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FIN DU MONDE


deviendront incorruptibles, ou bien ils disent que les deux eux-mêmes seront renouvelés, ce qui semble bien être de la pensée de saint Pierre. Suarez cite encore comme favorable à ce sentiment Sixte de Sienne. Bibliotheca saiicla, 1. III, c. De ethnicorum rapsodia. D’autres docteurs ont enseigné que le changement des éléments sera substantiel, puisque quelques-uns seront anéantis.

Pour son compte, Suarez estime que ni les corps ni les éléments célestes ne seront anéantis ; leur substance restera quelque chose d'équivalent à euxmêmes. C’est certainement de foi pour le ciel et la terre, puisque l'Écriture dit qu’ils demeureront perpétuellement et qu’ils seront nouveaux. Elle ne dit rien au sujet des autres corps. L’opinion communior et probabilior des théologiens est que les quatre éléments demeureront soit sous la même substance et forme que maintenant, soit sous une autre. Aux arguments scripturaires et traditionnels il joint des raisons de cette force : l’air sera conservé pour qu’il n’y ait pas de vide entre le ciel et la terre ; le feu ne sera pas corrompu par le feu de la conflagration qui sera de la même nature que lui. Tous les Pères et les docteurs disent que le ciel empyrée restera le même après le jugement. L'Écriture ne parle que de la corruption du ciel visible. Il est probable que les autres cieux seront corrompus. Le ciel des bienheureux ne sera ni changé, pas même accidentellement, ni purifié ni renouvelé. Il est parfait comme lieu des bienheureux ; il n’a pas de mouvement et il est perpétuellement en repos ; il est très clair et très beau. Il n’a pas besoin d'être purifié, parce qu’il n’est pas sûr que les anges y aient péché et que, d’ailleurs, leur péché était purement spirituel. Beaucoup de Pères ont pensé que les cieux supérieurs ne seraient pas changés, sinon accidentellement, et ainsi renouvelés. Cette opinion est plus probable, mais non certaine. L’opinion, qui admet leur changement, bien qu’elle soit rejetée par les écoles, ne manque pas de quelque probabilité, puisqu’elle a un fondement apparent dans l'Écriture et qu’elle a été approuvée par beaucoup de Pères. Le feu du dernier jugement s'élèvera dans l’air jusqu'à la hauteur où sont parvenues les eaux du déluge. C’est le sentiment de saint Augustin et des scolastiques et leur interprétation du texte de saint Pierre. Suarez résout les difficultés que présente cette interprétation. Si le ciel est corruptible de sa nature, il serait changé en feu, mais non transformé. Comme instrument de Dieu, le feu pourrait brûler les cieux. Dieu pourrait lui donner cette vertu ; la lui donnera-t-il ? Les cieux sont purs à ses yeux, et ils n’ont pas été rendus corruptibles par le péché de l’homme. Il semble même qu’ils ne seront pas renouvelés, car les nouveaux cieux, dont parle l'Écriture, ne sont que le ciel aérien. Us seront seulement plus brillants, indépendamment du corps des bienheureux, par une sorte de propriété intrinsèque et permanente que Dieu leur donnera. Il est moins certain que les éléments seront renouvelés et perfectionnés. Le feu n’a pas besoin de purification ; l’eau ne sera pas desséchée et la terre, qui subira une commotion et une altération extérieures, ne sera changée que superficiellement. La rénovation sera d’abord une purification de toutes les taches, puis une augmentation de lumière et de clarté, qui toutefois ne sera pas égale pour tous les éléments, mais proportionnée à leur nature. Il est probable que la terre ne peut être pénétrée par cette lumière jusque dans ses profondeurs, mais on peut soutenir qu’elle sera transparente comme du verre, à l’exception de l’enter.

