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ERMENGAUD — ERREUR DOCTRINALE


traité qui a pour titre : Opusculum contra luerciicos qui diciinl et credunt miindum istum et omnia visibilia non esse a Dco facta sed a diabolo. Il fut édité par Gretser dans son ouvrage : Trias scriptorum advcrsus Waldensium sectam. Ebraudus Belhunensis, Bcrnardus abbas Fontis Calidi, Emenyaudus, in-4<>, Ingolstadt, 1614. Il est reproduit dans P. L., t. cciv, col. 12351272.

Fabricius, Bibliotheca lalina mediee œtatis, in-8°, 1858, t. II, p. 518 ; Gallia christiana, in-fol., Paris, 1739, t. vi, col. 489 ; Histoire littéraire de la France, in-4, Paris, 1820, t. XV, p. 38 ; Ceillier, Histoire des auteurs ecclésiastiques, t. XIV, p. 807-808 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., Inspruck, 1906, t. II, col. 175.

B. Heurtebize.

    1. ERMITES##


ERMITES. Voir Anachorètes, t. i, col. 1134 sq.

    1. ERREUR##


ERREUR. Il sera successivement question : 1° de l’erreur doctrinale ; 2° de l’erreur qui est un empêchement de mariage.

1. ERREUR DOCTRINALE.

I. Au point de vue philosophique. 11. Au point de vue de la foi. III. Au point de vue des contrats.

I. L’erreur au point de vue philosophique.

— l » Définition. — L’erreur et la vérité sont deux contraires, ainsi que l’explique saint Thomas, Sum. theol., I", q. xvii, a. 4 : Utnini verum et jalsiim sint contraria ? Respondeo quod verum et falsurn opponuniur ut contraria et non sicut ajfirmatio et negatio, ut quidam dixerunt. Il faut donc d’après l’adage : contrariorum eadem est ratio, chercher la délinition de l’erreur dans la définition même de la vérité. Or, la vérité se définit communément : « l’équation ou l’accord entre la pensée et son objet. » En conséquence, l’erreur peut se définir : « le désaccord positif entre la pensée et son objet. » Nous disons : « désaccord positif » afin de distinguer l’erreur de la simple ignorance. En effet, l’ignorance n’est qu’un désaccord négatif, c’est-à-dire un défaut d’accord entre la pensée et son objet. « Autre chose est une lacune dans la représentation intellectuelle et dans le jugement sur cet objet — ce qui constitue l’ignorance — et autre chose est une représentation qui difière de l’objet et qu’on juge toutefois être semblable à l’objet, ce qui constitue l’erreur ou la fausse science. » Castelein, Cours de philosophie, Logique, Bruxelles, 1901, p. 229 sq. L’erreur et l’ignorance supposent toutes deux un défaut de connaissance : mais l’erreur est un jugement faux, et afilrme ce qui n’est pas ou bien nie ce qui est, tandis que l’ignorance s’abstient de toute affirmation. Cf. Jafïre, Cours de philosophie, Lyon, 1878, p. 75.

On ne saurait donc admettre la définition de l’erreur donnée paiCousin, Fragments philosophiques, Préface : « L’erreur est une vérité incomplète, » car il n’y a pas de moyen terme entre l’équation de l’intelligence avec son objet, en quoi consiste la vérité, et le désaccord de l’intelligence avec son objet, en quoi consiste l’erreur ; sient verum consistit in adivqucdione rei et intellectus, lia falsum consislil in eorum inadsequalione. S. Thomas, Quæsl. disp.. De veritate, q. iv, a. 10. Sans doute, la vérité peut être dite incomplète en tant que l’intelligence humaine n’épuise point toute la cognoscibilité de son objet : en effet, cette connaissance compréhensive n’est pas donnée aux créatures et reste l’apanage exclusif de l’intelligence divine. Cependant cette vérité incomplète ne saurait être confondue avec l’erreur. Pour que la vérité existe, il n’est pas nécessaire que l’accord soit établi entre l’intelligence et son objet, épuisé sous tous ses rapports de cognoscibilité, mais considéré seulement sous le rapport qui est visé par l’intelligence, sub eo respectu

quo intellectus rem attingit ; de sorte que, dans l’hypothèse se vérifiera toujours la vérité complète en tant que vérité formelle. L’erreur, au contraire, aura lieu, lorsque l’intelligence créera entre le sujet et l’attribut un rapport qui ne sera pas exact. Cf. Ginebra, Elemenlos de filosofla, Santiago de Chili, 1887, p. 57.

