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ÉRIGÈNE


d’un contact direct avec les philosophes grecs, spci riilement avec les néoplatoniciens, son système proc de Tune traduction du Timée, du néoplatonisme de saint Augustin, et plus encore de celui du pseudo-Denys " et du travail de son esprit subtil, élevé et pu.s’^20 Sources latines. - Ériugène utilise, dans le De prœdesUnafione, saint Augustin, cité près de soixante fois, saint Grégoire pape et saint Isidore, cites une o seulement. Cf. le P. Jacquin, dans Revue des scimc^s philosophiques et Ihéologiqucs, t. i, p. 681. Dans le tedivlione naturæ, il cite Virgile, Plme l’anciem

Martianus Capella qu’il est If. P-"^-%^U"^"^ îl^J. e ret par l’intermédiaire duquel il connaît Èratosthenc S Ptolémée), saint Hilaire de Pojtiers Boece (grâce a qui il connaît le Hsp^ |puv, vs.a, d’Anstoe et Pj tha core) saint Jérôme, saint Ambroise, et, par-dessus tom saint Augustin ; avec Chalcidius, Cicéron lui a f°rt connaître le Timée. Cf. J. Drassl.e, Johannes tolu^Erioena, ^. 10-2-7 ; PDuhem, dans aj^ des questions seientifiqæs, Louvain, 1910 tl™ n. 14-15. Dans le commentaire sur Boece, il met a

Brofit comme toujours, surtout saint Augustin, mais Score Saint Ambroisc. saint Jérôme, saint Grégoire’pape S6dulius, Claudien Mamert, l’/^’f -’"f f’^^^ Cf E Kennard Rand, Johannes Scottus, p. 6. Il ne paraît pas que Scot ait eu la connaissance de Macrobe ?f P Duhem, p. 15-16, 36, et c’est abusivement qu on S a attribué des extraits de Uacvohe, De diflcrenliis

etsociciatibus græci lalinique "-^’' ^-’-^^^^X" ordinairement à la suite des ouvrages de M^<= « ^e.

30 Sources hébraïques. — Ériugene a-t-il connu l’hébreu ? Il semble ne l’avoir pas connu ou ne ayoïi connu que peu. « Nous trouvons chez lui une -tat^o^^^ syriaque (et il ne nous laisse pas ignorer qu il lem pr 2 à saint Basile), et quelques citations hel^raiques. Il est clair que lui qui était si fier de sa conna. sance du grec n’Lrait pas manqué de se vanter de a connaisf ance de l’hébreu, si elle ne se fût réduie a ha connaissance de l’alphabet et de quelques mots empruntés à des auteurs grecs. Quand il cite la Bible il accepte toujours le texte des Septante, même quand ceîS-ci ne traduit pas exactement le texe hébreu, il est donc clair qu’il ne savait pas 1 hébreu. » G Brunhes, La foi chrétienne et la philosophie au temps dé la renaissance carolingienne, p. 194. On a suppose récemment que, plus encore que le Pseudo-Denys „ la cabale fut la source inspiratrice » d Lriugenc. « ^tol énonce quelquefois : ut sapientes Ilebrœorum iradiderunt. Le philosophe connaissait-il cette tradition par lui-même ? J’en douterai, car souvent lorsque Scot cite une étymologie tirée de l’hébreu, il le fai d après saint Jérôme ou en copiant tout simplement 1 Ariopagite son maître… Néanmoins, si nous ignorons d ou la cabale lui était connue, c’est indéniable qu.1 parle son langage, et fréquemment on trouve dans le L>c divisione naturæ un symbolisme identique au symbolisme cabalistique.. P. VuUiaud, dans L„/rd, ens, idéalistes, 25 mars 1910, p. 127, 128. Il y a la un f.lon a ; exploiter, d’autant plus que l’ésoténsme de la cabale a été certainement propagé et plus ou moins cornm des chrétiens au ixe siècle. Cf. t. 11, col. 12/5, 12/ I. Dcjù J Bruckcr, Hisloria critica plùlosophiæ, Leipzig, l/4ci, t"iii P 621, 622, avait rapproché, assez sottement du reste’, les doctrines d’Ériuf^ènc de la cabale. En tout état de cause, c’est dépasser la mesure que de voir dans la cabale la principale source de l’ériugénisme. Et il faut noter qu’Ériugène professe rantiscmitismc, et montre, dans

Judaicum pcclus viliorum plena vorago, le dernier asile du démon vaincu par le Christ. Versus, ll, i, P. L., t. cxxii, col. 1234.

