lyon de 1642 à 1648. De 1652 à 1667, il publia également à Lyon, en 8 in-fol., un commentaire littéral et moral de l’Ancien et du Nouveau Testament. Un volume de Sermoncs vesperlinaks, qu’il donna in-4°. à Lyon, en 1652, expose des textes choisis de l’Écriture. Enfin, l’année même de sa mort, parut encore de lui In Canlicum commentarius sive de Mariae Deiparæ clogiis, in-fol., Lyon, 1669. Quoique faites en vue de la prédication, ces publications n’ont paslaissé que de servir la saine exégèse. On devine la conscience avec laquelle Escobar recherchait le sens littéral du texte sacré, en lisant son De sacræ Scripluræ stylo et obscuritale prseloquium, que le savant P. Tourneminc a jugé digne de reproduction dans le supplément de son édition des commentaires de Ménochius. Mais c’est surtout dans le domaine de la théologie morale qu’Escobar a trouvé la célébrité. Ce qu’il produisit d’abord sur ce terrain est « une petite somme de cas de conscience » , comme il définit lui-même cet ouvrage, qui parut en espagnol, à Valladolid, sous le titre : Examen de Confessores y practica de Pénitentes (ou Examen y Pradica de confessores y pénitentes) en todas las malerias de la theologia moral, in-12. Cet examen avait eu en Espagne 37 éditions, quand Escobar le fit paraître à Lyon, en 1644, mis en latin et » enrichi d’additions « , sous le titre : Liber theologiae moralis oiginti quatuor Socielatis Jesn doctoribus reseratus…, in-S". Ce n’était encore qu’un abrégé très sommaire. Enfin, ck 1652 à 1663, il publia, toujours à Lyon, les 7 in-fol. de sa grande morale : Universæ theologiæ moralis recepliores absque lite sententiæ nccnon problemalicx disquisiliones, sive quod frequentius, doctoribus consentientibus, asserendum etigitur, et quod, dissentientibus, pterumque in utrumvis probabile apponitur. C’est le Liber theologia : moralis qui a fourni à Pascal presque toute la matière de ses plaisanteries et de ses accusations contre Escobar. Il est seul cité avant la viii^ lettre où la « grande Théologie morale » n’est que mentionnée ; un seul extrait de celle-ci est donné et c’est danslaxiii » Provinciale. Pascal aurait eu cependant tout le temps de consulter au moins les deux premiers des sept volumes, car ils parurent à Lyon en 1652 et 1655, et la v « lettre où Escobar est mis pour la première fois en scène est datée du 20 mars 1656. La « morale sévère » , qu’ils prétendaient défendre, faisait un devoir à l’écrivain janséniste, ou du moins à ceux qui lui fournissaient les textes, de chercher les vrais sentiments du jésuite, non pas seulement dans un abrégé où souvent ils demeurent presque forcément obscurs, mais encore dans le grand ouvrage où ils sont largement développés et accompagnés des raisons qui les motivent. Les deux premiers volumes auraient déjà pu suflire pour épargner à Pascal la plupart des interprétations injustes dont il s’est rendu coupable à l’égard d’Escobar. Ce n’est pas que tout soit irréprochable chez ce dernier, même dans sa grande théologie. On n’écrit pas tant de gros volumes sans y commettre quelques inexactitudes, surtout quami on n’a pas eu, pour les composer, le calme et les loisirs à volonté, mais seulement ce qu’en laissait un ministère r(^< : i’lif de prédication et de direction. Aussi, malgré la réelle iiénélration avec laquelle d’ordinaire il discute les opinions et fa t son cho’x. Escobar a eu le tort parfois d’adopter ou de traiter trop favorablement des opinions singulières ou même réprouvées plus tard parle Saint-Siège. Mais sa doctrine est loin de tendre, comme Pascal a essayé de le faire croire, à corrompre toute la morale chrétienne. On peut dire, au contraire, en appliquant à Escobar un mot de saint Alphonse de Liguori sur la

casuistique en général : la morale s’en trouverait bien si les chrétiens pratiquaient tous les devoirs que le jésuite espagnol déclare certains et incontestables ; s’ils en prenaient ensuite plus à leur aise avec les obligations qu’il déclare douteuses on pourrait facilement le leur passer.