On distingue trois sortes de vérités : la vérité logique, celle que nous avons définie plus haut et qui consiste dans l’accord de la pensée avec son objet ; la vérité métaphysique, qui peut être considérée par rapport à l’intelligence divine, et par rapport à l’intelligence créée. En regard de l’intelligence divine, les choses sont dites vraies, sous la relation de cognoscibilité en tant qu’elles sont conformes à l’intelligence divine qui les connaît toutes actuellement, et sous la relation de dépendance dans l’ordre idéal, en tant qu’elles sont ce qu’elles sont, c’est-à-dire en tant qu’elles possèdent leur être créé à l’image de cet exemplaire premier et parfait qui est l’intelligence divine : c’est ainsi que saint Augustin a pu dire que « la vérité est ce qui est. » Soliloq., 1. II, c. vi, n. 10. Cf. S. Thomas, Queest. disp., De veritate, q. i, a. 10. En regard de l’intelligence créée, les êtres sont dits vrais, sous la relation de simple cognoscibilité, c’est-à-dire par rapport à l’intelligence spéculative, en tant qu’ils possèdent une aptitude à être connus de cette même intelligence : ainsi, nous disons d’une matière que c’est de l’or vrai, si elle contient tous les éléments qu’elle doit contenir pour être de l’or et être connue comme telle par notre intelligence. Sous la relation de dépendance dansl’ordreidéal, c’est-à-dire par rapport à l’intelligence pratique, les choses artificielles sont vraies en tant qu’elles se rapportent à l’intelligence créée qui les a conçues, comme à leur exemplaire secondaire. On distingue enfin la vérité morale, ou véracité, quin’est pas autre chose quel’accord de la parole avec la pensée, ou encore la conformité des actions morales avec le dictamen de la conscience.

Or, on peut se demander si la fausseté, ou l’erreur, qui, comme nous l’avons observé, est l’opposé de la vérité, existe, comme celle-ci, au triple point de vue logique, métaphysique et moral. Au point de vue logique, l’erreur, nous l’avons dit, se définit : « le désaccord de la pensée avec son objet » , et nous entrerons bientôt plus avant dans son analyse. Au point de vue moral, l’erreur se rencontre également : c’est le mensonge, qui peut se définir : « le.désaccord de la parole avec la pensée » , ou encore, la difformité de nos actions morales, en regard du dictamen de la conscience. Voir Mensonge. jNIais, au peint de vue métaphysique, l’erreur n’existe pas, à proprement parler ou selon la nature des choses, et aucun être ne peut être dit faux par lui-même. En effet, si nous considérons les choses par rapport à l’intelligence divine, nous voyons que toutes sont ontologiquement vraies, parce que toutes sont conformes à l’intelligence divine, qui, en tant qu’infinie, les connaît comme elles existent et comme elles peuvent être. En outre, toutes les choses, réelles ou simplement possibles, sont une imitation de la divine essence et existent dans l’intelligence divine, comme dans leur exemplaire parfait. La fausseté ou l’erreur ontologique serait donc un défaut de conformité avec les idées divines. Mais ce défaut de conformité prouverait, en Dieu, ou un défaut de sagesse, en tant qu’il n’aurait pas su réaliser ses idées, ou un défaut de puissance, en tant qu’il n’aurait pu réaliser ce qu’il connaissait. On objectera qu’il existe, dans la nature, des monstres qui ne peuvent être dits en harmonie avec les idées divines : il suffit de répondre que ces monstres ne rentrent point directement dans le plan de l’intelligence divine, mais procèdent d’un défaut des causes secondes ; d’ailleurs, ces monstres, en tant qu’ils représentent, en eux-mêmes, une réalité,