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FILS DE DIEU


41, 45. Ces dernières concessions de vocabulaire ont fait dire à plusieurs, Harnack, Dogmengeschichte, t. II, p. 251 ; Gummerus, Die homousianische Partei bis zun Tode des Konslanlius, Leipzig, 1900, p. 162 sq., qu’Atlianasc, dans sa pensée même, avait évolué de rhomoousianisme strict (unité numérique de substance) vers l’homoiousianisme. « Il y a là une erreur, » J. Tixeront, op. cit., t. ii, p. 71 ; si Athanase est conciliant sur le vocabulaire avec des semi-ariens qui au fond conservaient quelquefois la doctrine orthodoxe, il maintient toujours nettement celle-ci : Il y a une substance divine commune identiquement, numériquement au Père et au Fils. Cont. arian., I, 18 ; III, 3, 4 ; Episl. ad Serapion., i, 16, t. xxvi, col. 568-569 ; De decreL, 23, 24 ; De synod. (en 359), 41, 48, 53. Cf. F. Loofs, Leiifaden zum Studium der Dogmengeschichte, 4'= édit., p. 241 ; G. Rasneur, L710/nofousi « nisme dans ses rapports avec l’orthodoxie, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, 1903, t. iv, p. 426431. Enfin, notons que saint Athanase a généralement pris pour synonyme oJTi’a et (iTiôcrraTicj-De decreiis, 27 ; De synodis, 41 ; Tom. ad Antioch., 6, et n’employant pas Ttpôuwuov, il n’a pas de mot pour désigner la personne.

c. Avec le grand et invincible lutteur d’Alexandrie marchèrent beaucoup d'évêques, dont plusieurs écrivains de mérites inégaux. Mentionnons Marcel, évêque d’Ancyre († 374), ardent nicéen, qui, pour mieux réfuter le sophiste arien Astérius, sembla dans son Liber de subjcciione Domini, tomber dans le sabellianisme ; Eusèbe de Césarée écrivit contre lui Contra Marcellum et De ecclesiastica theotogia ; mais ce fait n’est pas clair, et Marcel fut reconnu orthodoxe par le pape Jules P"' en 341, puis par le concile de Sardique en 343. En tout cas, son disciple Photin, évêque de Sirmium, devint vraiment sabellien et adoptianiste (comme Paul de Samosate) et fut fréquemment depuis 344 anathématisé par tous les partis. Voir Arianisme, t. i, col. 1805, 1813, 1815 ; J. Tixeront, op. cit., t. ii, p. 38-43 ; F. Loofs, Die Trinitâtslehre Marcells von Ancyra, comptes rendus de l’académie de Berlin, 1902 ; J. Schwane, op. cit., t. ii, p. 210-232. Excellent nicéen fut Apollinaire de Laodicée († 380), ardent et illustre comme Marcel, mais par réaction excessive contre l’adoptianisme et l’esprit « nestorien » d’Antioche, alors représenté par Diodore de Tarse, il tomba, lui aussi, dans des erreurs christologiques dont nous n’avons pas à parler ici ; on l’a accusé de subordinatianisme, mais à tort sans doute. Voir J. Tixeront, op. cit., t. II, p. 94-103 ; G. Voisin, La doctrine trinitaire d’Apollinaire de Laodicée, dans la Revue d’hist. ecclésiastique, 1901, p. 33-55, 239-252 ; H. Lietzmann, Apollinaris von Laodicea und seine Schule, i, Tubingue, 1904. Enfin, il faut citer saint Cyrille de Jérusalem († 386), qu’on range parfois parmi les homéousiens, parce qu’il ne voulut jamais adopter le mot op.ooûfjto ; et à cause de ses fréquentations, mais dont la doctrine est certainement et pleinement orthodoxe ; il dit cijj.oio ; xarà TTolvra, âv TràTiv, Cat., IV, 7 ; XI, 4, 18 ; cf. VII, 5 ; VI, 1, 6 ; le reste fut donc afi’aire de personnes, de circonstances et de vocabulaire, il faut l’avouer, trop timide et parfois trop archaïque. Voir Cyrille DE JÉRUSALEM, t. III, col. 2527-2533, 2537-2341, 2545-2549.

b) Pères latins. — L’hérésie arienne ne trouva pas d’appui en Occident, sinon dans les forces politiques et parfois dans la faiblesse de quelques évêques. Cependant elle essaya de l'ébranler à diverses reprises ; de là, l’entrée en hce, contre elle, de plusieurs docteurs latins.

a. Le principal, vraiment digne d'être placé à côté de saint Athanase, est saint Hilaire († 366), qui prit d’ailleurs contact avec l’Orient pendant son exil.