II EXPOSÉ DE^ DOCTRIXES. — 1° La philosophie et la théologie, la foi et la raison. - Cette question a inspiré de bonnes pages à G. Brunhes, La foi chrétienne et la philosophie au temps de la ^^ « [J^’/^f^^^/"™lingienne, Paris, 1903, surtout p. 51-69, 153-181 ; cf. H Ligeard, dans la Revue du cierge français, 1° juillet 1910 P 7-12. — 1- Identification entre la philosophie et là religion. - La philosophie et la religion sont une seule et même chose. Conficitur… veram esse philosophiam veram religioncm, convertimqiie veram rehnonem esse veram philosophiam, dit-il. De prædesiinalione, c. i, P. L., t. cxxii, col. 358. Cette idée est le point de départ de toute son œuvre, et elle est supposée partout. Traiter de la philosophie, ce n est pas autre chose que verse religionis, qiia summa et prmcipalis omnium rerum causa, Deus, et humiliter colitur et ralionabililer investigatur, régulas exponerc. — 2. Comment on arrive à la connaissance de Dieu. — L ame possède trois mouvements : les sens, qui atteignent les phénomènes des choses sensibles ; la raison, ra^io, qui connaît Dieu en tant que cause des choses sans savoir ce qu’il est, incognilum Deum définit secundum quod causa omnium sit ; l’intelligence, intelleclus, animus, le vo-jdes Grecs, par laquelle l’âme dépasse sa propre nature, en s’élançant du point où la raison 1 avait conduite, et s’élève jusqu’à Dieu, objet de cette connaissance pure qui est contemplation, vision, vision intellectuelle. Et ce n’est pas seulement par la vue des choses sensibles que l’âme s’élève à Dieu invisible ; elle n’a qu’à rentrer en elle-même et à se considérer attentivement, elle y trouvera la trinité substantielle de la bonté divine qui in motibiis humanæ natiirx recte eos intuentibusarridct. Ce moyen de parvenir à la connaissance de Dieu est le meilleur et presque le seul, et hic maximus et pene solus gradus et ad cognitionem veritatis. De divisione naturse, 1. H, c. xxiii-xxiy, xxxii col. 572-580, 610-611. Cette intuition est le produit d’une faculté première qui préexistait aux données des sens et de la raison. En possession de Dieu l’âme, passant de la voie ascendante à la voie descendante, enrichit la raison et les sens des lumières qu’elle a découvertes, c. xxiv, col. 573-574. -3 L’autorité : l’Écriliire et les Pères. — Cela étant, il n’y a pas à opposer la foi et la raison, la raison et la vraie autorité : vera enim audorilas rccUe rationi non obsislit, neqiic recta ratio veræ auctorilali. Ambo siquidem ex uno fonte, divina viddicct !  ; apienlia, manare dubium non est. Assez communément on pense que Jean Scot donne la prééminence à la raison sur la foi et, à l’appui de cette opinion, on cite ce passage : Rcdionem priorem esse naliira… didicimus… Auctoritas siquidem ex vera ralione processit, ratio vcro nunquam ex auctorilate. Omnis enim auctoritos, qiise vera ralione non approbaliir, infirma vidctur esse. Vera autem ratio, quoniam suis virtiitibus data atque imnmtabilis munitur, nullins aucloritalis astipiilaiionc roborari indiget. Qu’est-ce à dire ? Qu Eriugène fait peu de cas de l’Écriture ? Qu’il méprise les Pères ? Non pas. Comme l’a remarqué le P. Jarquin, dans la Revue des sciences philosophiques et théoloqiques, Kain, 1908, t. 11, p. 747-748, ce passage du Dr d’visione naturæ, 1. I, c. Lxix, col. 513, doit être replacé dans son contexte, c. lxiv-lxix, col. o09513 Jean Scot commence par poser ce principe, , c l’xiv, col. 509 : Særæ. Scripturæ in omnibus seqncnda’est auctoritas, et conclut, c. lxv, col. 510 : Hipe de sequenda auctorilate solwnmodo særæ Scrip turrn in divinis nmxime dispulalionibus sufficumt. Pas de réserves ; la seule chose qu’il demande, c’est que

l’on ne prenne pas dans un sens littéral les comparai sons ou les métaphores de l’Écriture. Puis il traite de la raison droite et de son accord nécessaire avec la véritable autorité, de la raison qui instruit les esprits