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EUCHARISTIQUES (ACCIDENTS^


minorum genlium theologi, venim eliam. mxjislri alioqui doclissim ;, il en retarde l’impression pendant quinze autres années encore, nous donnent la preuve certaine que l’auteur n’a pu subir l’inlluenee des idées cartésiennes. S’il se décide à donner au public le fruit de ces méditations, c’est pour empêcher que sa théorie ne soit défigurée ou travestie. Déjà elle a commencé à circuler clandestinement ; un jésuite de Païenne en a donné connaissance à ses élèves : Jcsuita, magisler quidam insignis, qui argamenUim positionis meæ viderai, præslo fuit Panormi suis audiloribus commanicasse. Op. cit., Auctor ad lectorem. L’auteur craint que la nouveauté de la doctrine ne rende sa foi suspecte, par suite de quelque malentendu qui peut aisément se produire dans l’exposé oral des idées d’autrui. Cette doctrine est, au fond, une simplification ; l’auteur est guidé par le jn-incipe d'économie : supprimer à la fois les miracles et les entités inutiles. Op. cil., p. 19. Par le mot pain, on entend moralement non seulement la substance, mais un complexus de propriétés sensibles ; la transsubstantiation atteint le pain ainsi compris : Non eiiim vere dicitur punis sine mis enlilalibus alque adeo transsubslanliatur cum mis. Op. cil., p. 6. L’activité sensible dont ce pain était doué avant la conversion est transférée par Dieu au corps du Christ lui-même : translatione minislerii operandi de re ad rem, ce qui est aisé à la cause première libre : Cnnj Deus lalis sil prinm ac libéra causa poluil præcise ulique omnem agendi ralionem, cum replendi locum funclione, exemissc a pane el a uino, dedisseque corpori et sanguini suo. Ibid., p. 2. Les espèces ou apparences au sens propre de ce mot sont un effet, produit activement par le corps et le sang du Christ. Les fidèles perçoivent sensiblement, cela d’une manière immédiate, ce corps et ce sang euxmêmes, mais sous des apparences d’emprunt -.Tamelsi sub insolita specic et non secus, ac si, su/flcientcr admonitus, amicum, posi diulurnam absenliam, proccritale, effigie, canilie, voce et per omnia mulalum reciperem, amplcclerer et sub insolila specie haberem per se et immediale sensibilem, op. cit., p. 8, en sorte que les apparences sacramentelles contiennent l’ami en représentation et que celui-ci produit effectivement ses propres apparences : Species ». g. amici conlinel amicum represenlalive et amicus conlinel species suas effective. Ibid., p. 40. Dans une Peroralio finale, l’auteur range sous vingt chefs différents les avantages de son système ou, comme il dit, de sa construction eucharistique qu’il déclare non lemere lenlalam… non snpcrfJuo enlitahun numéro conslunlem… dii’i Thomæ sigillo impressam. etc., p. 80. L’auteur prétend même que sa thèse met dans son plein jour celle qui pose les accidents sans_sujet, c. xv ; la lumière dont parle la Genèse, créée avant le soleil, était, d’après Basile et Théodoret, un accident sans sujet ; rien n’empêche d’appeler ainsi les~apparences du pain et du viii, produites en dehors de la présence de ces substances. Évidemment, il y a là une équivoque ; un sens tout nouveau est versé dans une ancienne formule. L’imprimeur avertit le public catholique que l’auteur n’attend que son approbation, pour produire au grand jour son Bnigma dissolulum. Nous croyons que cette promesse n’a jamais été tenue. La prudence décida Balli, qui interprète la condamnation infligée à Telesio, comme une pure mesure d’opportunité, à surseoir à l’exécution de ce dessein. Il publia toutefois, la même année, à Padoue, sa Responsio ad objectiones qua doclor Joscphus Ballus… suum de sacrosancta cucharislia œnigmu dissolulum adsiruil, in-l", s. 1., 1640, et l’année suivante, toujours dans la même ville, ses Asserliones apoloyeticee cum suis dilucidationibus, pro scolaslicorum reverenlia exaralœ… ne forte lucubralionibus suis de eueharisliae

