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ÉPISCOPALIENNE (ÉGLISE ; — EPISCOPIUS


Et voilà qu’en vcrlu même de leur.système, ils sont absolument incapables de produire avec autorité une seule décision dogmatique, au sujet des controverses qui ruinent la paix de l’Église, de produirc un seul canon dogmatique ou disciplinaire qui puisse être imposé avec autorité à ses membres… Le congrès nous a montré à l’évidence l’excellence, l’industrie, le sens religieux profond du peuple anglican. Il découvre au monde entier la désespérante impuissance dogmatique de l’Église anglicane. » Tuhlcl, 18 juillet 1908, p. 83 sq.

J’ai résumé en deux articles, dans les Études, les travaux du congrès et de la conférence : Le congrès pananglican de Londres et la conférence de Lanibeth, Éludes, 1908, t. cxvi, p. 721 sq. ; t. cxvii, p. 13 sq.

J. DE LA SeRVIÈRE.

    1. ÉPISCOPAT##


ÉPISCOPAT. Voir Évêques.

    1. EPISCOPIUS Simon##


EPISCOPIUS Simon, de son vrai nom Bisho]). naquit à Amsterdam le 8 janvier 1583. Envoyé aux frais de la ville compléter ses études àLeydeen 1600, il y devient maître-ès-arts (ICOC). Dans la querelle entre gomaristes et arminiens (voir Armimus), qui partageait alors la Hollande, il était du parti de ceux-ci. Attiré à Franeker en 1609, par la réputation de l’hébraïsant Jean Drusius, il y soutint contre le ministre Sibrandus Lubbertus des disputes à la suite desquelles il quitta la ville. En 1610, il est ministre à Bleiswiclv près Rotterdam. Au milieu de l’agitation qui suit la mort d’Arminius et la remontrance d’Uytenbogært, Episcopius prend part aux conférences infructueuses de la Haye (1611) et de Delft (1011), où se rencontraient en nombre égal les ministres des deux partis. En 1612, par un choix qu’on a imputé, soit à la modération du jeune remonstrant, suit à l’influence de son parti, Episcopius est nommé professeur à Leyde poiu" y succéder ù Gomar. Lors du synode de Dordrecht, où le parti gomariste, appuyé par Maurice de Nassau, était maitre absolu, une assemblée de remonstrants à Rotterdam (2 décembre 1618) avait désigné Episcopius pour y être leur porte-parole. Les États généraux avaient convoqué ce synode (auquel prenaient part des Allemands, des Anglais et desÉcossais ) pour y mettre fin à ces dissensions ; mais, les remonstrants n’y furent admis qu’à la xxii" session (6 décembre), et n’étaient d’ailleurs autorisés qu’à comparaître comme accusés. Episcopius y prit la parole avec fermeté ; son discours, examiné et approuvé à Rotterdam, dura une heure et demie. Il assurait les intentions droites et la volonté pacirique des remonstrants, tandis que leurs adversaires les qualifiaient d’hérétiques à cause des cinq articles. Ils venaient devant le synode librement, non comme accusés ; ils réprouvaient la prédestination absolue, ils blâmaient la division actuelle ; ils réclamaient la tolérance mutuelle, et reconnaissaient le pouvoir du magistrat civil dans les choses ecclésiastiques. Les discussions se prolongèrent plus d’un mois avec une extrême violence, et les députés des États généraux intervinrent à plusieurs reprises sans grand succès ; les contre-remonstrants se refusaient absolument à entendre la réfutation de leurs propres doctrines contraires aux cinq articles. Le 14 janvier, à la lvii^ session, le président Bogerman congédia les remonstrants par un discours passionné : « Vous êtes entres ici avec un mensonge, et c’est encore avec un mensonge que vous sortez, etc. » Episcopius répondit : € Nous nous tairons avec notre rédempteur Jésus-Christ qui jugera un jour nos traudes et nos mensonges. »

Les prédicants remonstrants sont déposés ; et comme ils se refusent à tenir compte de cette déposition, ils sont bannis. Episcopius se retira à Anvers. Il y com posa quelques-uns de ses ouvrages de polémique relatifs au synode de Dordrecht : V Anlidotum continens pressiorem declaralioncni propria : et genuiiise sententiæ quæ in sijnodo nationali Dordraccna adscrta est et stabilita ; et la Confessio seu declarcitio sententisc pcistorurn, qui in fœderato Belgio remonslranles vocantur super prœcipuis arliculis rcligionis christianæ. Antoine de Wale et d’autres professeurs de Leyde ayant publié une censure de cette confession, Episcopius y répondit par une Apologia. A cette querelle se rattache encore le Bodekcrus ineptiens, qu’il écrivit plus tard contre Nicolas Bodekcr, transfuge du jKirti remonstrant.

