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ÉPHREM (SAINT) - ÉPICLÈSE EUCHARISTIQUE

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Elle (la divinité) le glorifia sur la montagne (où) elle

[apparut au dehors.

Elle l’obscurcit sur le bois (où) elle était cachée en lui. n fut glorifié sur la montagne (où) elle montra sa nature, Il prit l’apparence des morts.et mon tra(encore)sa nature, Celle que les animaux ne virent pas et qu’il est impossible Aux anges de regarder.

Chacune de ces strophes compte onze vers en syriaque, ces vers sont en général groupés deux par deux, comme nous l’avons fait, pour constituer une phrase métrique. Chaque vers est formé ici de six ou de sept syllabes ; nous en avons beaucoup plus dans la traduction parce qu’en syriaque il n’y a pas d’article et les pronoms sont de simples suffixes. Jean Maron cite la troisième strophe en faveur des deux natures et les jacobites l’ont supprimée depuis lors dans les manuscrits. Jacques d’Édesse (viie siècle) commente d’abord ce texte comme pourraient le faire les diphysites : Voilà ce que dit ce docteur. La divinité a donné au corps qu’elle s’est uni et qu’elle a fait sien, les dons brillants et divins de sa nature (à elle) qui étaient au-dessus de sa nature (à lui) : d’être honoré chez les gentils ; d’être consacré dans les Églises ; d’être orné de gloire… Ce docteur montre encore deux choses, à savoir qu’autre est le corps selon sa nature et autre est la divinité selon sa nature, et ensuite qu’à cause de leur union véritable et indivisible chacun d’eux a pris ce qui appartenait à l’autre : le corps ce qui appartenait à la divinité et la divinité ce qui appartenait au corps. Mais Jacques se prête bientôt à interprétation monophysite lorsqu’il semble attribuer < à la nature divine » la naissance, la souffrance et la mort : C’est donc avec à propos et sans être réprchensible que ce saint docteur a transporté la séparation de l’âme et du corps, qui est appelée mort, à la divinité, qui forma Je corps pour lui servir de vêtement… Aussi on connaîtra par là comme par beaucoup d’autres paroles de ce docteur… que c’est la divinité qui se tissa un vêtement dans le sein, et le revêtit et sortit à la naissance, et apparut dans le corps en ce monde et s’en servit et parla par son moyen, et opéra notre salut. C’est elle qui souffrit pour nous, fut crucifiée et mourut. Cf. F. Nau, Lettres choisies de Jacques d’Édesse, Paris, 1906, p. 2732.

Nous ne citerons pas d’autre exemple des poésies de saint Éphrem, de leur forme, de leur fond poétique « t un peu flottant, ni de l’usage que l’on peut en faire dans l’histoire des dogmes, et des interprétations fliverses auxquelles elles peuvent servir de prétexte. Les qualités poétiques : brièveté, harmonie, assonance, disparaissent dans les traductions dont la littérature ascétique seule pourra tirer grand profit.

Aux ouvrages cités plus haut ou dans le Dicliannuire de la Bible, t. ii, col. 1891, ajoutons : I^amy, Le lestnment de saint Êplirem le sijricn, dans Compte rendu du titialriême Congrès international de.t ralholiquca, tenu à Fribourg, du 16au20août 1807, l" section, .Scic"rp.’î ; -r//V/i>u.sex, Fribourg, 1808, p. 17.’î-209 ((’tude et traduction française) ; Rubens Duval, /-e testament de saiil /îp/ircHi.dans le Journal axia/I7ue, 0° série, I. xviii, scplembre-octobrc l’.IOl, p. 234.119 (introduction, texte syriaque, traduction française et distinction des passages originaux ou interpolés) ; G. Carilahi, I.iber Tliesauri de aric poetica ii/rorum, Rome, 1875, p. 9-13 (notice sur Éphrem et spécimens de ses p)ésics) ; P. Bcdjan, Histoire complète l’e.Joseph par sain’fCphrem, poème en douze Hures avec la translation rï Constant inapte, Paris, 1801 ; une partie de ce poème avait déj.) été éditée, ꝟ. 1887, par le H. P. Uedjan : il semble provenir plutôt de l’école d’Édesse que <le saint Éphrem liii-mêine ; Hev. Henry IJurgess, Select melrical llipiins and Jlomilies o/ liplirem.Sf/riis Iranslated jrom tlie original syriac, L(mdres, IS.SS ; H. firimmc, Der Strophenlxin in den Gedichlen Eplireems, Fribourg, 1803 ; M. Duval, .Vo^es sur la poésie syriaque, dans le Journal asiatique, série, juillet-août J807, t. X, p. 57-7.3.

