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EPISCOPIUS — EPITRES


(hostile à Episcopius, par exemple, p. 65) ; Th. Van Oppenraaij, La doctrine de la prédestination dans l’Église des Pays-Bas depuis l’origine jusqu’au si/node national de Dordrcelit en 1618 et 1619, Louvain, 1906 ; Du Pin, Bihliothèque des auteurs séparés de la communion de l’Église romaine du xviie siècle, t. ii, p. 472-495 ; Bayle, Dictionnaire historique et critique ; Nicéron, Mémoires, t. ii, p. 297 ; Realencijklopadie, t. V, p. 422-424 ; S. Episcopius en Ltjn gestacht. Nauorscher, 1. 1, p. 189 ; t. II, p. 214, 285,.351 ; Levens van Nederlandsche Alannen en Vroiuven, t. iii, p. 84 ; Bcyerman, S. Episcopius. Bemonstrantsche Bra’derschap..l. v, p. 21 ; Schotel, .S’. Episcopius beschuldiqd dat de rcsurrectio S. C alleen moralis is. Godgeleer de Bijdragen, 1865, p. 279-002 ; A. Ilæntjens, Simon Episcopius cds apologect v. h. remonstranlisme in ijn leven en werken ijeschelst, Leyde, 1899 ; J. Konijnenburg, Laudatio Simonis Episcopii. 1791 ; Frederick Gaïdar, Mcmoirs of Simon Episcopius, to which is addeda brief accounl of the sijnod o/ Dort., Londres, 1835.

J. DUTILLEUL.

    1. EPITRES##


EPITRES. Le Nouveau Testament contient 21 Épîtres : 14 de saint Paul, une de saint Jacques, 2 de saint Pierre, 3 de saint Jean et une de saint Jude. On s’est demande récemment si elles étaient des lettres privées ou si elles rentraient dans le genre littéraire des épîtres-traités. La question n’est pas oiseuse ; elle intéresse à la fois le critique, l’exégète et le théologien, parce qu’elle fournit un argument en faveur de l’authenticité contestée de plusieurs lettres de saint Paul, parce qu’elle détermine exacte. ment le caractère littéraire ou non des écrits apostoliques et parce qu’elle explique jiourquoi on n’y trouve pas un exposé systématique de l’enseignement et de la doctrine des apôtres. Il y a donc lieu de la traiter brièvement ici. — I. Genre littéraire. II. Forme extérieure.

I. Genre LiTTÉRAinE.

Les Épîtres néotestamentaires sont-elles de simples lettres ou des épîtres, c’est-à-dire des traités rédigés sous forme épistolairc ?

1° Distinction de la lettre et de l’épître an point de vue littéraire. — 1. La lettre. — Elle n’a, de sa nature et par sa destination, aucun car ; iclère littéraire, pas plus qu’un contrat, un bail, un testament, un journal intime. Elle n’est pas écrite pour le public ni destinée à la publicité. Elle n’est rédigée que pour les personnes à qui elle est adressée. Sans l’éloignement des destinataires, elle n’aurait pas sa raison d’être ; une communication, faite de vive voix, la remplacerait. Son rôle est de mettre en relation des personnes que la distance sépare. Essentiellement intime, individuelle, personnelle, elle est composée uniqucmeni pour les yeux de ses destinataires, qui l’ouvriront et la liront seuls. Elle est secrète et scellée. Elle ne différe pas de la conversation ; c’est une conversation par écrit et à distance. On pourrait l’appeler, selon le mot de M. DcissmauTi, une anticipation de la conversation par téléphone, (domine la conversation, elle est très variée de sujet et de ton..Mais le contenu et le ton ne constituent pas la lettre. Ce qui la caractérise essentiellement, c’est qu’elle est une communication privée, échangée entre personnes éloignées. Par suite, elle n’appartient pas à la littérature. On ne sait qui l’a inventée ; elle est très ancienne. Voir E. lieurlier, Lettre, dans le Dictionnaire de la liible de.M. Vigoureux, t. IV, col. 191-196. Elle a certainement précédé toute littérature.

