Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/604

Cette page n’a pas encore été corrigée
2507
2508
FIN DU MONDE


esprit au jugement dernier, il voit im ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu, et il n’y a plus de mer. Apec, XXI, 1. Les apôlres parlent aussi des derniers temps, I Pet., i, 5, 20 ; Jud., 18 ; I Tim., iv, 1, des derniers jours, Act., ii, 17 ; II Tim., iii, 1 ; Heb.,

I, 2 (grec) ; II Pet., iii, 3, de la dernière heure, I Joa.,

II, 18, de la plénitude des temps. Gal., iv, 4 ; Eph.,

I, 10, de la fin des temps, I Cor., x, 11, et de la consommation des siècles. Heb., ix, 26. Cette dernière période est déjà commencée et elle comprend tous les temps messianiques ; sa durée est indéterminée, mais elle n’est pas éternelle. Cf. Atzberger, op. cit., p. 371-372.

Enseignement des Pères et des théologiens.


Les Pères apostoliques parlent des derniers temps presque dans les mêmes termes que les écrivains du Nouveau Testament. Dans la Didaché, xvi, 2, 3, Funk, Patres aposlolici, 2°= édit., Tubingue, 1901, t. I, p. 34, 36, le dernier temps et les derniers jours sont ceux de la fin du monde, distincts des siècles précédents. Pour le pscudo-Barnabé, iv, 9 ; vi, 13, ibid., p. 48, 56, ils sont déjà commencés et Dieu y a déjà accompli la seconde création. Dans la 11^ Cor., xiv, 2, ibid., p. 202, ils datent de l’apparition du Sauveur Jésus. Pour saint Ignace, les choses ont une fin. Ad Magn., v, 1, p. 234, et les derniers temps sont arrivés. Ad Eph., xi, 1, p. 222. Selon Hermas, Pastor, Sim., IX, xii, 3, p. 598, le Fils de Dieu est apparu aux derniers jours de la consommation. Cependant, le dernier jour n’est pas encore venu et les pécheurs peuvent faire pénitence jusqu'à lui. Vis., II, II, 5, p. 426. Cf. L. Atzberger, Geschichle der cJvistlichen Eschatologie innerhalb der vornicânischen Zeil, Fribourg-cn-Brisgau, 1896, p. 99-100. Les Pères apologistes sont plus précis. Saint Justin parle de la (7-Jy7'j<jt ; y.at v.aTaX’jdi ;, du monde entier. Apol.,

II, 7, P. G., t. VI, col. 456. Tatien mentionne la fin de toutes choses, qui aura lieu, non pas périodiquement, comme le prétendent les stoïciens, mais une fois seulement au jugement. Oral. adv. Grœcos, 6, ibid., col. 817 ; il parle aussi du jour de la conflagration finale. Ibid., 17, col. 841. Il dit avec plus de précision que le monde finira et sera dissous, 12, col. 832, qu’il n’est pas indissoluble, mais qu’il ne sera dissous qu’une fois et non plusieurs fois, comme l’enseignent quelques philosophes, 25, col. 861. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 162. Saint Irénée connaîl la consommation universelle. Cont. hær., II, xxii, n. 2, P. G., 1. vii, col. 782. Le firmament, le soleil, la lune et les étoiles dureront tant que le voudra leur créateur, II, xxxiv, n. 3, col. 836. De même que Jérusalem a été détruite, ainsi l'état actuel du monde entier sera détruit, quand le temps en sera venu, et il s’appuie sur Marc, iv, l, sur saint Paul, I Cor., vii, 31, sur le ps. ci, 26, 27, et sur Isaïe, li, 6. Ibid., IV, iv, 3 ; iii, 1, col. 982, 980. Ni la substance ni la matière de la création ne seront anéantis, car leur fondement est réel et solide ; seul l'état du monde sera détruit, parce qu’il a été le théâtre de la transgression des hommes. Le monde présent n’a donc été créé que pour un temps. Ibid., V, xxxvi, 1, col. 1221, 1222. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 262. Selon Tertullien, la fin du monde est proche et elle sera pour le globe entier la cause d’une violence extrême. Apolog., 32, P. L., t. i, col. 447. Dans cette dernière tempête, le monde sensible périra. La terre disparaîtra avec le monde entier. De resurrectione carnis, 26, t. ii, col. 833. Toute la sagesse terrestre sera détruite et confondue avec le monde actuel. De palientia, 1, t. i, col. 1251. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 331. Clément d’Alexandrie parle de la consommation du siècle ou des choses, Qiiis dives salvciur, 42, P. G., t. IX, col. 652 ; Cohort., 9, t. viii, col. 196, mais

