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KPIGRAP.HIE CHRETIENNE


quelques pierres des noms propres en forme de monogrammes. De Hossi, liiillcl., {^dit. ital.. 1863, p. 33 sq. ; 1887, I). 19 ; 1892, p. 110 ; Niioi’o biilM., 1899, p. 29, n. 10 ; 1909, p. 208. n. G7 ; p. 211, 212, n. 73, 81 ; Perret, op. cil., 1)1..30, n. 111 ; pl. 49, n. 23 ; pl. 57, n. 10 ; liôm. QiKirtal.scliri/l, t. xx (1906), p. 23 ; Xystus, Nolione.<i archœoL christ., t. ii ii, p., 3-52.

XI. ixscnii’rioxs métiiiques. — Elles sont assez rares aux ir et iiie siècles. Citons, comme monuments vraiment importants, le marbre d’Abercius, le monument d’Autun, l’inscription d’Agape à Sainte-Priscille, ainsi que celle de la martyre Zosima. Après l’an 300, elles deviennent plus nombreuses, surtout avec saint Damase, saint Ambroise et saint Paulin de Noie. Au v<’siècle appartiennent les inscriptions d’Achille, évêque de Spolète, du pape Sixte III et d’autres. Saint Damase lui-même fut imite par d’autres. Weyniann, dans la Rcinie d’Iiisloirc et de litiéralure religieuses, t. i (1896), p. 58 sq. Toutefois, certaines régions, par exemple, Syracuse et l’Afrique, n’en présentent que très peu. Leur forme dénote, en général, la décadence de la métrique. Les règles ne sont pas toujours fidèlement observées. Au iv et au v^ siècle, les quasi versus sont souvent employés. De Rossi, Inscripl. christ., t. i, p. cxv ; Roma sollerranea, t. iii, p. 45-48.

Pour le fond, il est certain, comme l’ont fait remarquer M. Le Blant et d’autres, que des vers entiers ou du moins des parties de vers sont empruntés à d’anciens poètes. Une inscription de la Villa Borghèse, du in « ’siècle, reproduit un passage de l’Enéide, II, 143 sq. Le vers 11<" de l’inscription de l’évêque Alexandre de Tipasa. en Afrique, réunit deux hémistiches virgiliens. Leclercq, Dictionnaire d’arch. chrét.. 1. 1, col. 825. Les mots : abslulil alra dies et funere mersit acerbo (Enéide, VI, 429 ; XI, 28) reviennent à plusieurs reprises. De Rossi, Inscript, christ., t. i, p. IX ; Le Blant, op. cit., t. ii, p. 128, note 1. Une épitaphe gauloise termine par le vers 57 de la Ve églogue. Le Blant, lac. cit., p. 254, note 1. Le pape Damase imite fréquemment lepoètedeMantoue. Ihm, Danjasi epigrcunmeda, p. viii ; Storuainolo, Osservazioni letterariee filologiche sugli epigrammi damasiani, dans Sludi c documenti di storiae diritto. t. vu (Rome, 1886). D’autres emprunts ou allusions à Ménandre, à Virgile et à Horace sont cités par les Monumenta lit., n. 2788, par Kirsch, Acclamationen, p. 35, note 2, et Kaufmann, Jenseitsdenkmdler, p. 98. Les termes : Tariarus, Slijx, nemus elysium, rector Olijmpi, etc., sont évidemment pris des auteurs classiques. Strazzula, dans Rôm. Quctrtalschrift, t. xi (1897), p. 507 sq.

La diction est assez lourde et peu naturelle, même dans les productions de saint Damase. Le style dénote beaucoup de rhétorique. On accumule épithète sur cpithète et on brille bien plus par les mots que par les pensées. Naturellement, la décadence s’accentue encore davantage auxv « et vi<’siècles où la simplicité classique des premiers temps a disparu. C’est un éloge oratoire, presque une oraison funèbre qu’on trouve dans ces textes. Disons, à l’excuse de leurs auteurs, que tous n’appartenaient pas à la classe des savants ou des poètes. De Rossi, Inscript, christ., t. ii, p. VII sq. ; Weyman, dans Blàller fiir das Gymnasialschulwesen, Munich, t. xxxi (1895), p. 529-556. Voir, pour ce paragraphe. De Rossi, Inscripl. christ., t. lia, p. xxxi sq.