conslruclionis modo, piorum scriplorum cuipiam, vcl lenuem nolam inussisse videretur, in-é", Padoue, 1641. Les approbations particulières ne manquèrent pas à l’auteur ; ses ouvrages parurent avec Vapprobatur de l’inquisiteur général de Padoue. Toutefois, il rencontra aussi de l’opposition à Palerme, surtout de la part d’un maître, auquel sa sainteté et sa science donnaient grand crédit, auprès des supérieurs ecclésiastiques. Nous croyons reconnaître là le P. Jérôme la Chiana, S. J., professeur de mathématiques au collège des jésuites de Palerme, longtemps censeur au service des archevêques de Palerme et des gouverneurs espagnols du royaume de Sicile. Le P. la Chiana publia à Palerme, sans date et sans nom d’imprimeur, un in-folio portant le titre de : Opusculum quo probat subskmtiam corporis Clirisli, quse sub speciebus panis eontinetur, non posse appellari imaginem corporis Clirisli. Or, le système de Balli avait précisément cette conséquence et on la lit énoncée en termes formels au ch. xvii de sa Resolulio : Assero ilaque, écrit-il, signum et sacramentum gratise esse Ipsum corpus, nobis faclum sensibile in terris per transtalum panis minislerium. Op. cit., p. 58. Ce qui est certain, c’est qu’un chanoine de Palerme, plus tard vicaire général de l'évêque de Monrealc, prit la défense de Balli dans sa Trulina qua Jos. Balli sententia de modo existendi Christi Domini sub speciebus el vint expenditur, in-4°, Monreale, 1643. Chiavetta est un de ceux auxquels Balli dut faire confidence de son système. La Trulina devait exister manuscrite en

1639 déjà, car l'éditeur de la Resolulio nous signale la composition de Chiavetta, comme une œuvre cui seleclissimi xrii diversarum familiarum theologi publica subscriplione adhœserunt ; de ce nombre, huit étaient qualificateurs de la sainte Inquisition ou censeurs ecclésiastiques dans le royaume de Sicile. Chiavetta fut moins heureux que Balli. Celui-ci n'éprouva jamais, que nous sachions, les rigueurs de l'Église, tandis que la Trulina fut mise à l’Index, du vivant même de son auteur, par un décret du SaintOfiice en date du 12 mai 1655. Par sa piété sincère, sa prudence, sa modestie qui lui faisait volontiers recourir aux lumières d’autrui, Balli méritait d'échapper à cette épreuve. Nous savons par le témoignage de Thomasini que Balli avait souvent exposé son système eucharistique à Bellarmin ; son suprême désir fut de le publier. Thomasini observe justement que l’entreprise ne manquait point de difficultés : Arduum quidem videbatur hoc opus in publicum producere ; altamen cum difficultales omnes cum romanis Iheologis, cum Siculis parilcr primi nominis evenlilassel, majori poslerilalis studio quam valcludinis aut aetatis an.

1640 denuo Palavium accessit, ut comnientaria sua in lucem proferrel. Mongitore, Bibliolheca Sieula, Palerme, 1708, t. I, p. 373. Balli mourut l’année même de la I)ublication de la Resolulio, à l'âge de soixante-douze ans. Il semble bien que son système mourut avec lui. Voici en quels termes Poncius, presque un contemporain de Balli, mentionne ce système : Quidam modernns aulhor, ni fallor, Siculus, cujus nominis non recordor, quamvis ipsius Iraclalum ea de re viderim Romæ, conalus est probare illa accidentia non manere, etc. Malgré sa nouveauté, le système fut patronné par quelques hommes doctes (/ ! ((>0 ! m((/oc/r/n « iii)proi>(j&17efn existimaverunl, approbalione sub propriis nominibus concessa. Interrogé lui-même sur le point de savoir quelle censure méritait la construction de Balli, Poncius répond qu'à son avis elle est téméraire, quia est sine suffieienli fundamenio contra torrenlem, ut aiunl, theologorum et communem sensum omnium christianorum, eliam hæreticorum, erronée, si elle n’est pas hérétique, enfui positivement hérétique. Ce dernier point est établi par le concile de Trente, sess.