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FIN DU MONDE


ils étaient destinés ; ainsi le ciel, un meilleur usage advenant, sera lui-même changé en mieux. Sur la parole de Jésus, In Maltlt., xxiv, 35, P. G., t. cxxix, col. 621, Euthymius dit seulement : Les cieux, ces créatures compactes et immobiles, périront plutôt que mes paroles ne passeront

2. De langue latine.

Selon saint Grégoire le Grand, la ruine du monde in ipsis jam causarum effcclibus comprobatur. Epist., 1. I, epist. xi, P. L., t. lxxvii, col. 458. Dans le symbole de foi qu’il composa pour lui-même, il dit de Notre-Seigneur : innovaiurus sœculum pcr ignem in carnis resurrectione. J. Diacre, S. Gregorii Magni vita, 1. II, n. 2, P. L., t. lxxv, col. 88. Au jour du jugement, le juge apparaîtra avec ses anges, ceelis ac terris ardenlibus, cunctis videlicel elementis insui obsequii terrore comniotis. Homil., -s.xi, in Ev., n. 10, t. lxxvii, col. 1203. A "propos d’Eccle., I, 4, et de Job, ix, 24, ce pape examine si terra et cselum vel qualiler transeat vel qualiter mancal. Utraque nainque per eam quam nunc habent speciem transeunl, sed tamen per essentiani sine fine subsistunt. Il cite et explique dans ce sens I Cor., vii, 31 ; Matth., XXIV, 35. Sur les nouveaux cieux et la nouvelle terre d’Apoc, XXI, 1, il dit : Quee quidem non alla condenda sunt, sed hœc ipsa renovantur. Cœlum igitur et terra et transit et erit, quia et ab ea quam nunc habet specie per igncm tergitur, et tamen in sua semper natura servatur. D’où le ps. ci, 27, parle de changement. Quam quidem ultimam commutationem suam ipsis nobis lune vicissitudinibus nnnliant quibus nostris usibus indesinenlcr alternant. Moral., 1. XVII, c. ix, n. 11, P. L., t. Lxxvi, col. 16, 17.

Pour prouver quod essentia cœli et terrse in œlernum subsistai, Taïo, évêque de Saragosse, cite ce passage des Morales de saint Grégoire.

Primasius, In Epist. ad Heb., i, 11, P. L., t. lxviii, col. 694-695, explique le pluriel : cicli. Il ne s’agit ni du firmament où sont les astres ni du ciel éthéré où courent les planètes, mais de l’air où volent les oiseaux. Au jour du jugement, ce ciel périra non pour cesser d'être, mais il sera changé en une meilleure forme : d'épais il deviendra subtil et clair. Saint Paul a dit que seule la figure du monde passe. Le feu s'élèvera aussi haut que l’eau du déluge, et quelquesuns prétendent jusqu’au cercle de la lune. Il y aura de nouveaux cieux. Il répète la même chose, In Apec., 1. V, col. 921, et il écrit une phrase que nous allons retrouver textuellement sous la plume de saint Julien de Tolède et qui est empruntée à saint Augustin.

Saint Julien, Prognoslicon, 1. III, c, xlvi, P. L., t. xcvi, col. 518, explique ainsi la fin du monde : Evidenti majorum sententia definitur quod, peraclo judicio, tune desinet esse hoc ai-lum et luve terra, quando incipit esse' cœlum novum et terra nova. Mutalione namque rcrum, non omnimodo inlcrilu transibil hic mundus. Tune ergo figura hujus mundi mundanorum ignium con/lagratione peribil, sicut jaclum est mundanarum uquarum iniindalione diluvium. Illa ilaque conflagrationc nuindi, ut dixi (1. III, c. xviii, col. 504-505), elementorum corruptibilium qualilates, quæ corporibus nostris corruptibilibus congruebant, ardendo penitus intcribunt, atque ipsa substanlia cas qualitales habebil, quæ corporibus immortalibus mirab.li immutatione convenianl, ut scilicet mundus in mclius innovalus apte accommodetur hominibus etiam carne in melius innovatis. Il cite ensuite, c. xlvii, col. 518-519, saint Augustin, De civitate Dei, 1. XX, c. xvi, xviii.

Dans ses commentaires bibliques, le Vénérable Bède enseigne la même doctrine. Cœlum enim cl terra per commutationem innovationis transibunt. In Matthœi Ev. expositio, 1. IV, P. L., t. xcii, col. 104. Son explication de II Pet., iii, est plus développée.