Voici l’ordre dans lequel se produiront cette purification et cette rénovation. Aussitôt que le Christ et les saints seront remontés aux cieux, vraisembla DICT. DE TIITOL. CATIIOL.

blement dès qu’ils arriveront aux cieux supérieurs, il se produira une commolion, qui sera suivie de la conflagration de la terre et de l’air. Il est plus probable que le feu sera de la même nature que le nôtre. Quelques-uns veulent qu’il descende de sa sphère sur la terre. Ce sentiment n’est pas à approuver, car ce feu est rare et peu actif. Il n’est pas nécessaire de dire avec d’autres qu’il viendra de l’air, ou qu’il sera créé. On pense généralement qu’il sera produit de quelque matière facilement inflammable, par exemple, des vapeurs ou des exhalaisons de la terre. Il est probable que des causes naturelles, sur un ordre d’agir surnaturellement donné, le produiront. Il est vraisemblable qu’il sera engendré dans la seconde partie de l’air, sur un ordre de Dieu, et qu’il en descendra. Il sera allumé par le mouvement. Il sera en quantité suffisante pour entourer simultanément toute la terre et pour monter au-dessus des plus hautes montagnes. La plus grande partie de l’air sera changée en feu et redeviendra ensuite de l’air. Toutefois, la conflagration se ferait plus facilement, si le feu n’embrasait pas tout simultanément, et il suffirait qu’il brûlât une grande partie des choses successivement. On discute pour savoir si tous les corps mixtes périront. D’autres ne seront certainement pas créés, et il est plus probable qu’il n’y aura plus ni animaux ni plantes ni minéraux. Toutes les immondices du monde descendront en enfer. Après le jugement, le ciel sera en repos ; le soleil, la lune et les astres ne se mouvront plus. Tous les théologiens enseignent qu’ils seront dans les meilleures situation et disposition qui conviendront à la plus grande beauté de l’univers. Quelques-uns font cesser leur mouvement dès la résurrection des morts. Immédiatement après la cessation de ce mouvement, la rénovation du monde se fera. Le feu et la terre demeureront dans leur situation naturelle, l’un en haut, l’autre en bas. La terre sera-t-elle totalement couverte d’eau ou en partie seulement ? Cela dépend de la solution donnée à cette autre question : Les enfants morts avec le péché originel seront-ils, après la résurrection, sous terre ou à la surface de la terre ? Dans le premier cas, il n’est pas nécessaire qu’une partie de la terre ne soit pas couverte d’eau ; dans le second, cela serait nécessaire pour y placer ces enfants. In Sum. S. Thomæ, IIP, q. lix, a. 6, disp. LVIII, sect. ii. Opéra, Paris, 1866, t. xix, p. 1104 sq. On le voit, Suarez se borne à faire un choix entre les opinions des théologiens scolastiques.

Lessius ne prouve pas le fait ; il disserte brièvement sur le feu qui embrasera le globe et sur la rénovation du monde. On doute si la conflagration précédera ou suivra le jugement ; à son sentiment, elle doit précéder. Le feu produira trois effets : il dissoudra tous les corps mixtes en leurs éléments ; il n’atteindra pas les cieux supérieurs, conmie l’enseigne saint Augustin, mais la terre seulement qui sera comme un volcan ; il purifiera les justes qui auront encore aliquid labis, culpas vel reatus pœnæ, d’après I Cor., iii, 15 ; enfin il expiera ce que le monde a à expier. Il se demande si tous les hommes mourront. Il adopte l’opinion des Pères et il conclut que tous mourront de quelque manière. De perfectionibus divinis, 1. XIII, c. xx. Quand la sentence du juge sera portée, voici comment elle sera exécutée et comment le monde sera renouvelé. Le feu enveloppera les réprouvés et la terre les descendra jusqu’aux enfers. La rénovation du monde aura lieu subitement comme la résurrection des morts. Comment se fera-t-efie ? Il n’y aura pas changement de substance aux cieux ni dans les éléments. Erit alla faciès rerum i(a ni oinnia videantur nova. Des étoiles sans nombre apparaîtront, par suite, elles sembleront s’obscurcir. Denique omnia pcr liane inno V. - 80-