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EPICLÈSE EUCHARISTIQUE


vue la doctrine de l’Intervention eiicluiristique du Saint-Esprit ? Nullement. Au surplus, outre les discussions de Florence, cette doctrine trouva, dans la controverse qui s’ouvrit, au xvi'e siècle, avec les théologiens Ambroise Catharin et Christophe de Chefi’ontaines, pour se continuer au xviii, une excellente occasion de ne point se faire oublier. Nous rtsnmerons tout à l’heure l’historique de ces controverses. Bornons-nous présentement à signaler l’afhrmation de l’opération du Saint-Esprit, avec références patristiques et liturgiques, dans Pctau, Theol. doijmala, l.XII, c. XIV, n. Il ; Thomassin, Doymala théologien. De incarn., 1. X, c. xxi, n. 12, 13 ; c. xxix, n. 9-16, Paris, 1868, t. IV, p. 398-399, 455-458 ; Bossuet, Expliealion de quelques difficultés sur les prii’res de la messe (Paris, 1710), VI et XLV sq., Œuvres, Paris, t. iv, p. 448 sq., 475 sq. ; Martène, De anliq. Eccl. rit., 2e édit., Anvers, 1736, t. I, col. 409-414 ; Benoît XIV, De missæ sacrificio, 1. II, c. x, n. 20 ; c. xxiii, n. 16, dans le Cursus theoloqiæ de Migne, t. xxiii, col. 977, 1087.

Notons enfin que cette pensée n’est pas, comme on pourrait le croir", absente de notre missel romain actuel. On la rencontre deux fois exprimée dans les Orationes unie missum distribuées entre les sept jours de la semaine sous le titre général de Oratio sancti Ambrosii episcopi. Dans celle du dimanche on lit : Sunwie Sacerdos et vere Pontifex Jesu C.hriste…, et qui dedisti nobis carnem tuam ad inanducandum et sanguineni tuum ad bibendum, et posuisti nujstcriuni

istud IN YIRTLTE SPIRITVS SANCTI TVI. Celle du

vendredi est certainement une ancienne formule d’épiclèse. Elle commence par un Mémento des morts ; puis, elle continue en ces termes : Peto cle~ mentiam tu<tm. Domine, ut descendat super panem tibi sncrifrcandum plenitudo tua’benedielionis et sanetificatio tuæ divinitatis. Descendat ctiam. Domine, ILLA SAXcri spinirus rui I. rI. « /c/ ;, /s incompieuensibi-USQUE MAJESTAt^, sicut quondam in patrum hostias descendebat, <jvi et odlajkjNES mjsthas conpe : ? et SANdiiNEM Tii’MErriciAT, et me indif/num sacerdotem doceat lantum Iractare mi/slerium. Chose curieuse, on retrouve prescjue mot pour mot cette épiclese dans un Post pridie gallican auciucl dom Cabrol reconnaît un cachet très ancien, mais que, sans doute sous l’inlhiencc d’une préoccupation théoIogique, Alcuin transforma en secrète dans son Missel hebdomadaire. Cf. dom Cagin, dans la l’alctigraphie musiadc, t. v, p. 82 sq. On trouverait sans doute facilement d’autres cas de €< genre, vestiges plus ou moins précis de la liturgie antique.

2° La conlrofersc de répiclese en Occident, à partir du xvi<’siècle. — (^’csl cette considération de la liturl ^ie et de l’enseignement traditionnel au sujet de la vertu consécraloire du Saint ICsprit qui a amené, à partir du xyi"e siècle, quelques théologiens occidentaux à soutenir, relativement à l’enicacité de l’épiclèse pour la consécration, une opinion se rapprochant plus ou moins de la doctrine grecque. Orsi, op. cit., p. il, après avoir dit qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que la haine du latinisme ait inspire aux chrétiens leur opinion exclusive, ajoute la judicieuse remarque suivante au sujet de ces théologiens occidentaux : Illud potius mirandum quosdam fx nostris in (irœcorum jam pêne abiisse sententiam, tt eiplosam olim communibus noslratium theotoqorum votis docirinam, ronquisitis maqno studio argumentis, probabilem tandem Ixac nosira wtide ac verisimilem rfjlccre sluduisse.