Pendant son séjour à Anvers, Episcopius entra en relations, ou en discussion, avec le jésuite irlandais Pierre Wadding, qui lui écrivit une lettre sur la foi, et une autre sur le culte des images (1620). Le P. Sommervogel n’en connaît pas d’autre édition que celle de Limborch, dans les Præslanlium ac erudilorum virorum Epistolæ ecclesiasticæ et theologicæ, 2’^ édit., Amsterdam, 1684, p. 603-612. Quelques-uns des remonstrants exilés, Pierre Bertius, par exemple, étaient venus au catholicisme ; Episcopius tenta la réfutation des lettres du P. Wadding dans une Responsio, à laquelle il ajouta plus tard d’autres traités de controverse : LabyrinUntSySii’e circulus pontificius ; Responsio ad dilemmata decem ponlificii alicujus docloris. Il passa ensuite en France, séjourna à Paris, et surtout à Rouen. Au dire de ses adversaires, Episcopius à Paris aurait fréquenté le P. Coton, et évité Pierre du Moulin ; cette seconde assertion est fort vraisemblable ; du Moulin avait écrit une Anatomia arminianismi, qui lui avait valu des États « leur médaille et deux cents écus » . Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, t. vii, p. 470. Mais, à l’avènement du stathouder Frédéric-Henri, plus clément que son frère, Episcopius revint à Amsterdam, comme ministre des remonstrants (1626). Il se maria l’année suivante avec Marie Pesser, veuve d’Henri de Nielles. En 1634, il fut fait recteur du collège remonstrant d’Amsterdam. Il mourut le 14 avril 1643. Ses œuTes ne furent éditées qu’en 1650 (2e édit., 1678) en 1 in-fol., par Etienne de Courcelles, gendre de Rembert Episcopius, frère de Simon.

Episcopius fut très laborieux ; il avait une correspondance très étendue, et a laissé, outre trois volumes de sermons, des traités de controverse et des Institutions théologiques. Ce dernier ouTage, divisé en quatre liTes, traite : de la religion naturelle ; de la révélation faite à Abraham ; de la révélation faite à Moïse ; de la révélation faite par Jésus-Christ. Dans ce dernier livre, l’auteur établit l’autorité de la sainte Écriture, puis examine ce qu’elle enseigne : l’existence de Dieu, ses perfections, la création, la providence et la rédemption. Le P. Mabillon, dans la 1’^ édition du Traité des Études monastiques, avait donné à ces Institutions, non sans réserve d’ailleurs, un éloge que lui reprochèrent vivement les jansénistes. Episcopius a été injustement accusé de socinianisme par Jurien, qui, Bayle en convient, avait falsifié deux textes du théologien remonstrant. Celui-ci connaissait fort bien la sainte Écriture, mais semble être resté étranger à l’antiquité ecclésiastique ; il tolère quiconque admet la sainte Écriture d’une façon quelconque, et il admet des articles fondamentaux facultatifs.

Ph. Limborch, Hisloria vila^ S. Episcopii, Amsterdam, 1701 ; Opéra tlieologica, Amsterdam, 1650 ; voir la préface d’Etienne de Courcelles ; Predicatien van M. Simon Episcopius, ecrtijds professor der H. tlieologie toi Lcyden, gedsen in de clirislelijke vergaderinge der Remonstr.. Amsterdam, 1693 ; Acla synodi nationalis, in nomine D. N. J. C, au-Uorilale DD.Ordinum Generalium fœderali Belgii provincia-Tum Dordrcchli liabitie, ann. 1619 et 1620, Dordrecht, 1620'