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ÉPOUX (DEVOIRS DES — ÉQUIVOQUE


la fin du mariage que nous étudions, c’est-à-dire par rapport à l’appui mutuel que doivent se prêter doux existences fondues par le mariage en une seule, se trouvent ainsi formulés par saint Paul, dans son Épître aux Éphésiens, v, 25 : « Maris, aimez vos femmes comme Jésus-CIirist a aime son Église ; car personne ne hait sa propre cliair, mais il la nourrit et l’entretient, comme fait le Christ h l’égard de son Église, parce que nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os. C’est pourquoi l’honime quittera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme, et ils seront deux en une seule chair. » Autant que possible, l’union des époux doit donc être parfaite comme celle de JésusChrist avec son Église, et les premiers devoirs des époux découlent du grand principe de la sainteté que le Christ sanctionna de son autorité. Les époux étant sanctifiés et comme consacrés par l’union sacramentelle, leurs deux vies doivent s’élever l’une par l’autre ; leurs intelligences doivent se doubler dans un commun effort, leurs volontés se communiquer leurs énergies propres, leurs caractères se discipliner par des concessions quotidiennes, leurs qualités natives s’équilibrer dans l’identité du but poursuivi qui est le perfectionnement religieux et moral de la société conjugale. Et ce n’est pas seulement l’homme qui est élevé par la grâce du sacrement ; la femme y participe dans une égale mesure. Sans doute, il y a dans le mariage un devoir de subordination : « L’homme est le clief de la femme, comme le Christ est le chef de l’Église. » Eph., V, 21, 28. A lui le pouvoir, parce que toutes les saintes faiblesses qui s’appuieront sur lui — faiblesse de celle qu’il a choisie, faiblesse de l’enfant qui lui naîtra — ont besoin de sa force. Il a reçu cette force pour exercer l’autorité. La femme a reçu la faiblesse pour exercer surtout le dévouement : à elle les grâces pudiques, la bénignité affable, la bonté soumise et attentionnée… L’épouse, pour être subordonnée à l’époux, possède cependant, dans le mariage, des droits égaux à ceux de son mari ; et, s’il est vrai que son corps ne lui appartient plus, l’ajjôtre ajoute bien vite que le mari est sous ce rapport dans les mêmes conditions. I Cor., VII, 4. Ainsi l’époi’.se n’est jdus l’esclave de l’homme, elle en est la compagne et la sœur ; et c’est h la dignité et à la sainteté du sacrement de mariage qu’elle a dû sa première réhabilitation.

Devoir de perfectionnement religieux et moral, devoir de subordination, devoir aussi pour les époux d’amour mutuel, devoir que le Saint-Esprit leur recommande tant, en l’Écriture, dit saint l’rançois de Sales : « O mariés, écrit le saint docteur, ce n’est rien de dire : « Aimez vous l’un l’autre de l’amour naturel, » car les tourterelles font bien cela, ni de dire : « Aimez-vous d’un amour Iuuuain, »car les païens ont bienpra tiqué cet amour~lâ ; mais je vous dis après le grand apôtre : « Maris, aimez vos femmes comme Jésus-t^luist « a aimé son Église ; ô femmes, ainu>z vos maris comme « l’Église aime son Sauveur. » Ce fut Dieu qui amena Ève à notre premier père Adam, et la lui donna pour femme : c’est aus i Dieu, mes anu’s, qui, de sa main invisil>ie, afait le nœud du sacré lien de votre mariage, et qui vous adonnés les uns aux autres ; pourquoi ne vous chérissez-^vous d’un amour tout saint, tout sacré, tout divin ? Le premier efi’etde cet amour, c’est l’union indissolublede vos cœurs… ; or, cclte union ne s’entend jias principalement du corps, du cœur, de l’alTection, de l’amour… (lonservez donc, ô maris, un tendre, constant et cordial amour envers vos femmes : pour cela, la femme fut tirée du côté plus proche du cœur du premier homme, afin qu’elle lût aimée de lui cordialement et tendrement. » Inlioduclion à la vie dévole, c. XXXVIII.

