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EUDOCIE — EUDOXE


LéontiusTdans la foi chrétienne et la baptisa, en 421, sous les noms d'^lia Eudocia, qui avaient été ceux de la mère de l’empereur. Le 7 juin de la même année. Théodose II épousait la jeune Athénienne, sans que ce mariage romanesque semble avoir excité chez les historiens byzantins du temps ni l'étonnement ni le sourire ; le 2 janvier 423, Théodose élèvera sa femme à la dignité d’augusta. La paix glorieuse conclue avec les Perses, en 422, avait inspiré à la nouvelle impératrice, au milieu de la joie générale, un poème épique en huit livres où elle célébrait les victoires de Théodose ; pas un seul vers n’en a survécu. On voit ensuite Eudocie recevoir de saint Cyrille, en 429, en même temps que Pulchérie, sa belle-sœur, une exposition de la foi, P. G., t. lxxvi, col. 1133-1200, et prendre part à la querelle nestorienne, non sans quelque divergence d’opinions avec Théodose, comme on le peut conclure de son attitude ultérieure dans les affaires du monophysisme. Plus tard, après le mariage de sa fille avec l’empereur d’Occident, Valentinien III, en 437, elle fera, par reconnaissance et en exécution d’un vœu, le pèlerinage de Jérusalem. Du panégyrique, peut-être versifié, d’Antiochc, qu’elle prononcera dans cette ville aux applaudissements des auditeurs, il ne reste rien, que la citation d’un vers d’Homère. Un an durant, Eudocie séjournera en Palestine, visitant et vénérant les lieux consacrés par les souvenirs de la rédemption, enrichissant les églises et les cloîtres, relevant les murs de la cité sainte. Lorsqu’elle reviendra, en 439, à Constantinople, tout embaumée de l’air de Jérusalem, elle rapportera les reliques du premier martyr saint Etienne. Elle était alors à l’apogée de sa grandeur et de son bonheur. Mais, enveloppée peu après dans des intrigues de cour, en butte à de cruels soupçons, mêlée par suite à une sanglante tragédie, elle obtint de l’empereur la permission, entre 441 et 444, de quitter la cour et de se retirer à Jérusalem. Elle n’en devait plus sortir ; l’opinion contraire, A. Thierry, Nestorius et Eiitijchès, p. 193 sq., 272, qui veut qu’Eudocie soit rentrée à Constantinople, et qu’après la mort de Théodose II, survenue tout à coup le 28 juillet 450, elle soit allée s’enfermer définitivement dans la retraite, n’est qu’une hypothèse. Les monophysites, qui, dans leurs fureurs, désolaient la Palestine, chassant ou massacrant les évêques, y seront couverts quelque temps de la protection d’Eudocie. Obstinée dans son erreur monophysite et dans son attitude hautaine, après même que les troupes de l’empereur Marcien auront vigoureusement rétabli l’ordre en Palestine, elle ne se décidera qu’en 456 à reconnaître le concile de Chalcédoine et à rentrer au giron de l'Église. L’ombre désormais s'étend sur la vie d’Eudocie. Ce qu’on sait d’elle, c’est que, isolée et comme perdue dans im coin de l’empire, elle se voua toute, dans Jérusalem, à des œuvres de charité et de piété, relèvement des murailles, fondations d’hospices et de couvents, constructions de l'église Saint-Étienne et d’un magnifique palais épiscopal. De cette époque aussi, plutôt que des premières années de son mariage, A. Thierry, Pulchérie ci Ailiénaïs, dans la Revue des deux mondes, 15 octobre 1871, datent les poésies chrétiennes d’Eudocie. Les débris qui nous en restent ont été diversement appréciés par les critiques modernes : un juge sévère, A. Ludwich, dans Rliein. Mus., 1882, p. 206-225, les tient pour gauches et pitoyables ; Gregorovius, au contraire, Atfienois, Gescliiclite einer byznniinisclien Kniserin, Leipzig, 1882, y relève le mérite de la versification et en rejette les défauts sur la décadence du genre didactique au ve siècle. L’impératrice exilée avait traduit en vers héroïques les huit premiers livres de la Bible, McTicffaTi ; rr, : '(J/.TaTcj/o-j, ainsi que les

