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ESCLAVAGE

quidam ctiam, non piukibilanim rcriim pcrmutalione, seii (ilio legilimo contracta cmptionis, ad dictum suni regem transmissi, (/aoriun inibi in copioso numéro ad catholicam ftdem conversi cxsiilerunt. Pour assurer au Portuj^al, contre l’envie possible d’autres Européens, ces conquêtes d’ailleurs légitimes, puisque la concession précédente les avait approuvées, le pape lui reconnaît dans ces régions le bon droit de ces conquêtes et le monopole du commerce. Raynaldi, _ an. 1451, n. 8, 9 ; Bullarium lomanum, t. iii, p. 70. Les concessions de Nicolas V ont été ratifiées par Calixte III. Sixte IV, en 1476, excommunie ceux qui réduisaient en esclavage les néophytes de ces contrées. Raynaldi, an. 1476, n. 21.

La bulle célèbre d’Alexandre VI, Intcr cetera, est du 4 mai 1493. Cette bulle adressée aux souverains d’Espagne, Ferdinand et Isabelle, les félicite de s’être remis, après la conquête de Grenade, à promouvoir la découverte de pays nouveaux : découvertes qui ont et doivent avoir pour but principal l’extension de la foi catholique, et qui viennent dans le voyage de Christophe Colomb de réussir si merveilleusement. Pour assurer le fruit de ces explorations, le pape décide : tout ce qui est à l’ouest d’un méridien tracé à cent lieues des iles Apores, sauf le cas de possession par un prince chrétien, est donné à l’Espagne : omnes insulas et terras firntas inventas et inveniendas, détectas et delegendas, …auctorilate omnipotentis Dei nobis in b. Petro concessa ae uicarialus Jesu Cliristi, qua fungimur in terris, cum omnibus illarum dominiis, civitatibus, castris, locis et villis, juribusque et jurisdictionibus ne pertinentiis universis, vobis… donamus, concedinuis, assignamus, vj.’^quc… illarum dominos cum plena, libéra et omnimoda potestate, aucloritale et jurisdiclione facimus. Raynaldi, an. 1493, n. 19.

En 1497, Alexandre VI. au roi Emmanuel de Portugal : …de civilatibus castris, locis, terris et dominiis infidclium, quæ tibi ditionique tuie subjici et quse te in dominum cognoscere seu iributum solvere vcllc conligerit… libcre donamus, concedimus et assignamus… dislrictius inliibenles quibusquc regibus, principi bus cl dominis temporalihus, quibus jus quæsitum non foret, ne se contra sic se tibi subjiccre volentes quovis modo opponerc… præsumant. Raynaldi, an. 1497, n. 33.

La bulle d’Alexandre VI, Inler cetera, et ses expressions donamus ont été vivement attaquées. « Il investit libéralement la couronne de Castille des pays dont, bien loin d’avoir la possession, il n’avait pas même la connaissance. » Robertson, Histoire de l’Amérique, trad. Eidous Mæstricht, 1777, t. i, p. 199.

En réalité, la Castille et le Portugal, qui s’étaient disputé Colomb, avaient remis au pape l’arbitrage de leurs rivalités coloniales. Pour décider le différend paciliquement, et pour assurer la prédication de l’Évangile, le pape intervint avec son autorité apostolique. Celle-ci est mentionnée, non pour indiquer une prétention de suzeraineté, mais pour énoncer le titre et l’autorité de l’arbitre choisi par des rois chrétiens. Le pape donne une sorte de brevet d’invention ; sur ces terres encore imparfaitement connues, les Espagnols ont voulu s’assurer une légitime souveraineté ; si ces régions sont vacantes, l’Espagnol y est premier occupant ; si elles sont habitées, l’Espagnol, à l’exclusion des autres princes chrétiens, peut chercher à s’y établir, par une convention avec les indigènes par exemple. Dans tous les cas, il doit faire le nécessaire pour assurer l’évangclisation.