aussi d’un monde futur. Le monde actuel durera jusqu’au dernier jour, puis il cessera d’exister, et un nouveau monde commencera. Pœd., i, 6, t. viii, col. 285. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 365. Origène sait par l’enseignement ecclésiastique que, de même que le monde a été créé et a commencé dans le temps, ainsi il doit être dissous pro ipsa sui corruptione. De princ., . I, præf., 7, P. G., t. xi, col. 119. Cette consommation du siècle a été promulguée à tous dans l'Écriture. Ibid., iii, 5, 1, col. 326-327. Aux païens, qui niaient la fin du monde, il déclare qu’elle fait partie de la révélation clirétienne. In Matlh., tom. xiii, l, P. G., t. XIII, col. 1088. Il la nomme tDoîtôiv TrpayaiiTwv et quvT£>£t3e toj aiwvoi ;. Ibid., tom. X, 2, col. 840. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 451-452. Saint Cyprien reconnaît de son temps des signes visibles de la fin du monde, qui chancelle et marche vers sa ruine. De mortalitate, 6, P. L., t. iv, col. 586. Sa fin approche, tout l’indique. De unitate Ecclesiæ, 16, col. 512. Le monde a vieilli et il porte en lui-même des marques de sa décrépitude. Ad Dcmetriamim, 3, 5, col. 546-548. La fin du monde est proche ; il faut s’y préparer. Ibid., 23, col. 561. Nous ne devons plus rien attendre de ce monde qui est mourant. Epist., Lviir, 2, t. III, col. 974. Cf. L. Atzberger, op. cit., p. 542.

Quelques autres Pères ou écrivains ecclésiastiques postérieurs ont cru découvrir à leur époque des signes visibles de la fin du monde. Les maux de l'Église et même les misères temporelles leur apparaissaient être des avant-coureurs de la consommation finale. Ils en profitaient pour exhorter les chrétiens à la pénitence, à la conversion ou à la palience. Ils trouvaient dans ces considérations un moyen efficace de régénération morale, et ils envisageaient la catastrophe finale elle-même comme la condition nécessaire de la purification physique du monde actuel. Si les théologiens n’ont pas généralement reconnu dans les événements de leur époque les signes avant-coureurs de la fin du monde, ils ont emprunté aux Pères leur doctrine sur la nécessité de purifier le monde ancien, théâtre des péchés des hommes. Durant les trois premiers siècles du christianisme, la fin du monde était un objet de l’enseignement courant dans l'Église, fondé qu’il était sur la révélation clirétienne. Plus tard, les Pères et les écrivains ecclésiastiques ont fait valoir souvent le caractère passager des choses de ce monde, parce qu’elles sont des créatures. Nous rapporterons leurs témoignages en traitant de la manière dont se fera la consommation des choses. Voir en particulier S. Maxime le Confesseur, Epist., i, P. G., t. xci, col. 377 ; Hézychius, In ps. ci, 27, P. G., t. xciii, col. 1280.

3° Confirmation fournie à la révélation chrétienne par les philosophes et les savants modernes. — Les philosophes font ressortir, eux aussi, le caractère contingent, fini, borné, transitoire et passager des créatures matérielles. De même que ce caractère prouve qu’elles ont eu un commencement, voir t. iii, col. 2101-2108, ainsi montre-t-il qu’elles auront une fin ; puisqu’elles sont caduques, elles ne peuvent être éternelles.

Les savants qui s’occupent des sciences de la nature enseignent aussi que le monde ne persévérera pas toujours dans son état actuel et que l’ordre visible des choses aura une fin. La vie cessera un jour sur terre, et la terre ferme elle-même sera, de par sa nature, entraînée dans la ruine de l’univers. Les deux aussi, ou le monde planétaire, que les anciens croyaient incorruptibles, ne sont pas infiniment stables au point de vue mécanique. Les planètes, en effet, sont le siège d’actions qui, en accumulant leurs effets, aboutiront d’abord à allonger la durée