prophètes Daniel et Zacharie : version vantée pour sa fidélité scrupuleuse et aujourd’hui perdue, qu’Eudocie dans un distique avait comme signée de son nom. On lui doit également un poème épique en trois livres sur le martyre de saint Cyprien d’Antioche ; la Confessio Cijpriani en prose lui avait servi de thème. Les deux premiers livres du poème nous ont été conservés à peu près intégralement, P. G., t. lxxxv, col. 831-864. Il nous est enfin parvenu sous le nom d’Eudocie un centon homérique de 2343 vers, '0(j.Yip6xEVTpoç, sur la vie de Jésus-Christ. C'était un remaniement du travail inachevé d’un ecclésiastique nommé Patricios, Gregorovius, op. cii., p. 251, et le pendant du centon virgilien de Valeria Proba, chez les Latins. Pitra, Analecia sacra ei classica, t. v, p. ix. On a toutefois contesté l’authenticité de l"0( ;, ïipô-/£vTprj ;. Eudocie mourut à Jérusalem, en protestant de son innocence jusqu'à son dernier soupir ; sa mort, bien que la date en soit très discutée, remonte probablement à l’an 460.

A. Ludwich, Eiidocise auguslæ canniiiwn reliquix, Kônigsberg, 1893 ; Leipzig, 1897 ; Wiegtmd, Eiidoxia, ein culliir. iiislorisches Bild, Worms, 1871 ; Gregorovius, Atitenais, Geschichte einer byzantinisclien Kaiserin, 2e édit., Leipzig, 1882 ; A. Ludwich, Eudol<ia, die Gattin des Kaisers Tlieodosius II als Dichterin, dans Rhein. Muséum, Leipzig, 1882, p. 206-225 ; Diehl, Atlienais, dans Figures byzantines, Paris, 1906, t. i, p. 25-49 ; Tillemont, Mémoires, t. xiv, y.y, passim ; Fabricius, Bibliotlieca græca, 1. II, p. 357 sq. ; Bardenhewer, I.es Pères de l'Église, nouv. édit. franc., Paris, 1905, t. ii. p. 232 ; MgrDuchesne, Histoire ancienne de l'Église, 4e édit.. Paris, 1911, t. iii, p. 396, note 2, 468469, 471, 472-47. !.

P. Godet. EUDOXE, un des principaux chefs de l’arianisme, au ive siècle. D’après l’arien Philostorge, il était originaire d’Arabissos dans la Petite-Arménie, eteutpour père un certain Césaire, qui, après une vie dissolue, réussit à cueillir la palme du martyre sous Dioclétien. E. H., I. IV, c. IV, P. G., t. Lxv, col. 520. Baronius a inséré ce Césaire dans le martyrologe romain, au 28 décembre. S’il faut en croire le même Philostorge, Eudoxefut disciple de saint Lucien d’Antioche († 311). E. H., 1. II, c. XIV, ibid., col. 477. Comme on ignore la date précise de sa naissance, il est difficile de se prononcer sur l’exactitude de cette information. Ce qui est vraisemblable, c’est qu’il fit ses études théologiques à Antioche, où il puisa les théories lucianistes. Saint Athanase nous apprend que l'évêque Eustathe (entre 325 et 330) refusa de l'élever aux ordres sacrés, à cause de ses idées ariennes. Histor. arian. ad monachos, 4, P. G., t. XXV, col. 700. Mais les ariens lui donnèrent bientôt le siège de Gennanicie. C’est à ce titre que nous le voyons prendre part au synode d’Antioche, dit de la Dédicace, en 341. S. Athanase, De synodis, 37, P. G., t. XXVI, col. 756. Il paraît à Sardique, en 343, parmi les Orientaux. En 344, il fait partie de la délégation chargée de porter en Occident I'ï/Bïtiç (j-a/pcTTi/o ; ou longue profession de foi rédigée probablement à Antioche. On peut supposer, mais non prouver, qu’il assista au concile de Sirmium de 351. Tillemont, Mémoires pour servir à V histoire ecclésiastique, Paris, 1704, t. VI, p. 423 ; Loofs, art. Eudoxius, dans Realencyclopâdie fiir protest. Théologie, 3e édit., t. v, p. 578. Au concile de Milan de 355, il fut de ceux qui allèrent trouver Eusèbe de Verceil pour l’inviter à paraître à l’assemblée. Mansi, ConciL, t. iii, col. 236.

Il s’attarda assez longtemps en Occident et en profita pour se faire des amis à la cour, surtout parmi les ! eunuques. Il était, en 357, à Sirmium, où l’on rédi ! goait une nouvelle formule nettement autinicéenne.

quand il apprit que l'évêque arien d’Antioche, Léonce,

î venait de mourir. Vite, il demanda à l’empereur ' Constance la permission de quitter la cour, prétextant,