Sa théologie trinitaire est celle du patriarche d’Alexandrie, mais les formules latines sont plus précises. Voici la distinction des personnes et l’unité de nature : Non persona Deus unus est, sed natura. Non unum subsistenteni, sed substantiam non difjerentem. De synodis, 64, 69 ; De Trinitate, 1, 16 ; IV, 20 ; V 1 1, 2, 32, etc. Plenitudo in utroque divinitatis perfecla est. De Trinitate, III, 23 ; ci. De synodis, 73-75. Absolute Pater Deus et Filius Deus unum sunt, non unione personæ, sed substantiie uni taie. De Trinitate, IV, 42, 40. Saint Hilaire distingue toujours très bien unio qui convient aux personnes et unitas qui convient à la substance. Le sens de l’rjii.rj’jluioi de Nicée est donc sit una substantia ex naturæ genitee proprietale, non sit aut ex portione, aut ex unione aut ex communione. De synodis, 67-69, 71, 88 ; De Trinitate, VI, 10 ; VII, 41. Il est évident qu’il s’agit, dans tous les textes précédents, d’unité numérique de substance et non pas seulement spécifique ; Hilaire n’est pas homéousien, comme on l’a dit, bien qu'à l’exemple d’Athanase il se fasse concihant sur certaines formules, au fond susceptibles du sens orthodoxe. De synodis, 72-77, 89 ; cf. G. Rasneur, L' homoiousicmisme dans ses rapports avec l’orthodoxie, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1903, p. 4Il sq. ; J. Tixeront, op. cit., il, p. 261-263. Saint Hilaire établit aussi la génération vraie, naturelle et éternelle du Fils de Dieu, De Trinitate, . II, tout entier, spécialement, 9-21, et de même 1. VI et XII ; le 1. VI contient une longue étude scripturaire des vérités indiquées ; dans le 1. XII les objections ariennes sont réfutées ; partout, c’est l’idée très nette du même Etre éternel qui est Père et qui est aussi Fils immuablement, au-dessus de toute variation de durée, le Fils n’existant aucunement en Dieu pour être ministre de la création ou de la révélation, bien que ce soit lui qui apparaisse sous des figures créées dans les tliéophanies comme dans l’incarnation, 42-50, mais par une nécessaire fécondité. De la nature de cette nalivitas le docteur des Gaules n’envisage que la note générique (non la note spécifique de génération intellectuelle), et il en a une vue profonde : cette génération ne fait pas un être nouveau distinct du principe qui engendre, mais fait simplement que la même réalité divine qui est Père soit aussi Fils, ou que le Fils soit Dieu, le même Dieu éternel qui est Père, seulement avec cette caractéristique d'être ex na^ifita/e ; qu’est-ce que c’est ? viventis naturæ ex vivente nalivitas est ; c’est ineffable, VI, 35, 11-16. Cf. A. Beck, Die Triniiâlslelire des heilig.Hitariusvon Poz7 ; ers, Mayence, 1903. b. On trouvera les mêmes doctrines, avec des formules plus ou moins pleines dans les écrits de Phébadius, évêque d’Agen (publiés vers 357), P. L., t. XX, col. 25 sq. ; Liber cont. arian., 16, 22 ; De Filii divinilate, 2-7 : consubstantiel et génération éternelle ; Liber cont. arian., 17 ; De Filii divinitate, 8 : théophanies ; puis dans ceux du fougueux Lucifer de Caghari, Moriendum esse pro Dei Filio (vers 360), P. L., t. XIII, col. 1007-1038 ; de Zenon, évêque de Vérone († 380), Traclalus, tr. II, i, 1 ; ii ; m ; v, 1 ; vi, 3-4, unité divine et génération ; pour celle-ci, Zenon a cependant subi l’influence de Tertullien et parle, outre de la génération éternelle, tr. II, v, 1, d’une certaine génération temporelle pour la création, non clairement dans cette phrase du Tract., II, m : qui erat, antequam nasceretur, in Paire, œqualis in omnibus, car, comme chez saint Hilaire, elle peut nier simplement l’axiome arien : non erat priusquam natus. De Trinitate, xii, 22 sq. : quia Pater, continue Zenon, in ipsum alium se gentil ex se, ex innascibili scilicet sua substantia ; mais dans cette phrase du Tract., II. IV : erat anle omnia manens unus et idem, aller ex semetipso in semelipsum Deus, seereti sut solus conscius, eujus ex ore, ut rerum natura quie non erat