C’est i répoque du concile de Trente que la question fut flébattue par le dondrucain Ambroise Catharin (de son vrai nom Lancelot l’olill), évcque de Mlnori, puis archevêcjue de, (".(tnza dans le royaume <le Naple> († 155.3), et le franciscain Christophe de

Cheffontaines ou de Penfentenyou. suivant son nom breton (souvent cité sous le nom latinise de Christophorus a Copite fontium), d’abord ministre général de son ordre, puis archevêque titulaire de Césarée et auxiliaire de Sens († 1595). L’un et l’autre se firent remarquer par la hardiesse de leurs opinions theologiques, spécialement en ce qui a trait à la forme de l’eucharistie.

Tous deux prennent pour point de départ le récit évangélique de l’institution et la manière dont le Christ a consacré au cénacle. Quand Jésus dit les paroles : « Ceci est mon corps. Ceci est mon sang, » la consécration, déclarent-ils, avait déjà été opérée par la bénédiction du Sauveur. De cette assertion ils concluent que ces mêmes paroles n’ont, au canon de la messe, qu’une valeur narrative, bien qu’elles soient nécessaires à cause du commandement qu’en a donné le Christ. La vraie forme du sacrement est, à les en croire, l’invocation ou épiclèse. Dans la messe latine, précisent ils, cette éiiiclèse est l’oraison Quam oblationem qui précède le récit de la cène ; dans la messe grecque, c’est une des oraisons qui suivent ce récit. Fit ergo nobis corpus Christi, dit Catharin, propter orationem privn^issam et ex vi pacti, et sic defenditur mos Grtvcorum. Hoppe, op. cit., p. 8-9, note 20. Catharin défendit son opinion dans deux opuscules adressés par lui au concile de Trente et intitulés : Qui bus rerbis Christu< ; cucharistix sacramentum confecerit, Rome, 1552. Quant à Christophe de Cheflontaines, son sentiment ne difl’ère de celui de Catharin qu’en ce qu’il admet de la part du Christ consécrateur, non pas seulement une bénédiction interne, mais encore un acte externe, sans autre précision. Il a consacré à ce sujet plusieurs traités en français et en latin : De la vertu des paroles par lesquelles se fait la consécration du S. Sacrement de l’autel, Paris, 1585 ; Varii iractedus et disputationes de necessaria correctione Iheologiæ scholastica.’, Paris, 1586 ; De missæ Christi ordine et ritu. Inscrits au catalogue de VIndex par VAppendix Indicis Tridentini (voir encore, par exemple, l’édition romaine de 1841, p. 59, 300), les traités de ces deux auteurs en ont été récemment effacés. On trouvera plus de détails sur leur opinion dans Richard Simon, Fides F.cclesiæ oricntalis. p. 166-173 ; Le I^run. op. cit., diss. X, a. 17, ]). 229-211. Voir t. ii, col. 2352-2353.

La controverse s’engagea, assez vive, au xviii* siècle, à l’occasion de certaines éditions de patristique ou de liturgie. Pour Renaudot (-J- 1720), Liturgiarum orientalium eolleclio, l>aris, 1715-1716, passim, dom Touttée (-J- 1718), dans sa prélacc aux Œuvres de saint Cyrille de.Jérusalem, éditées en 1720 par les soins de dom Maran, diss. III, c. xii, n. 94-97, Le Brun († 1729), Explication de la messe, Paris 17161726, passim, et spécialement diss. X, a. 17, la forme de l’eucharistie est bien dans les paroles de l’institution, qui sont cause efriciente : mais leur efllcacité est conditionnée ]iar l’épiclèse ou invocation. Dans la liturgie latine, la cause imiiélratoire précède (c’est l’oraison (Juam oblidioncm) ; c’est pourtjuoi, après les parcdes du.Sauveur, tout le mystère est terminé. Dans les liturgies orientales, la cause iinpétratoire suit (épiclèse <|ui vient a]îrès le récit de la cène) ; c’est pourcpioi la cause efliciente attend, pour agir, que répiclése soit j>rononcée.

Dès l’apiiarition du i' vol. de l’ouvrage de l’oratorien Le Brun, en 1716, la discussion commença. Les Mémoires de Trévoux le critiquent en 1717. Suit la Lettre d’un curé du diocèse de P((ris touchant le sacrifice de la messe. Paris. 1718. I>uis liéflcxions sur la lettre…. dans le.Journal de Trévoux. 1718. p. 21 : {-225 ; Lettre du /’. I.e Hriin louchant la part qu’ont tes fidèles à la léléhration de la mc-s’, P.iris, 1718. Qu-hjucs an