Ainsi l’explique Bellarmin, De rom. pont., 1. IV, c. II : Non… ut reges illi proficiseerentur ad debetlandos reges infidèles novi orbis, et eorum régna oecupanda, sed solum ut eo addueerent fidei cluislianæ precdicatores et protégèrent, ac defenderent cum ipsos priedicatores, tum çhristianos ab eis conversas. Suarez explique aussi

ce que peut être cette donation. De fide, disp. XVIII, sect. I, n. 7 : Potest pontijex intcr principes, seu reges temporcdes, distribuerc provineias, rt régna infidclium, non ut nias suo urbilrio occupare passent, hoc cnim ti/rannicum essef, ut injru dicam : sed ut prædicatores Evangclii ad illos miltendos procurent, et sua potestate illos tueantur, etiam justum bellum indicendo, si ratio et justa causa id postulet. Et après avoir cité l’exemple d’Alexandre VI : ratio omnium est, quia ita cxpedit, ut JiBec res, quse in Ecclesia gravissima est, ordinale fiât.

Grégoire de Valentia dit formellement qu’il n’y a pas d’autre sens possible : Alexander VI (si in eo facto parliculari, ad reges illos tantum et ad illas insulas pertinente non erravit), solum concessil illis regibus jus quoddam supcrintendentiæ et palrocinii in infidèles illos, poslquam débita modo ad fidem essent conversi. Nec enim poluil infidèles illos dominio suo privare proplerca solum quod essent infidèles, t. iii, disp. I, q. XX, a. 7, ad 2°’". Saint Pie V, dans une lettre à Philippe II, dans Laderchi, an. 1568, n. 206, exprime à plusieurs reprises la même idée : Propagedioni s. fidei, et animarum saluti intenti sint ; quarum et rerum ccaisa, ea orbis terrarum pars, ab initio ipsis majoribus luis concessa fuit. Donc ce document investit les Espagnols de la mission de favoriser l’évangélisation de ces pa^’s ; en retour, à l’exclusion des autres princes chrétiens, ils auront le droit de se procurer, par les voies légitimes, l’autorité que les circonstances comporteront, et ils pourront avoir à exercer une sorte de tutelle ou de curatelle vis-à-vis des peuples sauvages. L’esclavage au mépris de la justice ou sans respect des baptisés, les papes le réprouvent ; l’esclavage, tel que les lois civiles le réglementent alors, et fondé sur un titre légitime, les papes ne font pas difliculte de le permettre.

Conquête.

Herrera a reproduit une formule qui

sommait les Indiens de reconnaître et la foi catliolique et l’autorité du roi d’Espagne : « Moi, Alphonse de Ojeda, serviteur des très hauts et puissants rois de Castille et de Léon…, je vous notifie et déclare, dans la forme la plus simple dont je suis capable, que Dieu Notre-Seigneur, qui est unique et éternel, a créé le ciel et la terre, et un homme et une femme, desquels vous et moi, et tous les hommes… Dieu Notre-Seigneur a confié la conduite de tous ces peuples à un homme appelé saint Pierre qu’il a constitué chef et souverain de toute la race humaine… Vn de ces pontifes, comme maître de l’univers, a fait donation de ces îles et de la terre ferme, de la mer Occane, aux rois catholiques de Castille… Si vous ne vous soumettez point…, j’entrerai, avec l’aide de Dieu, dans votre pays par force, je vous ferai la guerre à outrance, je vous contraindrai à obéira l’Église et au roi, je prendrai vos femmes et vos enfants, je les réduirai en esclavage. .. » Herrera, Dec. I, 1. VII, c. xiv ; Robertson, Histoire de l’Amérique, t. ii, p. 27-30.

Tout autre était l’opuscule écrit en 1535 par Las Casas, De unico vocationis modo (1535) ; on doit instruire les infidèles, y était-il dit, et toute guerre entreprise contre eux en tant que tels est injuste. « La proclamation d’Ojedo, remarque Ilergenrother, n’était en aucune façon pièce ofilcielle pontificale ; elle était une invention de fonctionnaires ou d’aventuriers. » Hergenrother, KcUholisclie Kirctxe und christlieher Slaal, p. 343. En fait, des instructions données à Pedrarias en 1514, et reproduites aussi par Herrera, sont moins grandiloquentes et plus précises. Herrera, Dec. I, I. X, c. xvii.

Las Casas, le témoinle plus autorisé, dans sa Relation des cruautés commises par les Espagnols conquérants de l’Amérique, montre à n’en pas douter que si cette formule a été parfois employée, c’était le dé-