F. Nau.

DICT. DE THÉOL. CATIIOI..

    1. ÉPICLÈSE EUCHARISTIQUE##


ÉPICLÈSE EUCHARISTIQUE. — I. La question de l’épiclése et la formule de consécration eucharistique. IL Données théologiques : thèse catholique sur la forme de l’eucharistie ; décisions et déclarations de l’Église ; arguments de raison. IIL Données liturgiques : les paroles de l’institution et l’épiclése dans les diverses liturgies. IV. La formule de consécration eucharistique d’après l’Écriture sainte : la consécration à la dernière cène. V. La formule de consécration eucharistique d’après la tradition. VI. Les diverses explications de l’épiclése. VIL Résumé et conclusion.

I. La question de l’épiclése et la formule de

    1. CONSÉCRATION EUCHARISTIQUE##


CONSÉCRATION EUCHARISTIQUE. SOUS Ce mOt

Épiclese nous devons traiter la question de savoir quelle est la formule en vertu de laquelle s’opère la consécration eucharistique, en d’autres termes, quelle est la forme du sacrement de l’eucharistie. Laissant à l’auteur de l’art. Eucharistie la tâche d’étudier ce qui n’a été discuté qu’entre théologiens scolastiques à ce sujet, touchant, par exemple, les mots essentiels ou non des formules communément admises comme consécratoires : //of est corpus mcum. Hic est calix sanguinis mei…, nous nous bornerons à démontrer ici que ce sont vraiment ces formules qui constituent la forme du sacrement, et que ce n’est point l’oraison appelée épiclèse. Pour établir cette démonstration, nous aurons à déterminer le véritable caractère liturgique et théologique de l’épiclése et à donner une explication à la difficulté qu’elle crée sur ce point.

On désigne sous le nom d’épiclèse eucharistique (è7ttviXT|(Ttç, invocation) une prière spéciale qui se trouve dans toutes les liturgies orientales et dans un bon nombre d’anciennes liturgies d’Occident, au canon de la messe, après le récit de l’institution de la sainte eucharistie. Le célébrant y invoque Dieu le Père, quelquefois le Fils, quelquefois l’un et l’autre, et lui demande d’envoyer le Saint-Esprit (le Verbe, d’après deux ou trois formules) sur le pain et le vin pour les transformer au corps et au sang de Jésus-Christ, et aussi pour faire que ce corps et ce sang divins produiscnt leurs salutaires effets dans les communiants. Voici, par exemple, les deux formules d’épiclèse les plus en usage aujourd’hui dans l’Église orientale, celles des deux liturgies byzantines dites de saint Basile et de saint Jean Clirysostomc. Il faut les citer l’une et l’autre, car la connaissance en sera souvent nécessaire au cours de l’exposé qui va suivre. La liturgie de saint Basile, en usage seulement à certains jours déterminés, fait ainsi prier le prêtre :

MejjLvrjulvoi ovv, AéfTTTONoussouvenantdonc.Sei ra, xal r, j.v.i rdiv (jwTTiP^tov gncur, nous aussi, de sa sa « JToO 7raOr|ix(iT(>)v… Tx aa. lutaire passion… (l’nde cl

iv. T(1)v "jiov lol Tipoifépomemores du canon romain),

a£v… nous t’offrons ce qui est à

toi decc qui est ù toi… (o/ ferimus præclaræ majestali

tum de luis donis ac dalis lio sliam puram…).

Aià TOvTo, AcT-roTa TraC’est pourquoi, tout saint

viyiE, y.al r, iieî ; ">' â|JiapT(i>- Seigneur, nous aussi, qui

), o "/.al avïï’.oi ôoOXot aov sommes des pécheurs et tes

rj xaTahoiôÉvtE ;)eiTOvpY£Î’/ indignesservileurs.maisqui

T(o âv’.'fi’î'i’j 0-jT’.aTTY, ptii), … avons été acceptés pour scr OappoOvTô ; -poT£yYiî|o[i.îv vir A ton saint autel…. nous

T’Ti iV" ; ’10 J O’jTiaTTif)p(fi) nous approchons avec con xal Ttpoei/TE ; ta àvriruna fiance de ton saint autel.

ToO à’/iov T(i’)(xaTo ; xai et.fayant offert les antily—

at’u.aroc roO XpiTTOÔ lou, pe.f du saint corpsot du sang

Toû 5£’iixs0a y.a’i t’e itapa/ade ton (Christ, nous te prions

), o-j ! iEv, àvii à^iwi, E-Jôoxîï et te conjurons, à Saint des

Tr, ; (jr, ; àyaOoTr, To ; eXOsiv saints, par une faveur de tu

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