Les cieux formés de l’eau ne sont, pour lui, que l’air humide et troublé, d’après Jer., viii, 7. Le déluge n’atteignit pas les parties supérieures du monde. Les cieux périront secundum quantitalem et spatia aeris hujus. Il cite saint Augustin et il entend par les cieux du texte ceux qui sont proches de la terre, où volent les oiseaux. Il existe une discussion aliquanlo scrupulosior inter dodos pour savoir si les cieux des cieux périront eux-mêmes par le feu, ou seulement ceux qui ont péri par le déluge. Saint Pierre ne parle que de ces derniers qui ont été refaits après le déluge. Or ceux-ci sont sans aucun doute cet air, proche de la terre, qui doit périr par le feu, et seulement, ut recle creditur, sur un espace égal à celui qu’occupèrent les eaux du déluge. Si on prétend que les cieux supérieurs, où sont le soleil, la lune et les astres, doivent périr, comment entendre cette parole du Seigneur : Tune sol obscurabitur ? Matth., xxiv, 29. Si le lieu des astres passe, comment dire qu’en ce jour du Seigneur les astres s’obscurciront ou tomberont et le lieu où ils sont fixés, passera, dévoré par le feu ? Des quatre éléments deux seulement seront consumés par le grand incendie final et n’existeront plus, et les deux autres seront changés en mieux. Les vieux et anciens cieux et terre seront changés en mieux. Ps. CI, 23. Ceux qui périront vieilliront et seront changés. Constat pro certo, quia consumpla per ignem, mox, abeunle igné, gratiorem résument speciem. La figure du monde passe, non pas sa substance, comme il en sera pour notre chair à la résurrection. I Cor., xv. L'Écriture ne parle pas ainsi du feu et de l’eau ; elle dit, au contraire, qu’il n’y aura plus de mer, Apoc, XXI, 1, ni de lumière, xviii, 23. In II Epist. Pet., iii, P. L., t. xciii, col. 80-82. Bède revient sur ce sujet. In Apoc., XXI, 1, col. 194. Tune figura hujus mundi supernorum ignium eonftagratione præteribit, ut, cœlo et terra in melius commutalis, incorruptioni et immorlalitati sanctorum corporum congrua ulriusque conmiututionis qualilas conveniat. Sur le texte : Et mare jam non est, il dit : Utrum maximo illo ardore siccetur, an et ipsum in melius verlatur, non facile dixerim. Cœlum quippe novum et terrcun novam ; non autem et mare novum fulurum legimus. Nisi forte ut assolel prophetica locutio propriis verbis translata miscere, turbulenlam hujus sœculi vitam, quæ lune cessabit, maris nomine figuravit.

Dans sa Glossa ordinaria, Walafrid Strabon dit, sur Matth., xxiv, 35 : Innovabuntur deposila priori forma, permanente autem substanlia, unde dicitur : Terra in œlernum stal. P. L., t. cxiv, col. 162. Pour commenter II Pet., iii, 10, 13, il cite le Vénérable Bède, col. 694. Les scolastiques ont souvent cité la Glose ordinaire aussi bien que la Glose interlinéaire, qui donne les mêmes interprétations.

Haymon d’Halberstadt a interprété tous les passages de l'Écriture, qui prédisent la fin du monde. Voici le commentaire du ps. ci, P. L., t. cxvi, col. 537-538 : Ipsi cœli ptribunt : non quod substanlia pcreat, sed qualilates mutabuntur. Hœc quidem inferiora quæ ex nostra habitatione corrumpuntur, per ignem purgabuntur ; ipsum eiiam firmamentum mutabitur, quia slabile fiel. Quomodo peribunt quia secundum corruptionem hominum ipsa elemenla corrumpuntur, velut terra quæ' jam minus fertilis est quam prius, aer minus salubris… Mutabuntur, quando récipient aliam qualilalem… el in illa inmuitatione permancbunt. Ce changement ne consistera pas, comme l’ont prétendu certains hérétiques, en ce que les éléments retourneront à leur ancienne apparence, aussi bien que les hommes. Quand Isaïe, xxxiv, 4, parle des cieux au pluriel, ce pluriel est mis pour le singulier, car il faut entendre ces cieux de l’air. C’est le langage courant ; ainsi on dit les oiseaux du ciel. La milice