De Backer-Sommervogel, Bibliollièque de la C" de Jésus, t. III, col. 436-445 ; Antonio, Bibliolheca hispana noua, t. i ; Réponse au livre intitulé : Extraits des Assertions …. in-4°, [Paris, ] 17()3-17C5, I" part., p. 41, 141, etc. ; IIP pari., suite, p. lix-lx ; Maynard, Les Prouinciales… et leur réjutalion, 2 in-S", Paris, 1851 ; [Terwecorex, S. J..] La vérité sur le P. Escobar, dans les Précis historiques, 1860, p. 31-46 ; D’Karl Weiss, P. Antonio de Escobar y Mendozu als Morallheolog in Pascals Beleuchlung und ini Lichte der Walirheit auf Grand der Qucllen, in-8, Klagenturt, 1908 ; 2’édit., 1911. Cf. M. Reiclimann, S. J., Escobar und seine Misshandlung durch Pascal, dans Stimmen ans Maria-Laacli, 1909, t. Lxxvi, p. 523-538.

J. Rrucker.

    1. ESCOBAR DEL CARRO (Jean)##


2. ESCOBAR DEL CARRO (Jean), jurisconsulte espagnol du xviie siècle, né à Fuente de Cantos au diocèse de Séville et mort à Madrid, avait été professeur de droit au collège et université de Sainte-Marie de Jésus à Séville, puis inquisiteur en différentes villes et enfin procureur fiscal des causes religieuses à la Suprême Inquisition. Il a publié plusieurs ouvrages ou traités : 1° Tractatus biparti tus de puritate et nobilitate probanda secundum statuta S. 0/Jicii Inquisitionis, S. Ecclesiæ Toletanx, collegiorum aliarumque communitatum Ilispaniæ ad explicationcm regiæ pragmaticæ sanctionis Philippi IV, etc., in-fol., Lyon, 1637 ; 2° Tractatus très selcctissimi et absolutissimi : 1°% De utroque foro, où il prouve qu’il n’y a pas de différence, sinon par accident, entre le for de la conscience et le for extérieur ; 2°% De eon/essariis sollicitantibus pœnilenles ad vencreu, etc. ; 3°^, De horis canonicis et distributionibus quotidianis, 2 in-fol., Cordoue, 1612 ; S » Antilogia adi’ersus D. Franciscum de Amaya pro vero intellcclu Statali majoris collegii Conchensis.

N. Antonio, Bibliotlieca hispana nova, Madrid. 1783, t. I, p. 681-685 ; Hurter, Nomenclator, 3’" édit., Insp : iiclv, 1907, t. iii, col. 11712.

1°. Mangenot.

    1. ESDRAS ET NÉHÉMIE ( LIVRES DE)##


ESDRAS ET NÉHÉMIE ( LIVRES DE). En hébreu, Ezra’, auquel on ajoute Neljemayâh. Dans les Septante : ETÔpa :, comprcnant les deux livres, le second portant l’inscription /ovoi Nc£|xîa j’: oi Xe/y.sia ou’Aya/.ix. Dans la Vulgate : Liber primas Esdræ, liber Nehemiie qui et Esdræ secundus dicitur.

Plusieurs raisons imposent la réunion en un seu article des questions relatives l’i ces deux livres. Les problèmes d’ordre littéraire et historique qu’ils soulèvent en grand nombre ne peuvent être traités séparément, et leur histoire nous ai)prend leur unité primitive.

Dans la Bible hébraïque, Joséphe ne connaît qu’un seul livre d’Esdras, coniprenant celui de N’éhémie, puisque, de Mo’ise à Artaxcrxès I', il compte treize livres historiques seulement. Cont. Apion., i, 8. Le Talmud, dans l’énumération des livres transmis par les docteurs, mentionne le seul Esdras, écrit par le personnage du même nom, qui continua les généalogies des Chroniques jusqu’à son temps. linba /)(///irf ;. fol. 1 1(( 15/’. Les inassorèfes ne pensent pas autrement et comptent. pour le livre d’I^dras, 685 versets dont le milieu se trouve Neh., iii, 32. Enfin un certain nombre de manuscrits hébreux transcrivent le livre de Néhémie comme la seconde partie d’Esdras, parfois sans laisser aucun intervalle entre les deux écrits. De Rossi, Varias leclioncs Veteris Testamenti, Parme, 1788, t. iv, p. 157. Ce n’est qu’au XVI’siècle que s’introduisit dans la Bible juive la pratique de la division en deux livres.