Aux devoirs que nous venons d’énumércr et qui

DICT. DE TIIÉOI, . CATHOL.

relèvent du principe de la sainteté, une des bases sur lesquelles le Christ a institué la société conjugale, il faut joindre les devoirs répondant aux principes de l’unité et de l’indissolubilité du mariage, lesquels découlaient tout naturellement du sacrement et des rapports de Jésus-Christ avec son Église proposés comme modèles. Voir Mariage. < Si vous voulez, ô maris, dit encore saint François de Sales, que vos femmes soient fidèles, faites-leur en voir la leçon par votre exemple. « Avec quel front, dit saint Grégoire Nazianzène, voulez-vous exiger la pudicité de vos femmes si « vous vivez vous-mêmes en impudicité ? comme leur « demandez-vous ce que vous ne leur donnez pas ? » Voulez-vous qu’elles soient chastes ? comportez-vous chastement avec elles, et comme dit saint Paul : » Qu’un chacun sache posséder son vaisseau en sanctification. » >Jais vous, ô femmes, desquelles l’honneur est inséparablement conjoint avec la pudicité et honnêteté, conservez jalousement votre gloire et ne permettez qu’aucune sorte de dissolution ternisse la blancheur de votre réputation. Craignez toutes sortes d’attaques, pour petites qu’elles soient : ne permettez jamais aucune muguetterie autour de vous. Quiconque vient louer votre beauté et votre grâce, vous doit être suspect… Je crois que la première chose qu’un mari doit avoir d’une femme et que la femme lui doit fidèlement garder, c’est l’oreille, afin que nul langage ou bruit n’y puisse entrer, sinon le doux et aimable grillotis des paroles chastes et pudiques…, car il se faut toujours ressouvenir que l’on empoisonne les âmes par les oreilles, comme le corps par la bouche. »

L’amour, la fidélité, le respect mutuel engendrent toujours la confiance, et c’est là le dernier devoir qui incombe aux époux : il leur impose de compter pour chacun d’eux sur la fidélité de l’autre ; il proscrit la défiance qui irrite, bltsse et humilie ; il condamne enfin la jalousie inquiète et violente qui implique le mépris. Cf. d’Hulst, Carrme, 1894, Sur Ici morale de la famille.

Tous ces devoirs exigent l’abnégition, le dévouement et le sacrifice.

Il est question des devoirs des époux dans tous les traités De malrimonin. Voir spécialement S. Alphonse de Ligiiori, Theologia mnnilis, I. VI, tr. VI, c. ir, dub. ii, n. 900-054, Turin, 1879, t. ii, p. G62-G97 ; C. Marc, In.ilituliones morales alphonsianiv, part. III, tr. VIII, c. vii, a. 1, Rome, 188, 0, t. ir, p., S, ")9-.578 ; 1’. Gury, Conipendiiini tlieologiæ morali.i. De matrimonio, c, viii, éilit. H. Dumas, Lyon, 187."), t. ii, j). 105-117 ; A. lîallrrini, Oinis llieologi— cum montlr. De malrimnnio. c. ii, chil). i, ii, Pr.ito, 1892, t. VI, p. 215-.’Î17 ; A. Lelimkiilil, Thmlogia monilix, part. II,

I. I, tr. VIII, sect. IV, 5’édit., Frib)urg-en-Ui isgau, 1888, t. II, p. 596-615.

J. FONSSAGRIVES.

    1. ÉQUIVOQUE##


ÉQUIVOQUE. — L L’éciuivoque et le langage.

II. L’cquivocpio et la théologie dogmatique. III. L’équivoque et la théologie morale.

I. L’kQI IVOQUE ET I, K LANGAGE, Lc UlOt éqill voqiie est employé comme substantif et conuue adjectif. Considéré connue substantif, il sert à désigner une chose qui a ou qui peut avoir deux ou plusieurs sens, l’un vrai et l’autre faux, en un mot, uiu> jiroposilion à double entente. Quant à l’adjectif, qui ne diflère en rien du substantif, il se joint également, et sans modification, à un nom masculin ou à un nom féminin, auquel il donne la urmuc signification. Non seulement on dit d’un discours, d’une parole, d’un terme, d’un mot. d’une expression, qu’ils sont équivoques ; mais on le dit également d’une action, de la réputation, du mérite, de la vertu, quand on a quelque raison de les suspecter. La vertu, par exemple, lorsqu’elle n’est point équivoque, ne se dément jamais. Il y a aussi des louanges équivoques, qui s(Uit de fines

V. - i : i