Elle ne différe de l’épître ni par la longueur, car il y a des conversations et des lettres très longues, ni par le sujet, puisqu’une conversation et, par suite, une lettre peut rouler sur les questions les plus sérieuses, ni par le style, certaines personnes ayant naturellement un ton oratoire et un style chvtié dans leurs conversations et dans leurs lettres les plus intimes, ni par le fait qu’elles ne sont pas publiées, puisque des épîtres, destinées à la publicité, n’ont pas vu le jour et que telles lettres privées exhumées des vieilles

cités égyptiennes, malgré leur destination éphémère, ont été récemment éditées et ont excité un vif intérêt. -M. Deissmann, par exemple, en a publié dix, Bibelstiidien, Marbourg, 1905, p. 209-216, et vingt et une, Liehtvom Osten, Tubingue, 1908, p. 100-157 ; 2e édit., 1909, p. 102-163. Cf. Lagrange, A travers les papyrus grecs, dans Conférences de Saint-Élienne, Paris, Î910, p. 53-88. La distinction de la lettre et d& l’épître vient de ce que la première est une communication intime et privée, nonobstant les divulgations postérieures, tandis que la seconde est une composition littéraire, destinée au public.

2. L’épître.

Elle n’a de commun avec la lettre que la forme épistolaire ; pour le reste, elle en diffère totalement. L’une, quel que soit son sujet, est privée, secrète ; l’autre est destinée à la publicité, tous ont le droit de la lire et plus elle aura de lecteurs, mieux elle atteindra son but, puisque son auteur a voulu intéresser le public. L’épître est un genre littéraire artificiel et artistique, comme le dialogue, le discours, ’le drame. La forme épistolaire, l’adresse, les salutations ne sont, dans l’épître, que purs accessoires introduitspour garder les seules apparences de la lettre privée. Une lettre est rarement intelligible pour les lecteurs qui ne connaissent ni les correspondants, ni les circonstances qui ont amené la correspondance. La plupart des épîtres se comprennent, lors même qu’on ne connaît ni leurs auteurs ni leurs destinataires, et ces derniers sont souvent fictifs. L’épître se distingue donc de la lettre, comme le dialogue de la conversation, comme le drame historique du récit historique. La lettre est une tranche de vie ; l’épître, un produit littéraire. Une lettre pubHque, une IvHve ouverte, connne on dit aujourd’hui, n’a jamais la simplicité, la naïveté, l’abandon et la sincérité d’une véritable lettre privée. Son auteur vise le public et se met en. frais pour lui plaire ou l’intéresser.

Toutefois, entre la lettre privée et l’épître-traité, il y a des intermédiaires : lettres collectives, circulaires, etc. La lettre adressée à plusieurs personnes, à une famille entière, à une communauté, à une cor-I )oration, n’en est pas moins une véritable lettre. Le nombre des destinataires ne cluinge pas son caractère essentiel de communication privée et intime, pas plus que la publicité des lettres n’enlève leur qu ; dité d’écrit conlidenticl, de missive iiarticulière. Cependant,

cause de la multiplicité des destinataires, elle

tourne aisément ; l’épître et la circulaire se distingue à peine de celle-ci. Celui qui écrit une lettre prévoit aussi parfois qu’elle sera divulguée, et sa correspondance perd ainsi quelque chose de son intimité. Par contre, une éjutrc, fût-elle adessée à un seul individu, reste un traité, une épître littéraire, écrite avec la préoccupation du puplic et avec art. Malgré les rapprochenienls qui se produisent dans ces cas particuliers, les deux genres sont nettement tranchés : la lettre est une communication intime et privée, l’épître, une composition destinée au public.

2°.Xppliealion de celle distinction aux écrits épistolairesdii 'oiu>eau Testament. — M. Deissmann trouve, dans le Nouveau Testament, des lettres et des épîtres.

1. Lettres.

a) Celles de saint Paul. — Les lettres de saint Paul, sauf l’fipître aux Hébreux, qui est une véritable épître, sont de simples lettres réelles et noi> des écrits littéraires. Elles ont été écrites jiour leurs seuls destinataires et non pour le public ni))our le monde chrétien postérieur. I-Jles n’ont pas seulement les formes générales de la lettre que conservent de véritales épîtres ; elles présentent les caractères d’intimité, de confidence, de naturel, de vérité, , d’aisance qui sont propres à la lettre ]irivée. Elles s’adressent, pour la plupart, ; i des iiersonnes connues, , à des communautés que l’apôtre avait fondées ou