XII. IKSClilPTlOXS FALSiriÉES ; COI.LECTIOXS ÉPIGRA PBiQUES. — Dans l’épigraphie chrétienne, comme dans l’épigraphie païenne, on rencontre des textes falsiliés. Tout le monde connaît ceux de Sainte-Martine et du Cotisée à Rome, d’Aliscamps dans les Gaules. Marucchi, Éléments. 1. 1 (1900), p. 20, 21 ; Leclercq, -Dic/i’o/inaire d’arch. chrét., t. i, col. 1212. Pirro Ligorio n’a pas

été seul faussaire. Il suflil, pour s’en convaincre, de consulter, par exemple, Hubner, Inscripl. IIisp., .i, |). 91-106 (n. 1*-101*), ou les Monumenta lit., t. i, p. ccxv.

Quant aux collections d’inscriptions chrétiennes originales, nous devons mentionner, en dehors des catacombes où on rencontre le plus grand nombre, , les musées du Latran et du Vatican, le musée Kircher, les musées du Campo-santo des Allemands, du Capitole et du couvent de Saint-Paul-hors-les-murs. Viennent ensuite les musées de Ravenne, de Naples, . de Sjracuse et de Palerme, de Carthage, du Caire, . d’Alexandrie, d’Athènes, de Lyon, de Vienne, de Trêves, de Mayence, etc.

II. L’ÉPIGRAPHIE CriRÉTIEXXE, LIEU THÉOLOGIQUE.

— Tout le monde admet aujourd’hui l’importance de l’épigraphie chrétienne comme source théologique.

Des inscriptions en général on a dit qu’elles constituent les sources les plus sûres de l’antiquité qui nous montrent les hommes et les choses tels qu’ils étaient réellement et nous font connaître des situations dont aucun ne parle, tandis que les documents écrits ont souvent été altérés par suite des copies qu’on en a faites et même parfois intentionnellement corrompus. Larfeld, Griechische Epigraphik, 1. 1 (1908), . p. 9. Or, ceci vaut entièrement pour les textes épigraphiques chrétiens, d’autant plus qu’on n’y rencontre nulle part ces exagérations ou faussetés dont certains textes officiels profanes ne sont pas même exempts. Ensuite, tous ces monuments dont nous nous occupons, ont un caractère essentiellement religieux, le grand nombre même un caractère funéraire, c’est-à-dire qu’ils se rapportent à la sépulture et reflètent avant tout les idées, les croyances qui ont trait à la mort, au tombeau et à [l’éternité. D’autres croyances religieuses y sont également exprimées » quoique d’une manière plutôt secondaire. On y rencontre aussi certaines allusions aux controverses suscitées à Rome, au m'e siècle, au sujet de la Trinité ou, du temps de Dioclétien, au sujet de la réconciliation des lapsi. De Rossi, Bullel., 1866, édit. ital., . p. 77 sq. ; 1877. édit. franc., p. 29. Du reste, l’hérésie avait également ses monuments. Telle épigraphe de 318 mentionne une » synagogue des marcionit es » , au sud de Damas, Le Bas et Waddington, Inscripl. grecques et latines, t. ni (1870), p. 582, n. 2558 ; telles autres parlent du manichéisme, du gnosticisme, du montanisme. Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, t. IX (1908), p. 19-20 ; Batiffol, La litiéralure grecque, Paris. 1897, p. 115 ; Corp. insc. lai., t. viiu n. 2272. Le donatisme a produit une épigraphie dont l’étendue et l’importance nous ont été récemment révélées par M. Monceaux, dans la Revue de philologie, . 1909, t. XXXIII, p. 112-161.

En outre, ces textes se distinguent généralement par un langage très clair, très simple, et il n’est pas rare d’y trouver des paroles, des formules empruntées directement à l’Écriture sainte, aux prières liturgiques, parfois même aux Pères de l’Église.

Notons encore qu’un petit nombre seulement de ces inscriptions est dû à des personnages officiels : comme documents publics elles ont une valeur plus grande. Les autres proviennent des gens du peuple, reflètent les idées du peuple, ont été posées pour être lues par le peuple et forment ainsi une véritable littérature populaire. Comme telles, elles sont l’expression spontanée et naturelle de ce qu’il sent, de ce qu’il croit, de ce qu’il espère. Ici, le côté individuel, subjectif, que nous trouvons si souvent dans les documents, disparaît. C’est l’ensemble du peuple chrétien qui se fait connaître, ce peuple qui, loin d’être pour nous une nation inconnue et morte, a vécu dans les premiers siècles d’une institution à laquelle nous